Jean Rochefort, qui trouve ses racines en Bretagne et plus particulièrement à Dinan, est décédé lundi, à Paris. Il revenait souvent sur les terres de son enfance.
Monument du cinéma, passionné par les chevaux, l’acteur Jean Rochefort est décédé dans un hôpital parisien, à l’âge de 87 ans, lundi matin. Longtemps, il s’est souvenu de son enfance heureuse entre les bords de Rance et Saint-Lunaire.
Sa Bretagne résonne de rires d’enfants et d’émois adolescents. Elle s’habille du bleu des marées et du jaune des genêts, elle a l’odeur du cuir tanné de l’atelier où Charles, son oncle cordonnier, exerçait au 13-14, rue Haute-Voie à Dinan.
Ce souvenir de Bretagne, Jean Rochefort l’a souvent raconté dans les colonnes du journal Ouest-France. « C’est à Dinan que se sont fixés mes premiers souvenirs de vacances avec ma mère, Fernande, née Guillot et mon père, Célestin. »
« Famille compliquée, s’amusait-il à dire. Comme je tardais à naître, ma grand-mère Marie avait persuadé ma mère – c’est bien breton, ça ! – de faire le tour des églises parisiennes à pied. À la quatrième paroisse, aux Buttes-Chaumont, je suis arrivé ! »
Lire aussi : Jean Rochefort. Les hommages se multiplient après l’annonce de sa mort
Premier au Certificat d’études
De cette mésaventure prénatale, Jean Rochefort a gardé une affectueuse ironie à l’égard des « bretonneries ». « Mon père était un pur Dinannais, fils de cocher. Mes grands-parents signaient d’une croix, mais ils m’ont mis à l’école des Cordeliers et j’ai fini premier au Certificat d’études. »
Tous les étés, sans exception, la famille Rochefort, au grand complet, retournait à Dinan, au foyer paternel. « Dinan évoque pour moi une espèce de cocon protecteur, l’intérieur douillet des maisons, derrière les colombages, mais aussi les moustiques de la Rance qui nous avaient filés, à mon frère et à moi, une furonculose abominable, à la suite d’une baignade près du Vieux-Pont. Sans oublier les odeurs de colle dans l’atelier du parrain, Charles Gaïton, et la façon un peu leste qu’il avait de héler sa femme à l’heure de la sieste : Léonie, mont’là-haut, la natur’m’commande ! »
Après la guerre, réussite oblige, la famille Rochefort achète une villégiature à Saint-Lunaire, station balnéaire en plein essor. La Bretagne estivale prend le parfum de l’huile à bronzer et des immortelles que l’on foule dans les dunes.

Premiers succès à Saint-Lunaire
La mèche rebelle et le sourire énigmatique de Jean font vibrer ces jeunes filles qu’il met sur un piédestal, telle l’Immaculée Conception… Pas pour longtemps. Les belles aiment ceux qui les font rire.La boule au ventre, Jean fait ses premières imitations de Bourvil et de Luis Mariano au casino de Saint-Lunaire, entouré par le « grand » orchestre d’Olga d’Alevi.
« Des moments délicieux, une adolescence magnifique », racontait l’acteur qui préférait oublier les brumes et les ombres de ces années : la rudesse du grand-père qui interdit ses écuries aux enfants (de là viendra sans doute sa passion plus tardive pour les chevaux), la méfiance, voire l’hostilité du père et du frère aîné, Pierre (qui deviendra amiral dans la Royale) à ses fantaisies d’artiste.
Et cette année 1948 où Célestin, en froid avec Fernande, les astreint à résidence, lui et sa mère, à Saint-Lunaire après les vacances. Mortel et bienheureux hiver où l’ennui le lie à Pierre Besson, le fils de la marchande du bazar Au petit bonheur.
