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30 ans de «Fort Boyard» : les confidences de Patrice Laffont et Olivier Minne - Le Parisien

« Vous avez vu ma statue de tête de tigre ? C'est un souvenir des techniciens du Fort pour ma dernière, il y a vingt ans ! Ça a de la gueule, hein ? » C'est dans son appartement du VIIIe arrondissement de Paris que Patrice Laffont, 79 ans — animateur de l'émission de 1990 à 1999 — nous reçoit, une « clope » dans une main, un café dans l'autre. Pour Olivier Minne, 52 ans, fidèle au poste depuis 2003, il représente « le père qu'(il) aurait aimé avoir ». Les confidences peuvent commencer.

Patrice, vous incarnez Hibernatus, un nouveau personnage qui surfe sur la nostalgie de « Fort Boyard ». Qu'avez-vous ressenti en retrouvant le jeu ?

PATRICE LAFFONT. J'étais déjà revenu en tant que candidat. J'avais été nullissime. Mais là, j'étais un peu noué. Pas à cause du rôle que je joue, un type qu'on dépoussière et qui ne donne pas de moi une image très flatteuse. Mais parce que je savais que c'était la dernière fois. J'ai surtout été submergé par l'émotion au moment de partir. Quand j'ai vu les techniciens, les candidats et Olivier applaudir, j'ai versé des larmes alors que je ne suis pas le mec qui pleure facilement.

OLIVIER MINNE. Pour moi, c'était un bonheur total de tourner avec lui. Si Fort Boyard est devenue une émission culte, c'est grâce à lui. Je regrette juste qu'on n'ait pas eu plus d'interaction.

P.L. À part la fois où je parle de toi comme un freluquet, tu veux dire ? (rires)

Entre la tempête des premiers jours, l'intervention des hélicoptères de secours et la blessure de Samuel Étienne, le tournage a été plutôt chaotique…

O.M. Ce n'est pas le sentiment que j'ai eu. L'hélico, c'était juste plus pratique que le bateau pour rapatrier un technicien qui devait faire des examens complémentaires. Mais il n'y avait pas d'urgence particulière. Pour la tempête, c'était impressionnant, oui. On ne savait pas combien de temps ça allait durer. Quant à Samuel Étienne, il ne s'en est pas rendu compte sur le moment.

Patrice, vos derniers mots à la présentation de « Fort Boyard » en 1999 étaient : « Dans dix ans, je serai Père Fouras »…

P.L. C'est mon côté troisième degré. Et en même temps, beaucoup de gens pensent que je suis vraiment le Père Fouras. Quand j'ai quitté le Fort, la productrice m'avait dit que j'étais fou, elle m'avait bien percé, et que je pouvais rester encore quelques années. Mais tout d'un coup, je n'en pouvais plus. J'avais fait le tour.

Vous vous attendiez à une telle longévité du programme ?

P.L. Franchement ? Non. Ils ont bien négocié le virage. Il y a eu un gros travail sur le montage. C'est comme un jeu vidéo, très clippé. À mon époque, les candidats avaient peur du Père Fouras, alors que c'est devenu un pote. À un moment, c'était le Fouras show. Je l'aime bien, mais ça m'a un peu énervé. Là, c'est de nouveau Olivier qui tient l'émission. J'aurais été incapable de faire ce qu'il fait.

La production a recruté Cécile Duflot comme candidate. En revanche, Marlène Schiappa a décliné. Les politiques à « Fort Boyard », bonne ou mauvaise idée ?

O.M. Fort Boyard, c'est un divertissement, mais aussi un dépassement de soi avec beaucoup d'entraide. Ça correspond aux valeurs des politiques qui consacrent une partie de leur vie au pays. Chez nous, il n'y a pas d'humiliation.

P.L. Je comprends que certains refusent et ne veulent pas être filmés tout transpirants. Patrick Bruel m'avait dit plusieurs fois qu'il viendrait, mais il n'est jamais venu, par exemple.

« Pour moi, c’était un bonheur total de tourner avec lui », raconte Olivier Minne à propos de Patrice Laffont.LP/Olivier Lejeune
« Pour moi, c’était un bonheur total de tourner avec lui », raconte Olivier Minne à propos de Patrice Laffont.LP/Olivier Lejeune  

Récemment, Cyril Féraud s'est porté candidat à la succession d'Olivier…

P.L. Il se porte candidat à tous les postes celui-là. Il vit pour la télé. Je le vois dans plein de trucs, mais pas dans Fort Boyard. Et pourtant, je l'adore. C'est un bon.

O.M. Il m'a écrit pour me dire qu'il était ennuyé par rapport à cette déclaration. Il va devoir attendre un peu. Je ne sens aucune lassitude. Quant à prévoir mon successeur, c'est impossible.

P.L. Et si c'était moi ? (rires)

À la rentrée, France 2 va tourner « Boyard Land », un dérivé de « Fort Boyard ». Ça vous tente ?

O.M. On ne m'en a pas vraiment parlé. Je n'ai aucune idée du contenu.

P.L. C'est peut-être un truc pour Féraud, tiens !

