Search

Vincent Dedienne, premier lauréat de la 35e Nuit des Molières - Sud Ouest

Après les César et les Victoires de la musique, la Nuit des Molières va boucler la saison des récompenses à la française : ce lundi soir aux Folies Bergère, la cérémonie s’est ouverte au son de la fanfare des sapeurs-pompiers de Paris, qui ont guidé jusqu’à la scène Caroline Vigneaux, maîtresse de cette 35e cérémonie.

Sur le même sujet

Dès le discours inaugural de la célébration du « spectacle vivant, qui offre la part de rêve, d’émerveillement et permet que les colères se libèrent », le message politique s’est invité dans la soirée. « Je remercie tout le monde… sauf vous, Madame la Ministre » a lancé Caroline Vigneaux à Rachida Dati. « Ou alors vous récupérez le pactole de 204 millions d’euros [la coupe décidée peu après sa nomination dans le budget de la Culture, NDLR], vous ne touchez pas à l’intermittence, et on vous libère quand vous serez prête pour la mairie de Paris. » Assise aux côtés de Jean-Marc Dumontet, directeur de six salles parisiennes et président de l’association des Molières, Rachida Dati a alors adressé un pouce levé en signe d’approbation.

Olivia Pavlou-Graham récompensée par le Molière de la révélation féminine pour « 4 211 km ».
Olivia Pavlou-Graham récompensée par le Molière de la révélation féminine pour « 4 211 km ».

THOMAS SAMSON/AFP

« N’importe quoi »

Le tandem Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascaride, révélé au cinéma dans les films de Robert Guédiguian, a eu la tâche de remettre le premier trophée de la soirée. Alors que beaucoup attendaient Stéphane Freiss pour « Le Cercle des poètes disparus », c’est Vincent Dedienne qui a reçu le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé, pour « Un chapeau de paille d’Italie », le classique d’Eugène Labiche.

Sur le même sujet

Hilare, Vincent Dedienne, 37 ans, s’est exclamé « Mais n’importe quoi ! C’est beaucoup trop tôt », avant de dire son bonheur de pouvoir à la fois être un humoriste de seul-en-scène, un chroniqueur et comédien dans des pièces du répertoire. « Je veux m’adresser aux 22 personnes qui font partie de cette pièce et leur dire de manière collective que je les aime. C’est pratique pour les gens qui sont de vrais pudiques sentimentaux comme moi. »

Pauline Bureau, créatrice de “Neige” avec la compagnie La Part des Anges.
Pauline Bureau, créatrice de “Neige” avec la compagnie La Part des Anges.

THOMAS SAMSON/AFP

À deux reprises, Sophia Aram a été appelée sur scène. Pour annoncer le lauréat du Molière de l’humour (« C’est pas facile d’être heureux quand tout va mal » de Rudy Milstein) puis pour recevoir celui de l’humour pour son one-woman-show « Le Monde d’après ». Deux occasions de dénoncer les « teubés » qui l’insultent copieusement sur les réseaux sociaux, et d’appeler ceux qui « ont la liberté de pousser un cri sur toutes les scènes de France de faire attention à [leurs] silences. Dans le brouhaha de nos indignations faciles, c’est un silence assourdissant qui résonne depuis les attaques du 7 octobre. Peut-on être solidaire des morts de Gaza sans l’être des victimes israéliennes ? Comment exiger un cessez-le-feu de Netanyahou sans exiger la libération des otages ? Ce silence continue de blesser tous ceux attachés aux droits humains. J’aurais pu trouver plus léger, mais je n’ai rien trouvé de plus sincère. »

Sur le même sujet

“Des remparts s’élèvent”

“Vous n’êtes pas seul.e.s” était le message du spot diffusé contre les violences faites aux femmes, diffusé pendant la cérémonie. En recevant son trophée des mains de Zabou Breitman, Eva Rami (lauréate du Molière du seule en scène pour « Va aimer ! ») était visiblement très émue. « J’ai une pensée pour la petite fille que j’étais, qui s’est tu pendant des années par peur d’être rejetée, qui pensait que pour réussir il fallait tout accepter. La route est encore longue pour sortir du déni, tant personnel que sociétal, mais les lignes sont en train des bouger : des remparts s’élèvent contre les violences faites aux femmes et aux enfants grâce à nos témoignages. Merci à toutes celles, connues ou non, qui ont ouvert la voie, le chemin comme la parole. Je crois en le pouvoir des mots. Le combat est loin d’être terminé. Allez tous bien vous faire aimer !»

