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Quand Hugh Hefner se confiait à Match

Paris Match – Vous venez de fêter les 50 ans de Playboy. Dans quelles circonstances cette aventure a-t-elle commencé ?

Hugh Hefner En un sens, j’ai répété le concept de Playboy toute ma vie. J’ai dessiné mes premières bandes dessinées à l’âge de dix ans. Mais le moment décisif remonte aux dernières années de lycée, ma période la plus créative. J’écrivais du théâtre, des nouvelles. Je composais des chansons. Puis il y eut la Seconde Guerre Mondiale. Je me suis engagé dans l’armée à l’âge 17 ans. Puis j’ai rencontré Millie Williams et nous nous sommes mariés. Millie savait que ce mariage était voué à l’échec. Elle m’avait trompé et me l’a avoué. Cette expérience fut un désastre. Nous avons eu une fille, Christie qui aujourd’hui gère l’entreprise à mes côtés. Je me souviens d’un jour de décembre 1952. J’étais sur le pont de l’avenue Michigan à Chicago. J’ai eu la sensation que mon existence était déjà finie. C’est là, en cherchant à faire quelque chose de ma vie que j’ai imaginé Playboy. Je l’ai pensé au départ comme le magazine d’un certain style de vie, un journal romantique du point de vue masculin. J’ai rassemblé les textes, les dessins, tout ce que j’avais créé et je me suis mis au travail. A l’été 1953, pendant la journée, j’étais rédacteur en chef d’un journal pour enfants. La nuit, je travaillais à Playboy qui s’appelait Stag Party au début. Puis, pour seulement 600 dollars, j’ai obtenu les droits de reproduction du calendrier où Marilyn Monroe posait nue. Elle était une parfaite inconnue et personne n’aurait osé publier ça dans un journal.

PM – Marilyn Monroe fut la première playmate à poser dans Playboy. Diriez-vous qu’elle a contribué à rendre la nudité acceptable comme vous avez permis au sexe de sortir d’une zone de non droit ?

HH – Marylin Monroe et Playboy sont comparables. Pour Marylin, la nudité semblait naturelle. Quand on lui a demandé de commenter la photo, elle a dit qu’elle ne portait rien d’autre sur elle que le son de la radio. Cette attitude, cette décontraction vis-à-vis de la nudité et du sexe, c’était le ton de Playboy. Playboy voulait rendre le sexe naturel et tolérable.

PM – Comment expliquez-vous votre immense appétit pour les femmes au point d’avoir à 77 ans cinq copines en même temps ?

HH – Je viens d’une famille typique du Middle West, puritaine et méthodiste. Chez nous, il fallait réprimer ses sentiments et ses envies. Les baisers, les câlins n’avaient pas droit de cité à la maison. L’affection, je la trouvais dans l’amour romantique des chansons et des films des années 30 et 40. Mes fantasmes viennent de là. Ne cherchez pas ailleurs, mes cinq girlfriends, toutes des blondes, tout est dans les films des années 30.

"Je pense être le type le plus heureux de la Terre"

PM – Il  a quelques années, vous aimiez dire que vous étiez « dans votre période blonde comme Picasso a eu sa période bleue ». Aujourd’hui, ce n’est plus une période, c’est une religion ?

HH – Vous aimeriez savoir quand je vais passer à la période abstraite ? Eh bien, je ne suis pas prêt de changer. Je suis très heureux dans ma période blonde. J’ai 77 ans et mes vieux jours, comme les cheveux des filles, sont les plus ensoleillés. Très honnêtement, je pense être le type le plus heureux de la Terre parce que mes rêves sont devenus réalité.

A lire : Le mythique fondateur de "Playboy" est mort : Hugh Hefner, sa vie en images

PM – Vous prétendez avoir contribué à l’épanouissement de la femme et vous vivez entouré de cinq filles qui sont des caricatures de fantasme masculin. Où est le féminisme là-dedans ?  

