
C'est un couple sans souci. Alice est infirmière, Thomas contremaître. Compagnon attentionné et papa poule avec leur fils, il est interpellé par une policière (Géraldine Pailhas) persuadée qu'il a refait sa vie sous un autre visage après avoir assassiné sa première famille quinze ans auparavant. La traque, la suspicion qui gagne les proches et même Alice (formidable Laurence Arné) alimentent « La Part du soupçon » ce lundi soir (à 21h05) sur TF1.
Remarquablement bien mené, le téléfilm laisse planer le doute jusqu'au bout. Kad Merad campe à merveille cet homme tantôt rassurant ou inquiétant. Officiellement, la fiction s'inspire de l'histoire John List, qui avait abattu femme et enfants aux États-Unis en 1971 et passé dix-huit ans en cavale avant d'être arrêté.
Mais le lien avec Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné du quintuple meurtre de Nantes en 2011 et toujours introuvable, semble inévitable, comme concède le comédien.
Ce personnage de Thomas vous a-t-il marqué plus que d'autres ?
KAD MERAD. Il va rester comme le personnage le plus ambigu que je n'ai jamais joué. On dit que c'est inspiré de l'affaire Dupont de Ligonnès. Mais pendant tout le téléfilm, on suit ce Monsieur tout le monde confronté aux soupçons, qui passe son temps à se défendre et finit par être crédible dans sa défense. Je pense même que les téléspectateurs seront de son côté. C'est ça qui est angoissant : jusqu'à quel point on peut être fort dans la normalité, la dissimulation.
Peut-on mentir sans se trahir ?
Cela doit arriver tous les jours. Il y a beaucoup d'affaires non élucidées.
Kad Merad : « On passe notre temps à mentir »
Avant le tournage, aviez-vous en tête l'affaire Dupont de Ligonnès ?
Je l'avais suivie comme tout le monde. Qu'est-il devenu ? S'il est vivant, il pourrait avoir refait sa vie et être parti pour la refaire jusqu'au bout. Il suffit d'une personne, d'un acte, pour que tout bascule comme dans le téléfilm. Il aborde aussi le pouvoir de la rumeur qui peut gangrener un village, une famille. Cela parle de notre époque. Aujourd'hui, les rumeurs naissent tous les jours avec les réseaux sociaux. La vie d'un homme ou d'une femme peut vriller et devenir un cauchemar juste après un tweet.
Cela vous fait peur ?
On prend ses préoccupations quand on est en public, qu'on s'adresse aux journalistes, à des gens qui vous filment. Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour rechercher des personnes, dans le cas d'enlèvements d'enfants. Cependant, ils ont libéré la parole pour certains, avec parfois des commentaires horribles, homophobes ou racistes, et ils l'ont éteinte pour d'autres.
Pour interpréter ce père ambigu, vous avez dévoré les faits divers, les études psy ?
Non. J'ai joué un type normal comme je l'avais déjà fait pour le cinéma. Il y a de l'ambiguïté chez beaucoup de personnages. Ainsi, dans « Baron Noir » (Canal +), j'interprète un homme machiavélique, manipulateur, qui est le héros.
Quelle teneur aura la saison 3 en tournage ?
C'est la campagne présidentielle avec ses surprises. Cette saison s'inspire de tout ce qui s'est passé dans la vie politique française ces dernières années avec l'élection d'Emmanuel Macron, les Gilets jaunes et l'écologie qui enfin commence à concerner. J'ai l'impression que les politiques prennent conscience qu'elle sera un enjeu majeur pour nous et pour les générations futures.
Prêt à vous engager pour l'environnement ?
Si on me le demandait, oui. Je le vois à travers les yeux de mon fils : il n'y a plus de discussion à avoir. À la maison, il refuse qu'on achète des bouteilles en plastique et on a quatorze poubelles pour le tri. J'ai bon espoir que les gens adoptent des gestes écoresponsables. J'y crois.
La politique est aussi affaire de mensonges et de faux-semblants ?
En politique, cela va loin. L'auteur de « Baron Noir », Éric Benzekri, qui a travaillé longtemps au sein du PS, me raconte des choses incroyables. Je lui demande souvent si certaines scènes de la série sont possibles dans la réalité. Et oui. J'ai découvert le clientélisme, l'entrisme, comment pénétrer un parti pour arriver à ses fins…
Toujours foi en la politique ?
Je n'étais pas vraiment un adepte de la politique. Je suis un punk, je viens du rock'n'roll. J'ai un côté un peu « tous pourris ». Certains politiques sont courageux ou m'intéressent plus que d'autres pour leurs idées. Peut-être ferai-je comme l'Ukrainien élu président (NDLR : Volodymyr Zelensky) après avoir joué un président dans une série : si je deviens président en saison 3 de « Baron Noir », il n'est pas dit que je ne me présente pas aux prochaines élections ! En plus, j'ai tourné à l'Élysée !
D'autres projets sur le petit écran ?
Avec Olivier (NDLR : Olivier Baroux), on a toujours celui de faire « Pamela Rose 3 » en direct pendant 1h30 sur Canal + en mai. Il nous manque encore un peu d'argent pour ne pas se planter. C'est risqué, le suicide en direct de Kad et Olivier (rires)! Mais on va embarquer plein de copains!
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5
« La Part du soupçon », téléfilm français de Christophe Lamotte, avec Kad Merad, Laurence Arné, Géraldine Pailhas… 1h30. Lundi 23 septembre à 21h05 sur TF1.