L’enthousiasme et l’énergie des deux lauréats des Molières de la révélation ( Olivia Pavlou-Graham pour « 4211 km » d’Aïla Navidi, et Ethan Oliel pour « Le Cercle des poètes disparus ») a prodigué un coup de tonus bienvenu. Avant qu’Eric-Emmanuel Schmidt ne remette un Molière d’honneur à Francis Huster, 76 ans, cabot en diable qui a rendu un hommage passionné à Jean-Baptiste Poquelin.

Révélation masculine, l’acteur français Ethan Oliel dans « Le cercle des poètes disparus ».
Révélation masculine, l’acteur français Ethan Oliel dans « Le cercle des poètes disparus ».

THOMAS SAMSON/AFP

Enfin, il était plus de 23h15 quand un comédien, adhérent du syndicat CGT-spectacle, est venu porter la parole des intermittents sur spectacle. « Nous ne pouvons pas nous taire. Comment ne pas partager notre inquiétude devant les attaques contre l’assurance chomage, le démantelement de notre proection sociale ? Comment ne pas nous révolter devant ses coupes budgétaires massives sur l’éducation, la recherche, l’environnement, la culture ? (…) Ces réformes interviennent alors que le spectacle public traverse une crise sans précédent : des centaines de spectacles ne verront pas le jour en 2025, des festivals disparaissent, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés. C’est un plan de licenciement massif qui ne dit pas son nom. (…) Si l’État ne nous entend pas, on continuera de se mobiliser, de façon organisée, pour vivre de nos métiers » a-t-il lancé à l’adresse de Rachida Dati, impassible.

Adblock test (Why?)

Read Again

Après les César et les Victoires de la musique, la Nuit des Molières va boucler la saison des récompenses à la française : ce lundi soir aux Folies Bergère, la cérémonie s’est ouverte au son de la fanfare des sapeurs-pompiers de Paris, qui ont guidé jusqu’à la scène Caroline Vigneaux, maîtresse de cette 35e cérémonie.

Sur le même sujet

Dès le discours inaugural de la célébration du « spectacle vivant, qui offre la part de rêve, d’émerveillement et permet que les colères se libèrent », le message politique s’est invité dans la soirée. « Je remercie tout le monde… sauf vous, Madame la Ministre » a lancé Caroline Vigneaux à Rachida Dati. « Ou alors vous récupérez le pactole de 204 millions d’euros [la coupe décidée peu après sa nomination dans le budget de la Culture, NDLR], vous ne touchez pas à l’intermittence, et on vous libère quand vous serez prête pour la mairie de Paris. » Assise aux côtés de Jean-Marc Dumontet, directeur de six salles parisiennes et président de l’association des Molières, Rachida Dati a alors adressé un pouce levé en signe d’approbation.

Olivia Pavlou-Graham récompensée par le Molière de la révélation féminine pour « 4 211 km ».
Olivia Pavlou-Graham récompensée par le Molière de la révélation féminine pour « 4 211 km ».

THOMAS SAMSON/AFP

« N’importe quoi »

Le tandem Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascaride, révélé au cinéma dans les films de Robert Guédiguian, a eu la tâche de remettre le premier trophée de la soirée. Alors que beaucoup attendaient Stéphane Freiss pour « Le Cercle des poètes disparus », c’est Vincent Dedienne qui a reçu le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé, pour « Un chapeau de paille d’Italie », le classique d’Eugène Labiche.

