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Exclusif - Roman Polanski : "On essaie de faire de moi un monstre" - Paris Match

Alors que «J'Accuse», son dernier film, remplit les salles, le metteur en scène Roman Polanski est à nouveau mis en cause dans une affaire de viol. Pour la première fois, il prend la parole et répond point par point. Premiers extraits. 

Paris Match. Parlons des attaques qui vous visent. L’ex-mannequin et comédienne Valentine Monnier vous accuse de l’avoir violée à Gstaad, en 1975. Vous souvenez-vous d’elle ?
Roman Polanski. A peine. Et je n’ai évidemment aucun souvenir de ce qu’elle raconte, puisque c’est faux. Je le nie absolument. Son visage sur les photos publiées me dit quelque chose, pas plus. Elle raconte qu’une amie l’avait invitée à passer quelques jours chez moi, mais elle ne se souvient plus qui c’était ! C’est facile d’accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d’années, et lorsqu’on est certain qu’il ne peut y avoir de procédure judiciaire pour me disculper.

Lire aussi :Le "J'accuse" de Roman Polanski

Elle vous accuse également de l’avoir battue…
C’est délirant ! Je ne frappe pas les femmes ! Sans doute les accusations de viol ne font plus assez sensation, il fallait en ajouter une couche. Elle raconte [au journal “Le Parisien”] que je lui aurais demandé sur un télésiège : “Do you want to fuck ?” Pourquoi en anglais ? Elle prend à témoin trois de mes amis, présents au chalet : mon assistant Hercules Bellville, Gérard Brach et sa femme, Elizabeth. Les deux premiers sont morts – c’est commode, ils ne peuvent plus confirmer ni réfuter les propos qu’elle leur prête. Quant à Mme Brach, le journal ne l’a pas trouvée. Restent le voisin d’en face, John Bentley, qui “ne se souvient pas que Valentine lui ait parlé de viol”, mais qui a une théorie sur mes prétendus “problèmes psychologiques avec les femmes”, et un autre mystérieux voisin qui tient à garder l’anonymat – que craint-il ? Et quelques témoins encore plus indirects qu’un tribunal aurait rejetés mais que le journal reproduit sans réserve. Cette histoire est aberrante.

(…)

Le mouvement #MeToo est né des accusations de dizaines de femmes envers le producteur Harvey Weinstein. Aviez-vous connaissance de son comportement dans le monde du cinéma ?
Je n’ai jamais eu aucun lien avec lui. Je l’ai croisé deux ou trois fois. Weinstein avait la réputation d’un requin dans les affaires, mais je ne savais rien de ses histoires avec les femmes. J’ai été très surpris par l’avalanche d’accusations, une farandole de visages familiers. Je sais en revanche que, en 2003, Weinstein a paniqué lorsque “Le pianiste” a reçu deux récompenses aux Bafta, les Oscars britanniques, dont celle du meilleur film. Weinstein, qui avait deux films nommés aux Oscars, a aussitôt lancé une campagne pour empêcher que la même chose ne se reproduise à Hollywood. C’est lui qui a déterré mon affaire avec Samantha, vieille de vingt-six ans et qui, à l’époque, n’intéressait plus personne, et son attaché de presse a été le premier à me traiter de “violeur d’enfants”. Le paradoxe, c’est que “Le pianiste” n’a pas obtenu l’Oscar du meilleur film, prix qui va au producteur, mais moi j’ai eu celui du meilleur réalisateur ! Harrison Ford l’a accepté en mon nom, devant toute la salle debout.

(…)

"

J’ai commis une faute et c’est ma famille qui en paie le prix

"

Vous considérez-vous comme une victime ?
Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre. Je me suis habitué à la calomnie, ma peau s’est épaissie, endurcie comme une carapace. Mais pour mes enfants, pour Emmanuelle, c’est épouvantable. C’est pour eux que je parle ; pour moi, je n’espère même plus changer le cours des choses. Ils souffrent énormément. Ils reçoivent des insultes, des menaces sur les réseaux sociaux. Les enfants me le cachent pour me protéger, mais je l’apprends par Emmanuelle – de toute façon, y a-t-il encore des secrets de nos jours ? Bien sûr, je suis responsable. En 1977, j’ai commis une faute et c’est ma famille qui en paie le prix presque un demi-siècle plus tard. Les médias se sont jetés sur moi avec une violence inouïe. Ils s’emparent de chaque nouvelle fausse accusation, même absurde et sans substance, car elle leur permet de ranimer cette histoire. C’est comme une malédiction qui revient et je ne peux rien y faire…