HH – Je suis un humaniste et je défends les femmes. Ma fille se revendique féministe et nous sommes sur la même longueur d’onde. A première vue, mon style de vie déplaira aux féministes pur et dur. Avec Playboy, nous avons poussé à une révolution sexuelle dont les femmes sont les premières à bénéficier. Dans l’histoire, elles étaient perçues comme les descendantes de Eve, responsables du péché original, du péché sexuel, de la tentation. La philosophie de Playboy ne s’est pas arrêtée à un magazine. Nous avons offert plusieurs millions de dollars pour changer les lois sur l’avortement et la contraception qui à l’époque où j’ai créé le magazine était encore interdite dans certains Etats américains. Hélas, il existe aussi dans le mouvement féministe des éléments puritains qui prône une forme de prohibition sexuelle. Avec mes cinq copines, je les dérange.

PM – Un homme avec cinq femmes, c’est d’abord un fantasme d’adolescent.

HH – Mais l’adolescence est le sanctuaire des rêves. C’est en grandissant et en devenant soi-disant plus mature qu’on commence à oublier ses rêves.

PM - Comment faites-vous au quotidien avec elles, comme un Mormon, une différente chaque soir ?

HH – Non, nous vivons tous ensemble le soir. Pas tous les soirs, mais le plus souvent. Holly est ma numéro un. Elle vit dans ma chambre.

PM – Donc les autres frappent à la porte et viennent la rejoindre dans votre lit ?

HH – Exactement.

A lire : Hugh Hefner: Just Married (ou presque)

PM – Et tout ça se passe sans problème, sans jalousie ?

HH – De temps en temps, il y a quelques frictions, mais très peu. La meilleure chose qui m’arrive, c’est la perception qu’ont les femmes de mon existence. Elles sont attirées naturellement par ce style de vie. Nous savons pourquoi les hommes envient ce style de vie, c’est parce qu’il incarne un fantasme masculin. Mais le plus étonnant, c’est que les femmes aussi. Toutes les filles qui sont avec moi m’ont fait à un moment comprendre qu’elles le désiraient. Ma vie n’est pas si différente de celle d’un homme qui aurait plusieurs maîtresses sauf que toutes mes maîtresses sont avec moi tout le temps. C’est une fête qui ne s’arrête jamais.

PM – Elles acceptent de partager, mais vous ? Etes-vous jaloux si l’une d’entre elle a une aventure ?

HH – Je suis jaloux et possessif.

PM – Jusqu’à les congédier si cela se produit ? L’an dernier vous aviez sept copines, où sont passées les deux manquantes ?

HH – Elles m’ont quitté mais pour des raisons très différentes. J’ai demandé à la première de partir parce qu’elle ne s’entendait pas avec le reste du groupe. La deuxième, Cristal, travaillait dans une banque quand elle est venue vivre avec moi. Tout en habitant ici, elle a continué jusqu’à ce qu’ils lui offrent une promotion. C’est pour ça qu’elle est partie. Mais elle nous rend visite. Elle est venue hier soir faire une partie de Monopoly avec nous. Nous y jouons tous les mardis.

PM – Vous vous êtes mariés deux fois. La deuxième fois, vous êtes resté dix ans avec Kimberly Conrad avec qui vous avez eu deux garçons. Vous avez testé la voie « normale ». Pourquoi ne pas avoir continué ?

HH – Ce mariage m’a dévasté. Ce n’est pas faute d’avoir fait des efforts pour qu’il marche. Je n’ai jamais trompé ma femme. Au moment du divorce, je me suis rendu compte qu’une nouvelle génération était là. On m’attendait pour jouer. Ce fut un choc. Mes meilleures années étaient devant moi.

En images : Dix couvertures emblématiques de "Playboy"

PM – Vous n’avez pas peur que cette existence excentrique perturbe vos deux jeunes garçons ?

HH – Non, j’avais peur d’être loin d’eux. Maintenant, ils vivent avec mon ex-femme dans la maison voisine de la Mansion. La porte est ouverte. Les garçons viennent et repartent chaque jour. Hier j’ai joué au backgammon avec Kimberly. Les garçons ont joué au tennis. Je suis convaincu qu’il est toujours mieux d’avoir les deux parents pour les élever. Quant à mon ex-femme, elle n’était pas heureuse dans ce mariage. Elle a voulu cette séparation. Maintenant, c’est elle qui voudrait que nous nous remettions ensemble.

