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Ladj Ly, réalisateur des «Misérables», condamné à la prison : trois questions sur la polémique - Le Parisien

Ladj Ly part en guerre contre Causeur et Valeurs actuelles. Le réalisateur des « Misérables » annonce porter plainte pour « diffamation » et « diffamation raciale » contre les deux magazines, ce jeudi, via un communiqué de ses avocats, Me Hervé Temime et Julia Minkowski, relayé dans Le Monde.

Dans un article paru deux jours plus tôt, Causeur titrait sur un « scoop » : « Ladj Ly a fait de la prison pour complicité de tentative de meurtre ». En fait de scoop, un jugement vieux de 2011, à la retranscription erronée, déjà rapporté, à l'époque, dans nos colonnes.

Reste que cette affaire vient gripper la dynamique du succès engendré par « Les Misérables » et ses plus 1,4 millions de tickets vendus. Et altère potentiellement les chances du réalisateur dans sa course aux Oscars, où il est en lice dans la catégorie du meilleur film international. Explications.

Pour quels motifs Ladj Ly a-t-il été condamné ?

Contrairement à l'information mise en avant par Causeur et reprise sans conditionnel, jusqu'à une récente mise à jour, par « Valeurs actuelles, le réalisateur originaire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) n'a pas été condamné pour « tentative de meurtre ».

Comme le relève Libération et le confirme Le Monde, Ladj Ly, alors connu comme voix des cités contre les violences policières, a été condamné le 2 mars 2011 à Bobigny à trois ans d'emprisonnement pour enlèvement et séquestration.

Dans ce dossier, pour lequel il a toujours clamé son innocence, le futur réalisateur a un temps été également mis en examen pour tentative d'assassinat et violences aggravées. Des poursuites abandonnées à l'issue de l'instruction.

Qu'est-il reproché à Ladj Ly ?

Le réalisateur apparaît en marge d'une expédition d'intimidation menée en 2009 par l'un de ses proches.

À l'époque, cet ami, Amad Ly, soupçonne le mari de sa cousine d'avoir entrepris sa jeune sœur enceinte, comme des rumeurs le laissent croire. Emmené par Amad Ly, son frère Mamoudou et leur ami Ladj Ly, le mari présumé infidèle est confronté à la jeune femme, puis frappé en bordure de route par les deux frères.

Ladj Ly et Mamoudou seraient alors rentrés chez eux, pensant l'affaire réglée. Seulement, Amad Ly, un éducateur distingué après les émeutes de 2005 par le prix de l'éthique et la médaille de la ville de Clichy, se serait enfoncé, une fois seul, dans ce climat de violence, plaçant sa victime dans le coffre de sa voiture avant de la menacer de mort. L'homme parviendra finalement à s'échapper avant d'être recueilli, transi de froid et de peur, par un fermier de Seine-et-Marne.

Après le procès en première instance, un second procès en appel a eu lieu, en 2012. Amad Ly a été condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis. Son frère, Mamoudou, et le futur réalisateur ont écopé, eux, de trois ans dont un avec sursis. À aucun moment, contrairement à ce qu'allègue Causeur, n'est alors évoqué de motif religieux.

Au cours de cette audience, suivie par Le Parisien (l'article n'est plus disponible en ligne), Ladj Ly était le seul protagoniste à continuer de se dire innocent : « J'ai tout fait pour qu'il n'y ait pas de violences, fait-il valoir. Tout le monde était énervé, il fallait régler ça avant que ça ne prenne des proportions énormes… De médiateur, je passe à coupable ».

Quelles répercussions la polémique peut-elle avoir sur les Oscars ?

Cette mauvaise publicité intervient au moment où « Les Misérables », le premier long-métrage du réalisateur, est plus proche que jamais des Oscars. Présélectionné par le CNC pour représenter la France au prestigieux festival de cinéma, ce drame policier inspiré de l'histoire de Ladj Ly figure désormais parmi les 10 demi-finalistes de l'Oscar du meilleur film international.

Récompensé à Cannes du prix du jury, le film, qui raconte le quotidien d'une brigade de la BAC dans un quartier sensible de Seine-Saint-Denis, pourrait voir son avenir compromis par la lumière que jette la polémique sur le passé judiciaire du réalisateur.

« Les Misérables » prix du jury à Cannes, « une jolie surprise pour Ladj Ly et Clichy-Montfermeil »

Avant l'affaire du raid vengeur mené par son ami, Ladj Ly avait déjà eu affaire avec les tribunaux pour une vidéo comportant des commentaires outrageants à l'égard de policiers qu'il avait filmés en intervention, à renfort de gaz lacrymogène et de flash-ball, en août 2009.

En 2010, le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine, avait également déposé plainte à son encontre pour outrages, violences et menaces. Alors qu'un incendie d'un immeuble avait coûté la vie d'une de ses petites-cousines, Ladj Ly s'en était pris à l'édile, lui reprochant les conditions de relogement des sinistrés.

Il l'aurait notamment traité de « bon à rien », de « vermine » et de « lâche », voire, selon la plainte du maire, l'aurait attrapé par le col, ce que l'intéressé réfute. Une amende avait été requise.

Des années plus tard, les deux hommes se sont affichés ensemble tout sourire, mi-novembre, l'élu comparant même à un « Victor Hugo » des « réalités sociales » le cinéaste auréolé de son succès. Ce même succès qui lui vaut désormais de voir les projecteurs se braquer sur son embarrassant passé.

