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Dany Boon : «C'est grâce aux gens que je suis là»

Nous sommes lundi après-midi. Le rendez-vous avec nos lecteurs a été fixé à 15 heures et c’est à cette heure pile que Dany Boon pénètre dans la salle de conférence de rédaction de notre journal, près de Beaugrenelle (Paris XVe). Débarrassé de son manteau, il est entièrement vêtu de bleu : veste de daim, jean et chaussures.

L’enfant d’Armentières termine la promotion marathon dans près de 200 villes de « La Ch’tite Famille », qui sort ce mercredi sur 820 écrans. Dans ce sixième long-métrage en tant que réalisateur, Boon, 51 ans, met en scène un Ch’ti devenu un designer branché, qui renie ses origines au point de se déclarer orphelin… Jusqu’à ce qu’il voie sa famille débarquer au vernissage d’une de ses expos.

D’entrée, Dany Boon fait rire notre petit groupe en racontant une histoire de note de chauffage que sa maman, qui fêtera ses 72 ans le 7 mars, lui a communiquée depuis qu’il a passé quelques jours chez elle (« Plus 32 % de consommation ! »). La suite sera, pendant près de deux heures d’entretien sur la célébrité, la famille, l’argent, les impôts, son ami Johnny, le président de la République…, un moment de vérité émaillé d’humour, mais aussi d’émotion.

LA FAMILLE, L’ARGENT, LA POLITIQUE.

Léa Choquet. Comment conciliez-vous carrière et vie de famille ?

Dany Boon. C’est compliqué. Je dis souvent : « Ça fait quinze ans que je suis avec ma femme et dans le showbiz, il faut multiplier par 7 comme pour les chiens. Du coup ça fait 100 ans ! » (rires) Mon métier, c’est ma passion. Faire rire m’a sauvé. Quand j’étais gamin, je faisais rire ma mère qui n’allait pas bien parce qu’elle était rejetée par sa famille, parce qu’on n’avait pas d’argent. Mon oxygène, c’est de faire rire. Ma femme et mes enfants l’ont très bien compris.

Fabienne Coste. J’ai lu que vous alliez être domicilié en Belgique…

Non, j’y ai seulement une maison depuis deux ans. Mais il faut savoir que quand je tourne en France, je paie mes impôts en France alors que je pourrais éviter de le faire. Après « Bienvenue chez les Ch’tis », un expert-comptable m’a dit : « Il faut monter une structure au Luxembourg pour payer moins d’impôts… » Alors j’ai changé d’expert-comptable. Quand je lis que je fais de l’évasion fiscale à Los Angeles, ça m’amuse parce que c’est en Californie que les impôts sont le plus chers.

Pauline Desseigne. Quel est votre rapport à l’argent ?

J’ai été très pauvre jusqu’à 25 ans. Quand j’ai commencé à gagner plus que mes parents en une vie, j’ai eu honte. J’ai acheté une maison à ma mère, un appart beaucoup trop grand à Paris. J’avais tendance à dilapider. Aujourd’hui, j’ai un rapport très sain à l’argent. Je me dis que maintenant que je n’ai plus de soucis matériels, je peux me consacrer à mon art. Bon, j’aime bien les voitures… C’est souvent le cas des prolos qui réussissent ! (rires). Mais j’éduque mes enfants comme j’ai été éduqué. Je leur apprends l’importance de la générosité, de la politesse. On a une femme de ménage qui fait partie de la famille. Je rappelle aux enfants que ma mère faisait ce métier et qu’ils se doivent de la respecter.

Gaël Varlet. Avez-vous voté pour Emmanuel Macron ?

Oui.

Dès le premier tour ?

Oui. J’aime beaucoup Emmanuel Macron et Brigitte aussi d’ailleurs. C’est Line Renaud qui me les a présentés lors d’un dîner quand Emmanuel était ministre de l’Economie. Ce que j’aime chez lui, au-delà du fait qu’il est du Ch’nord et que c’est un Picard (rires), c’est son côté volontaire. Il tient son cap, droit dans ses bottes. Récemment, on a fait une projection de « La Ch’tite Famille » à l’Elysée. Ma fille de 7 ans était très inquiète, elle me disait : Comment on va leur dire Bonjour ? Je lui ai dit : « Tu dis : Bonjour monsieur le présidentet Bonjour Madame. » Quand Brigitte lui a répondu : « Mais non, appelle-moi Brigitte », ma fille s’est tournée vers moi et a lancé : « C’est pas elle ? » (rires).