Contre l’avis paternel, ce nouveau « frère » le persuade de prendre des cours de théâtre à Nantes et même, l’année suivante, de monter à Paris pour suivre les cours de la rue Blanche.« L’été suivant, au cinéma paroissial, je jouais un roi d’Espagne déchu dans la pièce de Michel de Ghelderode, l’Escurial. »
Une salle à son nom
Ces premiers pas ont signé le début d’une carrière couronnée du succès que l’on sait. Sur les planches de Molière à Beaumarchais, au cinéma, de Cartouche au Crabe-Tambour, en passant par l’Horloger de Saint-Paul et le Mari de la coiffeuse.
Avec ses amis de Conservatoire, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Claude Riche, Yves Robert, Patrice Lecomte et tant d’autres, Jean Rochefort a dessiné le visage du cinéma français : moustache et crinière au vent, voix de stentor, humour et élégance.
En 2005, Jean Rochefort repasse à Dinan où il découvre le futur centre de rencontres (centre de congrès). « Donner mon nom à l’une des salles de votre nouveau centre culturel ? Vous me flattez, Monsieur le maire… Mais est-ce que je le mérite ? »
Jean Rochefort sait jouer les faux modestes devant le maire de Dinan, René Benoit. Imper crème, écharpe bohème au cou et baskets multicolores aux pieds. Le plus célèbre moustachu du cinéma est revenu sur les terres de son enfance. Et sa superbe supplante les autres figures de la cité médiévale des Côtes-d’Armor : l’acteur est nettement plus beau que le connétable Bertrand Du Guesclin ; plus flamboyant que Roger Vercel, l’auteur de Capitaine Conan, et sûrement aussi humaniste qu’Auguste Pavie, le géographe ambassadeur d’Indochine.« J’ai longtemps lutté contre ce besoin de racines, confessait-il. Mais le temps passant, j’en ressens un grand désir. Surtout ces dix dernières années. C’est biologique. »
Déjà, il a acheté une maison à Saint-Briac-sur-Mer, une commune sur le littoral tout proche, où il a passé de plus en plus de temps. « J’ai vendu il y a longtemps la maison que ma famille avait à Saint-Lunaire. Il y avait trop de fantômes. »
Read AgainJean Rochefort, qui trouve ses racines en Bretagne et plus particulièrement à Dinan, est décédé lundi, à Paris. Il revenait souvent sur les terres de son enfance.
Monument du cinéma, passionné par les chevaux, l’acteur Jean Rochefort est décédé dans un hôpital parisien, à l’âge de 87 ans, lundi matin. Longtemps, il s’est souvenu de son enfance heureuse entre les bords de Rance et Saint-Lunaire.
Sa Bretagne résonne de rires d’enfants et d’émois adolescents. Elle s’habille du bleu des marées et du jaune des genêts, elle a l’odeur du cuir tanné de l’atelier où Charles, son oncle cordonnier, exerçait au 13-14, rue Haute-Voie à Dinan.
Ce souvenir de Bretagne, Jean Rochefort l’a souvent raconté dans les colonnes du journal Ouest-France. « C’est à Dinan que se sont fixés mes premiers souvenirs de vacances avec ma mère, Fernande, née Guillot et mon père, Célestin. »
« Famille compliquée, s’amusait-il à dire. Comme je tardais à naître, ma grand-mère Marie avait persuadé ma mère – c’est bien breton, ça ! – de faire le tour des églises parisiennes à pied. À la quatrième paroisse, aux Buttes-Chaumont, je suis arrivé ! »
Lire aussi : Jean Rochefort. Les hommages se multiplient après l’annonce de sa mort
Premier au Certificat d’études
De cette mésaventure prénatale, Jean Rochefort a gardé une affectueuse ironie à l’égard des « bretonneries ». « Mon père était un pur Dinannais, fils de cocher. Mes grands-parents signaient d’une croix, mais ils m’ont mis à l’école des Cordeliers et j’ai fini premier au Certificat d’études. »
Tous les étés, sans exception, la famille Rochefort, au grand complet, retournait à Dinan, au foyer paternel. « Dinan évoque pour moi une espèce de cocon protecteur, l’intérieur douillet des maisons, derrière les colombages, mais aussi les moustiques de la Rance qui nous avaient filés, à mon frère et à moi, une furonculose abominable, à la suite d’une baignade près du Vieux-Pont. Sans oublier les odeurs de colle dans l’atelier du parrain, Charles Gaïton, et la façon un peu leste qu’il avait de héler sa femme à l’heure de la sieste : Léonie, mont’là-haut, la natur’m’commande ! »
Après la guerre, réussite oblige, la famille Rochefort achète une villégiature à Saint-Lunaire, station balnéaire en plein essor. La Bretagne estivale prend le parfum de l’huile à bronzer et des immortelles que l’on foule dans les dunes.

