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Les audiences de «Quotidien» s'envolent : la très bonne affaire de TMC - Le Parisien

« Quotidien? C'est le seul moment où on allume la télé. » Et c'est pour voir l'envers du décor qu'Yves, la cinquantaine, directeur de clinique à Paris, s'installe dans le public de l'émission, avec sa femme Isabelle et leur fille étudiante en droit. Madame aime « l'équipe qui ne se prend pas la tête et la délicatesse des interviews de Yann Barthès ». Leur fille, « rire et avoir les infos sans le ton grave des autres médias ».

Parmi les 300 000 nouveaux téléspectateurs gagnés entre janvier 2019 et janvier 2020, de 20h15 à 21h15, Mohammed, 30 ans, ne connaissait pas l'émission avant son arrivée en France il y a quatre mois, pour suivre un master. « Je la regarde tous les soirs, c'est accessible et subtil. » C'est surtout « un cas d'école », selon Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média chez Publicis, « car à la télé, la tendance est plutôt à la baisse des audiences ».

Trois ans et demi après son arrivée sur TMC, « Quotidien » s'envole, au point d'avoir dépassé son ancêtre « le Petit Journal », sur Canal +. Le talk-show avait déjà signé sa meilleure année en 2019 (1,5 million de fidèles), avec un record symbolique à 2 millions de téléspectateurs le 2 décembre, propulsant à cette heure TMC première chaîne de France sur les CSP+ et deuxième sur les 15-49 ans. Janvier 2020 confirme la percée : c'est son meilleur mois historique, avec un nouveau record à 2 millions et en moyenne 1,7 million de fidèles (7,3 % du public présent devant la télé à cette heure-là). Soit plus du double de la moyenne de la chaîne…

«On est une contre-proposition»

Parmi les nouveaux adeptes, des 35-49 ans, mais surtout, des plus de 50 ans. « L'émission s'est institutionnalisée. Ce n'est plus le truc branché pour 25-49 ans CSP+, qui reste leur cœur de cible. En un an, elle a gagné 30 % de téléspectateurs de plus de 50 ans, qui ne sont plus effrayés par le ton jeune », décrypte Philippe Nouchi. La moyenne d'âge de ses téléspectateurs est d'ailleurs passée de 43 ans en 2017… à 45 ans cette saison.

« Quotidien » n'a pourtant pas renversé la table, mais opéré une mue millimétrée. « La nouvelle formule, depuis 2018, plus lisible, plus marketée, s'est installée. On est en progression constante depuis », souligne Xavier Gandon, directeur des antennes du groupe TF1. Chaque chroniqueur dispose de son propre jingle et de son thème. « Avant, l'émission changeait tous les jours. Depuis un an et demi, on a rangé notre chambre », sourit son producteur Laurent Bon qui, pour la première année « sent la puissance de l'émission ». Et lie le succès à « l'époque » et la quête de sens.

« Il y a une parole de débat permanent à la télé, d'hystérisation, de démagogie, plein de gens sans qualification qui parlent de tout et n'importe quoi… Nous, on a opté pour des face-à-face avec des gens légitimes et pédagos. On est une contre-proposition. Depuis qu'on reçoit moins de têtes d'affiche à 20h10, et davantage d'intellectuels pour comprendre calmement les choses, les audiences progressent. » « Quotidien » n'invite plus de politiques pour mieux les étriller. « Cette émission venge les gens, car elle montre les doubles discours, et réussit à parler des malheurs du monde sans plomber », abonde un ancien de l'équipe.

«Quotidien est une belle cash machine»

C'est avec François Gemenne, chercheur spécialiste du réchauffement climatique, que le talk-show enregistré en direct différé, avec dix minutes d'avance, a explosé les compteurs en décembre dernier. Ces dernières semaines, le philosophe André Comte-Sponville a davantage rassemblé que les stars Penélope Cruz ou Marion Cotillard.

