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À la Une : hommage au cinéaste Claude Lanzmann

Dans la presse ce matin, hommage au cinéaste Claude Lanzmann.

Et c’est le mot "mémoire" qui revient le plus souvent dans vos journaux. "Claude Lanzmann, Le passeur de mémoire", en Une du Figaro. "Mémoire au poing", pour Libération. "Une vie au service de la mémoire", pour La Provence. "La mémoire de la Shoah", précise le Parisien. Car c’est à "Shoah", son film-monumental, l’œuvre d’une vie, que nombre d’édito rendent hommage ce matin, ceux de Midi Libre, Sud-Ouest, du Républicain Lorrain ou encore de la Charente Libre. "Shoah", qui raconte par la voix des victimes, des bourreaux et des témoins, l’organisation de la mort.

Et qui contraste avec la personnalité de son auteur, ardent affamé de la vie, "la vie que j’aime, disait-il, à la folie". "Car Lanzmann était un homme passionnément vivant", raconte le journaliste Franck Nouchi dans Le Monde, "il n’aimait guère la demi-mesure : à 80 ans passés, 50 kilomètres à vélo, une baignade en mer du Nord en décembre, une piste noire dévalée à ski, un plongeon de 10 mètres. Rien ne l’excitait davantage que l’exploit physique. tout chez lui était affaire d’amour de passion. il aimait séduire, il aimait qu’on l’aime, il aimait aimer, manger, étreindre, il aimait la France, Israël, les films de Tarantino et Kurosawa, les honneurs.

Insatiable, écrit Le Monde, il aimait slalomer entre ses vies." Où l’on comprend qu’il vouait une détestation profonde à toute forme d’immobilisme, d’interdit, de tentative de privation de liberté, "ce formatage généralisé, écrivait-il, qui fait aujourd’hui la loi". Sartrien jusqu’au bout. "Ainsi était Claude Lanzmann, conclu Franck Nouchi, immense personnage égaré dans la vulgarité du monde, le dernier des géants de notre France rabougrie."

La France de 2018 serait donc "rabougrie", le soupçon transparaît effectivement dans nos journaux, surtout quand on parle "politique".

"La France est moins réformatrice, juge Jean-Michel Bretonnier dans l’édito de la Voix du Nord, elle est plus frileuse, plus attentiste." De quoi parle-t-on ? De quel événement peut bien émerger ce constat ? Eh bien des sondages qui confirment tous la baisse de confiance vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Moins 6 points dans le baromètre du Figaro Magazine. Moins 2 point dans celui de Paris Match. Et moins 6 encore dans celui des Echos commandé à l’institut Elabe.

Les Echos qui résument : "pour 64% des français la politique menée est inefficace sur le plan économique. Pour 66% elle ne permettra pas d’améliorer la situation du pays, enfin, trois quarts des personnes interrogées (76%), la trouvent injuste." Pourquoi tant de méfiance ? Le Figaro a sa petite explication : "parce que Macron remet à plus tard les sujets qui fâchent", titre le journal en Une, les réformes tardent", ça ne va pas assez vite. Et Yves Thréard dans son édito parle "d’immobilisme".

Même constat en Une du quotidien l’Opinion pour qui "ça patine". Surtout en terme de communication : dessin de l’illustrateur Kak, où l’on voit les ministres faire une chaîne humaine pour se passer de main en main les dossiers des réformes, chaîne au bout de laquelle se trouve un Emmanuel Macron indifférent, scotché à son écran de télé pour regarder les Bleus. Bon, si "les français" jugent la politique menée "inefficace et injuste", c’est à cause de la lenteur des réformes et d’une mauvaise communication. On patine un peu dans l’analyse, mais une chose est sûre, ce n’est pas dans les pages politiques que vous trouverez optimisme, allant, et joie de vivre. Pas non plus dans le Point, où l’historien Marc Fumaroli, 86 ans, dit sa détresse générale : "l’époque me navre, l’état du monde m’accable, m’attriste, plus grave dit-il, il m’inquiète !".

Pourquoi tant de pessimisme ? "A cause de la démographie", exlique Fumaroli qui parle "d’une invasion de l’humanité par elle-même" à cause des progrès de la médecine. "D’ailleurs regardez-moi, lance-t-il au Point, vous parait-il normal qu’un homme dans mon état soit encore en vie ?". Bon, j’arrête là, c’est la grosse déprime gratuite.