Premiers succès à Saint-Lunaire
La mèche rebelle et le sourire énigmatique de Jean font vibrer ces jeunes filles qu’il met sur un piédestal, telle l’Immaculée Conception… Pas pour longtemps. Les belles aiment ceux qui les font rire.La boule au ventre, Jean fait ses premières imitations de Bourvil et de Luis Mariano au casino de Saint-Lunaire, entouré par le « grand » orchestre d’Olga d’Alevi.
« Des moments délicieux, une adolescence magnifique », racontait l’acteur qui préférait oublier les brumes et les ombres de ces années : la rudesse du grand-père qui interdit ses écuries aux enfants (de là viendra sans doute sa passion plus tardive pour les chevaux), la méfiance, voire l’hostilité du père et du frère aîné, Pierre (qui deviendra amiral dans la Royale) à ses fantaisies d’artiste.
Et cette année 1948 où Célestin, en froid avec Fernande, les astreint à résidence, lui et sa mère, à Saint-Lunaire après les vacances. Mortel et bienheureux hiver où l’ennui le lie à Pierre Besson, le fils de la marchande du bazar Au petit bonheur.
Contre l’avis paternel, ce nouveau « frère » le persuade de prendre des cours de théâtre à Nantes et même, l’année suivante, de monter à Paris pour suivre les cours de la rue Blanche.« L’été suivant, au cinéma paroissial, je jouais un roi d’Espagne déchu dans la pièce de Michel de Ghelderode, l’Escurial. »
Une salle à son nom
Ces premiers pas ont signé le début d’une carrière couronnée du succès que l’on sait. Sur les planches de Molière à Beaumarchais, au cinéma, de Cartouche au Crabe-Tambour, en passant par l’Horloger de Saint-Paul et le Mari de la coiffeuse.
Avec ses amis de Conservatoire, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Claude Riche, Yves Robert, Patrice Lecomte et tant d’autres, Jean Rochefort a dessiné le visage du cinéma français : moustache et crinière au vent, voix de stentor, humour et élégance.
En 2005, Jean Rochefort repasse à Dinan où il découvre le futur centre de rencontres (centre de congrès). « Donner mon nom à l’une des salles de votre nouveau centre culturel ? Vous me flattez, Monsieur le maire… Mais est-ce que je le mérite ? »
Jean Rochefort sait jouer les faux modestes devant le maire de Dinan, René Benoit. Imper crème, écharpe bohème au cou et baskets multicolores aux pieds. Le plus célèbre moustachu du cinéma est revenu sur les terres de son enfance. Et sa superbe supplante les autres figures de la cité médiévale des Côtes-d’Armor : l’acteur est nettement plus beau que le connétable Bertrand Du Guesclin ; plus flamboyant que Roger Vercel, l’auteur de Capitaine Conan, et sûrement aussi humaniste qu’Auguste Pavie, le géographe ambassadeur d’Indochine.« J’ai longtemps lutté contre ce besoin de racines, confessait-il. Mais le temps passant, j’en ressens un grand désir. Surtout ces dix dernières années. C’est biologique. »
Déjà, il a acheté une maison à Saint-Briac-sur-Mer, une commune sur le littoral tout proche, où il a passé de plus en plus de temps. « J’ai vendu il y a longtemps la maison que ma famille avait à Saint-Lunaire. Il y avait trop de fantômes. »
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