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«Game of Thrones» vous a déçu? C'est pourtant un très joli soap opera

Dans le bon sens du terme.

Image tirée de la série «Game of Thrones» © HBO

Image tirée de la série «Game of Thrones» © HBO

Le long final de cette septième saison de Game of Thrones a beau se finir sur une scène spectaculaire, beaucoup de fans gardent un goût amer sur ces sept épisodes. Est-ce parce que les incohérences temporelles ont été trop nombreuses? Parce que la série a perdu ces moments de lenteur qui faisaient son charme et qui permettaient de se lier aux personnages? Ou tout simplement parce que Daenerys commencent sérieusement à devenir terrifiante (pour ne pas dire un poil relou)?

Ces questions ne sont plus si tragiques si l'on pose une grille de lecture différente sur Game of Thrones. Car si HBO nous vend un blockbuster médiévalo-fantastique, la chaîne câblée américaine oublie souvent de souligner qu'elle propose aussi un soap opéra pour le moins classique, où les dramatiques querelles familiales s'entremêlent aux branches biscornues de leur arbre généalogique. Game of Thrones, c'est Dynasty avec quelques dragons (et morts sanglantes) en plus.

Du bon drama des familles

À ce titre, la figure de Littlefinger est particulièrement fascinante. En plus d'être interprété par l'excellent Aidan Gillen, ce personnage secondaire remplit un rôle très important dans Game of Thrones: celui du fauteur de troubles. Tel un mono au Club Med en charge de la bonne ambiance chez les vacanciers, Littlefinger a pour mission d'entretenir la haine chez les héritiers. Lors de son procès, les sœurs Stark énumèrent la longue liste de ses complots: contre Ned Stark, Lysa Arryn, Jon Arryn et même Arya et Sansa Stark... «C'est ce que vous avez toujours fait. Vous déchirez les familles, vous montez sœur contre sœur», lui lance cette dernière. En un sens, Littlefinger jouait le rôle de cette main invisible scénaristique à l'origine d'un chaos permanent.

Surtout qu'autour du trône de fer s'articule une opposition féroce entre plusieurs familles rivales. Les Targaryen d'un côté, qui ont longtemps tenu le royaume avant d'être renversés par les maisons Baratheon et Lannister, dont l'union fragile leur permet de garder un pied sur trône depuis. Il s'agit du nœud qui régit toutes les intrigues, principales comme secondaires.

Dans le dernier épisode de la saison 7, cette rancœur mutuelle apparaît dans toute sa splendeur lorsqu'on découvre que Cersei Lannister a trompé sa rivale Daenerys Targaryen en lui promettant de respecter une trêve le temps de mener le combat contre l'armée des morts qui approche: la première n'a jamais eu l'intention de faire de cadeau à la seconde, scellant l'immuabilité de leur haine mutuelle.

Et quoi de mieux pour déstabiliser des familles rivales que de les faire imploser? La saison sept a vu Sansa, Arya et Jon débattre autour de leur autorité sur le Nord. Mieux encore, l'indestructible couple incestueux entre Jaime et Cersei Lannister a volé en éclats lorsque le frère quitte finalement sa sœur pourtant enceinte de lui.

Univers impitoyables

 

Changez les noms, les décors et gardez cette tension permanente et vous obtenez l'un des ingrédients essentiels du soap opéra, ce feuilleton sentimental où se mêlent les querelles liées à la famille, au sexe, à l'argent ou au pouvoir. Qui a oublié les terribles disputes des Barnes et des Ewing dans la série Dallas? Certes le trône est remplacé ici par du pétrole, mais les mécaniques sont les mêmes: la série démarre avec les parents de Bobby Ewing en colère quand leur enfant leur présente sa femme, fille d'une famille rivale.

Suivront alors quatorze saisons de péripéties rocambolesques qui n'ont rien à envier aux Lannister, aux Starks et aux Targaryens: infidélités, fausses-couches, enfants cachés, mariage à 15 ans à peine et même enlèvements.

