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Avec Rian Johnson, «Star Wars» prend un peu d'auteur

« Je n’ai pas envie de parler de ces conneries de voyage dans le temps. Si on commence, on va finir par y passer toute la journée. » Dans « Looper », troisième film de Rian Johnson sorti en 2012, Bruce Willis défend cette approche originale des paradoxes spatio-temporels. Venu du futur, l’acteur s’adresse dans cette scène à lui-même. Ou plutôt à une version de lui-même avec 30 ans de moins au compteur et quelques cheveux en plus campé par Joseph Gordon-Levitt, l’un des acteurs fétiches de Johnson.

N’en déplaise à Bruce Willis, et en mettant de côté les éventuelles ruptures du continuum espace-temps qu’une telle rencontre pourrait générer, imaginer la même scène entre le Rian Johnson de 2017 et celui qui a galéré pendant des années pour financer son premier film n’est pas sans éveiller une certaine curiosité. Que pourraient bien se dire le réalisateur des « Derniers Jedi » et l’étudiant derrière « Evil Demon Golfball From Hell ! ! ! » (littéralement « La Balle de golf démoniaque venue de l’enfer ! ! ! ») ? Quels sujets aborderait l’homme à la manœuvre derrière la prochaine trilogie « Star Wars » et le jeune cinéaste ayant du mal à trouver le demi-million de dollars pour financer son premier film ?

VIDEO. « Evil Demon Golfball From Hell » de Rian Johnson (1996)

Ils pourraient commencer par évoquer Silver Spring, ville de l’Etat du Maryland (Etats-Unis) où Rian Johnson a vu le jour il y a presque quarante-quatre ans, le 17 décembre 1973. Après un détour par le Colorado, les Johnson s’installent à San Clemente, petite ville californienne huppée située sur la Côte pacifique et très prisée des surfeurs. Mais les Johnson n’ont pas fait le déplacement pour faire du petit Rian un maître des rouleaux. Le fiston serait plus à ranger dans la catégorie des « geeks », comme il le reconnaît bien volontiers. « Dans « Star Wars », le personnage dont je me sentais le plus proche était Luke Skywalker. Han Solo était cool. Moi, je n’étais pas cool », nous expliquait-il le mois dernier lors de son passage à Paris.

Un « Star Wars » dans son salon

Plutôt que de passer son temps avec une planche au pied, Rian Johnson s’amuse avec une caméra à la main. Après avoir vu le premier « Star Wars » au cinéma à 4 ans, l’apprenti cinéaste a déjà la saga de George Lucas dans un coin de la tête. « Quand j’avais 8 ou 9 ans, je pouvais à peine soulever la caméra, qui devait être branchée au magnétoscope », raconte-t-il au Orange County Register en 2012. « Je l’ai prise et je l’ai tenue au ras du sol pendant que je courais entre le canapé et la table basse. Quand j’ai regardé ce que ça donnait, j’ai trouvé que ça ressemblait à la fin de Star Wars, lorsque les vaisseaux sont dans la tranchée de l’Etoile noire. Je suis devenu accro. J’avais fait Star Wars. »

Les années lycée derrière lui, Rian Johnson entre à l’Université de Californie du Sud (University of Southern California, USC), réputée pour son école de cinéma qui a compté parmi ses élèves un certain George Lucas. Dans le tête-à-tête entre le réalisateur actuel et son alter ego estudiantin, un nom viendrait sur le tapis : celui de Steve Yedlin. Rian Johnson croise son chemin en 1993. « On avait 18-19 ans. J’étais en terminale et lui en première année à USC. Tous les deux, on venait donner un coup de main pour un projet étudiant », se rappelle pour Le Parisien, Yedlin, déjà impressionné par les courts-métrages de son aîné : « Quand j’ai vu les courts-métrages qu’il avait déjà réalisés, j’étais soufflé. » Yedlin intégrera lui aussi USC, avec Rian Johnson comme colocataire. Ces deux admirateurs des frères Coen ne se lâcheront plus d’une semelle. Depuis leurs débuts, Rian Johnson n’a pas réalisé un film sans que Steve Yedlin n’ait la casquette de directeur de la photographie.

