
La France va rendre samedi un «hommage populaire» sur les Champs-Elysées au chanteur mort mercredi, suivi d'une cérémonie religieuse en l'église de la Madeleine au cours de laquelle le président Emmanuel Macron prendra brièvement la parole.
Ce sera donc un «hommage populaire». Pas national, non. Populaire. Formule jusque-là inédite en France, elle a été détaillée dans un communiqué de l’Elysée. «Il a été convenu entre la famille, les proches de Johnny Hallyday et la présidence de la République, que dans le cadre de cet hommage populaire, le convoi funéraire partira de l’Arc de triomphe, puis descendra les Champs-Elysées jusqu’à la place de la Concorde avant de se rendre à l’église de la Madeleine pour un office religieux. Les musiciens de Johnny Hallyday l’accompagneront musicalement. Le président de la République prendra brièvement la parole pendant la cérémonie.» Un hommage populaire donc, qui ressemble fort à un hommage national des plus classiques.
Qu’est-ce qu’un hommage national ?
«La tradition des hommages nationaux naît avec la Révolution française, et ce dès son début : il est délivré un brevet de vainqueur de la Bastille, qui est une forme d’hommage et de reconnaissance, tandis que la tradition des transferts au Panthéon est inventée», expliquait le professeur d’histoire spécialiste des commémorations et usages publics Patrick Garcia, dans un entretien au Figaro. Décidé par le président de la République, l’hommage national doit être publié au Journal officiel. Traditionnellement, la cérémonie se déroule dans la cour d’honneur des Invalides ou au Panthéon, le cercueil couvert d’un drapeau tricolore. C’est là que le chef de l’Etat prononce un discours.
Pour qui en organise-t-on ?
Normalement, pour ceux qui ont donné leur vie (ou du moins en principe) à la nation. On rend donc hommage aux soldats, militaires et autres forces de l’ordre. En 2008, Nicolas Sarkozy préside ainsi l’hommage à Lazare Ponticelli, dernier poilu. Autre exemple, plus récent : celui du parachutiste Albéric Riveta, tué en juin au Mali. Xavier Jugelé, le policier qui a perdu la vie dans un attentat sur les Champs-Elysées en avril, a lui aussi été célébré. La cérémonie avait d’ailleurs eu lieu dans la cour de la préfecture de police de Paris, preuve que la formule n’est pas figée.
Toujours dans l’idée d’honorer ceux qui ont dédié leur vie à la nation, qui l’ont incarnée, des hommes et femmes d’Etat ont aussi été accompagnés vers la mort par un hommage national : Philippe Seguin en 2010, Pierre Mauroy en 2013 Dominique Baudis en 2014, Charles Pasqua en 2015 et Michel Rocard en 2016 ou encore Simone Veil cette année. Les présidents, eux, ont droit à un deuil national.
En 2015, après les attentats qui ont frappé la France, on rend également hommage, pour la première fois, à des civils anonymes aux Invalides. Ainsi, «les victimes du 13 Novembre sont élevées à un rang semblable à celui de héros militaires : des héros ordinaires», expliquait encore Patrick Garcia. Un «héros», c’est d’ailleurs ainsi qu’Emmanuel Macron a qualifié Johnny Hallyday, depuis son déplacement en Algérie ce mercredi.
D’autres personnalités culturelles ont-elles été ainsi célébrées ?
Oui. Un hommage national à Jean d’Ormesson, mort mardi, aura d’ailleurs lieu ce vendredi. Il sera présidé par Emmanuel Macron à l’hôtel des Invalides. Mais jusqu’ici, peu de personnalités du monde de la culture ont eu droit à de tels hommages. On compte Victor Hugo, Aimé Césaire, Paul Valéry, Colette ou encore, en 2013, Stéphane Hessel. Des écrivains donc, mais aucun chanteur ni aucune personnalité issue du monde du spectacle. Joséphine Baker est d’ailleurs parfois citée à tort. Des représentants de l’Etat, comme le général de Boissieu, sont venus lui rendre hommage lors de l’enterrement de celle qui fut engagée dans les forces françaises libres, ni plus, ni moins.
Sur les Champs-Elysées ?
Des personnalités citées juste au-dessus, une seule a eu droit au cortège sur l’avenue : Victor Hugo. En 1885, 2 millions de personnes suivent ainsi son cercueil. Bousculades, incidents… L’hommage dégénère en «orgies dionysiaques». «Les bancs des Champs-Elysées et les buissons des Tuileries sont les témoins de dévotions qui n’ont rien de funèbre», raconte l’écrivain Jean-Michel Plane. C’est la première fois, rappelle-t-il, que des funérailles nationales, jusque-là réservées «aux chefs de guerre», sont organisées pour un poète ainsi intégré à la mythologie républicaine. «Il y a eu indubitablement une utilisation politique et idéologique de ces funérailles par la IIIe République […] à un moment où elle n’est pas vraiment assurée de sa pérennité, explique-t-il encore. Le gouvernement a saisi l’occasion de ces funérailles pour frapper l’opinion.» Il y a donc une part de politique dans ces oraisons funèbres.
La députée et porte-parole du groupe du groupe LREM Aurore Bergé a, en tout cas, osé la comparaison. «Je ne sais pas combien de personnes il y aura dans la rue pour accompagner son départ. Je pense que c’est peut-être comparable à ce que la France avait connu pour Victor Hugo, par exemple, a-t-elle déclaré. Il y a une telle émotion qui traverse le pays… Je pense que ce sera une comparaison de ce niveau.»