SON FILM

Jean-Baptiste Navarre. Pourquoi, dix ans après « Bienvenue chez les Ch’tis », avez-vous eu envie de refaire un film avec des Ch’tis ?

Dany Boon. La question, c’est plutôt pourquoi je n’ai pas fait « La Ch’tite Famille »avant ? Dès 2011, j’ai rédigé un premier scénario. Mais je me disais que c’était trop tôt. Je ne voulais pas qu’on dise que je tirais sur un filon.

Léa Choquet. D’où vous est venue cette histoire d’un homme qui renie ses racines ?

Quand je suis arrivé à Paris, j’avais écrit un spectacle en ch’ti sur un friteur, seul sur sa plage de Moulekerque. Personne n’en voulait. Les producteurs me disaient : « Faut perdre cet accent, ça fait plouc. Avec, tu ne feras jamais carrière. » Mais moi, je pensais que je ne savais faire que ça, alors je ne les ai pas écoutés… Heureusement ! Parce que je suis persuadé que les émotions qu’on véhicule en tant qu’artiste, on les puise dans notre enfance. J’ai eu l’idée de « La Ch’tite Famille » en me demandant : « Qu’est-ce qui se serait passé si j’avais écouté ces conseils ? »

Léa Choquet. Est-ce qu’à un moment de votre parcours, vous avez eu honte de vos racines ?

Non, mais j’ai eu honte, gamin, d’être fils de femme de ménage. Mon père était ancien boxeur et chauffeur routier, ça passait encore. Mais un jour où il fallait inscrire sur les fiches scolaires la profession des parents, j’ai écrit pour ma mère « maîtresse de maison » parce que je trouvais ça plus classe…

Manuel David. C’était évident de proposer à Line Renaud d’incarner à nouveau votre mère ?

Oui. Y a qu’elle pour jouer ma mère… à part ma propre mère. Line va parfois chez ma maman. La dernière fois qu’elle y est allée, elle a chanté une chanson pour le perroquet de ma mère et le perroquet a fait caca. Ma mère a blagué en disant : « Tu fais chier mon perroquet ! » J’ai vraiment deux mamans. Si je ne rappelle pas ma mère, elle appelle Line et Line m’appelle en disant « Appelle ta mère. » Et inversement. Il y a beaucoup de choses de ma mère dans le personnage joué par Line. A un moment du film, Line dit de ma femme : « Elle a l’air moins peau de vache en vrai qu’en photo. » Ça, c’est une expression de ma mère. Elle l’a dit un jour à une de mes fiancées… Avec qui cela s’est terminé instantanément.

Tiphaine Piriou. Pierre Richard, qui joue votre père, vous a-t-il inspiré à vos débuts ?

Oui, il y a une filiation. Je suis très fan de lui depuis mon enfance et, aujourd’hui, je montre ses films à mes enfants. Comme Line, qui a encore le trac à 89 ans, il a un côté très enfantin. J’étais très ému de le diriger. Le premier jour de tournage, je n’arrêtais pas de dire à mon équipe : « Tu as vu : c’est Pierre Richard ! »

Jean-Baptiste Navarre. Vous avez fait une énorme tournée d’avant-premières. Qu’est-ce que ça vous apporte et comment tenez-vous ?

Je suis un homme de scène donc j’ai besoin de ce contact avec le public. Ça me fait un bien fou. Avec mes comédies, je me fais assez allumer par la critique. Parfois, c’est hyper dur. Là, j’ai eu une page dans « Le Monde » douloureuse à lire… Et puis, le soir, je suis arrivé à une projection publique, il y avait une standing-ovation. C’est le sens de ce que je fais. Je ne dis jamais non à un selfie parce que c’est grâce aux gens que je suis là. Le plus important, c’est le lien avec le public.

LE CINEMA, LES CESAR

Léa Choquet. Avez-vous vu « Les Tuche » ? Avez-vous aimé ?

Oui. Bien sûr, j’aime bien. Il y a tous mes amis dedans : j’adore Isabelle Nanty, Jean-Paul Rouve, Olivier est le complice de Kad… J’ai vu le premier et le dernier, que j’ai préféré : il y a des moments très marrants.

Pauline Desseigne. Est-ce que vous avez peur de la concurrence des « Tuche » ?