En revanche, vous pouvez lire l’une des nombreuses interviews publiée cette semaine de Line Renaud, lumineuse à 90 ans. "Quand je pense à tout ce à quoi j’ai échappé, dit-elle à Paris Match, tout ce que j’ai traversé, l’occupation, la faim, le froid, et surtout, les copains d’école, morts à 5 mètres de moi, pas d’accident, pas de maladie, mais la mort ne me fiche pas le blues, lance-t-elle, moi qui adore les premières fois, eh bien ce sera ma dernière première fois !" A quoi carbure Line Renaud ? A l’aquagym, aux étirements et puis "Je bois mon petit apéro, confie-t-elle, un porto, un whisky, un verre de champagne, attention, pas tous à la fois hein, soit l’un soit l’autre, et une ou deux cigarettes, précise-t-elle." Le genre de principes de vie que n’aurait probablement pas renié Claude Lanzmann.

Enfin, là où il y a de l’espoir et de l’optimisme ce matin, c’est sur toutes ces Unes évidemment consacrées aux Bleus.

Celles de la Voix du Nord, du Progrès, de Nice Matin, du Courrier Picard, Ouest-France, le Dauphiné, ou encore le Parisien qui titre "il faut s’inventer un destin". "Matez-les", lance la Provence en Une. "Faites-nous rêver", ajoute Sud-Ouest. Grosse pression sur les bleus qui, pour gagner ce l’Equipe appelle "la voie céleste", n’ont pas droit à l’immobilisme, au manque de vitesse, de mouvement, bref, de vie dans le jeu. "Car, dans cette coupe du monde atypique au tableau déséquilibré, écrit Vincent Duluc, l’adaptation s’avère une manière intéressante de survivre. Voici donc un autre match, pour une autre logique", conclue-t-il précisant, grandiose, que "ce quart de finale, c’est le bonheur du survivant, ce moment particulier où le pays tout entier vient chercher un sentiment en remontant ses propres traces."

La vie, c’est le mouvement, et le mouvement, c’est le football. En attendant, que les bleus perdent ou gagnent, il est temps pour moi de vous souhaiter un bel été, profitez de la vie, ne lésinez pas, et aimez-la, comme disait Claude Lanzmann, "à la folie".

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Dans la presse ce matin, hommage au cinéaste Claude Lanzmann.

Et c’est le mot "mémoire" qui revient le plus souvent dans vos journaux. "Claude Lanzmann, Le passeur de mémoire", en Une du Figaro. "Mémoire au poing", pour Libération. "Une vie au service de la mémoire", pour La Provence. "La mémoire de la Shoah", précise le Parisien. Car c’est à "Shoah", son film-monumental, l’œuvre d’une vie, que nombre d’édito rendent hommage ce matin, ceux de Midi Libre, Sud-Ouest, du Républicain Lorrain ou encore de la Charente Libre. "Shoah", qui raconte par la voix des victimes, des bourreaux et des témoins, l’organisation de la mort.

Et qui contraste avec la personnalité de son auteur, ardent affamé de la vie, "la vie que j’aime, disait-il, à la folie". "Car Lanzmann était un homme passionnément vivant", raconte le journaliste Franck Nouchi dans Le Monde, "il n’aimait guère la demi-mesure : à 80 ans passés, 50 kilomètres à vélo, une baignade en mer du Nord en décembre, une piste noire dévalée à ski, un plongeon de 10 mètres. Rien ne l’excitait davantage que l’exploit physique. tout chez lui était affaire d’amour de passion. il aimait séduire, il aimait qu’on l’aime, il aimait aimer, manger, étreindre, il aimait la France, Israël, les films de Tarantino et Kurosawa, les honneurs.

Insatiable, écrit Le Monde, il aimait slalomer entre ses vies." Où l’on comprend qu’il vouait une détestation profonde à toute forme d’immobilisme, d’interdit, de tentative de privation de liberté, "ce formatage généralisé, écrivait-il, qui fait aujourd’hui la loi". Sartrien jusqu’au bout. "Ainsi était Claude Lanzmann, conclu Franck Nouchi, immense personnage égaré dans la vulgarité du monde, le dernier des géants de notre France rabougrie."

La France de 2018 serait donc "rabougrie", le soupçon transparaît effectivement dans nos journaux, surtout quand on parle "politique".

