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Réforme des retraites : cinq minutes pour comprendre la grève à l’Opéra de Paris - Le Parisien

Un ballet hors les murs. Mardi, à quelques heures du réveillon de Noël, une quarantaine de danseuses de l'Opéra de Paris ont offert plusieurs tableaux du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski sur le parvis du palais Garnier. Une nouvelle action spectaculaire de la part de ces artistes protestant contre une réforme des retraites qui sonnerait le glas de leur régime spécial pluriséculaire.

Quelles sont les particularités de ce régime ?

Avec la Comédie-Française, l'Opéra national de Paris est la seule institution culturelle à disposer d'un régime spécial de retraite. Il ne concerne pas les autres opéras de province ou des établissements comme la Philharmonie de Paris. Ce particularisme n'est pas nouveau : ses origines remontent au règne de Louis XIV.

Grâce à ce régime, les salariés de l'Opéra de Paris peuvent prendre leur retraite bien avant l'âge légal de départ de 62 ans. Les artistes du chœur peuvent partir à 50 ans, tandis que les musiciens de l'orchestre doivent attendre d'avoir 60 ans. Quant aux danseurs, la retraite peut intervenir encore plus tôt, dès l'âge de 42 ans.

Les danseuses de l'Opéra interprètent le « Lac des cygnes » devant le Palais Garnier

Le degré d'exigence et les conséquences de leur activité sur le corps sont tels que cet avantage tiendrait surtout de la nécessité pour les danseurs. « Avec cinq heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs aux genoux […] », expliquait mardi à l'AFP Éloïse Jocqueviel, 23 ans, sur le parvis du palais Garnier.

Combien de personnes sont concernées ?

Le régime spécial de l'Opéra de Paris concerne un peu moins de 2000 salariés. D'après les derniers chiffres de la caisse de retraite des personnels de l'Opéra national de Paris, le régime comptait exactement 1894 cotisants pour 1811 pensionnés (en comptant les pensions de réversion).

Parmi tous ces cotisants, environ 10 % sont des danseurs. Un sur huit est chanteur, qu'il soit artiste lyrique ou donne de la voix dans les chœurs, et un sur cinq est musicien. Tous les autres sont des techniciens ou occupent un poste administratif.

Comment est financé ce régime de retraites ?

L'année dernière, le régime de retraite affichait un déficit légèrement supérieur à un million d'euros. Les dépenses s'élevaient à 28,5 millions d'euros, la quasi-intégralité (97 %) servant au versement des pensions, contre 27,4 millions d'euros de recettes.

D'où proviennent-elles ? Il y a d'abord les cotisations des salariés de l'Opéra de Paris. Elles représentent 12,5 millions d'euros (46 %) du total. Environ 900 000 euros sont également tirés de droits sur les places vendues : 1,3 % des recettes de billetterie est ainsi destiné au financement des retraites.

Pour garantir l'équilibre du régime, l'Etat met également la main à la poche, comme le prévoit une loi datant du 14 janvier 1939. Il assure un peu plus de la moitié du financement. En 2018, le montant de cette subvention s'élevait à 14 millions d'euros.

Quels effets la grève a-t-elle sur les spectacles donnés à Bastille et Garnier ?

Une quarantaine de représentations d'opéras et de ballets ont dû être annulées depuis le début du mouvement. Prévue ce mercredi soir, la représentation du ballet « Raymonda » n'aura pas lieu à l'Opéra Bastille. Les spectateurs qui comptaient y assister peuvent échanger leur billet pour un autre spectacle prévu cette saison ou se faire rembourser leurs places.

Chaque spectacle annulé représente un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d'euros pour l'Opéra de Paris. À titre d'exemple, l'annulation d'une représentation de l'opéra « Le Prince Igor » à Bastille entraîne en moyenne une perte de 358 000 euros en billetterie, explique l'Opéra de Paris. Au total, l'institution affirme à ce jour avoir perdu 8 millions d'euros de recettes depuis le début de la grève.