Olivier, vous venez de participer, comme commentateur, à « La course de champions », un « Ninja Warrior » version France 2 avec Teddy Riner à l'animation…

O.M. On s'est bien amusé. Et pour une première, Teddy s'en sort vraiment bien. Il y a un truc naturel, instinctif en lui.

P.L. Olivier est reparti pour un tour. France 2 a enfin compris qu'il avait un gros talent et qu'ils n'en avaient pas beaucoup d'autres sous la main. C'est quand même dingue qu'on ne l'ait pas plus vu à la télé ! Peut-être parce qu'il dit, comme moi, aux gens ce qu'il pense ? Les décisionnaires n'aiment pas trop ça.

O.M. Ma faute, c'est surtout d'avoir courbé l'échine plus souvent que je n'aurais dû. Quand c'est sorti, ça a été très mal pris. Dans ce métier, on est plus respecté quand on mord avant d'être mordu.

P.L. Notre problème, c'est qu'on n'a jamais été des courtisans. Sinon, j'aurais pu faire une carrière à la Drucker. J'ai préféré vivre que d'animer des émissions à tout prix. Mon vrai truc, c'est d'être acteur. À la télé, je n'ai jamais pris mon pied. Sauf peut-être sur « Fort Boyard » et « Pyramide », où je jouais plus que les candidats.

Cette saison, France Télévisions a remercié Patrick Sébastien et Catherine Ceylac…

P.L. Vous oubliez Thierry Beccaro. N'allez pas me faire croire qu'il est vraiment parti de lui-même. On parle de rajeunissement… Moi, je trouve ça nul. Ou t'es bon, ou t'es pas bon. Catherine Ceylac, son émission était formidable, ses interviews subtiles. Patrick sait tout faire. Pourquoi s'en priver ? Et puis, les jeunes ne regardent plus la télé. Les gros consommateurs, ce sont les seniors.

O.M. Toutes les chaînes recherchent des présentateurs de 20 ou 30 ans plutôt que des mecs de 50 ans. Je sens bien que je n'intéresse plus le mercato.

Sophie Davant a confié que Delphine Ernotte ne souhaitait pas qu'elle participe à « Danse avec les stars » sur TF 1. C'est à cause de votre passage, Olivier ?

O.M. Elle aurait été une bonne candidate, pourtant. Si c'était à refaire, je le referais même si c'est loin d'être une promenade de santé.

P.L. TF 1 me l'a proposé il y a deux ans. Sérieusement, vous me voyez danser le fox-trot ? S'il n'y avait que des slows, pourquoi pas.

Let's block ads! (Why?)

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« Vous avez vu ma statue de tête de tigre ? C'est un souvenir des techniciens du Fort pour ma dernière, il y a vingt ans ! Ça a de la gueule, hein ? » C'est dans son appartement du VIIIe arrondissement de Paris que Patrice Laffont, 79 ans — animateur de l'émission de 1990 à 1999 — nous reçoit, une « clope » dans une main, un café dans l'autre. Pour Olivier Minne, 52 ans, fidèle au poste depuis 2003, il représente « le père qu'(il) aurait aimé avoir ». Les confidences peuvent commencer.

Patrice, vous incarnez Hibernatus, un nouveau personnage qui surfe sur la nostalgie de « Fort Boyard ». Qu'avez-vous ressenti en retrouvant le jeu ?

PATRICE LAFFONT. J'étais déjà revenu en tant que candidat. J'avais été nullissime. Mais là, j'étais un peu noué. Pas à cause du rôle que je joue, un type qu'on dépoussière et qui ne donne pas de moi une image très flatteuse. Mais parce que je savais que c'était la dernière fois. J'ai surtout été submergé par l'émotion au moment de partir. Quand j'ai vu les techniciens, les candidats et Olivier applaudir, j'ai versé des larmes alors que je ne suis pas le mec qui pleure facilement.

OLIVIER MINNE. Pour moi, c'était un bonheur total de tourner avec lui. Si Fort Boyard est devenue une émission culte, c'est grâce à lui. Je regrette juste qu'on n'ait pas eu plus d'interaction.

P.L. À part la fois où je parle de toi comme un freluquet, tu veux dire ? (rires)

Entre la tempête des premiers jours, l'intervention des hélicoptères de secours et la blessure de Samuel Étienne, le tournage a été plutôt chaotique…

O.M. Ce n'est pas le sentiment que j'ai eu. L'hélico, c'était juste plus pratique que le bateau pour rapatrier un technicien qui devait faire des examens complémentaires. Mais il n'y avait pas d'urgence particulière. Pour la tempête, c'était impressionnant, oui. On ne savait pas combien de temps ça allait durer. Quant à Samuel Étienne, il ne s'en est pas rendu compte sur le moment.

Patrice, vos derniers mots à la présentation de « Fort Boyard » en 1999 étaient : « Dans dix ans, je serai Père Fouras »…

P.L. C'est mon côté troisième degré. Et en même temps, beaucoup de gens pensent que je suis vraiment le Père Fouras. Quand j'ai quitté le Fort, la productrice m'avait dit que j'étais fou, elle m'avait bien percé, et que je pouvais rester encore quelques années. Mais tout d'un coup, je n'en pouvais plus. J'avais fait le tour.