S’entourer de visages familiers est une constante chez le réalisateur. Comme Steve Yedlin, son producteur Ram Bergman est au générique de tous ses films. En plus de tenir le rôle principal dans « Brick » et « Looper », Joseph Gordon-Levitt fait une apparition furtive dans « Une arnaque presque parfaite », tout comme Noah Segan. Les deux comédiens auraient même droit à un caméo dans « Les Derniers Jedi ». Pour Johnson, liens d’amitié et relations de travail vont de pair, comme nous le confie Noah Segan lorsqu’il se souvient de son audition pour « Brick » : « La plupart du temps, on passe l’audition, on discute un peu avec le réalisateur, on s’en va et on prie pour que ça passe. Rian voulait juste parler et des semaines ont passé avant que passe l’audition. Il s’agissait surtout de devenir des amis. »

La longue gestation d’un premier film

Diplôme en main, Johnson s’attaque rapidement à l’écriture de son premier long-métrage. Le scénario de « Brick » est nourri par la lecture des livres de Dashiell Hammett, le pape du roman noir. Hammett a notamment signé « Le Faucon maltais », adapté au cinéma par John Huston avec Humphrey Bogart dans la peau du détective Sam Spade. « Pour coller au plus près à Hammett, Rian a d’abord écrit « Brick » sous forme de nouvelle », se rappelle Steve Yedlin.

La bande-annonce de « Brick » (2005)

Des répliques matinées d’argot débitées à la vitesse d’une mitraillette, une intrigue alambiquée multipliant les fausses pistes, un détective sur la corde raide : tous les ingrédients du film noir sont bien au rendez-vous. Rian Johnson y apporte toutefois sa touche personnelle en situant son intrigue dans un lycée. Il tournera d’ailleurs « Brick » dans son ancien bahut de San Clemente.

« Tu vas devoir t’armer de patience », glisserait à ce moment de la conversation le Rian Johnson de 2017 à son cadet. Avant de pouvoir tourner son premier film, le jeune cinéaste va ronger son frein pendant plusieurs années. Pour mettre son projet en branle, il a besoin d’argent. Famille et amis sont mis à contribution pour réunir les 500 000 dollars nécessaires. En parallèle, Rian Johnson ne ménage pas sa peine, qu’il s’agisse de réaliser des spots promotionnels pour Disney Channel ou de travailler sur le montage d’un film d’horreur.

Le tournage de « Brick » démarre enfin en 2003. Deux années supplémentaires seront nécessaires pour fignoler le montage et trouver un distributeur. « Un succès d’estime certes, mais qui te permettra de te faire un nom », dirait le Rian Johnson d’aujourd’hui au réalisateur débutant, qui se contenterait dès lors d’ouvrir grand les oreilles. Ce premier film offre à Rian Johnson un prix spécial du jury au festival de Sundance, la Mecque du cinéma indépendant américain.

Un détour par « Breaking Bad »

Pour « Une arnaque presque parfaite », sa deuxième bobine sortie en 2009 dans la veine de « L’Arnaque », avec Paul Newman et Robert Redford, le cinéaste s’entoure d’acteurs confirmés comme Adrien Brody, Mark Ruffalo et Rachel Weisz. Nouveau virage trois ans plus tard avec « Looper », premier succès commercial et pur film de science-fiction sur lequel plane l’ombre de Philip K. Dick. « Johnson touche à tous les genres, mais ce n’est pas pour les déconstruire selon une approche postmoderne. Quand il s’empare d’un genre, il l’embrasse totalement tout en y injectant un thème ou un personnage que lui seul peut imaginer », analyse Steve Yedlin.

La bande-annonce de « Looper » (2012)

A cette période, il fait quelques infidélités au grand écran en réalisant notamment plusieurs épisodes de « Breaking Bad ». Il se retrouve d’abord aux commandes de « Fly », épisode de la saison 3 en forme de huis clos qui divise les fans. Deux saisons plus tard, il signe « Ozymandias », souvent considéré comme l’un des sommets de la série.

Le travail de Johnson sur « Breaking Bad » est un peu une anomalie dans sa carrière. Si sa patte est bien visible, il se contente de traduire à l’écran les scénarios des autres. Pas vraiment une habitude du bonhomme. « Rian ne sait faire des films que d’une seule façon : en les écrivant », résume Noah Segan. « Il a toujours voulu être l’auteur de ses films. Il ne cherche pas simplement à avoir du travail », confirme Steve Yedlin. Aurait-il accepté de faire « Les Derniers Jedi » sans se charger de l’écriture du script ? « Que ce soit pour « Star Wars » ou d’autres franchises hollywoodiennes, il aurait dit non », avance Yedlin.