Pas du tout. Les films font les entrées qu’ils méritent.

Pauline Desseigne. Neuf ans après que vous avez dénoncé la sous-représentation des comédies aux César, vous recevrez vendredi le premier César du public. Vous avez été entendu ?

En 2009, les César m’appelaient pour dire : « Tu n’es pas nommé, mais viens faire l’andouille pour l’audimat de l’émission… » Ce que je trouve important, c’est que les comédies soient représentées dans les nominations, mais pas forcément qu’elles décrochent les prix, qui sont faits pour découvrir des films plus difficiles d’accès. Depuis dix ans, les choses se sont améliorées : « Guillaume et les garçons à table » et « Intouchables » ont eu des César, cette année « le Sens de la fête » a beaucoup de nominations… Mais c’est vrai que je suis très content de recevoir ce prix vendredi.

Fabienne Coste. Que pensez-vous de l’affaire Weinstein ?

Dans le métier, je n’ai jamais assisté à ce genre de choses. J’ai été marié à Judith Godrèche, qui m’avait parlé de sa mauvaise expérience avec Weinstein, deux ans avant que nous ne soyons ensemble. « Ridicule » sortait aux Etats-Unis, il l’avait fait venir à l’hôtel… Heureusement, elle lui avait demandé d’arrêter et il s’était arrêté. Une autre fois, alors que j’accompagnais Judith sur un plateau, le réalisateur lui avait dit : « Je ne veux pas de ton mari ici… » Moi, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les actrices parce que c’est un métier très difficile et qu’elles doivent être dans la séduction tout en fixant des limites. Je trouve atroces les gens qui abusent de leur pouvoir.

* Nos lecteurs

Fabienne Coste, 50 ans, maître d’hôtel, Richebourg (78)

Pauline Desseigne, 35 ans, secrétaire, Paris XIIe

Manuel David, 57 ans, technicien gaz, Evry-Grégy sur Yerres (77)

Gaël Varlet, 27 ans, professeur des écoles, Herblay (95)

Tiphaine Piriou, directrice Marketing export, 48 ans, Paris

Jean-Baptiste Navarre, étudiant, éducateur, 20 ans, Marne-la-Vallée (77).

Léa Choquet, 19 ans, étudiante, Compiègne (60).

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Nous sommes lundi après-midi. Le rendez-vous avec nos lecteurs a été fixé à 15 heures et c’est à cette heure pile que Dany Boon pénètre dans la salle de conférence de rédaction de notre journal, près de Beaugrenelle (Paris XVe). Débarrassé de son manteau, il est entièrement vêtu de bleu : veste de daim, jean et chaussures.

L’enfant d’Armentières termine la promotion marathon dans près de 200 villes de « La Ch’tite Famille », qui sort ce mercredi sur 820 écrans. Dans ce sixième long-métrage en tant que réalisateur, Boon, 51 ans, met en scène un Ch’ti devenu un designer branché, qui renie ses origines au point de se déclarer orphelin… Jusqu’à ce qu’il voie sa famille débarquer au vernissage d’une de ses expos.

D’entrée, Dany Boon fait rire notre petit groupe en racontant une histoire de note de chauffage que sa maman, qui fêtera ses 72 ans le 7 mars, lui a communiquée depuis qu’il a passé quelques jours chez elle (« Plus 32 % de consommation ! »). La suite sera, pendant près de deux heures d’entretien sur la célébrité, la famille, l’argent, les impôts, son ami Johnny, le président de la République…, un moment de vérité émaillé d’humour, mais aussi d’émotion.

LA FAMILLE, L’ARGENT, LA POLITIQUE.

Léa Choquet. Comment conciliez-vous carrière et vie de famille ?

Dany Boon. C’est compliqué. Je dis souvent : « Ça fait quinze ans que je suis avec ma femme et dans le showbiz, il faut multiplier par 7 comme pour les chiens. Du coup ça fait 100 ans ! » (rires) Mon métier, c’est ma passion. Faire rire m’a sauvé. Quand j’étais gamin, je faisais rire ma mère qui n’allait pas bien parce qu’elle était rejetée par sa famille, parce qu’on n’avait pas d’argent. Mon oxygène, c’est de faire rire. Ma femme et mes enfants l’ont très bien compris.