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Un ballet hors les murs. Mardi, à quelques heures du réveillon de Noël, une quarantaine de danseuses de l'Opéra de Paris ont offert plusieurs tableaux du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski sur le parvis du palais Garnier. Une nouvelle action spectaculaire de la part de ces artistes protestant contre une réforme des retraites qui sonnerait le glas de leur régime spécial pluriséculaire.

Quelles sont les particularités de ce régime ?

Avec la Comédie-Française, l'Opéra national de Paris est la seule institution culturelle à disposer d'un régime spécial de retraite. Il ne concerne pas les autres opéras de province ou des établissements comme la Philharmonie de Paris. Ce particularisme n'est pas nouveau : ses origines remontent au règne de Louis XIV.

Grâce à ce régime, les salariés de l'Opéra de Paris peuvent prendre leur retraite bien avant l'âge légal de départ de 62 ans. Les artistes du chœur peuvent partir à 50 ans, tandis que les musiciens de l'orchestre doivent attendre d'avoir 60 ans. Quant aux danseurs, la retraite peut intervenir encore plus tôt, dès l'âge de 42 ans.

Les danseuses de l'Opéra interprètent le « Lac des cygnes » devant le Palais Garnier

Le degré d'exigence et les conséquences de leur activité sur le corps sont tels que cet avantage tiendrait surtout de la nécessité pour les danseurs. « Avec cinq heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs aux genoux […] », expliquait mardi à l'AFP Éloïse Jocqueviel, 23 ans, sur le parvis du palais Garnier.

Combien de personnes sont concernées ?

Le régime spécial de l'Opéra de Paris concerne un peu moins de 2000 salariés. D'après les derniers chiffres de la caisse de retraite des personnels de l'Opéra national de Paris, le régime comptait exactement 1894 cotisants pour 1811 pensionnés (en comptant les pensions de réversion).

Parmi tous ces cotisants, environ 10 % sont des danseurs. Un sur huit est chanteur, qu'il soit artiste lyrique ou donne de la voix dans les chœurs, et un sur cinq est musicien. Tous les autres sont des techniciens ou occupent un poste administratif.

Comment est financé ce régime de retraites ?

L'année dernière, le régime de retraite affichait un déficit légèrement supérieur à un million d'euros. Les dépenses s'élevaient à 28,5 millions d'euros, la quasi-intégralité (97 %) servant au versement des pensions, contre 27,4 millions d'euros de recettes.

D'où proviennent-elles ? Il y a d'abord les cotisations des salariés de l'Opéra de Paris. Elles représentent 12,5 millions d'euros (46 %) du total. Environ 900 000 euros sont également tirés de droits sur les places vendues : 1,3 % des recettes de billetterie est ainsi destiné au financement des retraites.

Pour garantir l'équilibre du régime, l'Etat met également la main à la poche, comme le prévoit une loi datant du 14 janvier 1939. Il assure un peu plus de la moitié du financement. En 2018, le montant de cette subvention s'élevait à 14 millions d'euros.

Quels effets la grève a-t-elle sur les spectacles donnés à Bastille et Garnier ?

Une quarantaine de représentations d'opéras et de ballets ont dû être annulées depuis le début du mouvement. Prévue ce mercredi soir, la représentation du ballet « Raymonda » n'aura pas lieu à l'Opéra Bastille. Les spectateurs qui comptaient y assister peuvent échanger leur billet pour un autre spectacle prévu cette saison ou se faire rembourser leurs places.

Chaque spectacle annulé représente un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d'euros pour l'Opéra de Paris. À titre d'exemple, l'annulation d'une représentation de l'opéra « Le Prince Igor » à Bastille entraîne en moyenne une perte de 358 000 euros en billetterie, explique l'Opéra de Paris. Au total, l'institution affirme à ce jour avoir perdu 8 millions d'euros de recettes depuis le début de la grève.

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