« Dans tous les cas, vous avez une caméra et deux acteurs »

En juin 2014, les fans du monde entier apprennent que Rian Johnson sera à la barre de l’épisode VIII. « J’avais déjà rencontré Kathleen Kennedy (la présidente de Lucasfilm, ndlr) plusieurs fois, se remémore-t-il. Elle m’a fait venir pour ce que je pensais être un rendez-vous comme un autre. Et là, elle m’a proposé de faire ce film. J’ai eu l’impression que mon cerveau venait d’exploser. »

Peu importe que « Star Wars » soit une grosse machine au budget équivalant à 300 ou 400 « Brick ». Rian Johnson n’aurait rien changé à sa méthode travail. « Sur le tournage des « Derniers Jedi », la nourriture était différente et il avait un peu plus de temps. Son attitude, sa préparation, son sens de l’humour n’ont par contre pas changé », résume Noah Segan. « Dans tous les cas, vous avez une caméra et deux acteurs en train de parler, et ce peu importe si un décor immense ou un écran vert se trouve derrière », estime Johnson.

La bande-annonce des « Derniers Jedi »

En attendant de connaître l’accueil que réserveront les fans à l’épisode VIII, le réalisateur a déjà convaincu Lucasfilm et Disney de poursuivre son bail dans la galaxie lointaine, très lointaine. L’annonce le mois dernier d’une nouvelle trilogie pilotée par Johnson a créé la surprise et émontré qu’il avait vaincu le signe indien. La saga avait ces derniers temps la réputation de ne pas ménager ses réalisateurs : Tony Gilroy s’est chargé des « reshoots » de « Rogue One », pourtant réalisé par Gareth Edwards, Phil Lord et Chris Miller ont été débarqués de « Solo » alors que le tournage battait son plein et Colin Trevorrow a été remplacé par J.J. Abrams avant que le moindre plan de l’épisode IX ne soit en boîte.

LIRE AUSSI >L’annonce d’une nouvelle trilogie partage les fans

Peu d’éléments ont filtré sur la prochaine trilogie. Une chose est acquise : les Skywalker ne seront pas au cœur de l’histoire. « Depuis quelque temps, il parle beaucoup d’une trilogie de films français des années 30 », note Noah Segan. La trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, restaurée il y a deux ans ? « C’est ça ! » s’exclame-t-il. Le réalisateur puisera-t-il son inspiration dans le cinéma du natif d’Aubagne ? Il est encore trop tôt pour le dire. Seul le Rian Johnson de 2025 pourrait nous répondre.

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« Je n’ai pas envie de parler de ces conneries de voyage dans le temps. Si on commence, on va finir par y passer toute la journée. » Dans « Looper », troisième film de Rian Johnson sorti en 2012, Bruce Willis défend cette approche originale des paradoxes spatio-temporels. Venu du futur, l’acteur s’adresse dans cette scène à lui-même. Ou plutôt à une version de lui-même avec 30 ans de moins au compteur et quelques cheveux en plus campé par Joseph Gordon-Levitt, l’un des acteurs fétiches de Johnson.

N’en déplaise à Bruce Willis, et en mettant de côté les éventuelles ruptures du continuum espace-temps qu’une telle rencontre pourrait générer, imaginer la même scène entre le Rian Johnson de 2017 et celui qui a galéré pendant des années pour financer son premier film n’est pas sans éveiller une certaine curiosité. Que pourraient bien se dire le réalisateur des « Derniers Jedi » et l’étudiant derrière « Evil Demon Golfball From Hell ! ! ! » (littéralement « La Balle de golf démoniaque venue de l’enfer ! ! ! ») ? Quels sujets aborderait l’homme à la manœuvre derrière la prochaine trilogie « Star Wars » et le jeune cinéaste ayant du mal à trouver le demi-million de dollars pour financer son premier film ?

VIDEO. « Evil Demon Golfball From Hell » de Rian Johnson (1996)

Ils pourraient commencer par évoquer Silver Spring, ville de l’Etat du Maryland (Etats-Unis) où Rian Johnson a vu le jour il y a presque quarante-quatre ans, le 17 décembre 1973. Après un détour par le Colorado, les Johnson s’installent à San Clemente, petite ville californienne huppée située sur la Côte pacifique et très prisée des surfeurs. Mais les Johnson n’ont pas fait le déplacement pour faire du petit Rian un maître des rouleaux. Le fiston serait plus à ranger dans la catégorie des « geeks », comme il le reconnaît bien volontiers. « Dans « Star Wars », le personnage dont je me sentais le plus proche était Luke Skywalker. Han Solo était cool. Moi, je n’étais pas cool », nous expliquait-il le mois dernier lors de son passage à Paris.