Ce dont vous parlez, c’est l’affaire Samantha Geimer. Une adolescente de 13 ans qui vous a accusé, en 1977, de l’avoir droguée et violée dans la villa de Jack Nicholson à Hollywood. Vous avez plaidé coupable dans cette affaire, puis dans votre autobiographie, parue en 1984, vous avez écrit avoir été condamné “pour avoir fait l’amour”. Regrettez-vous cela aussi ?
Ce n’est pas Samantha mais le procureur qui m’a accusé de ces délits, et je n’ai jamais plaidé coupable pour ces chefs d’accusation. J’ai plaidé coupable pour un rapport illicite avec une mineure. Samantha et moi seuls savons ce qui s’est passé ce jour-là. Je ne veux plus y revenir. Quoi que j’aie fait, de quelque manière que ce soit, c’est profondément regrettable. Je l’ai dit de nombreuses fois, je l’ai écrit à Samantha avec qui je maintiens un contact, elle le sait. Elle et sa famille ont souffert par ma faute, et malgré moi ça continue. Chaque fois qu’on lance un nouveau mensonge contre moi, on revient à elle. Alors qu’à l’origine, si le procureur a proposé un accord, c’était pour lui éviter un procès. Sa famille ne voulait pas que son nom soit publié. Mais leur nom est sorti et, depuis, elle vit l’enfer. Cela fait des années qu’elle demande qu’on referme les poursuites qui me visent. Elle a écrit plusieurs fois au procureur pour lui expliquer que le traumatisme que lui cause le “cirque médiatique” est bien pire que ce que je lui ai fait subir. Personne n’en tient compte !

Retrouvez l'intégralité de notre grand entretien exclusif dans le numéro 3685 de Paris Match. En vente dans les kiosques et sur iPad.

Toute reproduction interdite

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Alors que «J'Accuse», son dernier film, remplit les salles, le metteur en scène Roman Polanski est à nouveau mis en cause dans une affaire de viol. Pour la première fois, il prend la parole et répond point par point. Premiers extraits. 

Paris Match. Parlons des attaques qui vous visent. L’ex-mannequin et comédienne Valentine Monnier vous accuse de l’avoir violée à Gstaad, en 1975. Vous souvenez-vous d’elle ?
Roman Polanski. A peine. Et je n’ai évidemment aucun souvenir de ce qu’elle raconte, puisque c’est faux. Je le nie absolument. Son visage sur les photos publiées me dit quelque chose, pas plus. Elle raconte qu’une amie l’avait invitée à passer quelques jours chez moi, mais elle ne se souvient plus qui c’était ! C’est facile d’accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d’années, et lorsqu’on est certain qu’il ne peut y avoir de procédure judiciaire pour me disculper.

Lire aussi :Le "J'accuse" de Roman Polanski

Elle vous accuse également de l’avoir battue…
C’est délirant ! Je ne frappe pas les femmes ! Sans doute les accusations de viol ne font plus assez sensation, il fallait en ajouter une couche. Elle raconte [au journal “Le Parisien”] que je lui aurais demandé sur un télésiège : “Do you want to fuck ?” Pourquoi en anglais ? Elle prend à témoin trois de mes amis, présents au chalet : mon assistant Hercules Bellville, Gérard Brach et sa femme, Elizabeth. Les deux premiers sont morts – c’est commode, ils ne peuvent plus confirmer ni réfuter les propos qu’elle leur prête. Quant à Mme Brach, le journal ne l’a pas trouvée. Restent le voisin d’en face, John Bentley, qui “ne se souvient pas que Valentine lui ait parlé de viol”, mais qui a une théorie sur mes prétendus “problèmes psychologiques avec les femmes”, et un autre mystérieux voisin qui tient à garder l’anonymat – que craint-il ? Et quelques témoins encore plus indirects qu’un tribunal aurait rejetés mais que le journal reproduit sans réserve. Cette histoire est aberrante.

