
Tribune. « L’affaire Yann Moix » est née le 21 août dernier avec la parution de son nouveau livre Orléans comme un coup de vent d’une violence rare mais circonscrite : elle concernait la famille de l’auteur. Puis en quatre jours, par le biais de faits nauséabonds, et sous l’effet de serre d’un milieu médiatique et littéraire surconfiné, cette bourrasque s’est muée en l’un de ces ouragans que seule la vie culturelle de ce pays est capable de produire avec cette intensité, qui laissent chaque fois tout le monde incrédule, pantois, écœuré.
On est ainsi passé de la dénonciation par Moix de son enfance martyre – aussitôt niée par son père puis surtout par son frère –, au fratricide public entre bon fils et mauvais fils sans que l’on puisse décider lequel était lequel, puis on est passé, par le biais de révélations concernant le passé de Moix, du révisionnisme familial au révisionnisme tout court. En cette semaine de prérentrée, sans actualité majeure, les médias ont fait le reste, dénonçant le passé de Moix tout en assurant la promotion du livre par le biais de l’abjection qu’elle condamnait.
Perversité inédite
L’invraisemblable passage, samedi soir, « chez Ruquier » [animateur de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2] d’un Yann Moix déchiré entre sincérité et désir d’effet rhétorique, est venu parachever ce processus avec une perversité inédite.
Rien, pourtant, n’obligeait à ce qu’on en arrive là. Contrairement à Mehdi Meklat [en 2017, ce journaliste et écrivain avait dû s’expliquer sur d’anciens Tweet antisémites et homophobes], qui n’a cessé de s’innocenter en accusant le système, Moix a pour lui de n’avoir pas cherché longtemps à nier les faits ni sa responsabilité.
Lorsqu’il tente aussi librement que possible de retracer son parcours, l’histoire qui s’esquisse, passionnante pour qui s’intéresse au fond rance de ce pays, est celle d’un jeune homme de province, auteur de dessins obscènes sur Auschwitz, et dans le déni total de son antisémitisme – un jeune homme dont l’arrivisme et le goût taré pour la violence et l’abjection rencontrent, après son arrivée à Paris, un certain air du temps, celui des années 1990-2000, qu’il a évoqué le 1er septembre au micro sur France Culture, dans l’émission « Signes des Temps ».
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Tribune. « L’affaire Yann Moix » est née le 21 août dernier avec la parution de son nouveau livre Orléans comme un coup de vent d’une violence rare mais circonscrite : elle concernait la famille de l’auteur. Puis en quatre jours, par le biais de faits nauséabonds, et sous l’effet de serre d’un milieu médiatique et littéraire surconfiné, cette bourrasque s’est muée en l’un de ces ouragans que seule la vie culturelle de ce pays est capable de produire avec cette intensité, qui laissent chaque fois tout le monde incrédule, pantois, écœuré.
On est ainsi passé de la dénonciation par Moix de son enfance martyre – aussitôt niée par son père puis surtout par son frère –, au fratricide public entre bon fils et mauvais fils sans que l’on puisse décider lequel était lequel, puis on est passé, par le biais de révélations concernant le passé de Moix, du révisionnisme familial au révisionnisme tout court. En cette semaine de prérentrée, sans actualité majeure, les médias ont fait le reste, dénonçant le passé de Moix tout en assurant la promotion du livre par le biais de l’abjection qu’elle condamnait.
Perversité inédite
L’invraisemblable passage, samedi soir, « chez Ruquier » [animateur de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2] d’un Yann Moix déchiré entre sincérité et désir d’effet rhétorique, est venu parachever ce processus avec une perversité inédite.
Rien, pourtant, n’obligeait à ce qu’on en arrive là. Contrairement à Mehdi Meklat [en 2017, ce journaliste et écrivain avait dû s’expliquer sur d’anciens Tweet antisémites et homophobes], qui n’a cessé de s’innocenter en accusant le système, Moix a pour lui de n’avoir pas cherché longtemps à nier les faits ni sa responsabilité.
Lorsqu’il tente aussi librement que possible de retracer son parcours, l’histoire qui s’esquisse, passionnante pour qui s’intéresse au fond rance de ce pays, est celle d’un jeune homme de province, auteur de dessins obscènes sur Auschwitz, et dans le déni total de son antisémitisme – un jeune homme dont l’arrivisme et le goût taré pour la violence et l’abjection rencontrent, après son arrivée à Paris, un certain air du temps, celui des années 1990-2000, qu’il a évoqué le 1er septembre au micro sur France Culture, dans l’émission « Signes des Temps ».
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