PM – Que pense-t-elle de votre style de vie ?

HH – Elle me voudrait pour elle toute seule. Elle était malheureuse quand nous étions mariés. Elle ne supporte pas que nous ne soyons plus ensemble. Il n’y a rien à comprendre. C’est ça les femmes ! (rires)

"Le sexe est une affaire d’adultes consentants"

PM – Vous dites que la bisexualité est un choix et que, sexuellement, vous ne connaissez pas frontières que vous n’ayez un jour franchies. Avez-vous une morale, des limites ?

HH – Bien sûr. Je suis quelqu’un de très moral. Simplement, ce que nous avons historiquement défini comme une morale n’est pas nécessairement moral. Vous pouvez avoir des pratiques sexuelles immorales au sein du mariage et d’autres très morales en dehors. Les Eglises et les Etats ont voulu convaincre les hommes que le sexe n’était moral que dans la reproduction. C’est absurde. Le sexe sert à communiquer, à exprimer l’amour. Il est plus important dans la marche du monde que la religion.

PM – Quand je dis « limites », avez-vous par le passé couché avec des mineures ?

HH – Non, le sexe est une affaire d’adultes consentants. En Amérique, on est un peu rigide quand il s’agit de savoir où est la ligne jaune. Or ce n’est un secret pour personne que les adolescents ont une vie sexuelle très active et il devrait y avoir davantage de tolérance. Mais quand on parle de liberté sexuelle, on parle d’une société d’adultes. Nous devons exclure tout ce qui est contrainte.

PM – Quand vous voyez Sarah Jessica Parker, l’héroïne de « Sex and the City » porter le lapin symbole de Playboy et les jeunes acteurs comme DiCaprio qui vous admirent, à quoi pensez-vous ?

HH – Ce qui est vraiment étonnant, c’est que Playboy, un magazine à la mode dans les années 50, le soit encore en 2004. C’est un miracle.

PM – La nouvelle génération a peut être découvert la sexualité grâce aux Playboy cachés sous le lit de leur père ?

HH – Oui, en partie. Mais elle a aussi grandi à une époque très conservatrice. Par rapport aux années 60 et 70, ils ont l’impression d’avoir manqué la fête. Ma vie, la Mansion, le lapin incarnent cette fête. Dans les années 50 et 60, Playboy contribuait à l’émancipation des jeunes hommes. A notre époque post-féministe, les jeunes femmes ont repris le lapin comme signe de leur libération. On m’a rapporté qu’hier, Britney Spears était à Tokyo où elle a fait son shopping au magasin Playboy.

PM – Vous la voudriez comme sixième girlfriend ?

HH – On m’a déjà demandé si je la voulais dans le magazine. J’ai dit oui, évidemment. Mais comme girlfriend, ce serait présomptueux de ma part. Elle vient à peine de divorcer de son mari de 24 heures. Mais si elle est intéressée, alors je suis intéressé (rires)

PM – Quand avez-vous commencé à pratiquer la polygamie ?

HH – Dans les années soixante, j’avais plusieurs femmes et parfois en même temps mais jamais tout le temps comme maintenant. Après mon divorce en janvier 1998, j’ai rencontré Brande Roderick. Nous sommes sortis ensemble et un soir, dans une boîte, j’ai aperçu les jumelles Sandy et Mandie Bentley. A peine les présentations faites, elles ont disparu. J’ai passé un mois à les chercher dans Los Angeles. En fait, une des deux allait dans une école catholique de la banlieue de Chicago et l’autre à Las Vegas. Je les ai invité à passer chez moi. Puis nous avons fait ménage à quatre. J’étais Hugh Hefner et ses copines, Brande, Sandy et Mandie. Puis Jessica, une copine de l’une des jumelles lui a avoué qu’elle voudrait entrer dans notre cercle. Par la suite, Brande m’a quitté pour jouer dans la série « Alerte à Malibu ».

PM – Qu’est-ce le viagra a changé dans votre vie ?