C'est à « Quotidien » que la jeune Mila, sous le feu des critiques et des menaces depuis qu'elle avait vertement critiqué l'islam sur les réseaux sociaux, a accordé sa première interview. Et la concurrence de la chaîne en pâtit, à commencer par la grande sœur, TF1, qui a égaré 350 000 téléspectateurs entre 20h15 et 21h15 en un an, selon Publicis Media. Une partie des nouveaux venus de Quotidien pourrait aussi venir de M6. Mais sans doute pas de C8 et de son « Touche pas à mon poste », animé par Cyril Hanouna. En concurrence féroce avec Barthès à ses débuts sur TMC, il est désormais largement devancé.

Même s'il récuse le terme de « poule aux œufs d'or », le groupe TF1 engrange les bénéfices. « Quotidien est une belle cash machine », note Philippe Nouchi. Avec 3 coupures pub de 9 minutes, au prix de 26 000 euros en moyenne le spot de 30 secondes, l'émission sponsorisée par « Deliveroo » fait le plein d'annonceurs. « Les tarifs publicitaires ont augmenté de 20 % depuis 2016 », confirme la régie publicitaire de TF1, dont la page d'accueil sur Internet propulse le visage de Barthès, avec « Record » écrit en majuscule… Chaque soir, selon les estimations de Publicis Media, 250 000 à 280 000 euros nets rentrent dans les caisses, quand le coût d'une émission avoisinerait les 120 000 euros. A elle seule, « Quotidien » réaliserait désormais la moitié des recettes publicitaires de TMC.

L'équipe n'a pas fait la fiesta pour autant, « par superstition ». Officiellement, Yann Barthès ne met pas le nez dans les chiffres, mais savoure le SMS de 9 heures, quand il reçoit les audiences de la veille. La dernière fois que l'animateur avait promis des bulles, c'était en septembre 2016. Il s'installait sur TMC après avoir quitté Canal +, et remplaçait la série « Alerte Cobra » aux 300 000 fidèles. « Si on fait 1 million en juin, on débouchera le champagne », lâchait-il.

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« Quotidien? C'est le seul moment où on allume la télé. » Et c'est pour voir l'envers du décor qu'Yves, la cinquantaine, directeur de clinique à Paris, s'installe dans le public de l'émission, avec sa femme Isabelle et leur fille étudiante en droit. Madame aime « l'équipe qui ne se prend pas la tête et la délicatesse des interviews de Yann Barthès ». Leur fille, « rire et avoir les infos sans le ton grave des autres médias ».

Parmi les 300 000 nouveaux téléspectateurs gagnés entre janvier 2019 et janvier 2020, de 20h15 à 21h15, Mohammed, 30 ans, ne connaissait pas l'émission avant son arrivée en France il y a quatre mois, pour suivre un master. « Je la regarde tous les soirs, c'est accessible et subtil. » C'est surtout « un cas d'école », selon Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média chez Publicis, « car à la télé, la tendance est plutôt à la baisse des audiences ».

Trois ans et demi après son arrivée sur TMC, « Quotidien » s'envole, au point d'avoir dépassé son ancêtre « le Petit Journal », sur Canal +. Le talk-show avait déjà signé sa meilleure année en 2019 (1,5 million de fidèles), avec un record symbolique à 2 millions de téléspectateurs le 2 décembre, propulsant à cette heure TMC première chaîne de France sur les CSP+ et deuxième sur les 15-49 ans. Janvier 2020 confirme la percée : c'est son meilleur mois historique, avec un nouveau record à 2 millions et en moyenne 1,7 million de fidèles (7,3 % du public présent devant la télé à cette heure-là). Soit plus du double de la moyenne de la chaîne…

«On est une contre-proposition»

Parmi les nouveaux adeptes, des 35-49 ans, mais surtout, des plus de 50 ans. « L'émission s'est institutionnalisée. Ce n'est plus le truc branché pour 25-49 ans CSP+, qui reste leur cœur de cible. En un an, elle a gagné 30 % de téléspectateurs de plus de 50 ans, qui ne sont plus effrayés par le ton jeune », décrypte Philippe Nouchi. La moyenne d'âge de ses téléspectateurs est d'ailleurs passée de 43 ans en 2017… à 45 ans cette saison.

