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Solidays, Lollapalooza, Hellfest : les grands festivals annulés les uns après les autres - Les Échos

Publié le 13 avr. 2020 à 15h25Mis à jour le 14 avr. 2020 à 10h24

Après le Lollapalozza et le Hellfest il y a quelques jours, le festival Solidays a annoncé lundi l'annulation de son édition 2020 prévue du 19 au 21 juin, à l'hippodrome de Longchamp. Pour Luc Barruet, le fondateur de Solidarité Sida et directeur de l'événement, l'ardoise est lourde avec 400.000 à 500.000 euros déjà engagés, ce qui met en péril son association et ses actions de lutte contre le sida dans une vingtaine de pays.

Solidays avait rapporté l'an dernier 3,2 millions d'euros et fait travailler 10.000 personnes, prestataires, intermittents, bénévoles. Pas moins de 228.000 festivaliers avaient été accueillis et 230.000 étaient attendus cette année, jauge maximale du site.

Manque de visibilité

Luc Barruet a d'abord envisagé de reporter le festival début septembre comme sa consoeur Marie Sabot, à la tête de We Love Green . Mais il a jugé l'incertitude trop grande sur les mois qui viennent même si Emmanuel Macron a pour l'instant interdit ces grands rassemblements jusqu'à mi-juillet. Sans compter le manque de visibilité sur l'hippodrome de Longchamp, géré par France Galop. Un report suivi d'une annulation aurait été plus dramatique encore, même si ses têtes d'affiche françaises - PNL, Niska, Justice, M - avaient assuré se rendre disponibles.

L'organisateur, qui n'a pas d'assurance, va s'employer maintenant à limiter la casse, espérant toucher quand même les subventions publiques et les recettes des partenariats privés prévues, respectivement de 2 millions et 2,5 millions sur un budget de 6,5 millions. Il veut croire que certains festivaliers n'exigeront pas le remboursement alors que 65 % des tickets ont été commercialisés dans les 4 premières semaines de la mise en vente, sans que l'affiche ne soit encore dévoilée : preuve qu'une bonne partie des fans est acquise à la cause. Et pour les convaincre, le week-end du 20 juin, Luc Barruet promet un mini-Solidays sous une forme à déterminer.

Attente d'arrêtés préfectoraux

Nombre de festivals attendent eux les arrêtés préfectoraux interdisant les rassemblements pour invoquer le cas de force majeure. Cela permet d'annuler les contrats avec les artistes et les prestataires, et de récupérer les acomptes versés. Car les enjeux sont à la hauteur des cachets des artistes qui savent tirer parti de la surenchère entre les événements. Ensuite, ceux qui ont contracté une assurance pandémie, tenteront de se faire rembourser les frais déjà engagés (salaires et charges) voir de compenser le manque de recettes liées à la non tenue de leur événement.

Hellfest , qui a déjà reçu ce courrier du préfet, a annulé dans la foulée son édition. Mais bien que couvert contre le risque de pandémie - clause facturée 175.000 euros et contractée le 17 décembre, avant l'apparition du virus en Chine - le festival a reçu une fin de non-recevoir au prétexte que ce type de pandémie ne rentrait pas dans son contrat d'assurance, ce qu'il conteste.

Le festival qui devait fêter son 15ème anniversaire du 19 au 21 juin à Clisson en Loire-Atlantique, affichait complet également, avec 180.000 spectateurs. C'est l'un des plus grands rassemblements hors Paris, après l'Interceltique de Lorient et les Vieilles Charrues, et aussi l'un des plus gros budgets : 24 millions d'euros. Les pertes sèches s'élèvent à 2 millions mais le festival métal est l'un des rares à avoir une solide assise financière et des fans inconditionnels. Le coup dur est rude néanmoins pour ses 22 salariés, ses 5.000 bénévoles et pour le territoire qui se voit privé d'une vingtaine de millions de retombées économiques.

