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Hugh Hefner se rêvait féministe, pas sûr que l'Histoire retiendra cela

DISPARITION - Hugh Hefner voulait que l'on retienne de lui une chose, comment il avait fait évoluer les mentalités. Il disait en 2003 à l'AFP vouloir "rester dans le souvenir des gens comme quelqu'un qui a eu un impact positif sur le changement des valeurs sexuelles de l'époque". "Et je pense que de ce point de vue, c'est gagné", avait-il estimé. Le fondateur de Playboy est mort ce mercredi 28 septembre.

Depuis, les hommages se succèdent, la plupart très laudatifs. Kim Kardashian et Paris Hilton se souviennent des moments festifs qu'elles ont passé avec Hugh Hefner. Carmen Elektra, Jenny McCarthy et les autres "bunnies", les mannequins Playboy qui ont fait le succès du magazine et la renommée de l'immense maison de Hugh Hefner, témoignent de leur attachement à l'homme qui a bien souvent été à l'origine de leur carrière.

Parmi tous ces messages, celui de Pamela Anderson, inconsolable, est particulièrement fort. "Je suis ce que je suis grâce à toi. Tu m'as appris tout ce qu'il y avait d'important sur la liberté et le respect. À l'exception de ma famille, tu étais la personne la plus importante de ma vie. Tu m'as donné ma vie", écrit-elle sur Instagram.

N'est-ce pas trop pour un homme dont on retiendra qu'il se vantait d'avoir couché avec plus de 1000 femmes, qu'il avait passé presque quarante ans de sa vie dans un manoir entouré de jeunes modèles au physique standardisé et qu'il a fait d'une paire d'oreilles de lapin une marque très lucrative? Aux États-Unis, l'homme qui ouvrait ses colonnes à des plumes telles que Jack Kerouac était connu pour bien plus. Du moins, était-ce ce qu'il ne cessait de répéter à chaque interview.

De l'anti-puritanisme au combat pour les droits des femmes

Né à Chicago le 9 avril 1926, dans une famille de protestants conservateurs, Hugh Hefner est très critique sur son éducation. "Ma vie et le lancement de Playboy étaient la réponse à une éducation répressive et puritaine. Je n'y ai vu que douleur et hypocrisie", expliquait-il à l'AFP en 2003.

En réaction à ce puritanisme, Hugh Hefner vantait son ouverture d'esprit, en matière de sexualité évidemment mais aussi de droits des femmes et de droits civiques. Dès 1963, dix ans avant que l'avortement ne soit légalisé aux États-Unis, il faisait paraître des articles pro-choix dans son magazine. Il avait aussi participé au financement du combat pour la légalisation de cet acte, rappelle le Hollywood Reporter.

Dans les années 50-60, en pleine ségrégation, il avait participé à l'ouverture d'un festival de jazz à Chicago dont les premiers revenus avaient été reversés à l'organisme américain de défense des droits civiques. Puis, il avait ouvert un autre club à Las Vegas où les artistes noirs et blancs pouvaient se produire.

Bien avant que le combat pour les droits LGBTQ ne soient aussi médiatisés, en 1991, il a fait poser une mannequin transgenre, Caroline "Tula" Cossey. Autant d'engagements qui se sont révélés aussi d'intéressants investissements ou de beaux symboles pour la vision de la sexualité et de la femme que l'homme d'affaires n'a cessé de promouvoir tout au long de sa vie et dans les pages de son magazine.

"Ce sont des objets"

Dès les années 60-70, certaines féministes critiquaient cependant ce porte-parole non officiel de la révolution sexuelle. La militante américaine Gloria Steinem s'indignait ainsi en 1970: "Ce que Playboy ne sait pas sur les femmes pourrait remplir un livre... Il y a des fois où quand une femme lit un numéro de Playboy, elle a un peu l'impression d'être un juif qui lit un manuel nazi".

Quarante ans après cette sortie, Hugh Hefner interrogé par Vanity Fair n'en démord pas. Au journaliste qui lui dit "Les féministes vous accusent de traiter les femmes comme des objets", il répond sans détour, "Ce sont des objets!". Dans le même entretien, il mettait en avant son combat "féministe" pour les droits des femmes.

