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Pour découvrir le « matrimoine », un site consacré aux compositrices classiques trop longtemps éclipsées - Le Monde

La compositrice française Camille Pépin dans son studio parisien, le 11 février 2019.

Une plate-forme numérique répertorie les œuvres – de Francesca Caccini, au XVIIe siècle, à Camille Pépin, au XXIe – de plus de 700 compositrices pour faire découvrir des artistes longtemps éclipsées.

Baptisée « Demandez à Clara », en référence à Clara Schumann, brillante pianiste, compositrice et épouse du célèbre compositeur, cette base de données gratuite a été lancée en juin par une équipe menée par Claire Bodin, directrice du festival Présences féminines, consacré aux compositrices du passé et du présent.

Cet outil, financé par l’action culturelle de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), a répertorié pas moins de 4 662 œuvres de 770 compositrices de 60 nationalités, de 1618 à 2020. Le site prévoit d’ajouter 4 000 œuvres supplémentaires à l’automne, dont celles d’Hildegarde de Bingen (1098-1179), sainte de l’Eglise catholique et l’une des premières compositrices connues.

Aucun « matrimoine » n’a été transmis

La recherche se fait par nom, titre, instrument, pays ou époque. Parmi les plus anciennes, les Italiennes Francesca Caccini – qui serait la première femme à avoir composé un opéra –, Barbara Strozzi, l’une des premières compositrices professionnelles, ou encore la Française Elisabeth Jacquet de la Guerre. Et la plate-forme compte beaucoup de compositrices issues de pays anglo-saxons, « beaucoup plus avancés dans ce domaine », précise Claire Bodin.

« Depuis notre tendre enfance, on n’entend pas de musique de compositrices, ou si rarement qu’on n’en garde pas la mémoire », affirme Claire Bodin à l’Agence France-Presse (AFP).

« A nous, musiciens et musiciennes, aucun “matrimoine” n’a été transmis ; on a été biberonné à l’idée du génie du grand compositeur, toujours un homme, sans jamais s’interroger sur le répertoire des compositrices. »

Enrichir et non réécrire

Il s’agit d’un travail de recherche de longue haleine qui a commencé dès 2006 et qui n’est pas lancé « parce que c’est un sujet à la mode ». « Ce n’est pas une question de réécrire l’histoire mais d’enrichir le répertoire », explique Claire Bodin.

« Il ne faut pas simplement les programmer parce que ce sont des femmes et pour se donner bonne conscience, mais parce qu’il y a un réel intérêt artistique. »

Pour cette claveciniste qui a mis de côté sa carrière pour se consacrer à ces projets, la non-programmation des compositrices reste un frein majeur à la diffusion de leurs œuvres.

Depuis une dizaine d’années, elle donne régulièrement des conférences sur le sujet et rares parmi le public sont ceux qui peuvent donner des noms au-delà du top 5 des compositrices, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn, Lili Boulanger ou les contemporaines Betsy Jolas et Kaija Saariaho.

« Pour les salles de concert, il y a la contrainte de remplissage » qui repose généralement sur les grands noms, comme Beethoven, Mozart, Tchaïkovski, Brahms ou Bach. « On ne voit que le haut de l’iceberg, car même chez les hommes il y a un tas de compositeurs qui méritent d’être mis en avant », rappelle Claire Bodin. « Il faut que tout le monde se mette à programmer des compositrices car les artistes invités, s’ils ne sont pas assurés que d’autres salles le font, vont hésiter à jouer ces partitions. » Pour Claire Bodin, la valorisation des compositrices doit également être menée au niveau des conservatoires.

« Des présupposés ont la dent dure, mais commencent à tomber »

Prévu en mars, le festival Présences féminines a été reporté en octobre (du 12 au 20). Depuis sa création, sept œuvres de compositrices ont été commandées, dont une par la jeune Camille Pépin (29 ans), devenue cette année la première compositrice primée aux Victoires de la musique classique.

Interviewée par l’AFP en 2019, Camille Pépin avait déclaré qu’elle était la seule fille aux cours de composition au Conservatoire de Paris. « Mais, aujourd’hui, les professeurs que je rencontre et les jeunes musiciens veulent que ça bouge ; il y a des présupposés qui ont la dent dure mais qui commencent à tomber. »

Le Monde avec AFP

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La compositrice française Camille Pépin dans son studio parisien, le 11 février 2019.

