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VIDEO. « Joker » : Pourquoi l’ennemi juré de Batman n’est pas un super-vilain comme les autres - 20 Minutes

Le Joker dessiné par Lee Bermejo — DC TM & © 2019 DC COMICS. All Rights Reserved. © 2019 URBAN COMICS pour la VF
  • Avant que le film « Joker » ne lui soit spécialement consacré, l’éternel ennemi de Batman a connu de multiples incarnations en comics.
  • Près de 80 ans après sa création, ce personnage – qui aurait dû mourir plus d’une fois – est toujours aussi tenace… et populaire.
  • En dépit de son aspect goguenard, le Joker demeure l’un des super-vilains les plus cruels jamais créés.

Les futurs spectateurs du film Joker – qui a remporter le Lion d’Or à la Mostra de Venise –, ignorent parfois que  le personnage de Joker, mort une bonne vingtaine de fois, n'avait à l'origine pas vocation à durer. Au delà de la vision qu'en donne  Joaquin Phoenix en l'incarnant dans ses jeunes années, 20 Minutes propose de revenir sur l'histoire tumultueuse d'un super-vilain de comics dont le rire est tout sauf communicatif ! Suivez-le guide…

Une inspiration hexagonale

Créé en 1940 par les américains Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane, le Joker, affublé d’un sourire constant – et plus ou moins volontaire – serait inspiré du roman L’homme qui rit, de notre Victor Hugo national. L’auteur des Misérables y contait les mésaventures de Gwynplaine, un jeune enfant volontairement défiguré d’un coup de couteau. Sa cicatrice, qui courait de part et d’autre de sa bouche, évoquait un sourire démesuré… D’où le titre ! Horrible, on est d’accord, mais penser que ce vieux récit made in France est l’origine d’un des plus fameux méchants de tous les temps ferait presque pousser des « Cocoricos » !

Mais revenons aux raisons qui font du Joker un super-vilain pas comme les autres. L’une d’entre elles est que c’est un survivant. Littéralement. D’abord, il n’aurait jamais dû « durer » plus d’un épisode puisqu’il fut spécialement créé pour être rossé à mort par Batman, apparu quelques mois plus tôt et dont le succès immédiat lui avait valu d’avoir un comics à son nom. C’est donc dans Batman #1, paru le 25 avril 1940, que le Joker prit une première volée dispensée par L’homme chauve-souris. Sauf qu’au lieu d’y succomber comme initialement prévu, il s’en tira suite à une querelle entre ses trois créateurs qui, se disputant sa paternité, l’épargnèrent le temps de régler leur différend.

Je meurs, je meurs pas…

Insistons sur la notion de survivant, puisque en 80 ans, le Joker est mort une bonne vingtaine de fois ! Ok, c’est récurrent dans les comics et Mister J (un de ses nombreux surnoms) est souvent réapparu sans que ses auteurs successifs ne jugent utile d’expliquer 1) les circonstances de sa mort et 2) celles de ses résurrections. Seuls quelques-uns de ses trépas ont été documentés. Par exemple, dans Kingdom Come, où il est clairement tué par Magog ; ou dans Batman : Dark Knight (The Dark Knight Returns) où il se suicide en se tordant le cou. Ouch ! N’empêche que là aussi, il revient à chaque fois d’entre les morts.

Autre singularité du Joker, son physique (peu avenant, vous en conviendrez). Des tas d’histoires ont circulé sur le fait qu’il ait la peau d’un blanc laiteux, les cheveux verts et les lèvres rouge vif. L’explication la plus simple, et la plus communément admise, est qu’il s’agirait d’un maquillage de clown. Ben oui : clown, joker, rire, tout ça quoi. Sauf que tout le monde s’est désormais rangé à la version du scénariste britannique Alan Moore, dans Batman : The Killing Joke, selon laquelle le Joker devrait son aspect à une chute accidentelle dans une cuve de déchets toxiques…

Barbare/Anar', même combat.

Dernières particularités, et non des moindres : d’abord, le Joker est un sacré psychopathe ! Il a beau sourire à qui mieux mieux, ses victimes ne partagent certainement pas son hilarité. Machiavélique – et très intelligent, ce qui est loin d’être antinomique –, hypercruel, capable de fourrager des entrailles encore fumantes avec tout ce qui lui passe sous la main, ce sale type est un cauchemar ambulant. Quoique ça n’ait pas toujours été le cas puisque dans les années 1950, le tout-puissant Comics Code Autorithy (une organisation de régulation du contenu des comic books publiés aux États-Unis) avait – temporairement – convaincu les auteurs à réduire le Joker à un farceur certes un peu sadique, mais loin du tueur sanguinaire qu’il (re)devint plus tard.