En 2015 l'ancienne Playmate, Holly Madison sort un livre sur les coulisses de la "Playboy Mansion". Elle y raconte qu'il était attendu des jeunes femmes qu'elles couchent avec Hugh Hefner, que ses tenues étaient scrutées et critiquées et que le fondateur l'aurait obligée à quitter son métier de serveuse à l'extérieur pour mieux la contrôler. Un an plus tard, Hugh Hefner est accusé d'avoir aidé Bill Cosby à droguer et violer Chloé Goins, 18 ans, en 2008 dans la Playboy Mansion.

Pamela Anderson, sa poitrine refaite en deux semaines

Entre libération sexuelle et exploitation sexuelle, il n'y avait peut-être qu'un pas dans l'esprit d'Hugh Hefner. Le Guardian, s'appuyant sur les travaux d'une professeure de sociologie de la prestigieuse université de Columbia aux États-Unis, Jennifer Lena, fait le pont entre ces deux facettes. "Au moment où les femmes étaient prêtes à prendre en main la libération sexuelle et à définir leur corps selon leurs propres termes, les représentations dans Playboy de la 'fille d'à côté' sexuellement consentante et disponible a fait de la nudité féminine un synonyme du contentement des désirs des hommes dans une société dominée par les hommes et patriarcale".

Dès ses premiers jours dans la maison de Hugh Hefner, Pamela Anderson s'était trouvée transformée. Dans la salle de gym, alors qu'elle regardait avec l'épouse de Hugh Hefner la plastique parfaite d'autres playmates sur des photos, elle s'exclame, "Mon Dieu! Regarde leur corps, elles sont super". Kimberley Hefner lui répond, "Tu sais, elles ont des faux seins". "'Je ne pouvais pas le croire, raconte-t-elle en 2010 au Guardian. 'Prends-moi rendez-vous, ce n'est pas juste. Je ne suis même pas dans la compétition'. En deux semaines, je l'avais fait. Mais je ne crois pas que j'en avais vraiment besoin." Cette confession de la playmate préférée de Hugh Hefner en dit long. Sa plastique retouchée exhibée dans Alerte à Malibu comme sur les couverture de Playboy a fait bondir de 500% les opérations de chirurgie esthétique entre 1992 et 1999 aux États-Unis.

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Depuis, les hommages se succèdent, la plupart très laudatifs. Kim Kardashian et Paris Hilton se souviennent des moments festifs qu'elles ont passé avec Hugh Hefner. Carmen Elektra, Jenny McCarthy et les autres "bunnies", les mannequins Playboy qui ont fait le succès du magazine et la renommée de l'immense maison de Hugh Hefner, témoignent de leur attachement à l'homme qui a bien souvent été à l'origine de leur carrière.

Parmi tous ces messages, celui de Pamela Anderson, inconsolable, est particulièrement fort. "Je suis ce que je suis grâce à toi. Tu m'as appris tout ce qu'il y avait d'important sur la liberté et le respect. À l'exception de ma famille, tu étais la personne la plus importante de ma vie. Tu m'as donné ma vie", écrit-elle sur Instagram.

N'est-ce pas trop pour un homme dont on retiendra qu'il se vantait d'avoir couché avec plus de 1000 femmes, qu'il avait passé presque quarante ans de sa vie dans un manoir entouré de jeunes modèles au physique standardisé et qu'il a fait d'une paire d'oreilles de lapin une marque très lucrative? Aux États-Unis, l'homme qui ouvrait ses colonnes à des plumes telles que Jack Kerouac était connu pour bien plus. Du moins, était-ce ce qu'il ne cessait de répéter à chaque interview.

De l'anti-puritanisme au combat pour les droits des femmes

Né à Chicago le 9 avril 1926, dans une famille de protestants conservateurs, Hugh Hefner est très critique sur son éducation. "Ma vie et le lancement de Playboy étaient la réponse à une éducation répressive et puritaine. Je n'y ai vu que douleur et hypocrisie", expliquait-il à l'AFP en 2003.