Un « Star Wars » dans son salon

Plutôt que de passer son temps avec une planche au pied, Rian Johnson s’amuse avec une caméra à la main. Après avoir vu le premier « Star Wars » au cinéma à 4 ans, l’apprenti cinéaste a déjà la saga de George Lucas dans un coin de la tête. « Quand j’avais 8 ou 9 ans, je pouvais à peine soulever la caméra, qui devait être branchée au magnétoscope », raconte-t-il au Orange County Register en 2012. « Je l’ai prise et je l’ai tenue au ras du sol pendant que je courais entre le canapé et la table basse. Quand j’ai regardé ce que ça donnait, j’ai trouvé que ça ressemblait à la fin de Star Wars, lorsque les vaisseaux sont dans la tranchée de l’Etoile noire. Je suis devenu accro. J’avais fait Star Wars. »

Les années lycée derrière lui, Rian Johnson entre à l’Université de Californie du Sud (University of Southern California, USC), réputée pour son école de cinéma qui a compté parmi ses élèves un certain George Lucas. Dans le tête-à-tête entre le réalisateur actuel et son alter ego estudiantin, un nom viendrait sur le tapis : celui de Steve Yedlin. Rian Johnson croise son chemin en 1993. « On avait 18-19 ans. J’étais en terminale et lui en première année à USC. Tous les deux, on venait donner un coup de main pour un projet étudiant », se rappelle pour Le Parisien, Yedlin, déjà impressionné par les courts-métrages de son aîné : « Quand j’ai vu les courts-métrages qu’il avait déjà réalisés, j’étais soufflé. » Yedlin intégrera lui aussi USC, avec Rian Johnson comme colocataire. Ces deux admirateurs des frères Coen ne se lâcheront plus d’une semelle. Depuis leurs débuts, Rian Johnson n’a pas réalisé un film sans que Steve Yedlin n’ait la casquette de directeur de la photographie.

S’entourer de visages familiers est une constante chez le réalisateur. Comme Steve Yedlin, son producteur Ram Bergman est au générique de tous ses films. En plus de tenir le rôle principal dans « Brick » et « Looper », Joseph Gordon-Levitt fait une apparition furtive dans « Une arnaque presque parfaite », tout comme Noah Segan. Les deux comédiens auraient même droit à un caméo dans « Les Derniers Jedi ». Pour Johnson, liens d’amitié et relations de travail vont de pair, comme nous le confie Noah Segan lorsqu’il se souvient de son audition pour « Brick » : « La plupart du temps, on passe l’audition, on discute un peu avec le réalisateur, on s’en va et on prie pour que ça passe. Rian voulait juste parler et des semaines ont passé avant que passe l’audition. Il s’agissait surtout de devenir des amis. »

La longue gestation d’un premier film

Diplôme en main, Johnson s’attaque rapidement à l’écriture de son premier long-métrage. Le scénario de « Brick » est nourri par la lecture des livres de Dashiell Hammett, le pape du roman noir. Hammett a notamment signé « Le Faucon maltais », adapté au cinéma par John Huston avec Humphrey Bogart dans la peau du détective Sam Spade. « Pour coller au plus près à Hammett, Rian a d’abord écrit « Brick » sous forme de nouvelle », se rappelle Steve Yedlin.

La bande-annonce de « Brick » (2005)

Des répliques matinées d’argot débitées à la vitesse d’une mitraillette, une intrigue alambiquée multipliant les fausses pistes, un détective sur la corde raide : tous les ingrédients du film noir sont bien au rendez-vous. Rian Johnson y apporte toutefois sa touche personnelle en situant son intrigue dans un lycée. Il tournera d’ailleurs « Brick » dans son ancien bahut de San Clemente.

« Tu vas devoir t’armer de patience », glisserait à ce moment de la conversation le Rian Johnson de 2017 à son cadet. Avant de pouvoir tourner son premier film, le jeune cinéaste va ronger son frein pendant plusieurs années. Pour mettre son projet en branle, il a besoin d’argent. Famille et amis sont mis à contribution pour réunir les 500 000 dollars nécessaires. En parallèle, Rian Johnson ne ménage pas sa peine, qu’il s’agisse de réaliser des spots promotionnels pour Disney Channel ou de travailler sur le montage d’un film d’horreur.

Le tournage de « Brick » démarre enfin en 2003. Deux années supplémentaires seront nécessaires pour fignoler le montage et trouver un distributeur. « Un succès d’estime certes, mais qui te permettra de te faire un nom », dirait le Rian Johnson d’aujourd’hui au réalisateur débutant, qui se contenterait dès lors d’ouvrir grand les oreilles. Ce premier film offre à Rian Johnson un prix spécial du jury au festival de Sundance, la Mecque du cinéma indépendant américain.

