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Hommages, chansons et émotion… l'adieu fleuri à Annie Cordy - Le Parisien

Ceux qui aimaient Annie Cordy ont pris le train. Ou l'avion. Ni pour Bruxelles, où elle est née, ni pour Paris, où elle a si souvent triomphé, mais pour Cannes, où elle a vécu les trente dernières années de sa longue et belle vie et où des centaines d'anonymes sont venues cette semaine lui rendre un dernier hommage.

A quelques kilomètres de sa maison de Vallauris, où elle est brutalement décédée le 4 septembre à 92 ans, ses amis et ses fans se sont retrouvés ce samedi à 15 heures au sommet de la butte de Saint-Cassien. Un lieu à son image, beau et simple, accueillant et doux, chargé d'histoire - c'est le berceau de Cannes - mais pas bling-bling pour un sou.

La jauge est limitée à 500 personnes. Sous les masques obligatoires, les lèvres tremblent quand sa voix s'élève au milieu des cyprès. « Trois notes de musique et Annie vous emmène. Trois notes et quelques mots et Annie vous fait oublier les chagrins et les sanglots ». Son cercueil avance au milieu d'un parterre populaire, venu de toute la région.

«Annie était comme un membre de ma famille», s’est ému le chanteur Dave (à dr.)./LP/Frédéric Dugit
«Annie était comme un membre de ma famille», s’est ému le chanteur Dave (à dr.)./LP/Frédéric Dugit  

Dans les premiers rangs, on reconnaît Christian Morin, Charlotte Julian, l'humoriste Roland Magdane, le producteur Gérard Louvin, le chef cuisinier Laurent Mariotte. Dave dit adieu à « cinquante ans de fidélité ». « Annie était comme un membre de ma famille. On s'appelait toutes les semaines, je l'avais eu il y a dix jours… » « C'était une femme et une artiste d'exception, ajoute Michèle Torr. C'était la seule qui savait tout faire, chanter, danser, mener une revue, jouer la comédie, faire pleurer. Un exemple à suivre pour tous les artistes. »

Dernier pied de nez, la bonne du curé fait faux bond à la chapelle qui trône sur la butte. Elle lui préfère la scène qui lui fait face. Le cercueil se pose entre deux grands portraits souriants et une multitude de gerbes de fleurs blanches. Envoyées par la ministre de la Culture, l'ex-roi des Belges Albert II, sa fille la princesse Astrid, Line Renaud, la famille Luis Mariano, Patrick Sébastien, Annette, son habilleuse pendant trente ans, les pingouines…

Cela fait sourire Sylviane, nez rouge sur masque bleu. « Je lui avais écrit une chanson et elle m'avait répondu en m'envoyant une gentille lettre et un magnifique dessin, raconte la septuagénaire. La dernière fois que je l'ai vue sur scène, elle avait 85 ans et m'a redonné la pêche. »

La nièce d’Annie Cordy, Michèle Lebon, a rendu un hommage très émouvant à sa «toute petite mère chérie»./LP/Frédéric Dugit
La nièce d’Annie Cordy, Michèle Lebon, a rendu un hommage très émouvant à sa «toute petite mère chérie»./LP/Frédéric Dugit  

Au micro, la nièce d'Annie, « Mimi », prend la parole la première. Elles vivaient ensemble depuis trente ans, depuis la mort de François-Henri Bruno, dit « Bruno », l'amour de sa vie. Elle s'adresse à sa « toute petite mère chérie » et rappelle sa devise, « la passion fait la force ». « Je me souviens de toi en train de partager des pâtes avec ton chien, de raturer un texte, tremblante et livide avant de monter sur scène. Tu m'épatais souvent par ta lucidité, mais tu te trompais quand tu disais que tes chansons resteront mais pas toi. Tu vois, nous sommes très nombreux et nous ne t'oublierons pas. »

On écoute l'autre Annie Cordy

Pas de « Tata Yoyo » ou de « Chaud Ka Ka O » ou de « ça ira mieux demain » aujourd'hui. On écoute l'autre Annie Cordy, celle de « Si j'étais le soleil » et « Si Dieu existe ». « Mon âme qui s'affole et prend son envol. Je ne sais pas si j'ai peur », y chante-t-elle entre un piano et un accordéon. Elle avait aussi un côté sombre, rappelle son amie Emmanuelle Guilcher, directrice adjointe des programmes de France 2. « Ce n'est pas par hasard si lorsque tu as été anoblie par le roi des Belges, tu as fait un blason avec deux masques de la commedia dell arte, l'un qui rit, l'autre qui pleure. »