(…)

Le mouvement #MeToo est né des accusations de dizaines de femmes envers le producteur Harvey Weinstein. Aviez-vous connaissance de son comportement dans le monde du cinéma ?
Je n’ai jamais eu aucun lien avec lui. Je l’ai croisé deux ou trois fois. Weinstein avait la réputation d’un requin dans les affaires, mais je ne savais rien de ses histoires avec les femmes. J’ai été très surpris par l’avalanche d’accusations, une farandole de visages familiers. Je sais en revanche que, en 2003, Weinstein a paniqué lorsque “Le pianiste” a reçu deux récompenses aux Bafta, les Oscars britanniques, dont celle du meilleur film. Weinstein, qui avait deux films nommés aux Oscars, a aussitôt lancé une campagne pour empêcher que la même chose ne se reproduise à Hollywood. C’est lui qui a déterré mon affaire avec Samantha, vieille de vingt-six ans et qui, à l’époque, n’intéressait plus personne, et son attaché de presse a été le premier à me traiter de “violeur d’enfants”. Le paradoxe, c’est que “Le pianiste” n’a pas obtenu l’Oscar du meilleur film, prix qui va au producteur, mais moi j’ai eu celui du meilleur réalisateur ! Harrison Ford l’a accepté en mon nom, devant toute la salle debout.

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J’ai commis une faute et c’est ma famille qui en paie le prix

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Vous considérez-vous comme une victime ?
Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre. Je me suis habitué à la calomnie, ma peau s’est épaissie, endurcie comme une carapace. Mais pour mes enfants, pour Emmanuelle, c’est épouvantable. C’est pour eux que je parle ; pour moi, je n’espère même plus changer le cours des choses. Ils souffrent énormément. Ils reçoivent des insultes, des menaces sur les réseaux sociaux. Les enfants me le cachent pour me protéger, mais je l’apprends par Emmanuelle – de toute façon, y a-t-il encore des secrets de nos jours ? Bien sûr, je suis responsable. En 1977, j’ai commis une faute et c’est ma famille qui en paie le prix presque un demi-siècle plus tard. Les médias se sont jetés sur moi avec une violence inouïe. Ils s’emparent de chaque nouvelle fausse accusation, même absurde et sans substance, car elle leur permet de ranimer cette histoire. C’est comme une malédiction qui revient et je ne peux rien y faire…

Ce dont vous parlez, c’est l’affaire Samantha Geimer. Une adolescente de 13 ans qui vous a accusé, en 1977, de l’avoir droguée et violée dans la villa de Jack Nicholson à Hollywood. Vous avez plaidé coupable dans cette affaire, puis dans votre autobiographie, parue en 1984, vous avez écrit avoir été condamné “pour avoir fait l’amour”. Regrettez-vous cela aussi ?
Ce n’est pas Samantha mais le procureur qui m’a accusé de ces délits, et je n’ai jamais plaidé coupable pour ces chefs d’accusation. J’ai plaidé coupable pour un rapport illicite avec une mineure. Samantha et moi seuls savons ce qui s’est passé ce jour-là. Je ne veux plus y revenir. Quoi que j’aie fait, de quelque manière que ce soit, c’est profondément regrettable. Je l’ai dit de nombreuses fois, je l’ai écrit à Samantha avec qui je maintiens un contact, elle le sait. Elle et sa famille ont souffert par ma faute, et malgré moi ça continue. Chaque fois qu’on lance un nouveau mensonge contre moi, on revient à elle. Alors qu’à l’origine, si le procureur a proposé un accord, c’était pour lui éviter un procès. Sa famille ne voulait pas que son nom soit publié. Mais leur nom est sorti et, depuis, elle vit l’enfer. Cela fait des années qu’elle demande qu’on referme les poursuites qui me visent. Elle a écrit plusieurs fois au procureur pour lui expliquer que le traumatisme que lui cause le “cirque médiatique” est bien pire que ce que je lui ai fait subir. Personne n’en tient compte !

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