Un détour par « Breaking Bad »

Pour « Une arnaque presque parfaite », sa deuxième bobine sortie en 2009 dans la veine de « L’Arnaque », avec Paul Newman et Robert Redford, le cinéaste s’entoure d’acteurs confirmés comme Adrien Brody, Mark Ruffalo et Rachel Weisz. Nouveau virage trois ans plus tard avec « Looper », premier succès commercial et pur film de science-fiction sur lequel plane l’ombre de Philip K. Dick. « Johnson touche à tous les genres, mais ce n’est pas pour les déconstruire selon une approche postmoderne. Quand il s’empare d’un genre, il l’embrasse totalement tout en y injectant un thème ou un personnage que lui seul peut imaginer », analyse Steve Yedlin.

La bande-annonce de « Looper » (2012)

A cette période, il fait quelques infidélités au grand écran en réalisant notamment plusieurs épisodes de « Breaking Bad ». Il se retrouve d’abord aux commandes de « Fly », épisode de la saison 3 en forme de huis clos qui divise les fans. Deux saisons plus tard, il signe « Ozymandias », souvent considéré comme l’un des sommets de la série.

Le travail de Johnson sur « Breaking Bad » est un peu une anomalie dans sa carrière. Si sa patte est bien visible, il se contente de traduire à l’écran les scénarios des autres. Pas vraiment une habitude du bonhomme. « Rian ne sait faire des films que d’une seule façon : en les écrivant », résume Noah Segan. « Il a toujours voulu être l’auteur de ses films. Il ne cherche pas simplement à avoir du travail », confirme Steve Yedlin. Aurait-il accepté de faire « Les Derniers Jedi » sans se charger de l’écriture du script ? « Que ce soit pour « Star Wars » ou d’autres franchises hollywoodiennes, il aurait dit non », avance Yedlin.

« Dans tous les cas, vous avez une caméra et deux acteurs »

En juin 2014, les fans du monde entier apprennent que Rian Johnson sera à la barre de l’épisode VIII. « J’avais déjà rencontré Kathleen Kennedy (la présidente de Lucasfilm, ndlr) plusieurs fois, se remémore-t-il. Elle m’a fait venir pour ce que je pensais être un rendez-vous comme un autre. Et là, elle m’a proposé de faire ce film. J’ai eu l’impression que mon cerveau venait d’exploser. »

Peu importe que « Star Wars » soit une grosse machine au budget équivalant à 300 ou 400 « Brick ». Rian Johnson n’aurait rien changé à sa méthode travail. « Sur le tournage des « Derniers Jedi », la nourriture était différente et il avait un peu plus de temps. Son attitude, sa préparation, son sens de l’humour n’ont par contre pas changé », résume Noah Segan. « Dans tous les cas, vous avez une caméra et deux acteurs en train de parler, et ce peu importe si un décor immense ou un écran vert se trouve derrière », estime Johnson.

La bande-annonce des « Derniers Jedi »

En attendant de connaître l’accueil que réserveront les fans à l’épisode VIII, le réalisateur a déjà convaincu Lucasfilm et Disney de poursuivre son bail dans la galaxie lointaine, très lointaine. L’annonce le mois dernier d’une nouvelle trilogie pilotée par Johnson a créé la surprise et émontré qu’il avait vaincu le signe indien. La saga avait ces derniers temps la réputation de ne pas ménager ses réalisateurs : Tony Gilroy s’est chargé des « reshoots » de « Rogue One », pourtant réalisé par Gareth Edwards, Phil Lord et Chris Miller ont été débarqués de « Solo » alors que le tournage battait son plein et Colin Trevorrow a été remplacé par J.J. Abrams avant que le moindre plan de l’épisode IX ne soit en boîte.

LIRE AUSSI >L’annonce d’une nouvelle trilogie partage les fans

Peu d’éléments ont filtré sur la prochaine trilogie. Une chose est acquise : les Skywalker ne seront pas au cœur de l’histoire. « Depuis quelque temps, il parle beaucoup d’une trilogie de films français des années 30 », note Noah Segan. La trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, restaurée il y a deux ans ? « C’est ça ! » s’exclame-t-il. Le réalisateur puisera-t-il son inspiration dans le cinéma du natif d’Aubagne ? Il est encore trop tôt pour le dire. Seul le Rian Johnson de 2025 pourrait nous répondre.

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