C'est un couple sans souci. Alice est infirmière, Thomas contremaître. Compagnon attentionné et papa poule avec leur fils, il est interpellé par une policière (Géraldine Pailhas) persuadée qu'il a refait sa vie sous un autre visage après avoir assassiné sa première famille quinze ans auparavant. La traque, la suspicion qui gagne les proches et même Alice (formidable Laurence Arné) alimentent « La Part du soupçon » ce lundi soir (à 21h05) sur TF1.
Remarquablement bien mené, le téléfilm laisse planer le doute jusqu'au bout. Kad Merad campe à merveille cet homme tantôt rassurant ou inquiétant. Officiellement, la fiction s'inspire de l'histoire John List, qui avait abattu femme et enfants aux États-Unis en 1971 et passé dix-huit ans en cavale avant d'être arrêté.
Mais le lien avec Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné du quintuple meurtre de Nantes en 2011 et toujours introuvable, semble inévitable, comme concède le comédien.
Ce personnage de Thomas vous a-t-il marqué plus que d'autres ?
KAD MERAD. Il va rester comme le personnage le plus ambigu que je n'ai jamais joué. On dit que c'est inspiré de l'affaire Dupont de Ligonnès. Mais pendant tout le téléfilm, on suit ce Monsieur tout le monde confronté aux soupçons, qui passe son temps à se défendre et finit par être crédible dans sa défense. Je pense même que les téléspectateurs seront de son côté. C'est ça qui est angoissant : jusqu'à quel point on peut être fort dans la normalité, la dissimulation.
Peut-on mentir sans se trahir ?
Cela doit arriver tous les jours. Il y a beaucoup d'affaires non élucidées.
Kad Merad : « On passe notre temps à mentir »
Avant le tournage, aviez-vous en tête l'affaire Dupont de Ligonnès ?
Je l'avais suivie comme tout le monde. Qu'est-il devenu ? S'il est vivant, il pourrait avoir refait sa vie et être parti pour la refaire jusqu'au bout. Il suffit d'une personne, d'un acte, pour que tout bascule comme dans le téléfilm. Il aborde aussi le pouvoir de la rumeur qui peut gangrener un village, une famille. Cela parle de notre époque. Aujourd'hui, les rumeurs naissent tous les jours avec les réseaux sociaux. La vie d'un homme ou d'une femme peut vriller et devenir un cauchemar juste après un tweet.
Cela vous fait peur ?
On prend ses préoccupations quand on est en public, qu'on s'adresse aux journalistes, à des gens qui vous filment. Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour rechercher des personnes, dans le cas d'enlèvements d'enfants. Cependant, ils ont libéré la parole pour certains, avec parfois des commentaires horribles, homophobes ou racistes, et ils l'ont éteinte pour d'autres.
Pour interpréter ce père ambigu, vous avez dévoré les faits divers, les études psy ?
Non. J'ai joué un type normal comme je l'avais déjà fait pour le cinéma. Il y a de l'ambiguïté chez beaucoup de personnages. Ainsi, dans « Baron Noir » (Canal +), j'interprète un homme machiavélique, manipulateur, qui est le héros.
Quelle teneur aura la saison 3 en tournage ?
C'est la campagne présidentielle avec ses surprises. Cette saison s'inspire de tout ce qui s'est passé dans la vie politique française ces dernières années avec l'élection d'Emmanuel Macron, les Gilets jaunes et l'écologie qui enfin commence à concerner. J'ai l'impression que les politiques prennent conscience qu'elle sera un enjeu majeur pour nous et pour les générations futures.
Prêt à vous engager pour l'environnement ?
Si on me le demandait, oui. Je le vois à travers les yeux de mon fils : il n'y a plus de discussion à avoir. À la maison, il refuse qu'on achète des bouteilles en plastique et on a quatorze poubelles pour le tri. J'ai bon espoir que les gens adoptent des gestes écoresponsables. J'y crois.
La politique est aussi affaire de mensonges et de faux-semblants ?
En politique, cela va loin. L'auteur de « Baron Noir », Éric Benzekri, qui a travaillé longtemps au sein du PS, me raconte des choses incroyables. Je lui demande souvent si certaines scènes de la série sont possibles dans la réalité. Et oui. J'ai découvert le clientélisme, l'entrisme, comment pénétrer un parti pour arriver à ses fins…
Toujours foi en la politique ?
Je n'étais pas vraiment un adepte de la politique. Je suis un punk, je viens du rock'n'roll. J'ai un côté un peu « tous pourris ». Certains politiques sont courageux ou m'intéressent plus que d'autres pour leurs idées. Peut-être ferai-je comme l'Ukrainien élu président (NDLR : Volodymyr Zelensky) après avoir joué un président dans une série : si je deviens président en saison 3 de « Baron Noir », il n'est pas dit que je ne me présente pas aux prochaines élections ! En plus, j'ai tourné à l'Élysée !
D'autres projets sur le petit écran ?
Avec Olivier (NDLR : Olivier Baroux), on a toujours celui de faire « Pamela Rose 3 » en direct pendant 1h30 sur Canal + en mai. Il nous manque encore un peu d'argent pour ne pas se planter. C'est risqué, le suicide en direct de Kad et Olivier (rires)! Mais on va embarquer plein de copains!
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5
« La Part du soupçon », téléfilm français de Christophe Lamotte, avec Kad Merad, Laurence Arné, Géraldine Pailhas… 1h30. Lundi 23 septembre à 21h05 sur TF1.
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