Il s’agit de la cinquième grande exposition de photos sur Johnny Hallyday depuis son décès il y a deux ans. Elle se tiendra à Bruxelles du 8 novembre au 22 décembre. Et plus exactement à la galerie Art 22 dans le quartier des antiquaires, à 50 mètres du rade préféré de Léon Smet, le père du rocker. Les photos exposées sont celles d’Alain Rolland, qui publie également un beau livre Johnny Intime, plein d’anecdotes et coécrit avec la journaliste Alessandra d’Angelo aux éditions du Cherche Midi (35 euros).
Le photographe, qui suit aujourd’hui la famille royale belge, a suivi Johnny Hallyday, son épouse Laeticia et leurs petites filles Jade et Joy à Los Angeles pendant trois ans, de 2007 à 2010. Dans ses photos, on assiste à la préparation du Tour 66 avec l’harmoniciste Greg Zlap, la choriste Amy Keys et David Hallyday qui avait fait le déplacement exprès de Paris pour retrouver son père. Mais aussi à l’enregistrement en studio de l’album blues Le cœur d’un homme, à l’hospitalisation au Cedars-Sinaï en 2009, aux fêtes avec Christian Audigier, à la construction de la maison familiale de Pacific Palisades et à de nombreux moments d’intimité.
LE FIGARO. - Comment êtes-vous devenu le photographe «attitré» des Hallyday à Los Angeles?
Alain ROLLAND. - Nous sommes en 2006. Je vis depuis quatorze ans à Los Angeles où je suis le correspondant photographe de l’agence de presse Angeli, basée à Paris. J’ai photographié quasiment toutes les stars d’Hollywood. De Tony Frank à Daniel Angeli, Johnny a toujours eu un photographe attitré qui le suivait partout. Il avait besoin de travailler avec des gens qu’il connaissait. Un matin, Daniel Angeli, surnommé «le roi des paparazzis», m’invite à son hôtel sur Sunset Boulevard. Johnny Hallyday venait de lui apprendre qu’il allait vivre près de six mois par an à Los Angeles. Daniel Angeli n’avait pas envie de multiplier les voyages, alors il m‘a demandé de prendre la relève.
Comment s’est passée votre première rencontre avec Johnny Hallyday?
Je travaillais pour son ami Christian Audigier qui habillait Madonna et Britney Spears. Bien évidemment, cela a facilité les contacts. J’ai rencontré Johnny lors d’un dîner chez le créateur. Il voulait quitter la Suisse et démarrer une nouvelle vie en Californie. Jade avait 2 ans et Joy n’était pas encore née. Il voulait devenir résident américain et demandait conseil quant à la meilleure procédure à suivre. Il a été convenu que je le suivrais dans son quotidien de manière discrète.
À quoi ressemblait le quotidien de cette famille pas comme les autres?
La première maison à Los Angeles de Johnny et de Laeticia se trouvait à Beverly Glen sur les hauteurs d’Hollywood, près de Mulholland Drive. Un quartier très chic surnommé le «triangle de platine». En face de leur portail, il y avait un petit centre commercial. Il n’était pas rare d’y croiser Kim Kardashian et Paris Hilton dans le café Starbucks. Patrick, le garde du corps de Johnny, s’y rendait régulièrement. On sirotait notre café sur le parking et on attendait que Johnny appelle Patrick pour le faire entrer dans la propriété. Une fois que Johnny était prêt, je me positionnais devant le portail, prêt à déclencher dès son ouverture. Quelques secondes d’inattention et c’est une journée de travail qui part en fumée! Je suivais les Hallyday dans ma Porsche 911 sans savoir comment allait se passer la journée. Ils aimaient rouler à vive allure et me taquinaient en jouant au chat et à la souris pour me semer. C’était très amusant. Mon job consistait à saisir des images sur le vif. Johnny déjeunait généralement avec Laeticia dans l’un de leurs restaurants favoris comme le Sur à West Hollywood. Ensuite, ils faisaient une sortie à moto, une balade shopping dans les rues de L.A.. Parfois, ils allaient jouer avec leurs petites Jade et Joy dans les parcs de la ville. Dans ces instants-là, Johnny n’était plus du tout une rock star mais un père qui pouvait passer de longs moments à pousser ses filles sur des balançoires et à les aider à ramasser des feuilles de châtaigniers. Los Angeles permettait à la famille de se retrouver entre deux séjours en France. Moi qui les suivais tous les jours, je peux témoigner d’un vrai amour entre Laeticia et Johnny. Ce n’était pas du spectacle.
Johnny pouvait-il être difficile?
En avril 2009, je devais réaliser un shooting de ses répétitions à Burbank du Tour 66. Il voulait être entouré de quinze musiciens, avec Monument Valley en arrière-plan et au premier plan, des Harley Davidson vintage customisées. Sauf que la photo devait avoir lieu au studio où il répétait alors. Je n’avais que trois jours pour dénicher un décor Far West. Le jour-J, j’installe la fresque sur le parking face au studio. Johnny est attendu à 13 heures, il finit par apparaître trois heures plus tard. Il klaxonne avec insistance pour se garer dans le parking. Il faut bouger la fresque et il ne me donne que deux minutes pour commencer le shooting. Je lui propose de monter sur l’une des motos, d’enlever ses lunettes de soleil. Refus catégorique. Je le laisse faire comme il veut mais il ne me laisse que deux minutes car il est en retard pour les répétitions. Quand je rentre chez moi et que je découvre les clichés, le rendu est top. Pari réussi mais cela n’a vraiment pas été évident.