« Le répertoire d'Annie est un kaléidoscope de couleurs, renchérit l'auteur Claude Lemesle. C'était une jongleuse d'émotions. » Il lui a écrit « Ah bravo », bouleversante chanson sur la rafle du Vel d'Hiv'. « Elle la chantait avec une telle intensité que beaucoup ont cru qu'elle avait été déportée ». Pour que le kaléidoscope soit complet, il fallait une voix des comédies musicales et des opérettes. David Alexis, qui brûlait les planches dans « Priscilla folle du désert » a rendu un hommage flamboyant à la « Liza Minelli française ». « Envoyez la musique mesdames les étoiles. J'entends tes doigts qui claquent. Allez Annie, chante, chante ».

«Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la vague d'émotion en Belgique»

Il fallait enfin des humoristes et des Belges, Virginie Hocq et les frères Taloche. « Je ne sais pas si vous vous rendez compte en France de la vague d'émotion en Belgique depuis le départ d'Annie. Son portrait est projeté sur la Grand-Place. Ses chansons passent dans tout Bruxelles », a énuméré Virginie Hocq en larmes. « Mais pourquoi n'est-elle pas enterrée en Belgique ? » me demande justement Christian, un chercheur niçois de 50 ans venu saluer « Nini la chance », du nom de son premier 33 tours acheté à l'âge de six ans.

La réponse se trouve à quelques kilomètres de cette butte, dans le cimetière Abadie. C'est là qu'Annie Cordy a fait construire dans les années 80 le caveau familial des Cooreman, entre cyprès et palmiers. Sa mère Marie y repose depuis 1980, son père Jean depuis 1983 et sa sœur Janet depuis 2010. Elle les voulait près d'elle. Elle les a rejoints cet après-midi dans l'intimité. Après une dernière salve d'applaudissements.

VIDÉO. Annie Cordy : des Parisiens chantent «Tata Yoyo» pour lui rendre hommage

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Ceux qui aimaient Annie Cordy ont pris le train. Ou l'avion. Ni pour Bruxelles, où elle est née, ni pour Paris, où elle a si souvent triomphé, mais pour Cannes, où elle a vécu les trente dernières années de sa longue et belle vie et où des centaines d'anonymes sont venues cette semaine lui rendre un dernier hommage.

A quelques kilomètres de sa maison de Vallauris, où elle est brutalement décédée le 4 septembre à 92 ans, ses amis et ses fans se sont retrouvés ce samedi à 15 heures au sommet de la butte de Saint-Cassien. Un lieu à son image, beau et simple, accueillant et doux, chargé d'histoire - c'est le berceau de Cannes - mais pas bling-bling pour un sou.

La jauge est limitée à 500 personnes. Sous les masques obligatoires, les lèvres tremblent quand sa voix s'élève au milieu des cyprès. « Trois notes de musique et Annie vous emmène. Trois notes et quelques mots et Annie vous fait oublier les chagrins et les sanglots ». Son cercueil avance au milieu d'un parterre populaire, venu de toute la région.

«Annie était comme un membre de ma famille», s’est ému le chanteur Dave (à dr.)./LP/Frédéric Dugit
«Annie était comme un membre de ma famille», s’est ému le chanteur Dave (à dr.)./LP/Frédéric Dugit  

Dans les premiers rangs, on reconnaît Christian Morin, Charlotte Julian, l'humoriste Roland Magdane, le producteur Gérard Louvin, le chef cuisinier Laurent Mariotte. Dave dit adieu à « cinquante ans de fidélité ». « Annie était comme un membre de ma famille. On s'appelait toutes les semaines, je l'avais eu il y a dix jours… » « C'était une femme et une artiste d'exception, ajoute Michèle Torr. C'était la seule qui savait tout faire, chanter, danser, mener une revue, jouer la comédie, faire pleurer. Un exemple à suivre pour tous les artistes. »