Ainsi, on retrouve dans toutes ces séries les marqueurs du mélodrame tels que les a décrit le critique Steve Neale: «des rencontres inespérées, des coïncidences, des rendez-vous manqués, des revirements soudains, des sauvetages et des révélations de dernière minute, des dénouements impliquant un deus ex machina». Il n'y a qu'à penser au sauvetage de Jon Snow face à l'armée des morts lors de l'épisode 6 de cette septième saison. Et tout ce jeu autour de l'identité mystère de ces origines. Ce qui passionne dans Game of Thrones, c'est ce grand jeu des passions où chacun révèle à la fois sa force et sa fragilité, faisant sans cesse valser les alliances, les attachements au gré des trahisons. Une comédie humaine.

Autre symbole qui ne trompe pas, quand Tyrion retrouve sa sœur qu'il déteste pour lui parler drames familiaux dans l'épisode 7, il se sert un verre de vin comme le faisaient Sue Ellen ou Digger Barnes pour affronter le terrible poids de leur triste vie. Si on n'est pas dans un soap.

On pourrait répondre que l'inceste est une frontière que seul Game of Thrones a osé franchir et assumer. Après tout, peu de série ose montrer une femme et son neveu faire l'amour sous les yeux du petit frère et d'un collègue de travail, possiblement amoureux de sa patronne. Que nenni. Dans Dynasty, le personnage de Fallon Colby s'est mariée et a divorcé avec deux cousins. Elle a même embrassé Adam Carrington qui, elle ne le savait pas alors, était en réalité son frère.

Un motif que l'on a retrouvé de façon tragique dans Twin Peaks (série qui discute justement avec le concept de soap) ou plus récemment dans Riverdale

Mort? Pas Mort? Mort?

Mais ce qu'il y a de plus fascinant dans Game of Thrones, c'est sa capacité à jouer avec la Grande Faucheuse. L'exemple le plus marquant de ces dernières années est bien celui de Jon Snow, brutalement trahi par ses soldats à la fin de la saison 5 et ramené à la vie l'année suivante grâce à la prêtresse Mélisandre. Étrangement, personne n'a vraiment cherché à comprendre comment le (faux) bâtard Stark a pu revenir à la vie après avoir encaissé plusieurs coups de couteau dans le ventre. Après tout, on parle d'une série où une bonne partie des morts sont devenus des zombies forts peu sympathiques.

La logique est la même pour Beric Dondarrion, de la Fraternité sans bannière. Dans l'épisode six, diffusé fin août, il plaisante avec Jon Snow sur le nombre de fois que son compagnon d'armes sur l'a ramené à la vie. Une bonne demi-douzaine de fois. Et puis il y a les fameuses réapparitions de personnages que l'on croyait disparus à tout jamais. Sandor Clegane a longtemps été laissé pour mort dans la saison quatre avant de ressurgir dans la sixième.

En listant tous ces cliffhangers surréalistes, on pourrait presque se croire dans le soap hospitalier où Joey, de Friends, interprète Drake Ramoray un chirurgien plongé dans le coma après une chute dans un ascenseur et «ramené à la vie» grâce à une transplantation du cerveau.

Mais même sans aller jusque-là, les soaps les plus mythiques jouent avec cette simple règle: tout personnage mort n'est pas mort tant que la série n'est pas annulée. Ainsi, dans General Hospital, le personnage de Katherine Bell meurt en tombant d'un parapet. Sauf qu'elle est ramenée à la vie par Helena Cassadine... qui la tuera en la poussant du même endroit quelques mois plus tard.

Passions humaines

 

Instant magique dans Les Feux de l'Amour quand tout le monde dans la série croit à la mort de Katherine Chancellor, qu'ils confondent avec le corps de son sosie, Marge Cotrooke. Une merveille scénaristique. Le recordman de la résurrection reste pourtant Stefano DiMera, de la série Des jours et des vies, qui porte décidément bien son nom. On l'a cru mort dans une explosion d'avion, noyé près de la Maison-Blanche, tué par balle plusieurs fois ou dans un accident de la route. En tout, on compte une douzaine de fausses morts. Le Beric Dondarrion du soap opéra en quelque sorte.

La seule différence dans ces comparaisons, c'est que le monde fantastique de Game of Thrones permet ces incohérences rocambolesques et que la décision de tuer et ou ressusciter un personnage de soap plus classique dépend bien souvent de la relation entre l'acteur et les producteurs.

Il est donc fortement conseillé, pour les plus déçus d'entre vous, de laisser de côté les dragons et autres marcheurs blancs et de revoir la série pour se concentrer sur ce qui fait la réelle force de la série: sa tragi-comédie. Après tout, vous avez le temps: Game of Thrones pourrait ne revenir qu'en 2019. Un drame. 

