
Couronner Miss France, une jeune femme aux longues jambes en maillot de bain, peut paraître assez décalé en 2019, et difficilement éviter les procès en ringardise, sinon en sexisme. Mais si les audiences s’érodent depuis une quinzaine d’années, cette grand-messe continue de rassembler près de 7,5 millions de téléspectateurs, soit autant qu’un match de l’équipe de France de football.
Miss France 2020 sera élue samedi 14 décembre, à Marseille, lors d’une cérémonie retransmise, comme chaque année, sur TF1, et présentée, comme c’est le cas depuis vingt-cinq ans, par Jean-Pierre Foucault.
Contrairement à l’édition 2019, le jury ne sera pas 100 % féminin. Il sera présidé par la capitaine de l’équipe de France féminine de football, Amandine Henry, composé de trois autres femmes (dont la comédienne Laëtitia Milot), et de trois hommes (dont le pâtissier Christophe Michalak). Jean-Pierre Foucault sera accompagné de la directrice générale des Miss France, Sylvie Tellier, et accueillera en invité d’honneur le chanteur britannique Robbie Williams.
Comme chaque année, les votes des téléspectateurs de TF1 pour élire la gagnante devraient se compter par millions : la soirée des Miss France reste un gros enjeu pour la chaîne et la société Endemol, qui produit le spectacle. En 2018, la cérémonie a décroché la deuxième meilleure audience de l’année (7,3 millions de téléspectateurs), toutes chaînes confondues.
Etonnamment, les 15-24 ans y sont surreprésentés (68 %), alors que la moyenne d’âge des téléspectateurs (pour la télévision linéaire) est actuellement de 53 ans (chiffres Médiamétrie) et ne cesse d’augmenter. 47 % des téléspectateurs étaient des femmes de moins de 50 ans, catégorie préférée des annonceurs de par son poids, traditionnellement déterminant, dans les décisions d’achat au sein des foyers. Même avec une audience en baisse, l’élection de Miss France reste donc une excellente opération. Le chiffre d’affaires publicitaire tournerait ces dernières années autour des 5 millions d’euros, selon des estimations de cabinets indépendants.
Avalanche attendue de commentaires « hyper dégradants »
Ces scores désolent l’association Osez le féminisme ! Malgré la prise de conscience de la société en matière de harcèlement sexuel ou de violences faites aux femmes, « on est un peu désespérés et on voit qu’on n’avance pas tant que ça », juge Céline Picq, l’une de ses porte-paroles. L’association s’alarme notamment de l’avalanche attendue de commentaires « hyper dégradants » sur les réseaux sociaux, lors de l’émission.
Localement, l’attribution d’une subvention de 150 000 euros à l’organisation du concours par la mairie de Marseille a été dénoncée par la gauche, le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola y voyant la promotion sur fonds publics d’une « vision rétrograde des femmes ». Le maire Les Républicains, Jean-Claude Gaudin, promet, lui, des « retombées économiques importantes » pour la ville en termes d’image.
Début décembre, l’animateur Laurent Ruquier avait ouvert un nouveau front, par un appel au boycott, qui serait « un bon début » selon lui : « Puisqu’il faut arrêter de regarder les femmes comme des objets, cessez de les juger sur leur physique, et de systématiquement privilégier les plus jolies », a-t-il déclaré dans son émission « On n’est pas couché ». Ruquier, dont l’émission « Les Grosses Têtes refont l’année » sur France 2 est en concurrence directe avec Miss France samedi soir, a ensuite rétropédalé sur Twitter, plaidant le « deuxième degré ».
« Miss France ne parle pas au même public que #metoo »
Du côté de Miss France, les organisateurs insistent sur les « personnalités » ou les « histoires » des candidates. « J’aimerais répondre aux féministes que peu importe la manière dont on accède à la célébrité. Etre une femme, c’est être libre », a déclaré Sylvie Tellier, fin novembre. Miss France 2019, Vaimalama Chaves abonde : « En tant que femme, je revendique le droit de participer à un concours comme celui-ci. Est-ce que ce ne serait pas contradictoire de vouloir défendre les droits des femmes tout en les privant de cette liberté ? »
Plutôt que de brosser le portrait de la future bonne ménagère, le concours s’attache depuis plusieurs années à montrer des têtes bien faites et bien pleines – avec l’épreuve de culture générale par exemple –, et surfe sur la vague de la télé-réalité avec une partie importante de l’émission consacrée aux épreuves de sélection.
A l’heure de #metoo, le succès persistant de Miss France pourrait donc être un révélateur des différences d’approche au sein de la société en matière de sexisme. C’est le constat de Séverine Barthes, maîtresse de conférences à l’université Sorbonne-Nouvelle : « Miss France ne parle pas au même public que #metoo, (…) qui ne touche qu’une minorité de gens, souvent diplômés, souvent parisiens. »

Couronner Miss France, une jeune femme aux longues jambes en maillot de bain, peut paraître assez décalé en 2019, et difficilement éviter les procès en ringardise, sinon en sexisme. Mais si les audiences s’érodent depuis une quinzaine d’années, cette grand-messe continue de rassembler près de 7,5 millions de téléspectateurs, soit autant qu’un match de l’équipe de France de football.