HH - Il a tout bouleversé. Le viagra est arrivé sur le marché au bon moment pour moi. En avril 1998, trois mois après mon divorce, j’ai eu la première ordonnance pour ce médicament de toute la ville de Los Angeles. Quelque soit votre âge, impossible d’avoir jusqu’à sept copines sans en prendre. J’en consomme tous les jours sans aucun effet secondaire.

PM – Pensez-vous être un bon amant ?

HH – J’ai eu beaucoup d’entraînement, mais il faudrait que vous demandiez aux filles.

PM – Combien de femmes avez-vous eu dans votre vie ?

HH – Je ne sais pas. Pour moi, c’est plus une question de qualité que de quantité. J’ai eu de la chance. Le magazine m’a amené à rencontrer pendant un demi-siècle les plus belles filles de la planète. Et j’ai été très sérieux avec certains d’entre elles.

PM – Le film « Angels in America » montre la réalité des années Sida. Où était Playboy face à ce fléau ?

HH – Dans les années 80, c’était un sujet très politique aux Etats-Unis. Le Sida était la maladie des homosexuels et à cause de ça, l’administration Reagan a décidé de l’ignorer. Il était politiquement incorrect d’écrire que tout le monde pouvait être touché. Nous avons publié un des premiers reportages sur la maladie. Playboy a toujours poussé pour évoquer les choses du sexe au grand jour et favoriser l’éducation sexuelle. Or ce type d’éducation revient à encourager le contrôle des naissances donc toutes les administrations républicaines dans ce pays ont été réticentes à la promouvoir, pas seulement ici mais dans le monde entier. Malgré les ravages du Sida, on a continué à penser l’éducation sexuelle comme une apologie du contrôle des naissances.

PM – N’êtes-vous pas fatigué de porter toujours des pyjamas ?

HH – Non, je les porte justement parce que je suis fatigué des costumes. Un jour, je me suis levé et j’ai décidé de ne pas m’habiller. Et j’ai rendu le pyjama acceptable en public. Depuis, ça fait parti du mythe.

Toute reproduction interdite

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Paris Match – Vous venez de fêter les 50 ans de Playboy. Dans quelles circonstances cette aventure a-t-elle commencé ?

Hugh Hefner En un sens, j’ai répété le concept de Playboy toute ma vie. J’ai dessiné mes premières bandes dessinées à l’âge de dix ans. Mais le moment décisif remonte aux dernières années de lycée, ma période la plus créative. J’écrivais du théâtre, des nouvelles. Je composais des chansons. Puis il y eut la Seconde Guerre Mondiale. Je me suis engagé dans l’armée à l’âge 17 ans. Puis j’ai rencontré Millie Williams et nous nous sommes mariés. Millie savait que ce mariage était voué à l’échec. Elle m’avait trompé et me l’a avoué. Cette expérience fut un désastre. Nous avons eu une fille, Christie qui aujourd’hui gère l’entreprise à mes côtés. Je me souviens d’un jour de décembre 1952. J’étais sur le pont de l’avenue Michigan à Chicago. J’ai eu la sensation que mon existence était déjà finie. C’est là, en cherchant à faire quelque chose de ma vie que j’ai imaginé Playboy. Je l’ai pensé au départ comme le magazine d’un certain style de vie, un journal romantique du point de vue masculin. J’ai rassemblé les textes, les dessins, tout ce que j’avais créé et je me suis mis au travail. A l’été 1953, pendant la journée, j’étais rédacteur en chef d’un journal pour enfants. La nuit, je travaillais à Playboy qui s’appelait Stag Party au début. Puis, pour seulement 600 dollars, j’ai obtenu les droits de reproduction du calendrier où Marilyn Monroe posait nue. Elle était une parfaite inconnue et personne n’aurait osé publier ça dans un journal.

PM – Marilyn Monroe fut la première playmate à poser dans Playboy. Diriez-vous qu’elle a contribué à rendre la nudité acceptable comme vous avez permis au sexe de sortir d’une zone de non droit ?