À Los Angeles, Johnny appréciait-il le fait d’être anonyme?
Il était totalement méconnu des Américains. À Los Angeles, il se promenait tranquillement et cela lui plaisait beaucoup. Il aimait la vie tranquille en Californie. Du moins, jusqu’à un certain point. Ce n’est pas si facile de passer de la lumière à l’ombre et cela a fini par l’agacer. Le 30 juin 2008, Laeticia m’appelle: «Ce soir, je vais dîner avec mon mari dans un restaurant à West Hollywood et ce serait bien que tu viennes faire quelques photos, cela lui ferait plaisir... Mais chuuuut il n’est pas au courant!» Je me présente au rendez-vous comme convenu. Johnny et Laëticia s’avancent vers moi main dans la main, lumineux, et Johnny m’interpelle: «Qu’est-ce que tu fais ici? Comment es-tu au courant?» Je regarde Laeticia avec un sourire en coin. Johnny qui comprend la manigance me simule un énorme coup de poing! Les voituriers viennent me demander qui il est... Ce soir-là, c’est le début de la notoriété américaine pour Johnny. Pour autant, la première fois que les télévisions américaines parleront de lui en le présentant comme le «French Elvis» sera lors de son hospitalisation au Cedars Sinai.
Pourquoi les photos s’arrêtent-elles en 2010?
J’ai arrêté de photographier les Hallyday au moment où ils ont emménagé dans leur seconde maison à Pacific Palisades, celle où Laeticia vit encore avec ses filles. Je voulais rentrer en Belgique, tout simplement. J’avais vécu dix-huit ans à Los Angeles et j’en avais fait le tour. J’ai revu les Hallyday à Bruxelles juste après les attentats de 2016. Johnny était allé poser des fleurs et des bougies et m’avait demandé de venir prendre la photo pour Paris Match. En juin 2017, je l’ai vu une dernière fois au concert des Vieilles Canailles à Bruxelles. Il était très malade mais il a tout donné sur scène. C’était extraordinaire.
À voir aussi: Héritage Hallyday: victoire pour David et Laura Smet
Héritage Hallyday : victoire pour David et Laura Smet - Regarder sur Figaro Live
Read AgainIl s’agit de la cinquième grande exposition de photos sur Johnny Hallyday depuis son décès il y a deux ans. Elle se tiendra à Bruxelles du 8 novembre au 22 décembre. Et plus exactement à la galerie Art 22 dans le quartier des antiquaires, à 50 mètres du rade préféré de Léon Smet, le père du rocker. Les photos exposées sont celles d’Alain Rolland, qui publie également un beau livre Johnny Intime, plein d’anecdotes et coécrit avec la journaliste Alessandra d’Angelo aux éditions du Cherche Midi (35 euros).
Le photographe, qui suit aujourd’hui la famille royale belge, a suivi Johnny Hallyday, son épouse Laeticia et leurs petites filles Jade et Joy à Los Angeles pendant trois ans, de 2007 à 2010. Dans ses photos, on assiste à la préparation du Tour 66 avec l’harmoniciste Greg Zlap, la choriste Amy Keys et David Hallyday qui avait fait le déplacement exprès de Paris pour retrouver son père. Mais aussi à l’enregistrement en studio de l’album blues Le cœur d’un homme, à l’hospitalisation au Cedars-Sinaï en 2009, aux fêtes avec Christian Audigier, à la construction de la maison familiale de Pacific Palisades et à de nombreux moments d’intimité.
LE FIGARO. - Comment êtes-vous devenu le photographe «attitré» des Hallyday à Los Angeles?
Alain ROLLAND. - Nous sommes en 2006. Je vis depuis quatorze ans à Los Angeles où je suis le correspondant photographe de l’agence de presse Angeli, basée à Paris. J’ai photographié quasiment toutes les stars d’Hollywood. De Tony Frank à Daniel Angeli, Johnny a toujours eu un photographe attitré qui le suivait partout. Il avait besoin de travailler avec des gens qu’il connaissait. Un matin, Daniel Angeli, surnommé «le roi des paparazzis», m’invite à son hôtel sur Sunset Boulevard. Johnny Hallyday venait de lui apprendre qu’il allait vivre près de six mois par an à Los Angeles. Daniel Angeli n’avait pas envie de multiplier les voyages, alors il m‘a demandé de prendre la relève.
Comment s’est passée votre première rencontre avec Johnny Hallyday?
Je travaillais pour son ami Christian Audigier qui habillait Madonna et Britney Spears. Bien évidemment, cela a facilité les contacts. J’ai rencontré Johnny lors d’un dîner chez le créateur. Il voulait quitter la Suisse et démarrer une nouvelle vie en Californie. Jade avait 2 ans et Joy n’était pas encore née. Il voulait devenir résident américain et demandait conseil quant à la meilleure procédure à suivre. Il a été convenu que je le suivrais dans son quotidien de manière discrète.