Une plate-forme numérique répertorie les œuvres – de Francesca Caccini, au XVIIe siècle, à Camille Pépin, au XXIe – de plus de 700 compositrices pour faire découvrir des artistes longtemps éclipsées.

Baptisée « Demandez à Clara », en référence à Clara Schumann, brillante pianiste, compositrice et épouse du célèbre compositeur, cette base de données gratuite a été lancée en juin par une équipe menée par Claire Bodin, directrice du festival Présences féminines, consacré aux compositrices du passé et du présent.

Cet outil, financé par l’action culturelle de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), a répertorié pas moins de 4 662 œuvres de 770 compositrices de 60 nationalités, de 1618 à 2020. Le site prévoit d’ajouter 4 000 œuvres supplémentaires à l’automne, dont celles d’Hildegarde de Bingen (1098-1179), sainte de l’Eglise catholique et l’une des premières compositrices connues.

Aucun « matrimoine » n’a été transmis

La recherche se fait par nom, titre, instrument, pays ou époque. Parmi les plus anciennes, les Italiennes Francesca Caccini – qui serait la première femme à avoir composé un opéra –, Barbara Strozzi, l’une des premières compositrices professionnelles, ou encore la Française Elisabeth Jacquet de la Guerre. Et la plate-forme compte beaucoup de compositrices issues de pays anglo-saxons, « beaucoup plus avancés dans ce domaine », précise Claire Bodin.

« Depuis notre tendre enfance, on n’entend pas de musique de compositrices, ou si rarement qu’on n’en garde pas la mémoire », affirme Claire Bodin à l’Agence France-Presse (AFP).

« A nous, musiciens et musiciennes, aucun “matrimoine” n’a été transmis ; on a été biberonné à l’idée du génie du grand compositeur, toujours un homme, sans jamais s’interroger sur le répertoire des compositrices. »

Enrichir et non réécrire

Il s’agit d’un travail de recherche de longue haleine qui a commencé dès 2006 et qui n’est pas lancé « parce que c’est un sujet à la mode ». « Ce n’est pas une question de réécrire l’histoire mais d’enrichir le répertoire », explique Claire Bodin.

« Il ne faut pas simplement les programmer parce que ce sont des femmes et pour se donner bonne conscience, mais parce qu’il y a un réel intérêt artistique. »

Pour cette claveciniste qui a mis de côté sa carrière pour se consacrer à ces projets, la non-programmation des compositrices reste un frein majeur à la diffusion de leurs œuvres.

Depuis une dizaine d’années, elle donne régulièrement des conférences sur le sujet et rares parmi le public sont ceux qui peuvent donner des noms au-delà du top 5 des compositrices, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn, Lili Boulanger ou les contemporaines Betsy Jolas et Kaija Saariaho.

« Pour les salles de concert, il y a la contrainte de remplissage » qui repose généralement sur les grands noms, comme Beethoven, Mozart, Tchaïkovski, Brahms ou Bach. « On ne voit que le haut de l’iceberg, car même chez les hommes il y a un tas de compositeurs qui méritent d’être mis en avant », rappelle Claire Bodin. « Il faut que tout le monde se mette à programmer des compositrices car les artistes invités, s’ils ne sont pas assurés que d’autres salles le font, vont hésiter à jouer ces partitions. » Pour Claire Bodin, la valorisation des compositrices doit également être menée au niveau des conservatoires.

« Des présupposés ont la dent dure, mais commencent à tomber »

Prévu en mars, le festival Présences féminines a été reporté en octobre (du 12 au 20). Depuis sa création, sept œuvres de compositrices ont été commandées, dont une par la jeune Camille Pépin (29 ans), devenue cette année la première compositrice primée aux Victoires de la musique classique.

Interviewée par l’AFP en 2019, Camille Pépin avait déclaré qu’elle était la seule fille aux cours de composition au Conservatoire de Paris. « Mais, aujourd’hui, les professeurs que je rencontre et les jeunes musiciens veulent que ça bouge ; il y a des présupposés qui ont la dent dure mais qui commencent à tomber. »

Le Monde avec AFP

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