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"The Square", éclat de rire grinçant et Palme d'or surprise

Cannes - Une scène hilarante autour d'un préservatif, un sauvage qui sème la panique dans un dîner mondain : "The Square", Palme d'or surprise de Cannes, est un film à l'humour grinçant sur le monde de l'art, miroir des travers d'une société en pleine crise de confiance.

Dans le long-métrage du Suédois Ruben Östlund, en salle mercredi, rien ne se passe comme prévu pour le héros, un conservateur dandy d'un musée d'art contemporain de Stockholm qui prépare une exposition sur la tolérance et la solidarité. 

Au centre de la performance, un carré de 4 mètres sur 4 ("The Square"), "sanctuaire de confiance et de bienveillance". A l'extérieur, deux mondes séparés, celui des grands bourgeois cultivés et celui des immigrés, des Roms et des SDF. 

La vie bien ordonnée du conservateur, joué par le Danois Claes Bang, bascule lorsqu'il se porte au secours d'une femme poursuivie par un homme violent. Une ruse bien évidemment qui aboutit au vol de son portefeuille et de son portable. 

Pour récupérer ses biens, il va vite oublier les bons sentiments. Il écrit une lettre de menaces qu'il distribue, avec des gants - on n'est jamais trop prudent - dans les boîtes aux lettres d'une HLM de banlieue où vit son voleur. 

Ruben Östlund "a réalisé ce film extrêmement drôle d'une main de maître. Ca parle du politiquement correct, qui est une dictature, peut-être aussi horrible que n'importe quelle autre dictature. Ce sujet aussi sérieux a été traité avec une imagination incroyable", avait estimé à Cannes le président du jury Pedro Almodovar. 

- 'Hypocrisie' - 

Pour l'acteur principal, "le film parle de l'hypocrisie de notre mode de vie en Occident. On se croit vertueux, on paye nos impôts, mais il y a des choses qu'on ne veut pas voir". 

Le réalisateur de "Snow Therapy" - Prix du jury 2014 dans la section "Un certain regard" - pose un regard caustique sur nos lâchetés et interroge le "vivre ensemble" de nos sociétés. 

Avec le symbole du "Square", Östlund a voulu rappeler l'importance des "valeurs humanistes, déconnectées du débat gauche/droite et des religions". 

Et s'il a choisi le milieu de l'art, c'est qu'il le juge "bien trop distant de la vraie vie". 

La vraie vie donne lieu à une scène désopilante où, juste après une relation sexuelle, Christian, qui ne fait confiance à personne, tente d'empêcher sa partenaire d'un soir, une journaliste américaine (impeccable Elisabeth Moss), de s'emparer du préservatif qui vient d'être utilisé pour le jeter à la poubelle. La jeune femme, qui n'a sans doute pas trouvé meilleur compagnon, vit avec un singe dans son appartement, un animal qui est "le reflet de nous-mêmes" pour le réalisateur. 

"Nous voulons apparaitre comme des être civilisés", mais de nombreuses scènes du film montrent le conflit entre nos instincts et "notre comportement ou l'image que nous voulons donner de nous-mêmes", a-t-il confié à l'AFP, de passage à Paris pour la sortie de "The Square". 

Un conflit là encore illustré avec un humour ravageur par l'irruption d'un homme-singe, tout droit sorti d'une vidéo du musée, qui va débarquer en chair et en os et surtout en muscles dans un dîner de gala. 

Il s'en prend aux convives, d'abord amusés puis tétanisés, quand la créature tente de violer une femme. 

Le dernier tiers du film est moins convainquant lorsque le conservateur, viré de son poste, cherche à se racheter. 

Face à "120 battements par minute", "The Square" était loin d'être le favori pour la Palme d'or. S'il vise souvent juste en tapant là où ça fait mal, des critiques ont épinglé un film jugé trop démonstratif et tombé dans le piège de son propre discours. 

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Cannes - Une scène hilarante autour d'un préservatif, un sauvage qui sème la panique dans un dîner mondain : "The Square", Palme d'or surprise de Cannes, est un film à l'humour grinçant sur le monde de l'art, miroir des travers d'une société en pleine crise de confiance.

Dans le long-métrage du Suédois Ruben Östlund, en salle mercredi, rien ne se passe comme prévu pour le héros, un conservateur dandy d'un musée d'art contemporain de Stockholm qui prépare une exposition sur la tolérance et la solidarité. 

Au centre de la performance, un carré de 4 mètres sur 4 ("The Square"), "sanctuaire de confiance et de bienveillance". A l'extérieur, deux mondes séparés, celui des grands bourgeois cultivés et celui des immigrés, des Roms et des SDF. 

La vie bien ordonnée du conservateur, joué par le Danois Claes Bang, bascule lorsqu'il se porte au secours d'une femme poursuivie par un homme violent. Une ruse bien évidemment qui aboutit au vol de son portefeuille et de son portable. 

Pour récupérer ses biens, il va vite oublier les bons sentiments. Il écrit une lettre de menaces qu'il distribue, avec des gants - on n'est jamais trop prudent - dans les boîtes aux lettres d'une HLM de banlieue où vit son voleur. 

Ruben Östlund "a réalisé ce film extrêmement drôle d'une main de maître. Ca parle du politiquement correct, qui est une dictature, peut-être aussi horrible que n'importe quelle autre dictature. Ce sujet aussi sérieux a été traité avec une imagination incroyable", avait estimé à Cannes le président du jury Pedro Almodovar. 

- 'Hypocrisie' - 

Pour l'acteur principal, "le film parle de l'hypocrisie de notre mode de vie en Occident. On se croit vertueux, on paye nos impôts, mais il y a des choses qu'on ne veut pas voir". 

Le réalisateur de "Snow Therapy" - Prix du jury 2014 dans la section "Un certain regard" - pose un regard caustique sur nos lâchetés et interroge le "vivre ensemble" de nos sociétés. 

Avec le symbole du "Square", Östlund a voulu rappeler l'importance des "valeurs humanistes, déconnectées du débat gauche/droite et des religions". 

Et s'il a choisi le milieu de l'art, c'est qu'il le juge "bien trop distant de la vraie vie". 

La vraie vie donne lieu à une scène désopilante où, juste après une relation sexuelle, Christian, qui ne fait confiance à personne, tente d'empêcher sa partenaire d'un soir, une journaliste américaine (impeccable Elisabeth Moss), de s'emparer du préservatif qui vient d'être utilisé pour le jeter à la poubelle. La jeune femme, qui n'a sans doute pas trouvé meilleur compagnon, vit avec un singe dans son appartement, un animal qui est "le reflet de nous-mêmes" pour le réalisateur. 

"Nous voulons apparaitre comme des être civilisés", mais de nombreuses scènes du film montrent le conflit entre nos instincts et "notre comportement ou l'image que nous voulons donner de nous-mêmes", a-t-il confié à l'AFP, de passage à Paris pour la sortie de "The Square". 

Un conflit là encore illustré avec un humour ravageur par l'irruption d'un homme-singe, tout droit sorti d'une vidéo du musée, qui va débarquer en chair et en os et surtout en muscles dans un dîner de gala. 

Il s'en prend aux convives, d'abord amusés puis tétanisés, quand la créature tente de violer une femme. 

Le dernier tiers du film est moins convainquant lorsque le conservateur, viré de son poste, cherche à se racheter. 

Face à "120 battements par minute", "The Square" était loin d'être le favori pour la Palme d'or. S'il vise souvent juste en tapant là où ça fait mal, des critiques ont épinglé un film jugé trop démonstratif et tombé dans le piège de son propre discours. 

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