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Avignon, Eurockéennes, Francofolies… les annulations de festival se multiplient - Le Monde

Si l’horizon d’un futur déconfinement se dessine enfin, les Français devront prendre leur mal en patience avant de reprendre le chemin des festivals et concerts. « Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet ». Attendue, la sentence du chef de l’Etat, lors de son allocution lundi 13 avril au soir, n’en a pas moins fait l’effet d’un tremblement de terre dans la sphère culturelle. Les rendez-vous culturels majeurs de l’été renoncent en cascade, tels Avignon, les Eurockéennes et les Francofolies.

  • Annulations en cascade

Les Francofolies en 2019.
Les Francofolies en 2019. XAVIER LEOTY / AFP

Dès mardi, des festivals de musiques actuelles ont pris leurs responsabilités. Les Francofolies (prévues du 10 au 14 juillet, 150 000 spectateurs en 2019), les Eurockéennes (du 2 au 4 juillet, 128 000 spectateurs), le Main Square (du 3 au 5 juillet, 115 000 spectateurs), Les Nuits de Fourvière (du 2 au 31 juillet, 190 000 spectateurs), Art Rock, Europavox ou encore Jazz à Vienne (Isère) ont jeté l’éponge.

« Je vis un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre », commente Gérard Pont, le patron des Francofolies. D’un naturel « optimiste », il ne s’inquiète pas pour 2021. Jean-Paul Durand, directeur des Eurockéennes, est, lui, plus soucieux. « Il faut le maintien des subventions des trois collectivités locales, une aide à l’activité partielle prolongée jusqu’à la fin de l’année et compter sur notre banque mécène, qui saura nous écouter », dépeint-il.

D’autres n’ont pas attendu le « couperet » du chef de l’Etat, comme le dit M. Durand, pour annuler auparavant, tels le Printemps de Bourges, le Hellfest, le Lollapalooza et Solidays.

  • Les Vieilles Charrues et Rock en Seine en suspens

Les Vieilles Charrues en 2018.
Les Vieilles Charrues en 2018. FRED TANNEAU / AFP

Les Vieilles Charrues (du 16 au 19 juillet, 270 000 personnes en 2019), c’est un autre cas d’école : le festival breton attendait près de 300 000 personnes à partir du 16 juillet, soit au lendemain de la levée d’interdiction des grands rassemblements. « La tenue du festival, je n’y crois pas », confie son directeur, Jérôme Tréhorel, qui ne veut prendre « aucun risque pour le personnel et les festivaliers ».

Il faut ajouter Rock en Seine (du 29 août au 1er septembre, 100 000) qui risque d’être pénalisé par la fermeture des frontières, handicap pour ses têtes d’affiche.

  • Le Festival d’Avignon jette l’éponge

Deux heures après l’allocution télévisée du chef de l’Etat, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, et Paul Rondin directeur délégué de la plus célèbre manifestation théâtrale du monde, ont tranché. « Nous avons partagé l’espoir aussi longtemps que cela était permis, mais (…) les conditions ne sont plus aujourd’hui réunies pour que se déroule la 74e édition », prévue du 3 au 23 juillet. La cité des Papes devient d’ordinaire chaque juillet la « capitale du théâtre », attirant 700 000 visiteurs. Il y a le Festival principal, dit le « in » mais surtout le « off », encore plus grand (plus de 1 500 spectacles, par un millier de compagnies dans 200 théâtres de la ville).

Le président du « off », Pierre Beffeyte, a expliqué prendre acte des déclarations d’Emmanuel Macron et du communiqué du « in », et réunir un bureau mardi matin et un conseil d’administration dans la semaine. Les retombées économiques pour Avignon sont de l’ordre de 100 millions d’euros, selon les estimations, dont 25 millions générés par le « in ». Le sort de milliers d’artistes et de techniciens, dont de nombreux intermittents, s’annonce préoccupant. Depuis sa création, en 1947, le Festival n’a été annulé qu’une fois, en 2003, en plein conflit des intermittents.

  • Le report de Cannes incertain

Tous les regards se tournent désormais vers Cannes : le plus prestigieux festival de cinéma du monde se tiendra-t-il ? A la mi-mars, les organisateurs avaient tiré un trait sur ses dates initiales, du 12 au 23 mai. Mais ils travaillaient sur « plusieurs hypothèses », dont un éventuel report à la fin de juin ou au début de juillet. Faute de pouvoir être reporté à cette date en raison de la crise sanitaire, la manifestation pourrait prendre de nouvelles « formes », ont annoncé mardi 14 avril ses organisateurs, qui espèrent pouvoir donner davantage de précisions « rapidement ».

Dans un communiqué, le festival explique ainsi :

« Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale. Néanmoins, nous avons commencé hier soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s’accordent sur le fait que le Festival de Cannes (…) doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre. »

Thierry Frémaux, délégué général, avait précedemment balayé l’idée d’un festival en ligne, dans un entretien accordé à Variety la semaine passée : « Pour Cannes, son âme, son histoire, son impact, c’est un modèle qui ne pourrait pas marcher. »

Ce ne serait pas la première fois que ce carrefour mondial du 7e art doit renoncer. L’édition de mai 1968 fut ainsi interrompue à la suite d’une fronde menée par des cinéastes, Jean-Luc Godard et François Truffaut en tête, en soutien au mouvement étudiant et ouvrier. La première édition, en 1939, fut, elle, reportée à 1946 en raison de la seconde guerre mondiale. Les cuvées 1948 et 1950 furent, quant à elles, annulées pour raisons budgétaires.

