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« J'accuse », de Roman Polanski, sera bien projeté dans six salles de cinéma de Seine-Saint-Denis - Le Monde

Le film avait d’abord été déprogrammé par le président de l’établissement public regroupant neuf villes de Seine-Saint-Denis.

Par Publié aujourd’hui à 08h39, mis à jour à 08h59

Temps de Lecture 2 min.

Manifestation contre le cinéaste Roman Polanski devant le cinéma Le Champo à Paris, le 12 novembre.
Manifestation contre le cinéaste Roman Polanski devant le cinéma Le Champo à Paris, le 12 novembre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La déprogrammation du film de Roman Polanski J’accuse dans six salles de cinéma de Seine-Saint-Denis n’aura pas lieu. Elle avait pourtant été accordée, mardi 19 novembre au soir, par Gérard Cosme, le président PS de l’établissement public territorial Est Ensemble (qui regroupe les neuf communes de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Romainville), à l’issue du conseil qui s’était tenu à Romainville.

Alors qu’elle n’avait pas été inscrite à l’ordre du jour, la question avait été abordée par la maire PS de Bondy, Sylvine Thomassin. Soutenue par plusieurs élus de sa commune et certains groupes politiques présents, elle avait demandé que soit déprogrammé des cinémas publics gérés par Est Ensemble le film J’accuse, de Roman Polanski, sur lequel pèsent désormais les nouvelles accusations de viol révélées par l’ancienne comédienne et photographe Valentine Monnier dans Le Parisien du 8 novembre. Avant le début du conseil, la maire de Bondy avait notamment déclaré : « On est effaré que l’administration des salles se permette une telle diffusion, sans demander ce que les politiques en pensent. Nous sommes les représentants du peuple, sur un territoire militant notamment en faveur de l’égalité femmes-hommes. »

« Le viol n’est pas du cinéma »

Dans la salle du conseil, des militantes féministes avaient également brandi des soutiens-gorge et des affiches portant les inscriptions « Le viol n’est pas du cinéma » ou encore « J’accuse Polanski ». Sylvie Badoux, adjointe au maire de Bondy et vice-présidente d’Est Ensemble, était également intervenue devant ses pairs : « Oui, il y a urgence ! Ce soir, nous sommes nombreuses et nombreux à dire J’accuse… et à dire stop à la culture du viol ! », avait-elle déclaré.

Devant la virulence des paroles exprimées, et par ailleurs confronté au silence d’autres élus, Gérard Cosme, qui avait préalablement exprimé son souhait de maintenir J’accuse à l’affiche afin de « laisser la liberté de programmation artistique aux directeurs des équipements », avait alors cédé. Sans qu’il y ait de vote, mais choisissant de prendre en considération les différentes interventions, le président d’Est Ensemble avait déclaré déprogrammer le film dans les six salles concernées. A savoir : le Ciné 104 à Pantin, le Ciné Malraux à Bondy, le Cin’Hoche à Bagnolet, l’Ecran nomade à Bobigny, le Méliès à Montreuil et le Trianon à Romainville - Noisy-le-Sec. Les choses n’allaient cependant pas en rester là.

« Les limites d’une telle logique »

Les élus, qui, durant le conseil, ne s’étaient pas manifestés dans le climat passionnel, ont choisi de le faire en privé. Ils ont alors exprimé auprès de Gérard Cosme leur désapprobation face à la décision prise et l’ont alerté des conséquences que pouvait engendrer cet acte de prise en main par le politique de la programmation d’un cinéma. Une réaction prise en compte par le président qui a souhaité s’accorder encore un temps de réflexion et a choisi d’entendre l’avis des directeurs des six salles.

Après avoir rencontré ces derniers, mercredi 20 novembre, et avoir entendu leurs arguments en faveur de la programmation de J’accuse, Gérard Cosme a finalement décidé de lever sa consigne de retrait du film. « Nous avons bien expliqué les limites d’une telle logique, souligne Stéphane Goudet, directeur du cinéma Méliès de Montreuil. Sur quels critères allions-nous désormais vouloir interdire la sortie en salles d’un film ? Donner à voir J’accuse ne contredit en rien notre soutien au combat mené par les femmes, et nos engagements auprès d’associations féministes avec lesquelles, d’ailleurs, nous organisons des débats, comme il est prévu de le faire vendredi soir au Méliès autour du film de Polanski ».