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Le long final de cette septième saison de Game of Thrones a beau se finir sur une scène spectaculaire, beaucoup de fans gardent un goût amer sur ces sept épisodes. Est-ce parce que les incohérences temporelles ont été trop nombreuses? Parce que la série a perdu ces moments de lenteur qui faisaient son charme et qui permettaient de se lier aux personnages? Ou tout simplement parce que Daenerys commencent sérieusement à devenir terrifiante (pour ne pas dire un poil relou)?

Ces questions ne sont plus si tragiques si l'on pose une grille de lecture différente sur Game of Thrones. Car si HBO nous vend un blockbuster médiévalo-fantastique, la chaîne câblée américaine oublie souvent de souligner qu'elle propose aussi un soap opéra pour le moins classique, où les dramatiques querelles familiales s'entremêlent aux branches biscornues de leur arbre généalogique. Game of Thrones, c'est Dynasty avec quelques dragons (et morts sanglantes) en plus.

Du bon drama des familles

À ce titre, la figure de Littlefinger est particulièrement fascinante. En plus d'être interprété par l'excellent Aidan Gillen, ce personnage secondaire remplit un rôle très important dans Game of Thrones: celui du fauteur de troubles. Tel un mono au Club Med en charge de la bonne ambiance chez les vacanciers, Littlefinger a pour mission d'entretenir la haine chez les héritiers. Lors de son procès, les sœurs Stark énumèrent la longue liste de ses complots: contre Ned Stark, Lysa Arryn, Jon Arryn et même Arya et Sansa Stark... «C'est ce que vous avez toujours fait. Vous déchirez les familles, vous montez sœur contre sœur», lui lance cette dernière. En un sens, Littlefinger jouait le rôle de cette main invisible scénaristique à l'origine d'un chaos permanent.

Surtout qu'autour du trône de fer s'articule une opposition féroce entre plusieurs familles rivales. Les Targaryen d'un côté, qui ont longtemps tenu le royaume avant d'être renversés par les maisons Baratheon et Lannister, dont l'union fragile leur permet de garder un pied sur trône depuis. Il s'agit du nœud qui régit toutes les intrigues, principales comme secondaires.

Dans le dernier épisode de la saison 7, cette rancœur mutuelle apparaît dans toute sa splendeur lorsqu'on découvre que Cersei Lannister a trompé sa rivale Daenerys Targaryen en lui promettant de respecter une trêve le temps de mener le combat contre l'armée des morts qui approche: la première n'a jamais eu l'intention de faire de cadeau à la seconde, scellant l'immuabilité de leur haine mutuelle.

Et quoi de mieux pour déstabiliser des familles rivales que de les faire imploser? La saison sept a vu Sansa, Arya et Jon débattre autour de leur autorité sur le Nord. Mieux encore, l'indestructible couple incestueux entre Jaime et Cersei Lannister a volé en éclats lorsque le frère quitte finalement sa sœur pourtant enceinte de lui.

Univers impitoyables

 

Changez les noms, les décors et gardez cette tension permanente et vous obtenez l'un des ingrédients essentiels du soap opéra, ce feuilleton sentimental où se mêlent les querelles liées à la famille, au sexe, à l'argent ou au pouvoir. Qui a oublié les terribles disputes des Barnes et des Ewing dans la série Dallas? Certes le trône est remplacé ici par du pétrole, mais les mécaniques sont les mêmes: la série démarre avec les parents de Bobby Ewing en colère quand leur enfant leur présente sa femme, fille d'une famille rivale.

Suivront alors quatorze saisons de péripéties rocambolesques qui n'ont rien à envier aux Lannister, aux Starks et aux Targaryens: infidélités, fausses-couches, enfants cachés, mariage à 15 ans à peine et même enlèvements.

Ainsi, on retrouve dans toutes ces séries les marqueurs du mélodrame tels que les a décrit le critique Steve Neale: «des rencontres inespérées, des coïncidences, des rendez-vous manqués, des revirements soudains, des sauvetages et des révélations de dernière minute, des dénouements impliquant un deus ex machina». Il n'y a qu'à penser au sauvetage de Jon Snow face à l'armée des morts lors de l'épisode 6 de cette septième saison. Et tout ce jeu autour de l'identité mystère de ces origines. Ce qui passionne dans Game of Thrones, c'est ce grand jeu des passions où chacun révèle à la fois sa force et sa fragilité, faisant sans cesse valser les alliances, les attachements au gré des trahisons. Une comédie humaine.