HH – Marylin Monroe et Playboy sont comparables. Pour Marylin, la nudité semblait naturelle. Quand on lui a demandé de commenter la photo, elle a dit qu’elle ne portait rien d’autre sur elle que le son de la radio. Cette attitude, cette décontraction vis-à-vis de la nudité et du sexe, c’était le ton de Playboy. Playboy voulait rendre le sexe naturel et tolérable.

PM – Comment expliquez-vous votre immense appétit pour les femmes au point d’avoir à 77 ans cinq copines en même temps ?

HH – Je viens d’une famille typique du Middle West, puritaine et méthodiste. Chez nous, il fallait réprimer ses sentiments et ses envies. Les baisers, les câlins n’avaient pas droit de cité à la maison. L’affection, je la trouvais dans l’amour romantique des chansons et des films des années 30 et 40. Mes fantasmes viennent de là. Ne cherchez pas ailleurs, mes cinq girlfriends, toutes des blondes, tout est dans les films des années 30.

"Je pense être le type le plus heureux de la Terre"

PM – Il  a quelques années, vous aimiez dire que vous étiez « dans votre période blonde comme Picasso a eu sa période bleue ». Aujourd’hui, ce n’est plus une période, c’est une religion ?

HH – Vous aimeriez savoir quand je vais passer à la période abstraite ? Eh bien, je ne suis pas prêt de changer. Je suis très heureux dans ma période blonde. J’ai 77 ans et mes vieux jours, comme les cheveux des filles, sont les plus ensoleillés. Très honnêtement, je pense être le type le plus heureux de la Terre parce que mes rêves sont devenus réalité.

A lire : Le mythique fondateur de "Playboy" est mort : Hugh Hefner, sa vie en images

PM – Vous prétendez avoir contribué à l’épanouissement de la femme et vous vivez entouré de cinq filles qui sont des caricatures de fantasme masculin. Où est le féminisme là-dedans ?  

HH – Je suis un humaniste et je défends les femmes. Ma fille se revendique féministe et nous sommes sur la même longueur d’onde. A première vue, mon style de vie déplaira aux féministes pur et dur. Avec Playboy, nous avons poussé à une révolution sexuelle dont les femmes sont les premières à bénéficier. Dans l’histoire, elles étaient perçues comme les descendantes de Eve, responsables du péché original, du péché sexuel, de la tentation. La philosophie de Playboy ne s’est pas arrêtée à un magazine. Nous avons offert plusieurs millions de dollars pour changer les lois sur l’avortement et la contraception qui à l’époque où j’ai créé le magazine était encore interdite dans certains Etats américains. Hélas, il existe aussi dans le mouvement féministe des éléments puritains qui prône une forme de prohibition sexuelle. Avec mes cinq copines, je les dérange.

PM – Un homme avec cinq femmes, c’est d’abord un fantasme d’adolescent.

HH – Mais l’adolescence est le sanctuaire des rêves. C’est en grandissant et en devenant soi-disant plus mature qu’on commence à oublier ses rêves.

PM - Comment faites-vous au quotidien avec elles, comme un Mormon, une différente chaque soir ?

HH – Non, nous vivons tous ensemble le soir. Pas tous les soirs, mais le plus souvent. Holly est ma numéro un. Elle vit dans ma chambre.

PM – Donc les autres frappent à la porte et viennent la rejoindre dans votre lit ?

HH – Exactement.

A lire : Hugh Hefner: Just Married (ou presque)

PM – Et tout ça se passe sans problème, sans jalousie ?

HH – De temps en temps, il y a quelques frictions, mais très peu. La meilleure chose qui m’arrive, c’est la perception qu’ont les femmes de mon existence. Elles sont attirées naturellement par ce style de vie. Nous savons pourquoi les hommes envient ce style de vie, c’est parce qu’il incarne un fantasme masculin. Mais le plus étonnant, c’est que les femmes aussi. Toutes les filles qui sont avec moi m’ont fait à un moment comprendre qu’elles le désiraient. Ma vie n’est pas si différente de celle d’un homme qui aurait plusieurs maîtresses sauf que toutes mes maîtresses sont avec moi tout le temps. C’est une fête qui ne s’arrête jamais.