Tournées internationales annulées

D'autres festivals ont dû quant à eux annuler cette édition parce que leurs têtes d'affiche elles-mêmes se sont désistées, à l'instar du Lollapalooza Paris . « Notre groupe star - Pearl Jam - a reporté toute sa tournée. Alors nous avons préféré décaler le festival à l'an prochain, les 17 et 18 juillet » souligne l'organisateur et directeur général de Live Nation France, Angelo Gopee. Les Vieilles Charrues, qui avaient invité Céline Dion, pourraient être confrontées à la même situation.

Ces derniers jours, les pressions tant des professionnels que des élus sur le terrain - en particulier les Régions qui sont des financeurs majeurs telles Paca ou Rhônes-Alpes-Auvergne - sont nombreuses pour appeler le ministère de la Culture à clarifier le sort des festivals d'été. Le Président de la République s'en est chargé lui-même. Reste que pour les gros festivals démarrant juste après la mi-juillet, comme les Vieilles Charrues, le casse-tête reste entier.

Avignon va revivre le cauchemar de 2003

Lors de l'annulation du Festival de théâtre d'Avignon , à la suite de la grève des intermittents en 2003, les pertes avaient été évaluées à 40 millions d'euros. Depuis, le In et le Off se sont encore développés : 3,5 millions de billets mis en vente dans le Off en 2019, 1.600 spectacles présentés; et 153 000 tickets édités, une quarantaine de spectacles programmés, dans le In. 

Au point que le patron du festival Off, évoquait l'an dernier des retombées économiques plutôt de l'ordre de 100 millions d'euros, In et Off réunis. S'il n'existe aucun chiffre officiel, une certitude, l'impact est énorme. 

L'annulation du Festival d'Avignon est un cauchemar pour le territoire comme pour les organisateurs et les centaines de compagnies. 

Son voisin, le prestigieux Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, au budget de 23 millions d'euros, va lui aussi être concerné par les interdictions de rassemblements jusqu'à la mi-juillet.

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Publié le 13 avr. 2020 à 15h25Mis à jour le 14 avr. 2020 à 10h24

Après le Lollapalozza et le Hellfest il y a quelques jours, le festival Solidays a annoncé lundi l'annulation de son édition 2020 prévue du 19 au 21 juin, à l'hippodrome de Longchamp. Pour Luc Barruet, le fondateur de Solidarité Sida et directeur de l'événement, l'ardoise est lourde avec 400.000 à 500.000 euros déjà engagés, ce qui met en péril son association et ses actions de lutte contre le sida dans une vingtaine de pays.

Solidays avait rapporté l'an dernier 3,2 millions d'euros et fait travailler 10.000 personnes, prestataires, intermittents, bénévoles. Pas moins de 228.000 festivaliers avaient été accueillis et 230.000 étaient attendus cette année, jauge maximale du site.

Manque de visibilité

Luc Barruet a d'abord envisagé de reporter le festival début septembre comme sa consoeur Marie Sabot, à la tête de We Love Green . Mais il a jugé l'incertitude trop grande sur les mois qui viennent même si Emmanuel Macron a pour l'instant interdit ces grands rassemblements jusqu'à mi-juillet. Sans compter le manque de visibilité sur l'hippodrome de Longchamp, géré par France Galop. Un report suivi d'une annulation aurait été plus dramatique encore, même si ses têtes d'affiche françaises - PNL, Niska, Justice, M - avaient assuré se rendre disponibles.

L'organisateur, qui n'a pas d'assurance, va s'employer maintenant à limiter la casse, espérant toucher quand même les subventions publiques et les recettes des partenariats privés prévues, respectivement de 2 millions et 2,5 millions sur un budget de 6,5 millions. Il veut croire que certains festivaliers n'exigeront pas le remboursement alors que 65 % des tickets ont été commercialisés dans les 4 premières semaines de la mise en vente, sans que l'affiche ne soit encore dévoilée : preuve qu'une bonne partie des fans est acquise à la cause. Et pour les convaincre, le week-end du 20 juin, Luc Barruet promet un mini-Solidays sous une forme à déterminer.