En réaction à ce puritanisme, Hugh Hefner vantait son ouverture d'esprit, en matière de sexualité évidemment mais aussi de droits des femmes et de droits civiques. Dès 1963, dix ans avant que l'avortement ne soit légalisé aux États-Unis, il faisait paraître des articles pro-choix dans son magazine. Il avait aussi participé au financement du combat pour la légalisation de cet acte, rappelle le Hollywood Reporter.

Dans les années 50-60, en pleine ségrégation, il avait participé à l'ouverture d'un festival de jazz à Chicago dont les premiers revenus avaient été reversés à l'organisme américain de défense des droits civiques. Puis, il avait ouvert un autre club à Las Vegas où les artistes noirs et blancs pouvaient se produire.

Bien avant que le combat pour les droits LGBTQ ne soient aussi médiatisés, en 1991, il a fait poser une mannequin transgenre, Caroline "Tula" Cossey. Autant d'engagements qui se sont révélés aussi d'intéressants investissements ou de beaux symboles pour la vision de la sexualité et de la femme que l'homme d'affaires n'a cessé de promouvoir tout au long de sa vie et dans les pages de son magazine.

"Ce sont des objets"

Dès les années 60-70, certaines féministes critiquaient cependant ce porte-parole non officiel de la révolution sexuelle. La militante américaine Gloria Steinem s'indignait ainsi en 1970: "Ce que Playboy ne sait pas sur les femmes pourrait remplir un livre... Il y a des fois où quand une femme lit un numéro de Playboy, elle a un peu l'impression d'être un juif qui lit un manuel nazi".

Quarante ans après cette sortie, Hugh Hefner interrogé par Vanity Fair n'en démord pas. Au journaliste qui lui dit "Les féministes vous accusent de traiter les femmes comme des objets", il répond sans détour, "Ce sont des objets!". Dans le même entretien, il mettait en avant son combat "féministe" pour les droits des femmes.

En 2015 l'ancienne Playmate, Holly Madison sort un livre sur les coulisses de la "Playboy Mansion". Elle y raconte qu'il était attendu des jeunes femmes qu'elles couchent avec Hugh Hefner, que ses tenues étaient scrutées et critiquées et que le fondateur l'aurait obligée à quitter son métier de serveuse à l'extérieur pour mieux la contrôler. Un an plus tard, Hugh Hefner est accusé d'avoir aidé Bill Cosby à droguer et violer Chloé Goins, 18 ans, en 2008 dans la Playboy Mansion.

Pamela Anderson, sa poitrine refaite en deux semaines

Entre libération sexuelle et exploitation sexuelle, il n'y avait peut-être qu'un pas dans l'esprit d'Hugh Hefner. Le Guardian, s'appuyant sur les travaux d'une professeure de sociologie de la prestigieuse université de Columbia aux États-Unis, Jennifer Lena, fait le pont entre ces deux facettes. "Au moment où les femmes étaient prêtes à prendre en main la libération sexuelle et à définir leur corps selon leurs propres termes, les représentations dans Playboy de la 'fille d'à côté' sexuellement consentante et disponible a fait de la nudité féminine un synonyme du contentement des désirs des hommes dans une société dominée par les hommes et patriarcale".

Dès ses premiers jours dans la maison de Hugh Hefner, Pamela Anderson s'était trouvée transformée. Dans la salle de gym, alors qu'elle regardait avec l'épouse de Hugh Hefner la plastique parfaite d'autres playmates sur des photos, elle s'exclame, "Mon Dieu! Regarde leur corps, elles sont super". Kimberley Hefner lui répond, "Tu sais, elles ont des faux seins". "'Je ne pouvais pas le croire, raconte-t-elle en 2010 au Guardian. 'Prends-moi rendez-vous, ce n'est pas juste. Je ne suis même pas dans la compétition'. En deux semaines, je l'avais fait. Mais je ne crois pas que j'en avais vraiment besoin." Cette confession de la playmate préférée de Hugh Hefner en dit long. Sa plastique retouchée exhibée dans Alerte à Malibu comme sur les couverture de Playboy a fait bondir de 500% les opérations de chirurgie esthétique entre 1992 et 1999 aux États-Unis.

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