
Avec soixante-dix ans d’une carrière déployée entre scène, télévision et doublage, Jean Piat a marqué tous les médias. Pour les spectateurs de l’ORTF des années 70, il était Robert d’Artois, tout de rouge vêtu dans la série les Rois maudits adaptée de Maurice Druon et réalisée par Claude Barma. Pour les disneyphiles des années 90, il a donné voix au personnage de Scar, l’oncle du Roi lion. Dans le Seigneur des anneaux, la voix de Gandalf, c’était encore lui. Et le caractère juvénile et emporté de son Cyrano des années 60 a marqué les esprits. L’immense comédien Jean Piat est mort mardi à l’âge de 93 ans.
Né en 1924 à Lannoy (Nord), le jeune Piat éprouve son premier émoi scénique à 4 ans. Ses études «n’ont pas été soignées», comme il l’expliquait sur France Musique. Viré de Janson-de-Sailly (où il côtoyait Alain Decaux), il affronte à 17 ans un drame familial : la mort de sa mère. «J’ai toujours eu le sentiment que ma mère me guidait. Qu’elle m’a fait peut-être entrer dans la carrière sans que je le veuille», se souvenait-il pour un portrait télévisé sur KTO. Son père le veut prof. Il se laisse porter vers le métier de comédien. Il est viré du Conservatoire pour avoir cachetonné sans autorisation au cinéma. La Comédie-Française le repêche. En 1947, il réussit son audition sur la tirade de la Calomnie du Barbier de Séville, il est engagé. «Papa était rassuré : je devenais fonctionnaire.»
Au Français, son interprétation de Don Cesar dans Ruy Blas lui ouvre les portes de Cyrano de Bergerac. De 1964 à 1972, il incarne Cyrano plus de 400 fois. «C’est pas tellement, c’est pardonnable», souriait-il. Une vie entière à sculpter ce nez fantasque et mélancolique, à jouer la tragédie de l’amour en différé. «Le personnage est comme un copain avec lequel vous avez habité et qui reste en vous», disait-il. Piat réside vingt-cinq ans salle Richelieu, dans la peau de copains comme Alceste (le Misanthrope) ou Don Quichotte. Il quitte la troupe en 1973, en devient sociétaire honoraire.
Il entame alors une nouvelle vie dans le théâtre privé, marquée par sa collaboration avec la dramaturge Françoise Dorin, qui devient sa compagne et avec qui il a deux filles. Avec l’une d’elles, il adaptera la Maison du lac (2008) et l’Affrontement, dans lequel Piat, chrétien fervent, joue le rôle d’un prêtre. Sur le petit écran, ce sportif accompli passe de Lagardère aux Rois maudits, de Montherlant à Guitry, à qui il a consacré un livre en 2002. Car Jean Piat est aussi l’auteur d’une dizaine d’ouvrages. Dans les hommages qui se sont succédé sur les réseaux sociaux, un adjectif revient : élégance. Il en faudrait d’autres pour décrire le mystère d’un acteur et la profondeur tranquille de sa voix à la technique irréprochable.
A lire en intégralité sur libe.fr
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Avec soixante-dix ans d’une carrière déployée entre scène, télévision et doublage, Jean Piat a marqué tous les médias. Pour les spectateurs de l’ORTF des années 70, il était Robert d’Artois, tout de rouge vêtu dans la série les Rois maudits adaptée de Maurice Druon et réalisée par Claude Barma. Pour les disneyphiles des années 90, il a donné voix au personnage de Scar, l’oncle du Roi lion. Dans le Seigneur des anneaux, la voix de Gandalf, c’était encore lui. Et le caractère juvénile et emporté de son Cyrano des années 60 a marqué les esprits. L’immense comédien Jean Piat est mort mardi à l’âge de 93 ans.
Né en 1924 à Lannoy (Nord), le jeune Piat éprouve son premier émoi scénique à 4 ans. Ses études «n’ont pas été soignées», comme il l’expliquait sur France Musique. Viré de Janson-de-Sailly (où il côtoyait Alain Decaux), il affronte à 17 ans un drame familial : la mort de sa mère. «J’ai toujours eu le sentiment que ma mère me guidait. Qu’elle m’a fait peut-être entrer dans la carrière sans que je le veuille», se souvenait-il pour un portrait télévisé sur KTO. Son père le veut prof. Il se laisse porter vers le métier de comédien. Il est viré du Conservatoire pour avoir cachetonné sans autorisation au cinéma. La Comédie-Française le repêche. En 1947, il réussit son audition sur la tirade de la Calomnie du Barbier de Séville, il est engagé. «Papa était rassuré : je devenais fonctionnaire.»
Au Français, son interprétation de Don Cesar dans Ruy Blas lui ouvre les portes de Cyrano de Bergerac. De 1964 à 1972, il incarne Cyrano plus de 400 fois. «C’est pas tellement, c’est pardonnable», souriait-il. Une vie entière à sculpter ce nez fantasque et mélancolique, à jouer la tragédie de l’amour en différé. «Le personnage est comme un copain avec lequel vous avez habité et qui reste en vous», disait-il. Piat réside vingt-cinq ans salle Richelieu, dans la peau de copains comme Alceste (le Misanthrope) ou Don Quichotte. Il quitte la troupe en 1973, en devient sociétaire honoraire.
Il entame alors une nouvelle vie dans le théâtre privé, marquée par sa collaboration avec la dramaturge Françoise Dorin, qui devient sa compagne et avec qui il a deux filles. Avec l’une d’elles, il adaptera la Maison du lac (2008) et l’Affrontement, dans lequel Piat, chrétien fervent, joue le rôle d’un prêtre. Sur le petit écran, ce sportif accompli passe de Lagardère aux Rois maudits, de Montherlant à Guitry, à qui il a consacré un livre en 2002. Car Jean Piat est aussi l’auteur d’une dizaine d’ouvrages. Dans les hommages qui se sont succédé sur les réseaux sociaux, un adjectif revient : élégance. Il en faudrait d’autres pour décrire le mystère d’un acteur et la profondeur tranquille de sa voix à la technique irréprochable.
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