Dernier pied de nez, la bonne du curé fait faux bond à la chapelle qui trône sur la butte. Elle lui préfère la scène qui lui fait face. Le cercueil se pose entre deux grands portraits souriants et une multitude de gerbes de fleurs blanches. Envoyées par la ministre de la Culture, l'ex-roi des Belges Albert II, sa fille la princesse Astrid, Line Renaud, la famille Luis Mariano, Patrick Sébastien, Annette, son habilleuse pendant trente ans, les pingouines…

Cela fait sourire Sylviane, nez rouge sur masque bleu. « Je lui avais écrit une chanson et elle m'avait répondu en m'envoyant une gentille lettre et un magnifique dessin, raconte la septuagénaire. La dernière fois que je l'ai vue sur scène, elle avait 85 ans et m'a redonné la pêche. »

La nièce d’Annie Cordy, Michèle Lebon, a rendu un hommage très émouvant à sa «toute petite mère chérie»./LP/Frédéric Dugit
La nièce d’Annie Cordy, Michèle Lebon, a rendu un hommage très émouvant à sa «toute petite mère chérie»./LP/Frédéric Dugit  

Au micro, la nièce d'Annie, « Mimi », prend la parole la première. Elles vivaient ensemble depuis trente ans, depuis la mort de François-Henri Bruno, dit « Bruno », l'amour de sa vie. Elle s'adresse à sa « toute petite mère chérie » et rappelle sa devise, « la passion fait la force ». « Je me souviens de toi en train de partager des pâtes avec ton chien, de raturer un texte, tremblante et livide avant de monter sur scène. Tu m'épatais souvent par ta lucidité, mais tu te trompais quand tu disais que tes chansons resteront mais pas toi. Tu vois, nous sommes très nombreux et nous ne t'oublierons pas. »

On écoute l'autre Annie Cordy

Pas de « Tata Yoyo » ou de « Chaud Ka Ka O » ou de « ça ira mieux demain » aujourd'hui. On écoute l'autre Annie Cordy, celle de « Si j'étais le soleil » et « Si Dieu existe ». « Mon âme qui s'affole et prend son envol. Je ne sais pas si j'ai peur », y chante-t-elle entre un piano et un accordéon. Elle avait aussi un côté sombre, rappelle son amie Emmanuelle Guilcher, directrice adjointe des programmes de France 2. « Ce n'est pas par hasard si lorsque tu as été anoblie par le roi des Belges, tu as fait un blason avec deux masques de la commedia dell arte, l'un qui rit, l'autre qui pleure. »

« Le répertoire d'Annie est un kaléidoscope de couleurs, renchérit l'auteur Claude Lemesle. C'était une jongleuse d'émotions. » Il lui a écrit « Ah bravo », bouleversante chanson sur la rafle du Vel d'Hiv'. « Elle la chantait avec une telle intensité que beaucoup ont cru qu'elle avait été déportée ». Pour que le kaléidoscope soit complet, il fallait une voix des comédies musicales et des opérettes. David Alexis, qui brûlait les planches dans « Priscilla folle du désert » a rendu un hommage flamboyant à la « Liza Minelli française ». « Envoyez la musique mesdames les étoiles. J'entends tes doigts qui claquent. Allez Annie, chante, chante ».

«Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la vague d'émotion en Belgique»

Il fallait enfin des humoristes et des Belges, Virginie Hocq et les frères Taloche. « Je ne sais pas si vous vous rendez compte en France de la vague d'émotion en Belgique depuis le départ d'Annie. Son portrait est projeté sur la Grand-Place. Ses chansons passent dans tout Bruxelles », a énuméré Virginie Hocq en larmes. « Mais pourquoi n'est-elle pas enterrée en Belgique ? » me demande justement Christian, un chercheur niçois de 50 ans venu saluer « Nini la chance », du nom de son premier 33 tours acheté à l'âge de six ans.

La réponse se trouve à quelques kilomètres de cette butte, dans le cimetière Abadie. C'est là qu'Annie Cordy a fait construire dans les années 80 le caveau familial des Cooreman, entre cyprès et palmiers. Sa mère Marie y repose depuis 1980, son père Jean depuis 1983 et sa sœur Janet depuis 2010. Elle les voulait près d'elle. Elle les a rejoints cet après-midi dans l'intimité. Après une dernière salve d'applaudissements.

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