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Chanel prend le large avec sa collection croisière

Chanel croisière 2018-2019.

En 2002, au Café Marly, à Paris, Chanel a fait défiler</a> une collection de mi-saison hautement stratégique : la « croisière ». Présente en boutique très longtemps, de novembre à mai, elle est donc économiquement vitale et doit son nom quasi exotique aux premières clientes : les riches Américaines en quête de vestiaire neuf à emporter</a> avec elles sur les paquebots. Les années 2010 ont vu fleurir</a> ces rendez-vous cinq étoiles du mois de mai.

Au fil du temps, les plus grands noms du luxe (Christian Dior, Louis Vuitton, Prada, Gucci) ont intégré la croisière à leur programme, chacun rivalisant d’idées pour organiser</a> autour du monde des événements à grand spectacle. Ce circuit d’un genre particulier a entraîné ses invités (des membres de l’industrie et des clientes) aux quatre coins du globe, de Rio pour Louis Vuitton à Cuba pour Chanel, en passant par Los Angeles avec la maison Dior. En 2017, Chanel a décidé de mettre</a> fin à la surenchère, en revenant présenter</a> sa collection croisière à Paris, où se tenait également jeudi 3 mai au soir l’édition 2018.

Les autres membres du « club croisière » semblent d’ailleurs eux aussi décidés à arrêter</a> de cumuler</a> les miles. A la fin du mois, Dior organisera son show à Chantilly, dans l’Oise, Gucci a choisi Arles et Louis Vuitton recevra à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes. Seul Prada a choisi New York. Le retour aux sources françaises de Chanela en tout cas alimenté les rumeurs sur un éventuel retrait du directeur artistique, Karl Lagerfeld, qui serait trop fatigué pour voyager</a>. Bruits de couloir auxquels le principal intéressé répond de manière presque amusée en rappelant qu’il a un contrat à vie chez Chanel comme chez Fendi. Autrement dit, les vautours devront attendre</a>.

Chanel croisière 2018-2019.

Et puis, à Paris comme au bout du monde, un défilé croisière reste une affaire de spectacle, de mise en scène d’une marque et de son patrimoine. A ce jeu-là, Chanel a toujours été particulièrement bien armé. L’immense paquebot très années 1930 (110 mètres de long) installé dans le Grand Palais, est autant un clin d’œil aux racines de ces collections croisière, qu’un renvoi à la culture historique de Chanel.

La première collection « villégiature » lancée à Biarritz en 1919 par Coco Chanel, six ans après ses modèles montrés à Deauville et inspirés des costumes de marin, le goût personnel de la créatrice pour la mer et les yachts, dont ceux de son compagnon le duc de Westminster (l’un d’eux, le Flying-Cloud, a d’ailleurs déjà inspiré une collection de haute joaillerie Chanel), la propriété de Coco Chanel dans le sud de la France, La Pausa, qui donne son nom au paquebot du Grand Palais… tout cela converge ici.

A ces références se superposent des images plus universelles, disparates et évocatrices : l’ambiance Art déco d’un roman d’Agatha Christie où Hercule Poirot enquête sur le Nil, le kitch pop de la série La Croisière s’amuse, l’étrangeté kafkaïenne de La Nef des fous (un film des années 1960 dans lequel Lee Marvin, Vivien Leigh et Simone Signoret voguent vers l’Allemagne de 1933 et son destin trouble)… à chacun ses images de paquebot.

Chanel croisière 2018-2019.