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Le film avait d’abord été déprogrammé par le président de l’établissement public regroupant neuf villes de Seine-Saint-Denis.

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Manifestation contre le cinéaste Roman Polanski devant le cinéma Le Champo à Paris, le 12 novembre.
Manifestation contre le cinéaste Roman Polanski devant le cinéma Le Champo à Paris, le 12 novembre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La déprogrammation du film de Roman Polanski J’accuse dans six salles de cinéma de Seine-Saint-Denis n’aura pas lieu. Elle avait pourtant été accordée, mardi 19 novembre au soir, par Gérard Cosme, le président PS de l’établissement public territorial Est Ensemble (qui regroupe les neuf communes de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Romainville), à l’issue du conseil qui s’était tenu à Romainville.

Alors qu’elle n’avait pas été inscrite à l’ordre du jour, la question avait été abordée par la maire PS de Bondy, Sylvine Thomassin. Soutenue par plusieurs élus de sa commune et certains groupes politiques présents, elle avait demandé que soit déprogrammé des cinémas publics gérés par Est Ensemble le film J’accuse, de Roman Polanski, sur lequel pèsent désormais les nouvelles accusations de viol révélées par l’ancienne comédienne et photographe Valentine Monnier dans Le Parisien du 8 novembre. Avant le début du conseil, la maire de Bondy avait notamment déclaré : « On est effaré que l’administration des salles se permette une telle diffusion, sans demander ce que les politiques en pensent. Nous sommes les représentants du peuple, sur un territoire militant notamment en faveur de l’égalité femmes-hommes. »

« Le viol n’est pas du cinéma »

Dans la salle du conseil, des militantes féministes avaient également brandi des soutiens-gorge et des affiches portant les inscriptions « Le viol n’est pas du cinéma » ou encore « J’accuse Polanski ». Sylvie Badoux, adjointe au maire de Bondy et vice-présidente d’Est Ensemble, était également intervenue devant ses pairs : « Oui, il y a urgence ! Ce soir, nous sommes nombreuses et nombreux à dire J’accuse… et à dire stop à la culture du viol ! », avait-elle déclaré.

Devant la virulence des paroles exprimées, et par ailleurs confronté au silence d’autres élus, Gérard Cosme, qui avait préalablement exprimé son souhait de maintenir J’accuse à l’affiche afin de « laisser la liberté de programmation artistique aux directeurs des équipements », avait alors cédé. Sans qu’il y ait de vote, mais choisissant de prendre en considération les différentes interventions, le président d’Est Ensemble avait déclaré déprogrammer le film dans les six salles concernées. A savoir : le Ciné 104 à Pantin, le Ciné Malraux à Bondy, le Cin’Hoche à Bagnolet, l’Ecran nomade à Bobigny, le Méliès à Montreuil et le Trianon à Romainville - Noisy-le-Sec. Les choses n’allaient cependant pas en rester là.

« Les limites d’une telle logique »

Les élus, qui, durant le conseil, ne s’étaient pas manifestés dans le climat passionnel, ont choisi de le faire en privé. Ils ont alors exprimé auprès de Gérard Cosme leur désapprobation face à la décision prise et l’ont alerté des conséquences que pouvait engendrer cet acte de prise en main par le politique de la programmation d’un cinéma. Une réaction prise en compte par le président qui a souhaité s’accorder encore un temps de réflexion et a choisi d’entendre l’avis des directeurs des six salles.

Après avoir rencontré ces derniers, mercredi 20 novembre, et avoir entendu leurs arguments en faveur de la programmation de J’accuse, Gérard Cosme a finalement décidé de lever sa consigne de retrait du film. « Nous avons bien expliqué les limites d’une telle logique, souligne Stéphane Goudet, directeur du cinéma Méliès de Montreuil. Sur quels critères allions-nous désormais vouloir interdire la sortie en salles d’un film ? Donner à voir J’accuse ne contredit en rien notre soutien au combat mené par les femmes, et nos engagements auprès d’associations féministes avec lesquelles, d’ailleurs, nous organisons des débats, comme il est prévu de le faire vendredi soir au Méliès autour du film de Polanski ».

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