Fabienne Coste. J’ai lu que vous alliez être domicilié en Belgique…

Non, j’y ai seulement une maison depuis deux ans. Mais il faut savoir que quand je tourne en France, je paie mes impôts en France alors que je pourrais éviter de le faire. Après « Bienvenue chez les Ch’tis », un expert-comptable m’a dit : « Il faut monter une structure au Luxembourg pour payer moins d’impôts… » Alors j’ai changé d’expert-comptable. Quand je lis que je fais de l’évasion fiscale à Los Angeles, ça m’amuse parce que c’est en Californie que les impôts sont le plus chers.

Pauline Desseigne. Quel est votre rapport à l’argent ?

J’ai été très pauvre jusqu’à 25 ans. Quand j’ai commencé à gagner plus que mes parents en une vie, j’ai eu honte. J’ai acheté une maison à ma mère, un appart beaucoup trop grand à Paris. J’avais tendance à dilapider. Aujourd’hui, j’ai un rapport très sain à l’argent. Je me dis que maintenant que je n’ai plus de soucis matériels, je peux me consacrer à mon art. Bon, j’aime bien les voitures… C’est souvent le cas des prolos qui réussissent ! (rires). Mais j’éduque mes enfants comme j’ai été éduqué. Je leur apprends l’importance de la générosité, de la politesse. On a une femme de ménage qui fait partie de la famille. Je rappelle aux enfants que ma mère faisait ce métier et qu’ils se doivent de la respecter.

Gaël Varlet. Avez-vous voté pour Emmanuel Macron ?

Oui.

Dès le premier tour ?

Oui. J’aime beaucoup Emmanuel Macron et Brigitte aussi d’ailleurs. C’est Line Renaud qui me les a présentés lors d’un dîner quand Emmanuel était ministre de l’Economie. Ce que j’aime chez lui, au-delà du fait qu’il est du Ch’nord et que c’est un Picard (rires), c’est son côté volontaire. Il tient son cap, droit dans ses bottes. Récemment, on a fait une projection de « La Ch’tite Famille » à l’Elysée. Ma fille de 7 ans était très inquiète, elle me disait : Comment on va leur dire Bonjour ? Je lui ai dit : « Tu dis : Bonjour monsieur le présidentet Bonjour Madame. » Quand Brigitte lui a répondu : « Mais non, appelle-moi Brigitte », ma fille s’est tournée vers moi et a lancé : « C’est pas elle ? » (rires).

SON FILM

Jean-Baptiste Navarre. Pourquoi, dix ans après « Bienvenue chez les Ch’tis », avez-vous eu envie de refaire un film avec des Ch’tis ?

Dany Boon. La question, c’est plutôt pourquoi je n’ai pas fait « La Ch’tite Famille »avant ? Dès 2011, j’ai rédigé un premier scénario. Mais je me disais que c’était trop tôt. Je ne voulais pas qu’on dise que je tirais sur un filon.

Léa Choquet. D’où vous est venue cette histoire d’un homme qui renie ses racines ?

Quand je suis arrivé à Paris, j’avais écrit un spectacle en ch’ti sur un friteur, seul sur sa plage de Moulekerque. Personne n’en voulait. Les producteurs me disaient : « Faut perdre cet accent, ça fait plouc. Avec, tu ne feras jamais carrière. » Mais moi, je pensais que je ne savais faire que ça, alors je ne les ai pas écoutés… Heureusement ! Parce que je suis persuadé que les émotions qu’on véhicule en tant qu’artiste, on les puise dans notre enfance. J’ai eu l’idée de « La Ch’tite Famille » en me demandant : « Qu’est-ce qui se serait passé si j’avais écouté ces conseils ? »

Léa Choquet. Est-ce qu’à un moment de votre parcours, vous avez eu honte de vos racines ?

Non, mais j’ai eu honte, gamin, d’être fils de femme de ménage. Mon père était ancien boxeur et chauffeur routier, ça passait encore. Mais un jour où il fallait inscrire sur les fiches scolaires la profession des parents, j’ai écrit pour ma mère « maîtresse de maison » parce que je trouvais ça plus classe…

Manuel David. C’était évident de proposer à Line Renaud d’incarner à nouveau votre mère ?