À quoi ressemblait le quotidien de cette famille pas comme les autres?
La première maison à Los Angeles de Johnny et de Laeticia se trouvait à Beverly Glen sur les hauteurs d’Hollywood, près de Mulholland Drive. Un quartier très chic surnommé le «triangle de platine». En face de leur portail, il y avait un petit centre commercial. Il n’était pas rare d’y croiser Kim Kardashian et Paris Hilton dans le café Starbucks. Patrick, le garde du corps de Johnny, s’y rendait régulièrement. On sirotait notre café sur le parking et on attendait que Johnny appelle Patrick pour le faire entrer dans la propriété. Une fois que Johnny était prêt, je me positionnais devant le portail, prêt à déclencher dès son ouverture. Quelques secondes d’inattention et c’est une journée de travail qui part en fumée! Je suivais les Hallyday dans ma Porsche 911 sans savoir comment allait se passer la journée. Ils aimaient rouler à vive allure et me taquinaient en jouant au chat et à la souris pour me semer. C’était très amusant. Mon job consistait à saisir des images sur le vif. Johnny déjeunait généralement avec Laeticia dans l’un de leurs restaurants favoris comme le Sur à West Hollywood. Ensuite, ils faisaient une sortie à moto, une balade shopping dans les rues de L.A.. Parfois, ils allaient jouer avec leurs petites Jade et Joy dans les parcs de la ville. Dans ces instants-là, Johnny n’était plus du tout une rock star mais un père qui pouvait passer de longs moments à pousser ses filles sur des balançoires et à les aider à ramasser des feuilles de châtaigniers. Los Angeles permettait à la famille de se retrouver entre deux séjours en France. Moi qui les suivais tous les jours, je peux témoigner d’un vrai amour entre Laeticia et Johnny. Ce n’était pas du spectacle.
Johnny pouvait-il être difficile?
En avril 2009, je devais réaliser un shooting de ses répétitions à Burbank du Tour 66. Il voulait être entouré de quinze musiciens, avec Monument Valley en arrière-plan et au premier plan, des Harley Davidson vintage customisées. Sauf que la photo devait avoir lieu au studio où il répétait alors. Je n’avais que trois jours pour dénicher un décor Far West. Le jour-J, j’installe la fresque sur le parking face au studio. Johnny est attendu à 13 heures, il finit par apparaître trois heures plus tard. Il klaxonne avec insistance pour se garer dans le parking. Il faut bouger la fresque et il ne me donne que deux minutes pour commencer le shooting. Je lui propose de monter sur l’une des motos, d’enlever ses lunettes de soleil. Refus catégorique. Je le laisse faire comme il veut mais il ne me laisse que deux minutes car il est en retard pour les répétitions. Quand je rentre chez moi et que je découvre les clichés, le rendu est top. Pari réussi mais cela n’a vraiment pas été évident.
À Los Angeles, Johnny appréciait-il le fait d’être anonyme?
Il était totalement méconnu des Américains. À Los Angeles, il se promenait tranquillement et cela lui plaisait beaucoup. Il aimait la vie tranquille en Californie. Du moins, jusqu’à un certain point. Ce n’est pas si facile de passer de la lumière à l’ombre et cela a fini par l’agacer. Le 30 juin 2008, Laeticia m’appelle: «Ce soir, je vais dîner avec mon mari dans un restaurant à West Hollywood et ce serait bien que tu viennes faire quelques photos, cela lui ferait plaisir... Mais chuuuut il n’est pas au courant!» Je me présente au rendez-vous comme convenu. Johnny et Laëticia s’avancent vers moi main dans la main, lumineux, et Johnny m’interpelle: «Qu’est-ce que tu fais ici? Comment es-tu au courant?» Je regarde Laeticia avec un sourire en coin. Johnny qui comprend la manigance me simule un énorme coup de poing! Les voituriers viennent me demander qui il est... Ce soir-là, c’est le début de la notoriété américaine pour Johnny. Pour autant, la première fois que les télévisions américaines parleront de lui en le présentant comme le «French Elvis» sera lors de son hospitalisation au Cedars Sinai.
Pourquoi les photos s’arrêtent-elles en 2010?
J’ai arrêté de photographier les Hallyday au moment où ils ont emménagé dans leur seconde maison à Pacific Palisades, celle où Laeticia vit encore avec ses filles. Je voulais rentrer en Belgique, tout simplement. J’avais vécu dix-huit ans à Los Angeles et j’en avais fait le tour. J’ai revu les Hallyday à Bruxelles juste après les attentats de 2016. Johnny était allé poser des fleurs et des bougies et m’avait demandé de venir prendre la photo pour Paris Match. En juin 2017, je l’ai vu une dernière fois au concert des Vieilles Canailles à Bruxelles. Il était très malade mais il a tout donné sur scène. C’était extraordinaire.
À voir aussi: Héritage Hallyday: victoire pour David et Laura Smet
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