Le Monde avec AFP

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Si l’horizon d’un futur déconfinement se dessine enfin, les Français devront prendre leur mal en patience avant de reprendre le chemin des festivals et concerts. « Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet ». Attendue, la sentence du chef de l’Etat, lors de son allocution lundi 13 avril au soir, n’en a pas moins fait l’effet d’un tremblement de terre dans la sphère culturelle. Les rendez-vous culturels majeurs de l’été renoncent en cascade, tels Avignon, les Eurockéennes et les Francofolies.

  • Annulations en cascade

Les Francofolies en 2019.
Les Francofolies en 2019. XAVIER LEOTY / AFP

Dès mardi, des festivals de musiques actuelles ont pris leurs responsabilités. Les Francofolies (prévues du 10 au 14 juillet, 150 000 spectateurs en 2019), les Eurockéennes (du 2 au 4 juillet, 128 000 spectateurs), le Main Square (du 3 au 5 juillet, 115 000 spectateurs), Les Nuits de Fourvière (du 2 au 31 juillet, 190 000 spectateurs), Art Rock, Europavox ou encore Jazz à Vienne (Isère) ont jeté l’éponge.

« Je vis un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre », commente Gérard Pont, le patron des Francofolies. D’un naturel « optimiste », il ne s’inquiète pas pour 2021. Jean-Paul Durand, directeur des Eurockéennes, est, lui, plus soucieux. « Il faut le maintien des subventions des trois collectivités locales, une aide à l’activité partielle prolongée jusqu’à la fin de l’année et compter sur notre banque mécène, qui saura nous écouter », dépeint-il.

D’autres n’ont pas attendu le « couperet » du chef de l’Etat, comme le dit M. Durand, pour annuler auparavant, tels le Printemps de Bourges, le Hellfest, le Lollapalooza et Solidays.

  • Les Vieilles Charrues et Rock en Seine en suspens

Les Vieilles Charrues en 2018.
Les Vieilles Charrues en 2018. FRED TANNEAU / AFP

Les Vieilles Charrues (du 16 au 19 juillet, 270 000 personnes en 2019), c’est un autre cas d’école : le festival breton attendait près de 300 000 personnes à partir du 16 juillet, soit au lendemain de la levée d’interdiction des grands rassemblements. « La tenue du festival, je n’y crois pas », confie son directeur, Jérôme Tréhorel, qui ne veut prendre « aucun risque pour le personnel et les festivaliers ».

Il faut ajouter Rock en Seine (du 29 août au 1er septembre, 100 000) qui risque d’être pénalisé par la fermeture des frontières, handicap pour ses têtes d’affiche.

  • Le Festival d’Avignon jette l’éponge

Deux heures après l’allocution télévisée du chef de l’Etat, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, et Paul Rondin directeur délégué de la plus célèbre manifestation théâtrale du monde, ont tranché. « Nous avons partagé l’espoir aussi longtemps que cela était permis, mais (…) les conditions ne sont plus aujourd’hui réunies pour que se déroule la 74e édition », prévue du 3 au 23 juillet. La cité des Papes devient d’ordinaire chaque juillet la « capitale du théâtre », attirant 700 000 visiteurs. Il y a le Festival principal, dit le « in » mais surtout le « off », encore plus grand (plus de 1 500 spectacles, par un millier de compagnies dans 200 théâtres de la ville).

Le président du « off », Pierre Beffeyte, a expliqué prendre acte des déclarations d’Emmanuel Macron et du communiqué du « in », et réunir un bureau mardi matin et un conseil d’administration dans la semaine. Les retombées économiques pour Avignon sont de l’ordre de 100 millions d’euros, selon les estimations, dont 25 millions générés par le « in ». Le sort de milliers d’artistes et de techniciens, dont de nombreux intermittents, s’annonce préoccupant. Depuis sa création, en 1947, le Festival n’a été annulé qu’une fois, en 2003, en plein conflit des intermittents.

  • Le report de Cannes incertain

Tous les regards se tournent désormais vers Cannes : le plus prestigieux festival de cinéma du monde se tiendra-t-il ? A la mi-mars, les organisateurs avaient tiré un trait sur ses dates initiales, du 12 au 23 mai. Mais ils travaillaient sur « plusieurs hypothèses », dont un éventuel report à la fin de juin ou au début de juillet. Faute de pouvoir être reporté à cette date en raison de la crise sanitaire, la manifestation pourrait prendre de nouvelles « formes », ont annoncé mardi 14 avril ses organisateurs, qui espèrent pouvoir donner davantage de précisions « rapidement ».

Dans un communiqué, le festival explique ainsi :

« Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale. Néanmoins, nous avons commencé hier soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s’accordent sur le fait que le Festival de Cannes (…) doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre. »

Thierry Frémaux, délégué général, avait précedemment balayé l’idée d’un festival en ligne, dans un entretien accordé à Variety la semaine passée : « Pour Cannes, son âme, son histoire, son impact, c’est un modèle qui ne pourrait pas marcher. »

Ce ne serait pas la première fois que ce carrefour mondial du 7e art doit renoncer. L’édition de mai 1968 fut ainsi interrompue à la suite d’une fronde menée par des cinéastes, Jean-Luc Godard et François Truffaut en tête, en soutien au mouvement étudiant et ouvrier. La première édition, en 1939, fut, elle, reportée à 1946 en raison de la seconde guerre mondiale. Les cuvées 1948 et 1950 furent, quant à elles, annulées pour raisons budgétaires.

Le Monde avec AFP

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