Oui. Y a qu’elle pour jouer ma mère… à part ma propre mère. Line va parfois chez ma maman. La dernière fois qu’elle y est allée, elle a chanté une chanson pour le perroquet de ma mère et le perroquet a fait caca. Ma mère a blagué en disant : « Tu fais chier mon perroquet ! » J’ai vraiment deux mamans. Si je ne rappelle pas ma mère, elle appelle Line et Line m’appelle en disant « Appelle ta mère. » Et inversement. Il y a beaucoup de choses de ma mère dans le personnage joué par Line. A un moment du film, Line dit de ma femme : « Elle a l’air moins peau de vache en vrai qu’en photo. » Ça, c’est une expression de ma mère. Elle l’a dit un jour à une de mes fiancées… Avec qui cela s’est terminé instantanément.

Tiphaine Piriou. Pierre Richard, qui joue votre père, vous a-t-il inspiré à vos débuts ?

Oui, il y a une filiation. Je suis très fan de lui depuis mon enfance et, aujourd’hui, je montre ses films à mes enfants. Comme Line, qui a encore le trac à 89 ans, il a un côté très enfantin. J’étais très ému de le diriger. Le premier jour de tournage, je n’arrêtais pas de dire à mon équipe : « Tu as vu : c’est Pierre Richard ! »

Jean-Baptiste Navarre. Vous avez fait une énorme tournée d’avant-premières. Qu’est-ce que ça vous apporte et comment tenez-vous ?

Je suis un homme de scène donc j’ai besoin de ce contact avec le public. Ça me fait un bien fou. Avec mes comédies, je me fais assez allumer par la critique. Parfois, c’est hyper dur. Là, j’ai eu une page dans « Le Monde » douloureuse à lire… Et puis, le soir, je suis arrivé à une projection publique, il y avait une standing-ovation. C’est le sens de ce que je fais. Je ne dis jamais non à un selfie parce que c’est grâce aux gens que je suis là. Le plus important, c’est le lien avec le public.

LE CINEMA, LES CESAR

Léa Choquet. Avez-vous vu « Les Tuche » ? Avez-vous aimé ?

Oui. Bien sûr, j’aime bien. Il y a tous mes amis dedans : j’adore Isabelle Nanty, Jean-Paul Rouve, Olivier est le complice de Kad… J’ai vu le premier et le dernier, que j’ai préféré : il y a des moments très marrants.

Pauline Desseigne. Est-ce que vous avez peur de la concurrence des « Tuche » ?

Pas du tout. Les films font les entrées qu’ils méritent.

Pauline Desseigne. Neuf ans après que vous avez dénoncé la sous-représentation des comédies aux César, vous recevrez vendredi le premier César du public. Vous avez été entendu ?

En 2009, les César m’appelaient pour dire : « Tu n’es pas nommé, mais viens faire l’andouille pour l’audimat de l’émission… » Ce que je trouve important, c’est que les comédies soient représentées dans les nominations, mais pas forcément qu’elles décrochent les prix, qui sont faits pour découvrir des films plus difficiles d’accès. Depuis dix ans, les choses se sont améliorées : « Guillaume et les garçons à table » et « Intouchables » ont eu des César, cette année « le Sens de la fête » a beaucoup de nominations… Mais c’est vrai que je suis très content de recevoir ce prix vendredi.

Fabienne Coste. Que pensez-vous de l’affaire Weinstein ?

Dans le métier, je n’ai jamais assisté à ce genre de choses. J’ai été marié à Judith Godrèche, qui m’avait parlé de sa mauvaise expérience avec Weinstein, deux ans avant que nous ne soyons ensemble. « Ridicule » sortait aux Etats-Unis, il l’avait fait venir à l’hôtel… Heureusement, elle lui avait demandé d’arrêter et il s’était arrêté. Une autre fois, alors que j’accompagnais Judith sur un plateau, le réalisateur lui avait dit : « Je ne veux pas de ton mari ici… » Moi, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les actrices parce que c’est un métier très difficile et qu’elles doivent être dans la séduction tout en fixant des limites. Je trouve atroces les gens qui abusent de leur pouvoir.

* Nos lecteurs

Fabienne Coste, 50 ans, maître d’hôtel, Richebourg (78)

Pauline Desseigne, 35 ans, secrétaire, Paris XIIe

Manuel David, 57 ans, technicien gaz, Evry-Grégy sur Yerres (77)

Gaël Varlet, 27 ans, professeur des écoles, Herblay (95)

Tiphaine Piriou, directrice Marketing export, 48 ans, Paris

Jean-Baptiste Navarre, étudiant, éducateur, 20 ans, Marne-la-Vallée (77).

Léa Choquet, 19 ans, étudiante, Compiègne (60).

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