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Ladj Ly part en guerre contre Causeur et Valeurs actuelles. Le réalisateur des « Misérables » annonce porter plainte pour « diffamation » et « diffamation raciale » contre les deux magazines, ce jeudi, via un communiqué de ses avocats, Me Hervé Temime et Julia Minkowski, relayé dans Le Monde.

Dans un article paru deux jours plus tôt, Causeur titrait sur un « scoop » : « Ladj Ly a fait de la prison pour complicité de tentative de meurtre ». En fait de scoop, un jugement vieux de 2011, à la retranscription erronée, déjà rapporté, à l'époque, dans nos colonnes.

Reste que cette affaire vient gripper la dynamique du succès engendré par « Les Misérables » et ses plus 1,4 millions de tickets vendus. Et altère potentiellement les chances du réalisateur dans sa course aux Oscars, où il est en lice dans la catégorie du meilleur film international. Explications.

Pour quels motifs Ladj Ly a-t-il été condamné ?

Contrairement à l'information mise en avant par Causeur et reprise sans conditionnel, jusqu'à une récente mise à jour, par « Valeurs actuelles, le réalisateur originaire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) n'a pas été condamné pour « tentative de meurtre ».

Comme le relève Libération et le confirme Le Monde, Ladj Ly, alors connu comme voix des cités contre les violences policières, a été condamné le 2 mars 2011 à Bobigny à trois ans d'emprisonnement pour enlèvement et séquestration.

Dans ce dossier, pour lequel il a toujours clamé son innocence, le futur réalisateur a un temps été également mis en examen pour tentative d'assassinat et violences aggravées. Des poursuites abandonnées à l'issue de l'instruction.

Qu'est-il reproché à Ladj Ly ?

Le réalisateur apparaît en marge d'une expédition d'intimidation menée en 2009 par l'un de ses proches.

À l'époque, cet ami, Amad Ly, soupçonne le mari de sa cousine d'avoir entrepris sa jeune sœur enceinte, comme des rumeurs le laissent croire. Emmené par Amad Ly, son frère Mamoudou et leur ami Ladj Ly, le mari présumé infidèle est confronté à la jeune femme, puis frappé en bordure de route par les deux frères.

Ladj Ly et Mamoudou seraient alors rentrés chez eux, pensant l'affaire réglée. Seulement, Amad Ly, un éducateur distingué après les émeutes de 2005 par le prix de l'éthique et la médaille de la ville de Clichy, se serait enfoncé, une fois seul, dans ce climat de violence, plaçant sa victime dans le coffre de sa voiture avant de la menacer de mort. L'homme parviendra finalement à s'échapper avant d'être recueilli, transi de froid et de peur, par un fermier de Seine-et-Marne.

Après le procès en première instance, un second procès en appel a eu lieu, en 2012. Amad Ly a été condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis. Son frère, Mamoudou, et le futur réalisateur ont écopé, eux, de trois ans dont un avec sursis. À aucun moment, contrairement à ce qu'allègue Causeur, n'est alors évoqué de motif religieux.

Au cours de cette audience, suivie par Le Parisien (l'article n'est plus disponible en ligne), Ladj Ly était le seul protagoniste à continuer de se dire innocent : « J'ai tout fait pour qu'il n'y ait pas de violences, fait-il valoir. Tout le monde était énervé, il fallait régler ça avant que ça ne prenne des proportions énormes… De médiateur, je passe à coupable ».

Quelles répercussions la polémique peut-elle avoir sur les Oscars ?

Cette mauvaise publicité intervient au moment où « Les Misérables », le premier long-métrage du réalisateur, est plus proche que jamais des Oscars. Présélectionné par le CNC pour représenter la France au prestigieux festival de cinéma, ce drame policier inspiré de l'histoire de Ladj Ly figure désormais parmi les 10 demi-finalistes de l'Oscar du meilleur film international.

Récompensé à Cannes du prix du jury, le film, qui raconte le quotidien d'une brigade de la BAC dans un quartier sensible de Seine-Saint-Denis, pourrait voir son avenir compromis par la lumière que jette la polémique sur le passé judiciaire du réalisateur.

« Les Misérables » prix du jury à Cannes, « une jolie surprise pour Ladj Ly et Clichy-Montfermeil »

Avant l'affaire du raid vengeur mené par son ami, Ladj Ly avait déjà eu affaire avec les tribunaux pour une vidéo comportant des commentaires outrageants à l'égard de policiers qu'il avait filmés en intervention, à renfort de gaz lacrymogène et de flash-ball, en août 2009.

En 2010, le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine, avait également déposé plainte à son encontre pour outrages, violences et menaces. Alors qu'un incendie d'un immeuble avait coûté la vie d'une de ses petites-cousines, Ladj Ly s'en était pris à l'édile, lui reprochant les conditions de relogement des sinistrés.

Il l'aurait notamment traité de « bon à rien », de « vermine » et de « lâche », voire, selon la plainte du maire, l'aurait attrapé par le col, ce que l'intéressé réfute. Une amende avait été requise.

Des années plus tard, les deux hommes se sont affichés ensemble tout sourire, mi-novembre, l'élu comparant même à un « Victor Hugo » des « réalités sociales » le cinéaste auréolé de son succès. Ce même succès qui lui vaut désormais de voir les projecteurs se braquer sur son embarrassant passé.

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