Miss France 2020 sera élue samedi 14 décembre, à Marseille, lors d’une cérémonie retransmise, comme chaque année, sur TF1, et présentée, comme c’est le cas depuis vingt-cinq ans, par Jean-Pierre Foucault.
Contrairement à l’édition 2019, le jury ne sera pas 100 % féminin. Il sera présidé par la capitaine de l’équipe de France féminine de football, Amandine Henry, composé de trois autres femmes (dont la comédienne Laëtitia Milot), et de trois hommes (dont le pâtissier Christophe Michalak). Jean-Pierre Foucault sera accompagné de la directrice générale des Miss France, Sylvie Tellier, et accueillera en invité d’honneur le chanteur britannique Robbie Williams.
Comme chaque année, les votes des téléspectateurs de TF1 pour élire la gagnante devraient se compter par millions : la soirée des Miss France reste un gros enjeu pour la chaîne et la société Endemol, qui produit le spectacle. En 2018, la cérémonie a décroché la deuxième meilleure audience de l’année (7,3 millions de téléspectateurs), toutes chaînes confondues.
Etonnamment, les 15-24 ans y sont surreprésentés (68 %), alors que la moyenne d’âge des téléspectateurs (pour la télévision linéaire) est actuellement de 53 ans (chiffres Médiamétrie) et ne cesse d’augmenter. 47 % des téléspectateurs étaient des femmes de moins de 50 ans, catégorie préférée des annonceurs de par son poids, traditionnellement déterminant, dans les décisions d’achat au sein des foyers. Même avec une audience en baisse, l’élection de Miss France reste donc une excellente opération. Le chiffre d’affaires publicitaire tournerait ces dernières années autour des 5 millions d’euros, selon des estimations de cabinets indépendants.
Avalanche attendue de commentaires « hyper dégradants »
Ces scores désolent l’association Osez le féminisme ! Malgré la prise de conscience de la société en matière de harcèlement sexuel ou de violences faites aux femmes, « on est un peu désespérés et on voit qu’on n’avance pas tant que ça », juge Céline Picq, l’une de ses porte-paroles. L’association s’alarme notamment de l’avalanche attendue de commentaires « hyper dégradants » sur les réseaux sociaux, lors de l’émission.
Localement, l’attribution d’une subvention de 150 000 euros à l’organisation du concours par la mairie de Marseille a été dénoncée par la gauche, le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola y voyant la promotion sur fonds publics d’une « vision rétrograde des femmes ». Le maire Les Républicains, Jean-Claude Gaudin, promet, lui, des « retombées économiques importantes » pour la ville en termes d’image.
Début décembre, l’animateur Laurent Ruquier avait ouvert un nouveau front, par un appel au boycott, qui serait « un bon début » selon lui : « Puisqu’il faut arrêter de regarder les femmes comme des objets, cessez de les juger sur leur physique, et de systématiquement privilégier les plus jolies », a-t-il déclaré dans son émission « On n’est pas couché ». Ruquier, dont l’émission « Les Grosses Têtes refont l’année » sur France 2 est en concurrence directe avec Miss France samedi soir, a ensuite rétropédalé sur Twitter, plaidant le « deuxième degré ».
« Miss France ne parle pas au même public que #metoo »
Du côté de Miss France, les organisateurs insistent sur les « personnalités » ou les « histoires » des candidates. « J’aimerais répondre aux féministes que peu importe la manière dont on accède à la célébrité. Etre une femme, c’est être libre », a déclaré Sylvie Tellier, fin novembre. Miss France 2019, Vaimalama Chaves abonde : « En tant que femme, je revendique le droit de participer à un concours comme celui-ci. Est-ce que ce ne serait pas contradictoire de vouloir défendre les droits des femmes tout en les privant de cette liberté ? »
Plutôt que de brosser le portrait de la future bonne ménagère, le concours s’attache depuis plusieurs années à montrer des têtes bien faites et bien pleines – avec l’épreuve de culture générale par exemple –, et surfe sur la vague de la télé-réalité avec une partie importante de l’émission consacrée aux épreuves de sélection.
A l’heure de #metoo, le succès persistant de Miss France pourrait donc être un révélateur des différences d’approche au sein de la société en matière de sexisme. C’est le constat de Séverine Barthes, maîtresse de conférences à l’université Sorbonne-Nouvelle : « Miss France ne parle pas au même public que #metoo, (…) qui ne touche qu’une minorité de gens, souvent diplômés, souvent parisiens. »
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