« Quotidien » n'a pourtant pas renversé la table, mais opéré une mue millimétrée. « La nouvelle formule, depuis 2018, plus lisible, plus marketée, s'est installée. On est en progression constante depuis », souligne Xavier Gandon, directeur des antennes du groupe TF1. Chaque chroniqueur dispose de son propre jingle et de son thème. « Avant, l'émission changeait tous les jours. Depuis un an et demi, on a rangé notre chambre », sourit son producteur Laurent Bon qui, pour la première année « sent la puissance de l'émission ». Et lie le succès à « l'époque » et la quête de sens.

« Il y a une parole de débat permanent à la télé, d'hystérisation, de démagogie, plein de gens sans qualification qui parlent de tout et n'importe quoi… Nous, on a opté pour des face-à-face avec des gens légitimes et pédagos. On est une contre-proposition. Depuis qu'on reçoit moins de têtes d'affiche à 20h10, et davantage d'intellectuels pour comprendre calmement les choses, les audiences progressent. » « Quotidien » n'invite plus de politiques pour mieux les étriller. « Cette émission venge les gens, car elle montre les doubles discours, et réussit à parler des malheurs du monde sans plomber », abonde un ancien de l'équipe.

«Quotidien est une belle cash machine»

C'est avec François Gemenne, chercheur spécialiste du réchauffement climatique, que le talk-show enregistré en direct différé, avec dix minutes d'avance, a explosé les compteurs en décembre dernier. Ces dernières semaines, le philosophe André Comte-Sponville a davantage rassemblé que les stars Penélope Cruz ou Marion Cotillard.

C'est à « Quotidien » que la jeune Mila, sous le feu des critiques et des menaces depuis qu'elle avait vertement critiqué l'islam sur les réseaux sociaux, a accordé sa première interview. Et la concurrence de la chaîne en pâtit, à commencer par la grande sœur, TF1, qui a égaré 350 000 téléspectateurs entre 20h15 et 21h15 en un an, selon Publicis Media. Une partie des nouveaux venus de Quotidien pourrait aussi venir de M6. Mais sans doute pas de C8 et de son « Touche pas à mon poste », animé par Cyril Hanouna. En concurrence féroce avec Barthès à ses débuts sur TMC, il est désormais largement devancé.

Même s'il récuse le terme de « poule aux œufs d'or », le groupe TF1 engrange les bénéfices. « Quotidien est une belle cash machine », note Philippe Nouchi. Avec 3 coupures pub de 9 minutes, au prix de 26 000 euros en moyenne le spot de 30 secondes, l'émission sponsorisée par « Deliveroo » fait le plein d'annonceurs. « Les tarifs publicitaires ont augmenté de 20 % depuis 2016 », confirme la régie publicitaire de TF1, dont la page d'accueil sur Internet propulse le visage de Barthès, avec « Record » écrit en majuscule… Chaque soir, selon les estimations de Publicis Media, 250 000 à 280 000 euros nets rentrent dans les caisses, quand le coût d'une émission avoisinerait les 120 000 euros. A elle seule, « Quotidien » réaliserait désormais la moitié des recettes publicitaires de TMC.

L'équipe n'a pas fait la fiesta pour autant, « par superstition ». Officiellement, Yann Barthès ne met pas le nez dans les chiffres, mais savoure le SMS de 9 heures, quand il reçoit les audiences de la veille. La dernière fois que l'animateur avait promis des bulles, c'était en septembre 2016. Il s'installait sur TMC après avoir quitté Canal +, et remplaçait la série « Alerte Cobra » aux 300 000 fidèles. « Si on fait 1 million en juin, on débouchera le champagne », lâchait-il.

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