La collection est loin des codes marins classiques, des références cinématographiques trop lisibles. Elle se nourrit d’une autre référence propre à la maison : le cerveau et la vaste culture de Karl Lagerfeld. Personnage contesté pour les uns, idole pour les autres, il est surtout avide de savoirdepuis l’enfance, collectionneur de livres. Aux commandes de Chanel depuis trente-cinq ans, le couturier octogénaire a cumulé dans sa banque de données personnelle une somme de connaissances et d’images qui ferait passer</a> Pinterest et Instagram pour de gentilles pinacothèques. C’est presque inconsciemment qu’il extirpe de son cerveau les références d’une collection, avant de les filtrer</a>, de les mélanger</a> à d’autres jusqu’à ce que le tout soit à peine identifiable. Lui-même n’aime pas trop nommer</a> une inspiration trop précise pour une silhouette. Il se dérobe aux questions, vante le pouvoir</a> de l’instinct et de l’imaginaire, assure préférer</a> voyager par l’esprit qu’en avion, fût-il privé.

La collection est une belle illustration de ce principe de cristallisation d’idées. Bien sûr, il y a les mailles beiges où sont tissés les doubles C et La Pausa qui ouvrent le show avec des pantalons à rayures marine. Puis viennent de minirobes et des manteaux en tweed pâle portés avec des collants et des babies blanches (un effet presque « sixties »), des tricots aux rayures couleur bonbon, des jupes soufflées et des hauts courts brodés de paillettes, des ensembles en coton imprimé façon affiche Art déco ou « dents de requin » stylisées, des tailleurs à pantalon cigarette ultracourt, du cuir lamé rouge flamme ou bleu vif, du jean frangé, des robes droites à paillettes, un fourreau blanc bordé de vagues…

Chanel croisière 2018-2019.

Impossible de dater</a> l’ambiance de ce vestiaire. C’est sans doute le but d’une collection croisière censée transcender</a> les saisons et plaire</a> sur tous les continents ; et puis cela correspond bien à une époque zappeuse. En inoxydable capitaine du vaisseau Chanel, Karl Lagerfeld est venu saluer</a> avec Virginie Viard, son bras droit et la directrice de son studio. Une première historique qui a alimenté les rumeurs, provocant de fiévreuses relectures des modèles du show en quête de la « touche Viard ». Mais comme Hercule Poirot n’est pas disponible, il faudra patienter</a> pour connaître</a> la réponse à cette énigme.

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Chanel croisière 2018-2019.

En 2002, au Café Marly, à Paris, Chanel a fait défiler</a> une collection de mi-saison hautement stratégique : la « croisière ». Présente en boutique très longtemps, de novembre à mai, elle est donc économiquement vitale et doit son nom quasi exotique aux premières clientes : les riches Américaines en quête de vestiaire neuf à emporter</a> avec elles sur les paquebots. Les années 2010 ont vu fleurir</a> ces rendez-vous cinq étoiles du mois de mai.

Au fil du temps, les plus grands noms du luxe (Christian Dior, Louis Vuitton, Prada, Gucci) ont intégré la croisière à leur programme, chacun rivalisant d’idées pour organiser</a> autour du monde des événements à grand spectacle. Ce circuit d’un genre particulier a entraîné ses invités (des membres de l’industrie et des clientes) aux quatre coins du globe, de Rio pour Louis Vuitton à Cuba pour Chanel, en passant par Los Angeles avec la maison Dior. En 2017, Chanel a décidé de mettre</a> fin à la surenchère, en revenant présenter</a> sa collection croisière à Paris, où se tenait également jeudi 3 mai au soir l’édition 2018.

Les autres membres du « club croisière » semblent d’ailleurs eux aussi décidés à arrêter</a> de cumuler</a> les miles. A la fin du mois, Dior organisera son show à Chantilly, dans l’Oise, Gucci a choisi Arles et Louis Vuitton recevra à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes. Seul Prada a choisi New York. Le retour aux sources françaises de Chanela en tout cas alimenté les rumeurs sur un éventuel retrait du directeur artistique, Karl Lagerfeld, qui serait trop fatigué pour voyager</a>. Bruits de couloir auxquels le principal intéressé répond de manière presque amusée en rappelant qu’il a un contrat à vie chez Chanel comme chez Fendi. Autrement dit, les vautours devront attendre</a>.

Chanel croisière 2018-2019.