PM – Elles acceptent de partager, mais vous ? Etes-vous jaloux si l’une d’entre elle a une aventure ?

HH – Je suis jaloux et possessif.

PM – Jusqu’à les congédier si cela se produit ? L’an dernier vous aviez sept copines, où sont passées les deux manquantes ?

HH – Elles m’ont quitté mais pour des raisons très différentes. J’ai demandé à la première de partir parce qu’elle ne s’entendait pas avec le reste du groupe. La deuxième, Cristal, travaillait dans une banque quand elle est venue vivre avec moi. Tout en habitant ici, elle a continué jusqu’à ce qu’ils lui offrent une promotion. C’est pour ça qu’elle est partie. Mais elle nous rend visite. Elle est venue hier soir faire une partie de Monopoly avec nous. Nous y jouons tous les mardis.

PM – Vous vous êtes mariés deux fois. La deuxième fois, vous êtes resté dix ans avec Kimberly Conrad avec qui vous avez eu deux garçons. Vous avez testé la voie « normale ». Pourquoi ne pas avoir continué ?

HH – Ce mariage m’a dévasté. Ce n’est pas faute d’avoir fait des efforts pour qu’il marche. Je n’ai jamais trompé ma femme. Au moment du divorce, je me suis rendu compte qu’une nouvelle génération était là. On m’attendait pour jouer. Ce fut un choc. Mes meilleures années étaient devant moi.

En images : Dix couvertures emblématiques de "Playboy"

PM – Vous n’avez pas peur que cette existence excentrique perturbe vos deux jeunes garçons ?

HH – Non, j’avais peur d’être loin d’eux. Maintenant, ils vivent avec mon ex-femme dans la maison voisine de la Mansion. La porte est ouverte. Les garçons viennent et repartent chaque jour. Hier j’ai joué au backgammon avec Kimberly. Les garçons ont joué au tennis. Je suis convaincu qu’il est toujours mieux d’avoir les deux parents pour les élever. Quant à mon ex-femme, elle n’était pas heureuse dans ce mariage. Elle a voulu cette séparation. Maintenant, c’est elle qui voudrait que nous nous remettions ensemble.

PM – Que pense-t-elle de votre style de vie ?

HH – Elle me voudrait pour elle toute seule. Elle était malheureuse quand nous étions mariés. Elle ne supporte pas que nous ne soyons plus ensemble. Il n’y a rien à comprendre. C’est ça les femmes ! (rires)

"Le sexe est une affaire d’adultes consentants"

PM – Vous dites que la bisexualité est un choix et que, sexuellement, vous ne connaissez pas frontières que vous n’ayez un jour franchies. Avez-vous une morale, des limites ?

HH – Bien sûr. Je suis quelqu’un de très moral. Simplement, ce que nous avons historiquement défini comme une morale n’est pas nécessairement moral. Vous pouvez avoir des pratiques sexuelles immorales au sein du mariage et d’autres très morales en dehors. Les Eglises et les Etats ont voulu convaincre les hommes que le sexe n’était moral que dans la reproduction. C’est absurde. Le sexe sert à communiquer, à exprimer l’amour. Il est plus important dans la marche du monde que la religion.

PM – Quand je dis « limites », avez-vous par le passé couché avec des mineures ?

HH – Non, le sexe est une affaire d’adultes consentants. En Amérique, on est un peu rigide quand il s’agit de savoir où est la ligne jaune. Or ce n’est un secret pour personne que les adolescents ont une vie sexuelle très active et il devrait y avoir davantage de tolérance. Mais quand on parle de liberté sexuelle, on parle d’une société d’adultes. Nous devons exclure tout ce qui est contrainte.

PM – Quand vous voyez Sarah Jessica Parker, l’héroïne de « Sex and the City » porter le lapin symbole de Playboy et les jeunes acteurs comme DiCaprio qui vous admirent, à quoi pensez-vous ?

HH – Ce qui est vraiment étonnant, c’est que Playboy, un magazine à la mode dans les années 50, le soit encore en 2004. C’est un miracle.