La France va rendre samedi un «hommage populaire» sur les Champs-Elysées au chanteur mort mercredi, suivi d'une cérémonie religieuse en l'église de la Madeleine au cours de laquelle le président Emmanuel Macron prendra brièvement la parole.
Ce sera donc un «hommage populaire». Pas national, non. Populaire. Formule jusque-là inédite en France, elle a été détaillée dans un communiqué de l’Elysée. «Il a été convenu entre la famille, les proches de Johnny Hallyday et la présidence de la République, que dans le cadre de cet hommage populaire, le convoi funéraire partira de l’Arc de triomphe, puis descendra les Champs-Elysées jusqu’à la place de la Concorde avant de se rendre à l’église de la Madeleine pour un office religieux. Les musiciens de Johnny Hallyday l’accompagneront musicalement. Le président de la République prendra brièvement la parole pendant la cérémonie.» Un hommage populaire donc, qui ressemble fort à un hommage national des plus classiques.
Qu’est-ce qu’un hommage national ?
«La tradition des hommages nationaux naît avec la Révolution française, et ce dès son début : il est délivré un brevet de vainqueur de la Bastille, qui est une forme d’hommage et de reconnaissance, tandis que la tradition des transferts au Panthéon est inventée», expliquait le professeur d’histoire spécialiste des commémorations et usages publics Patrick Garcia, dans un entretien au Figaro. Décidé par le président de la République, l’hommage national doit être publié au Journal officiel. Traditionnellement, la cérémonie se déroule dans la cour d’honneur des Invalides ou au Panthéon, le cercueil couvert d’un drapeau tricolore. C’est là que le chef de l’Etat prononce un discours.
Pour qui en organise-t-on ?
Normalement, pour ceux qui ont donné leur vie (ou du moins en principe) à la nation. On rend donc hommage aux soldats, militaires et autres forces de l’ordre. En 2008, Nicolas Sarkozy préside ainsi l’hommage à Lazare Ponticelli, dernier poilu. Autre exemple, plus récent : celui du parachutiste Albéric Riveta, tué en juin au Mali. Xavier Jugelé, le policier qui a perdu la vie dans un attentat sur les Champs-Elysées en avril, a lui aussi été célébré. La cérémonie avait d’ailleurs eu lieu dans la cour de la préfecture de police de Paris, preuve que la formule n’est pas figée.
Toujours dans l’idée d’honorer ceux qui ont dédié leur vie à la nation, qui l’ont incarnée, des hommes et femmes d’Etat ont aussi été accompagnés vers la mort par un hommage national : Philippe Seguin en 2010, Pierre Mauroy en 2013 Dominique Baudis en 2014, Charles Pasqua en 2015 et Michel Rocard en 2016 ou encore Simone Veil cette année. Les présidents, eux, ont droit à un deuil national.
En 2015, après les attentats qui ont frappé la France, on rend également hommage, pour la première fois, à des civils anonymes aux Invalides. Ainsi, «les victimes du 13 Novembre sont élevées à un rang semblable à celui de héros militaires : des héros ordinaires», expliquait encore Patrick Garcia. Un «héros», c’est d’ailleurs ainsi qu’Emmanuel Macron a qualifié Johnny Hallyday, depuis son déplacement en Algérie ce mercredi.
D’autres personnalités culturelles ont-elles été ainsi célébrées ?
Oui. Un hommage national à Jean d’Ormesson, mort mardi, aura d’ailleurs lieu ce vendredi. Il sera présidé par Emmanuel Macron à l’hôtel des Invalides. Mais jusqu’ici, peu de personnalités du monde de la culture ont eu droit à de tels hommages. On compte Victor Hugo, Aimé Césaire, Paul Valéry, Colette ou encore, en 2013, Stéphane Hessel. Des écrivains donc, mais aucun chanteur ni aucune personnalité issue du monde du spectacle. Joséphine Baker est d’ailleurs parfois citée à tort. Des représentants de l’Etat, comme le général de Boissieu, sont venus lui rendre hommage lors de l’enterrement de celle qui fut engagée dans les forces françaises libres, ni plus, ni moins.
Sur les Champs-Elysées ?
Des personnalités citées juste au-dessus, une seule a eu droit au cortège sur l’avenue : Victor Hugo. En 1885, 2 millions de personnes suivent ainsi son cercueil. Bousculades, incidents… L’hommage dégénère en «orgies dionysiaques». «Les bancs des Champs-Elysées et les buissons des Tuileries sont les témoins de dévotions qui n’ont rien de funèbre», raconte l’écrivain Jean-Michel Plane. C’est la première fois, rappelle-t-il, que des funérailles nationales, jusque-là réservées «aux chefs de guerre», sont organisées pour un poète ainsi intégré à la mythologie républicaine. «Il y a eu indubitablement une utilisation politique et idéologique de ces funérailles par la IIIe République […] à un moment où elle n’est pas vraiment assurée de sa pérennité, explique-t-il encore. Le gouvernement a saisi l’occasion de ces funérailles pour frapper l’opinion.» Il y a donc une part de politique dans ces oraisons funèbres.
La députée et porte-parole du groupe du groupe LREM Aurore Bergé a, en tout cas, osé la comparaison. «Je ne sais pas combien de personnes il y aura dans la rue pour accompagner son départ. Je pense que c’est peut-être comparable à ce que la France avait connu pour Victor Hugo, par exemple, a-t-elle déclaré. Il y a une telle émotion qui traverse le pays… Je pense que ce sera une comparaison de ce niveau.»
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