Le destin se sera acharné sur lui. Découvert sur le tard, en 2011, à l’âge où d’autres prennent déjà leur retraite, Charles Bradley s’en est allé ce 23 septembre 2017, emporté par un cancer qu’il avait déjà une première fois vaincu. Why is it so hard ? La question dont il avait fait une chanson, comme un hymne personnel interrogeant les vertus du rêve américain, prenait tout son sens à la lecture de son histoire.
Charles Edward Bradley y racontait son parcours, gamin né à Gainesville en Floride en 1948, grandi à Brooklyn, où il atterrit à huit ans. Peu de mots, beaucoup de sous-entendus, pour celui qui aura surtout connu des «temps difficiles». Ceux dont il parlait à longueur d’interviews à l’heure de la reconnaissance tardive, avec un album (le premier !) au titre tout aussi explicite : No Time For Dreaming. Quoique…
Bradley a ramé, traversant des années de galère, vivant dans la rue, parcourant les Etats-Unis en auto-stop, enchaînant les boulots mal payés (cireur de chaussures, cuisinier dans un hôpital psychiatrique puis dans une maison de riches retraitées en Californie…) et les concerts le week-end en mode karaoké. Son frère, percepteur d’impôt, qu’il vient de rejoindre sur la côte Est, est assassiné d’une balle dans la tête par des cambrioleurs… Brisons là. Son chemin avait tout d’un calvaire, jusqu’à ce que le label Daptone lui offre sa chance : une poignée de 45-tours dans les années 2000, et bientôt un album complet, du cousu main pour celui que certain surnommeront «The Screaming Eagle Of Soul».
Plus qu’un simili James Brown
La musique de l’âme, il l’avait chevillé au corps. C’était la bande-son de sa vie. La soul dans sa face souvent sombre, celle des laissés pour compte, celle des chanteurs dits de «seconde» zone, qui survivent loin de la gloire, faute d’avoir été au bon croisement, au bon moment. Ceux-là sont bien entendu plus nombreux que les stars, et c’est aussi cela que disait le coup de projecteur sur cet homme qui aimait chanter l’amour, avec joie comme dans la peine. D’une voix éraillée, habitée de tous ses maux.
Il aura donc fallu un énième revival soul pour que Charles Bradley sorte de l’ombre : deux disques (Victim Of Love en 2013 puis Changes en 2016) suivront celui de la révélation, et des tournées à rallonge. En France notamment, où il sera porté jusqu’à Olympia, comme James Brown des décennies avant lui, icône dont il fut l’un des interprètes à tel point qu’il fut réduit au rôle d’imitateur.
Veste rouge vite tombée et justaucorps résilles noires, entouré du Menahan Street Band, devenu entre-temps ses Extraordinaires, il y reprit d’ailleurs le fameux It’s a Man Of The World . Un thème qu’avait tout autant emprunté Sharon Jones, autre égérie sortie de l’oubli par le label Daptone qui elle aussi atteignit l’Olympe français, avant de décéder il y a moins d’un an d’un cancer du pancréas. Satanés destins.
Read AgainLe destin se sera acharné sur lui. Découvert sur le tard, en 2011, à l’âge où d’autres prennent déjà leur retraite, Charles Bradley s’en est allé ce 23 septembre 2017, emporté par un cancer qu’il avait déjà une première fois vaincu. Why is it so hard ? La question dont il avait fait une chanson, comme un hymne personnel interrogeant les vertus du rêve américain, prenait tout son sens à la lecture de son histoire.
Charles Edward Bradley y racontait son parcours, gamin né à Gainesville en Floride en 1948, grandi à Brooklyn, où il atterrit à huit ans. Peu de mots, beaucoup de sous-entendus, pour celui qui aura surtout connu des «temps difficiles». Ceux dont il parlait à longueur d’interviews à l’heure de la reconnaissance tardive, avec un album (le premier !) au titre tout aussi explicite : No Time For Dreaming. Quoique…
Bradley a ramé, traversant des années de galère, vivant dans la rue, parcourant les Etats-Unis en auto-stop, enchaînant les boulots mal payés (cireur de chaussures, cuisinier dans un hôpital psychiatrique puis dans une maison de riches retraitées en Californie…) et les concerts le week-end en mode karaoké. Son frère, percepteur d’impôt, qu’il vient de rejoindre sur la côte Est, est assassiné d’une balle dans la tête par des cambrioleurs… Brisons là. Son chemin avait tout d’un calvaire, jusqu’à ce que le label Daptone lui offre sa chance : une poignée de 45-tours dans les années 2000, et bientôt un album complet, du cousu main pour celui que certain surnommeront «The Screaming Eagle Of Soul».
Plus qu’un simili James Brown
La musique de l’âme, il l’avait chevillé au corps. C’était la bande-son de sa vie. La soul dans sa face souvent sombre, celle des laissés pour compte, celle des chanteurs dits de «seconde» zone, qui survivent loin de la gloire, faute d’avoir été au bon croisement, au bon moment. Ceux-là sont bien entendu plus nombreux que les stars, et c’est aussi cela que disait le coup de projecteur sur cet homme qui aimait chanter l’amour, avec joie comme dans la peine. D’une voix éraillée, habitée de tous ses maux.
Il aura donc fallu un énième revival soul pour que Charles Bradley sorte de l’ombre : deux disques (Victim Of Love en 2013 puis Changes en 2016) suivront celui de la révélation, et des tournées à rallonge. En France notamment, où il sera porté jusqu’à Olympia, comme James Brown des décennies avant lui, icône dont il fut l’un des interprètes à tel point qu’il fut réduit au rôle d’imitateur.
Veste rouge vite tombée et justaucorps résilles noires, entouré du Menahan Street Band, devenu entre-temps ses Extraordinaires, il y reprit d’ailleurs le fameux It’s a Man Of The World . Un thème qu’avait tout autant emprunté Sharon Jones, autre égérie sortie de l’oubli par le label Daptone qui elle aussi atteignit l’Olympe français, avant de décéder il y a moins d’un an d’un cancer du pancréas. Satanés destins.
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