Et puis, à Paris comme au bout du monde, un défilé croisière reste une affaire de spectacle, de mise en scène d’une marque et de son patrimoine. A ce jeu-là, Chanel a toujours été particulièrement bien armé. L’immense paquebot très années 1930 (110 mètres de long) installé dans le Grand Palais, est autant un clin d’œil aux racines de ces collections croisière, qu’un renvoi à la culture historique de Chanel.

La première collection « villégiature » lancée à Biarritz en 1919 par Coco Chanel, six ans après ses modèles montrés à Deauville et inspirés des costumes de marin, le goût personnel de la créatrice pour la mer et les yachts, dont ceux de son compagnon le duc de Westminster (l’un d’eux, le Flying-Cloud, a d’ailleurs déjà inspiré une collection de haute joaillerie Chanel), la propriété de Coco Chanel dans le sud de la France, La Pausa, qui donne son nom au paquebot du Grand Palais… tout cela converge ici.

A ces références se superposent des images plus universelles, disparates et évocatrices : l’ambiance Art déco d’un roman d’Agatha Christie où Hercule Poirot enquête sur le Nil, le kitch pop de la série La Croisière s’amuse, l’étrangeté kafkaïenne de La Nef des fous (un film des années 1960 dans lequel Lee Marvin, Vivien Leigh et Simone Signoret voguent vers l’Allemagne de 1933 et son destin trouble)… à chacun ses images de paquebot.

Chanel croisière 2018-2019.

La collection est loin des codes marins classiques, des références cinématographiques trop lisibles. Elle se nourrit d’une autre référence propre à la maison : le cerveau et la vaste culture de Karl Lagerfeld. Personnage contesté pour les uns, idole pour les autres, il est surtout avide de savoirdepuis l’enfance, collectionneur de livres. Aux commandes de Chanel depuis trente-cinq ans, le couturier octogénaire a cumulé dans sa banque de données personnelle une somme de connaissances et d’images qui ferait passer</a> Pinterest et Instagram pour de gentilles pinacothèques. C’est presque inconsciemment qu’il extirpe de son cerveau les références d’une collection, avant de les filtrer</a>, de les mélanger</a> à d’autres jusqu’à ce que le tout soit à peine identifiable. Lui-même n’aime pas trop nommer</a> une inspiration trop précise pour une silhouette. Il se dérobe aux questions, vante le pouvoir</a> de l’instinct et de l’imaginaire, assure préférer</a> voyager par l’esprit qu’en avion, fût-il privé.

La collection est une belle illustration de ce principe de cristallisation d’idées. Bien sûr, il y a les mailles beiges où sont tissés les doubles C et La Pausa qui ouvrent le show avec des pantalons à rayures marine. Puis viennent de minirobes et des manteaux en tweed pâle portés avec des collants et des babies blanches (un effet presque « sixties »), des tricots aux rayures couleur bonbon, des jupes soufflées et des hauts courts brodés de paillettes, des ensembles en coton imprimé façon affiche Art déco ou « dents de requin » stylisées, des tailleurs à pantalon cigarette ultracourt, du cuir lamé rouge flamme ou bleu vif, du jean frangé, des robes droites à paillettes, un fourreau blanc bordé de vagues…

Chanel croisière 2018-2019.

Impossible de dater</a> l’ambiance de ce vestiaire. C’est sans doute le but d’une collection croisière censée transcender</a> les saisons et plaire</a> sur tous les continents ; et puis cela correspond bien à une époque zappeuse. En inoxydable capitaine du vaisseau Chanel, Karl Lagerfeld est venu saluer</a> avec Virginie Viard, son bras droit et la directrice de son studio. Une première historique qui a alimenté les rumeurs, provocant de fiévreuses relectures des modèles du show en quête de la « touche Viard ». Mais comme Hercule Poirot n’est pas disponible, il faudra patienter</a> pour connaître</a> la réponse à cette énigme.

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