Sur le même sujet

Hilare, Vincent Dedienne, 37 ans, s’est exclamé « Mais n’importe quoi ! C’est beaucoup trop tôt », avant de dire son bonheur de pouvoir à la fois être un humoriste de seul-en-scène, un chroniqueur et comédien dans des pièces du répertoire. « Je veux m’adresser aux 22 personnes qui font partie de cette pièce et leur dire de manière collective que je les aime. C’est pratique pour les gens qui sont de vrais pudiques sentimentaux comme moi. »

Pauline Bureau, créatrice de “Neige” avec la compagnie La Part des Anges.
Pauline Bureau, créatrice de “Neige” avec la compagnie La Part des Anges.

THOMAS SAMSON/AFP

À deux reprises, Sophia Aram a été appelée sur scène. Pour annoncer le lauréat du Molière de l’humour (« C’est pas facile d’être heureux quand tout va mal » de Rudy Milstein) puis pour recevoir celui de l’humour pour son one-woman-show « Le Monde d’après ». Deux occasions de dénoncer les « teubés » qui l’insultent copieusement sur les réseaux sociaux, et d’appeler ceux qui « ont la liberté de pousser un cri sur toutes les scènes de France de faire attention à [leurs] silences. Dans le brouhaha de nos indignations faciles, c’est un silence assourdissant qui résonne depuis les attaques du 7 octobre. Peut-on être solidaire des morts de Gaza sans l’être des victimes israéliennes ? Comment exiger un cessez-le-feu de Netanyahou sans exiger la libération des otages ? Ce silence continue de blesser tous ceux attachés aux droits humains. J’aurais pu trouver plus léger, mais je n’ai rien trouvé de plus sincère. »

Sur le même sujet

“Des remparts s’élèvent”

“Vous n’êtes pas seul.e.s” était le message du spot diffusé contre les violences faites aux femmes, diffusé pendant la cérémonie. En recevant son trophée des mains de Zabou Breitman, Eva Rami (lauréate du Molière du seule en scène pour « Va aimer ! ») était visiblement très émue. « J’ai une pensée pour la petite fille que j’étais, qui s’est tu pendant des années par peur d’être rejetée, qui pensait que pour réussir il fallait tout accepter. La route est encore longue pour sortir du déni, tant personnel que sociétal, mais les lignes sont en train des bouger : des remparts s’élèvent contre les violences faites aux femmes et aux enfants grâce à nos témoignages. Merci à toutes celles, connues ou non, qui ont ouvert la voie, le chemin comme la parole. Je crois en le pouvoir des mots. Le combat est loin d’être terminé. Allez tous bien vous faire aimer !»

L’enthousiasme et l’énergie des deux lauréats des Molières de la révélation ( Olivia Pavlou-Graham pour « 4211 km » d’Aïla Navidi, et Ethan Oliel pour « Le Cercle des poètes disparus ») a prodigué un coup de tonus bienvenu. Avant qu’Eric-Emmanuel Schmidt ne remette un Molière d’honneur à Francis Huster, 76 ans, cabot en diable qui a rendu un hommage passionné à Jean-Baptiste Poquelin.

Révélation masculine, l’acteur français Ethan Oliel dans « Le cercle des poètes disparus ».
Révélation masculine, l’acteur français Ethan Oliel dans « Le cercle des poètes disparus ».

THOMAS SAMSON/AFP

Enfin, il était plus de 23h15 quand un comédien, adhérent du syndicat CGT-spectacle, est venu porter la parole des intermittents sur spectacle. « Nous ne pouvons pas nous taire. Comment ne pas partager notre inquiétude devant les attaques contre l’assurance chomage, le démantelement de notre proection sociale ? Comment ne pas nous révolter devant ses coupes budgétaires massives sur l’éducation, la recherche, l’environnement, la culture ? (…) Ces réformes interviennent alors que le spectacle public traverse une crise sans précédent : des centaines de spectacles ne verront pas le jour en 2025, des festivals disparaissent, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés. C’est un plan de licenciement massif qui ne dit pas son nom. (…) Si l’État ne nous entend pas, on continuera de se mobiliser, de façon organisée, pour vivre de nos métiers » a-t-il lancé à l’adresse de Rachida Dati, impassible.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Vincent Dedienne, premier lauréat de la 35e Nuit des Molières - Sud Ouest"

Post a Comment

Powered by Blogger.