Attente d'arrêtés préfectoraux

Nombre de festivals attendent eux les arrêtés préfectoraux interdisant les rassemblements pour invoquer le cas de force majeure. Cela permet d'annuler les contrats avec les artistes et les prestataires, et de récupérer les acomptes versés. Car les enjeux sont à la hauteur des cachets des artistes qui savent tirer parti de la surenchère entre les événements. Ensuite, ceux qui ont contracté une assurance pandémie, tenteront de se faire rembourser les frais déjà engagés (salaires et charges) voir de compenser le manque de recettes liées à la non tenue de leur événement.

Hellfest , qui a déjà reçu ce courrier du préfet, a annulé dans la foulée son édition. Mais bien que couvert contre le risque de pandémie - clause facturée 175.000 euros et contractée le 17 décembre, avant l'apparition du virus en Chine - le festival a reçu une fin de non-recevoir au prétexte que ce type de pandémie ne rentrait pas dans son contrat d'assurance, ce qu'il conteste.

Le festival qui devait fêter son 15ème anniversaire du 19 au 21 juin à Clisson en Loire-Atlantique, affichait complet également, avec 180.000 spectateurs. C'est l'un des plus grands rassemblements hors Paris, après l'Interceltique de Lorient et les Vieilles Charrues, et aussi l'un des plus gros budgets : 24 millions d'euros. Les pertes sèches s'élèvent à 2 millions mais le festival métal est l'un des rares à avoir une solide assise financière et des fans inconditionnels. Le coup dur est rude néanmoins pour ses 22 salariés, ses 5.000 bénévoles et pour le territoire qui se voit privé d'une vingtaine de millions de retombées économiques.

Tournées internationales annulées

D'autres festivals ont dû quant à eux annuler cette édition parce que leurs têtes d'affiche elles-mêmes se sont désistées, à l'instar du Lollapalooza Paris . « Notre groupe star - Pearl Jam - a reporté toute sa tournée. Alors nous avons préféré décaler le festival à l'an prochain, les 17 et 18 juillet » souligne l'organisateur et directeur général de Live Nation France, Angelo Gopee. Les Vieilles Charrues, qui avaient invité Céline Dion, pourraient être confrontées à la même situation.

Ces derniers jours, les pressions tant des professionnels que des élus sur le terrain - en particulier les Régions qui sont des financeurs majeurs telles Paca ou Rhônes-Alpes-Auvergne - sont nombreuses pour appeler le ministère de la Culture à clarifier le sort des festivals d'été. Le Président de la République s'en est chargé lui-même. Reste que pour les gros festivals démarrant juste après la mi-juillet, comme les Vieilles Charrues, le casse-tête reste entier.

Avignon va revivre le cauchemar de 2003

Lors de l'annulation du Festival de théâtre d'Avignon , à la suite de la grève des intermittents en 2003, les pertes avaient été évaluées à 40 millions d'euros. Depuis, le In et le Off se sont encore développés : 3,5 millions de billets mis en vente dans le Off en 2019, 1.600 spectacles présentés; et 153 000 tickets édités, une quarantaine de spectacles programmés, dans le In. 

Au point que le patron du festival Off, évoquait l'an dernier des retombées économiques plutôt de l'ordre de 100 millions d'euros, In et Off réunis. S'il n'existe aucun chiffre officiel, une certitude, l'impact est énorme. 

L'annulation du Festival d'Avignon est un cauchemar pour le territoire comme pour les organisateurs et les centaines de compagnies. 

Son voisin, le prestigieux Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, au budget de 23 millions d'euros, va lui aussi être concerné par les interdictions de rassemblements jusqu'à la mi-juillet.

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