Enfin, le Joker se distingue de ses collègues super-vilains en ce qu’il ne court ni après le fric, ni après le pouvoir. Non, lui, son Graal, c’est le chaos. Ce qu’il kiffe, c’est de fiche le boxon partout… Finalement, c’est un gros anarchiste. En tout cas, Jokie s’avère définitivement le plus grand Punk de sa catégorie.

La fascination du mal

Avec un Curriculum Vitae pareil, le Joker devrait être détesté par 99 pour cent des lecteurs de comics, pas vrai ? Et bien même pas. Au contraire, même, plusieurs sources en ont souvent fait l’un des méchants les plus adulés de la pop culture. Ce que vient confirmer une étude récente de la plateforme d’analyse de visibilité en ligne SEMrush, qui a calculé le nombre de recherches effectuées sur Google pour chacun des personnages de l’univers Batman sur l’année écoulée (puis a divisé le total par douze pour en tirer une moyenne mensuelle). Et devinez qui est sur la plus haute marche du podium ? Le Joker. Juste devant Poison Ivy. Batman n’arrive qu’en 3e position, suivi par Harley Quinn. Dingue, non ? Les Français préfèrent vraiment les salauds aux défenseurs de veuves et d’orphelins ?

Pas uniquement les Français, si l’on en croit le succès critique et le Lion d’Or du film qui sort en salle mercredi 9 octobre. Parce qu’il ne faudrait pas se leurrer : bien sûr, le long-métrage va légitimement cartonner grâce au talent de Todd Phillips, son réalisateur, et à celui, immense, de Joaquin Phoenix, qui interprète le Joker.

Mais aussi, voire surtout, parce qu’il transpire une noirceur certes un peu différente de celle présente dans les comics du Joker, mais une noirceur qui fascine car elle naît d’un grand éclat de rire lancé il y a près de 8 décennies et dont l’écho sinistre n’en finit plus de retentir, sur papier et bientôt sur grand écran.
 

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Le Joker dessiné par Lee Bermejo — DC TM & © 2019 DC COMICS. All Rights Reserved. © 2019 URBAN COMICS pour la VF
  • Avant que le film « Joker » ne lui soit spécialement consacré, l’éternel ennemi de Batman a connu de multiples incarnations en comics.
  • Près de 80 ans après sa création, ce personnage – qui aurait dû mourir plus d’une fois – est toujours aussi tenace… et populaire.
  • En dépit de son aspect goguenard, le Joker demeure l’un des super-vilains les plus cruels jamais créés.

Les futurs spectateurs du film Joker – qui a remporter le Lion d’Or à la Mostra de Venise –, ignorent parfois que  le personnage de Joker, mort une bonne vingtaine de fois, n'avait à l'origine pas vocation à durer. Au delà de la vision qu'en donne  Joaquin Phoenix en l'incarnant dans ses jeunes années, 20 Minutes propose de revenir sur l'histoire tumultueuse d'un super-vilain de comics dont le rire est tout sauf communicatif ! Suivez-le guide…

Une inspiration hexagonale

Créé en 1940 par les américains Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane, le Joker, affublé d’un sourire constant – et plus ou moins volontaire – serait inspiré du roman L’homme qui rit, de notre Victor Hugo national. L’auteur des Misérables y contait les mésaventures de Gwynplaine, un jeune enfant volontairement défiguré d’un coup de couteau. Sa cicatrice, qui courait de part et d’autre de sa bouche, évoquait un sourire démesuré… D’où le titre ! Horrible, on est d’accord, mais penser que ce vieux récit made in France est l’origine d’un des plus fameux méchants de tous les temps ferait presque pousser des « Cocoricos » !

Mais revenons aux raisons qui font du Joker un super-vilain pas comme les autres. L’une d’entre elles est que c’est un survivant. Littéralement. D’abord, il n’aurait jamais dû « durer » plus d’un épisode puisqu’il fut spécialement créé pour être rossé à mort par Batman, apparu quelques mois plus tôt et dont le succès immédiat lui avait valu d’avoir un comics à son nom. C’est donc dans Batman #1, paru le 25 avril 1940, que le Joker prit une première volée dispensée par L’homme chauve-souris. Sauf qu’au lieu d’y succomber comme initialement prévu, il s’en tira suite à une querelle entre ses trois créateurs qui, se disputant sa paternité, l’épargnèrent le temps de régler leur différend.