PM – La nouvelle génération a peut être découvert la sexualité grâce aux Playboy cachés sous le lit de leur père ?

HH – Oui, en partie. Mais elle a aussi grandi à une époque très conservatrice. Par rapport aux années 60 et 70, ils ont l’impression d’avoir manqué la fête. Ma vie, la Mansion, le lapin incarnent cette fête. Dans les années 50 et 60, Playboy contribuait à l’émancipation des jeunes hommes. A notre époque post-féministe, les jeunes femmes ont repris le lapin comme signe de leur libération. On m’a rapporté qu’hier, Britney Spears était à Tokyo où elle a fait son shopping au magasin Playboy.

PM – Vous la voudriez comme sixième girlfriend ?

HH – On m’a déjà demandé si je la voulais dans le magazine. J’ai dit oui, évidemment. Mais comme girlfriend, ce serait présomptueux de ma part. Elle vient à peine de divorcer de son mari de 24 heures. Mais si elle est intéressée, alors je suis intéressé (rires)

PM – Quand avez-vous commencé à pratiquer la polygamie ?

HH – Dans les années soixante, j’avais plusieurs femmes et parfois en même temps mais jamais tout le temps comme maintenant. Après mon divorce en janvier 1998, j’ai rencontré Brande Roderick. Nous sommes sortis ensemble et un soir, dans une boîte, j’ai aperçu les jumelles Sandy et Mandie Bentley. A peine les présentations faites, elles ont disparu. J’ai passé un mois à les chercher dans Los Angeles. En fait, une des deux allait dans une école catholique de la banlieue de Chicago et l’autre à Las Vegas. Je les ai invité à passer chez moi. Puis nous avons fait ménage à quatre. J’étais Hugh Hefner et ses copines, Brande, Sandy et Mandie. Puis Jessica, une copine de l’une des jumelles lui a avoué qu’elle voudrait entrer dans notre cercle. Par la suite, Brande m’a quitté pour jouer dans la série « Alerte à Malibu ».

PM – Qu’est-ce le viagra a changé dans votre vie ?

HH - Il a tout bouleversé. Le viagra est arrivé sur le marché au bon moment pour moi. En avril 1998, trois mois après mon divorce, j’ai eu la première ordonnance pour ce médicament de toute la ville de Los Angeles. Quelque soit votre âge, impossible d’avoir jusqu’à sept copines sans en prendre. J’en consomme tous les jours sans aucun effet secondaire.

PM – Pensez-vous être un bon amant ?

HH – J’ai eu beaucoup d’entraînement, mais il faudrait que vous demandiez aux filles.

PM – Combien de femmes avez-vous eu dans votre vie ?

HH – Je ne sais pas. Pour moi, c’est plus une question de qualité que de quantité. J’ai eu de la chance. Le magazine m’a amené à rencontrer pendant un demi-siècle les plus belles filles de la planète. Et j’ai été très sérieux avec certains d’entre elles.

PM – Le film « Angels in America » montre la réalité des années Sida. Où était Playboy face à ce fléau ?

HH – Dans les années 80, c’était un sujet très politique aux Etats-Unis. Le Sida était la maladie des homosexuels et à cause de ça, l’administration Reagan a décidé de l’ignorer. Il était politiquement incorrect d’écrire que tout le monde pouvait être touché. Nous avons publié un des premiers reportages sur la maladie. Playboy a toujours poussé pour évoquer les choses du sexe au grand jour et favoriser l’éducation sexuelle. Or ce type d’éducation revient à encourager le contrôle des naissances donc toutes les administrations républicaines dans ce pays ont été réticentes à la promouvoir, pas seulement ici mais dans le monde entier. Malgré les ravages du Sida, on a continué à penser l’éducation sexuelle comme une apologie du contrôle des naissances.

PM – N’êtes-vous pas fatigué de porter toujours des pyjamas ?

HH – Non, je les porte justement parce que je suis fatigué des costumes. Un jour, je me suis levé et j’ai décidé de ne pas m’habiller. Et j’ai rendu le pyjama acceptable en public. Depuis, ça fait parti du mythe.

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