Autre symbole qui ne trompe pas, quand Tyrion retrouve sa sœur qu'il déteste pour lui parler drames familiaux dans l'épisode 7, il se sert un verre de vin comme le faisaient Sue Ellen ou Digger Barnes pour affronter le terrible poids de leur triste vie. Si on n'est pas dans un soap.

On pourrait répondre que l'inceste est une frontière que seul Game of Thrones a osé franchir et assumer. Après tout, peu de série ose montrer une femme et son neveu faire l'amour sous les yeux du petit frère et d'un collègue de travail, possiblement amoureux de sa patronne. Que nenni. Dans Dynasty, le personnage de Fallon Colby s'est mariée et a divorcé avec deux cousins. Elle a même embrassé Adam Carrington qui, elle ne le savait pas alors, était en réalité son frère.

Un motif que l'on a retrouvé de façon tragique dans Twin Peaks (série qui discute justement avec le concept de soap) ou plus récemment dans Riverdale

Mort? Pas Mort? Mort?

Mais ce qu'il y a de plus fascinant dans Game of Thrones, c'est sa capacité à jouer avec la Grande Faucheuse. L'exemple le plus marquant de ces dernières années est bien celui de Jon Snow, brutalement trahi par ses soldats à la fin de la saison 5 et ramené à la vie l'année suivante grâce à la prêtresse Mélisandre. Étrangement, personne n'a vraiment cherché à comprendre comment le (faux) bâtard Stark a pu revenir à la vie après avoir encaissé plusieurs coups de couteau dans le ventre. Après tout, on parle d'une série où une bonne partie des morts sont devenus des zombies forts peu sympathiques.

La logique est la même pour Beric Dondarrion, de la Fraternité sans bannière. Dans l'épisode six, diffusé fin août, il plaisante avec Jon Snow sur le nombre de fois que son compagnon d'armes sur l'a ramené à la vie. Une bonne demi-douzaine de fois. Et puis il y a les fameuses réapparitions de personnages que l'on croyait disparus à tout jamais. Sandor Clegane a longtemps été laissé pour mort dans la saison quatre avant de ressurgir dans la sixième.

En listant tous ces cliffhangers surréalistes, on pourrait presque se croire dans le soap hospitalier où Joey, de Friends, interprète Drake Ramoray un chirurgien plongé dans le coma après une chute dans un ascenseur et «ramené à la vie» grâce à une transplantation du cerveau.

Mais même sans aller jusque-là, les soaps les plus mythiques jouent avec cette simple règle: tout personnage mort n'est pas mort tant que la série n'est pas annulée. Ainsi, dans General Hospital, le personnage de Katherine Bell meurt en tombant d'un parapet. Sauf qu'elle est ramenée à la vie par Helena Cassadine... qui la tuera en la poussant du même endroit quelques mois plus tard.

Passions humaines

 

Instant magique dans Les Feux de l'Amour quand tout le monde dans la série croit à la mort de Katherine Chancellor, qu'ils confondent avec le corps de son sosie, Marge Cotrooke. Une merveille scénaristique. Le recordman de la résurrection reste pourtant Stefano DiMera, de la série Des jours et des vies, qui porte décidément bien son nom. On l'a cru mort dans une explosion d'avion, noyé près de la Maison-Blanche, tué par balle plusieurs fois ou dans un accident de la route. En tout, on compte une douzaine de fausses morts. Le Beric Dondarrion du soap opéra en quelque sorte.

La seule différence dans ces comparaisons, c'est que le monde fantastique de Game of Thrones permet ces incohérences rocambolesques et que la décision de tuer et ou ressusciter un personnage de soap plus classique dépend bien souvent de la relation entre l'acteur et les producteurs.

Il est donc fortement conseillé, pour les plus déçus d'entre vous, de laisser de côté les dragons et autres marcheurs blancs et de revoir la série pour se concentrer sur ce qui fait la réelle force de la série: sa tragi-comédie. Après tout, vous avez le temps: Game of Thrones pourrait ne revenir qu'en 2019. Un drame. 

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