"La France est moins réformatrice, juge Jean-Michel Bretonnier dans l’édito de la Voix du Nord, elle est plus frileuse, plus attentiste." De quoi parle-t-on ? De quel événement peut bien émerger ce constat ? Eh bien des sondages qui confirment tous la baisse de confiance vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Moins 6 points dans le baromètre du Figaro Magazine. Moins 2 point dans celui de Paris Match. Et moins 6 encore dans celui des Echos commandé à l’institut Elabe.

Les Echos qui résument : "pour 64% des français la politique menée est inefficace sur le plan économique. Pour 66% elle ne permettra pas d’améliorer la situation du pays, enfin, trois quarts des personnes interrogées (76%), la trouvent injuste." Pourquoi tant de méfiance ? Le Figaro a sa petite explication : "parce que Macron remet à plus tard les sujets qui fâchent", titre le journal en Une, les réformes tardent", ça ne va pas assez vite. Et Yves Thréard dans son édito parle "d’immobilisme".

Même constat en Une du quotidien l’Opinion pour qui "ça patine". Surtout en terme de communication : dessin de l’illustrateur Kak, où l’on voit les ministres faire une chaîne humaine pour se passer de main en main les dossiers des réformes, chaîne au bout de laquelle se trouve un Emmanuel Macron indifférent, scotché à son écran de télé pour regarder les Bleus. Bon, si "les français" jugent la politique menée "inefficace et injuste", c’est à cause de la lenteur des réformes et d’une mauvaise communication. On patine un peu dans l’analyse, mais une chose est sûre, ce n’est pas dans les pages politiques que vous trouverez optimisme, allant, et joie de vivre. Pas non plus dans le Point, où l’historien Marc Fumaroli, 86 ans, dit sa détresse générale : "l’époque me navre, l’état du monde m’accable, m’attriste, plus grave dit-il, il m’inquiète !".

Pourquoi tant de pessimisme ? "A cause de la démographie", exlique Fumaroli qui parle "d’une invasion de l’humanité par elle-même" à cause des progrès de la médecine. "D’ailleurs regardez-moi, lance-t-il au Point, vous parait-il normal qu’un homme dans mon état soit encore en vie ?". Bon, j’arrête là, c’est la grosse déprime gratuite.

En revanche, vous pouvez lire l’une des nombreuses interviews publiée cette semaine de Line Renaud, lumineuse à 90 ans. "Quand je pense à tout ce à quoi j’ai échappé, dit-elle à Paris Match, tout ce que j’ai traversé, l’occupation, la faim, le froid, et surtout, les copains d’école, morts à 5 mètres de moi, pas d’accident, pas de maladie, mais la mort ne me fiche pas le blues, lance-t-elle, moi qui adore les premières fois, eh bien ce sera ma dernière première fois !" A quoi carbure Line Renaud ? A l’aquagym, aux étirements et puis "Je bois mon petit apéro, confie-t-elle, un porto, un whisky, un verre de champagne, attention, pas tous à la fois hein, soit l’un soit l’autre, et une ou deux cigarettes, précise-t-elle." Le genre de principes de vie que n’aurait probablement pas renié Claude Lanzmann.

Enfin, là où il y a de l’espoir et de l’optimisme ce matin, c’est sur toutes ces Unes évidemment consacrées aux Bleus.

Celles de la Voix du Nord, du Progrès, de Nice Matin, du Courrier Picard, Ouest-France, le Dauphiné, ou encore le Parisien qui titre "il faut s’inventer un destin". "Matez-les", lance la Provence en Une. "Faites-nous rêver", ajoute Sud-Ouest. Grosse pression sur les bleus qui, pour gagner ce l’Equipe appelle "la voie céleste", n’ont pas droit à l’immobilisme, au manque de vitesse, de mouvement, bref, de vie dans le jeu. "Car, dans cette coupe du monde atypique au tableau déséquilibré, écrit Vincent Duluc, l’adaptation s’avère une manière intéressante de survivre. Voici donc un autre match, pour une autre logique", conclue-t-il précisant, grandiose, que "ce quart de finale, c’est le bonheur du survivant, ce moment particulier où le pays tout entier vient chercher un sentiment en remontant ses propres traces."

La vie, c’est le mouvement, et le mouvement, c’est le football. En attendant, que les bleus perdent ou gagnent, il est temps pour moi de vous souhaiter un bel été, profitez de la vie, ne lésinez pas, et aimez-la, comme disait Claude Lanzmann, "à la folie".

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