Vous vous attendiez à une telle longévité du programme ?

P.L. Franchement ? Non. Ils ont bien négocié le virage. Il y a eu un gros travail sur le montage. C'est comme un jeu vidéo, très clippé. À mon époque, les candidats avaient peur du Père Fouras, alors que c'est devenu un pote. À un moment, c'était le Fouras show. Je l'aime bien, mais ça m'a un peu énervé. Là, c'est de nouveau Olivier qui tient l'émission. J'aurais été incapable de faire ce qu'il fait.

La production a recruté Cécile Duflot comme candidate. En revanche, Marlène Schiappa a décliné. Les politiques à « Fort Boyard », bonne ou mauvaise idée ?

O.M. Fort Boyard, c'est un divertissement, mais aussi un dépassement de soi avec beaucoup d'entraide. Ça correspond aux valeurs des politiques qui consacrent une partie de leur vie au pays. Chez nous, il n'y a pas d'humiliation.

P.L. Je comprends que certains refusent et ne veulent pas être filmés tout transpirants. Patrick Bruel m'avait dit plusieurs fois qu'il viendrait, mais il n'est jamais venu, par exemple.

« Pour moi, c’était un bonheur total de tourner avec lui », raconte Olivier Minne à propos de Patrice Laffont.LP/Olivier Lejeune
« Pour moi, c’était un bonheur total de tourner avec lui », raconte Olivier Minne à propos de Patrice Laffont.LP/Olivier Lejeune  

Récemment, Cyril Féraud s'est porté candidat à la succession d'Olivier…

P.L. Il se porte candidat à tous les postes celui-là. Il vit pour la télé. Je le vois dans plein de trucs, mais pas dans Fort Boyard. Et pourtant, je l'adore. C'est un bon.

O.M. Il m'a écrit pour me dire qu'il était ennuyé par rapport à cette déclaration. Il va devoir attendre un peu. Je ne sens aucune lassitude. Quant à prévoir mon successeur, c'est impossible.

P.L. Et si c'était moi ? (rires)

À la rentrée, France 2 va tourner « Boyard Land », un dérivé de « Fort Boyard ». Ça vous tente ?

O.M. On ne m'en a pas vraiment parlé. Je n'ai aucune idée du contenu.

P.L. C'est peut-être un truc pour Féraud, tiens !

Olivier, vous venez de participer, comme commentateur, à « La course de champions », un « Ninja Warrior » version France 2 avec Teddy Riner à l'animation…

O.M. On s'est bien amusé. Et pour une première, Teddy s'en sort vraiment bien. Il y a un truc naturel, instinctif en lui.

P.L. Olivier est reparti pour un tour. France 2 a enfin compris qu'il avait un gros talent et qu'ils n'en avaient pas beaucoup d'autres sous la main. C'est quand même dingue qu'on ne l'ait pas plus vu à la télé ! Peut-être parce qu'il dit, comme moi, aux gens ce qu'il pense ? Les décisionnaires n'aiment pas trop ça.

O.M. Ma faute, c'est surtout d'avoir courbé l'échine plus souvent que je n'aurais dû. Quand c'est sorti, ça a été très mal pris. Dans ce métier, on est plus respecté quand on mord avant d'être mordu.

P.L. Notre problème, c'est qu'on n'a jamais été des courtisans. Sinon, j'aurais pu faire une carrière à la Drucker. J'ai préféré vivre que d'animer des émissions à tout prix. Mon vrai truc, c'est d'être acteur. À la télé, je n'ai jamais pris mon pied. Sauf peut-être sur « Fort Boyard » et « Pyramide », où je jouais plus que les candidats.

Cette saison, France Télévisions a remercié Patrick Sébastien et Catherine Ceylac…

P.L. Vous oubliez Thierry Beccaro. N'allez pas me faire croire qu'il est vraiment parti de lui-même. On parle de rajeunissement… Moi, je trouve ça nul. Ou t'es bon, ou t'es pas bon. Catherine Ceylac, son émission était formidable, ses interviews subtiles. Patrick sait tout faire. Pourquoi s'en priver ? Et puis, les jeunes ne regardent plus la télé. Les gros consommateurs, ce sont les seniors.

O.M. Toutes les chaînes recherchent des présentateurs de 20 ou 30 ans plutôt que des mecs de 50 ans. Je sens bien que je n'intéresse plus le mercato.

Sophie Davant a confié que Delphine Ernotte ne souhaitait pas qu'elle participe à « Danse avec les stars » sur TF 1. C'est à cause de votre passage, Olivier ?

O.M. Elle aurait été une bonne candidate, pourtant. Si c'était à refaire, je le referais même si c'est loin d'être une promenade de santé.

P.L. TF 1 me l'a proposé il y a deux ans. Sérieusement, vous me voyez danser le fox-trot ? S'il n'y avait que des slows, pourquoi pas.

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