Je meurs, je meurs pas…

Insistons sur la notion de survivant, puisque en 80 ans, le Joker est mort une bonne vingtaine de fois ! Ok, c’est récurrent dans les comics et Mister J (un de ses nombreux surnoms) est souvent réapparu sans que ses auteurs successifs ne jugent utile d’expliquer 1) les circonstances de sa mort et 2) celles de ses résurrections. Seuls quelques-uns de ses trépas ont été documentés. Par exemple, dans Kingdom Come, où il est clairement tué par Magog ; ou dans Batman : Dark Knight (The Dark Knight Returns) où il se suicide en se tordant le cou. Ouch ! N’empêche que là aussi, il revient à chaque fois d’entre les morts.

Autre singularité du Joker, son physique (peu avenant, vous en conviendrez). Des tas d’histoires ont circulé sur le fait qu’il ait la peau d’un blanc laiteux, les cheveux verts et les lèvres rouge vif. L’explication la plus simple, et la plus communément admise, est qu’il s’agirait d’un maquillage de clown. Ben oui : clown, joker, rire, tout ça quoi. Sauf que tout le monde s’est désormais rangé à la version du scénariste britannique Alan Moore, dans Batman : The Killing Joke, selon laquelle le Joker devrait son aspect à une chute accidentelle dans une cuve de déchets toxiques…

Barbare/Anar', même combat.

Dernières particularités, et non des moindres : d’abord, le Joker est un sacré psychopathe ! Il a beau sourire à qui mieux mieux, ses victimes ne partagent certainement pas son hilarité. Machiavélique – et très intelligent, ce qui est loin d’être antinomique –, hypercruel, capable de fourrager des entrailles encore fumantes avec tout ce qui lui passe sous la main, ce sale type est un cauchemar ambulant. Quoique ça n’ait pas toujours été le cas puisque dans les années 1950, le tout-puissant Comics Code Autorithy (une organisation de régulation du contenu des comic books publiés aux États-Unis) avait – temporairement – convaincu les auteurs à réduire le Joker à un farceur certes un peu sadique, mais loin du tueur sanguinaire qu’il (re)devint plus tard.

Enfin, le Joker se distingue de ses collègues super-vilains en ce qu’il ne court ni après le fric, ni après le pouvoir. Non, lui, son Graal, c’est le chaos. Ce qu’il kiffe, c’est de fiche le boxon partout… Finalement, c’est un gros anarchiste. En tout cas, Jokie s’avère définitivement le plus grand Punk de sa catégorie.

La fascination du mal

Avec un Curriculum Vitae pareil, le Joker devrait être détesté par 99 pour cent des lecteurs de comics, pas vrai ? Et bien même pas. Au contraire, même, plusieurs sources en ont souvent fait l’un des méchants les plus adulés de la pop culture. Ce que vient confirmer une étude récente de la plateforme d’analyse de visibilité en ligne SEMrush, qui a calculé le nombre de recherches effectuées sur Google pour chacun des personnages de l’univers Batman sur l’année écoulée (puis a divisé le total par douze pour en tirer une moyenne mensuelle). Et devinez qui est sur la plus haute marche du podium ? Le Joker. Juste devant Poison Ivy. Batman n’arrive qu’en 3e position, suivi par Harley Quinn. Dingue, non ? Les Français préfèrent vraiment les salauds aux défenseurs de veuves et d’orphelins ?

Pas uniquement les Français, si l’on en croit le succès critique et le Lion d’Or du film qui sort en salle mercredi 9 octobre. Parce qu’il ne faudrait pas se leurrer : bien sûr, le long-métrage va légitimement cartonner grâce au talent de Todd Phillips, son réalisateur, et à celui, immense, de Joaquin Phoenix, qui interprète le Joker.

Mais aussi, voire surtout, parce qu’il transpire une noirceur certes un peu différente de celle présente dans les comics du Joker, mais une noirceur qui fascine car elle naît d’un grand éclat de rire lancé il y a près de 8 décennies et dont l’écho sinistre n’en finit plus de retentir, sur papier et bientôt sur grand écran.
 

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