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Micheline Rochebrune Connery : "Sean en avait marre du cinéma" - Paris Match

Paris Match a interviewé la veuve de Sean Connery, Micheline Rochebrune Connery, quelques jours après la mort de la légende du cinéma. 

Paris Match. Vous avez partagé la vie de Sean Connery pendant 50 ans. Qui était l’homme derrière la légende ?
Micheline Rochebrune Connery. Sean était un homme d’une très grande sensibilité. Un homme très simple, très pudique. Il ne supportait pas l’injustice. C’était un innocent. Un type bien, incapable de faire de mal à une mouche. Il s’est souvent fait arnaquer dans sa vie. Il disait souvent : "Je me suis fait plus baiser qu’une pute". Quand je pense qu’on dit qu’il était radin ! C’est vrai qu’il trouvait qu’il y avait beaucoup trop de gaspillage sur les films, qu’il était capable de discuter pour 10 dollars mais il n’y avait pas plus généreux que lui. Lorsqu’il a fait le dernier Bond il a gagné une fortune. Il a donné l’intégralité de son cachet à une oeuvre de charité en Ecosse qui s’occupe d’enfants qui n’ont pas les moyens de se payer des études .

Voir aussi :Sean Connery et Micheline, leur couple dans Match

Vous m’avez confiée un jour que lorsque vous avez rencontré Sean en 1970 c’était un homme blessé. Blessé par quoi ?
Sean était à l’époque marié à Diane Cilento. Actrice elle aussi, elle était très jalouse de son succès et passait son temps à le mettre plus bas que terre. Il avait perdu toute confiance en lui. Il ne me l’a pas dit tout de suite, mais peu de temps après notre rencontre il m’a avouée qu’il était très malheureux dans son mariage. Comme je ne voulais pas jouer « back street », je lui ai demandé de ne plus jamais me rappeler. Trois mois plus tard, un de ses amis m’a contactée pour me donner son numéro de téléphone. J’ai craqué !

En images :Sean Connery, premier et éternel James Bond

Quel a été le ciment de votre relation ?
Nous étions très amoureux. Sean était assez sombre de caractère. Il voyait toujours le côte noir des choses alors que moi je voyais le coté lumineux. Pour que notre couple marche, je lui ai dit qu’il fallait qu’on fasse régulièrement le point pour voir ce qui allait ou pas entre nous. C’est ce qu’on a fait .

Qu’est-ce que vous pouviez lui reprocher ?
De trop boire et de se comporter parfois comme un macho.

Pourquoi n’avez vous jamais eu d’enfant ensemble ?
Ça le rendait fou. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais il ne pouvait pas en avoir .

Du jour au lendemain; Sean a décidé d’arrêter le cinéma alors qu’on lui proposait jusqu’à 20 millions de dollars par film.Pourquoi ?
Il en avait tout simplement marre. Il a refusé le rôle de Richard Gere dans «Pretty Woman» parce que disait il le couple qu’il formait avec Julia Roberts n’était pas crédible, comme il a refusé «Indiana Jones 4» ,le film de Spielberg, car il n’ avait rien compris au scénario. C’était tout Sean. Il a eu longtemps un agent formidable Michael Ovitz mais il m’écoutait aussi beaucoup. C’est moi d’ailleurs qui l’ai poussé à faire le dernier Bond alors qu’il s’était juré de ne plus jamais recommencer .

Depuis combien de temps était-il malade ?
Sa santé n’était plus très bonne depuis 4 ans. Il était atteint de sénilité et était conscient de son état ce qui le rendait très malheureux. Il s’ennuyait. Il dormait des journées entières pour essayer d’oublier. Dans des moments de lucidité, et il en avait, il me disait qu’il en avait assez et qu’il voulait en finir. Ça me déchirait le cœur de le voir comme ça. Ce n'était pas une vie. A la fin je suppliais le docteur de lui donner de la marijuana, n’importe quoi pour le sentir un peu plus heureux. Ce qui est terrible c’est que lorsque je l’ai emmené à la clinique Mayo pour faire un check up,il y a environ quatre ans, le docteur m’a dit que Sean avait un cœur très gros, qu’il avait des difficultés à battre et qu’il risquait de ne plus en avoir pour très longtemps. La seule chose qui pouvait le sauver c’était de lui mettre un pacemaker. Je lui ai dit de le faire. Avec le recul je ne sais pas si j’ai eu raison.

"

Il préférait de loin la compagnie des hommes

"

Le monde entier voulait Sean à sa table. Qui étaient ses amis ?
De vieux amis de golf, sa grande passion. Je crois même que le golf passait avant moi ! IL aimait beaucoup Ursula Andress. Je lui ai dit d ailleurs un jour en riant que c’est elle qu’il aurais dû épouser ! Tout le monde adorait Sean. Pour Spielberg c’était le plus grand acteur du monde. Johnny Depp vient de m’envoyer de magnifiques orchidées. Il l’adorait. Il était venu nous rendre visite, ici, au Bahamas il y a quelques années et nous avait invité avec toute la famille à passer une semaine sur son bateau, On n’a malheureusement pas pu y aller. Tous les présidents ont voulu le rencontrer, Bush , Clinton .. Un jour alors que nous passions par Washington, quelqu'un a dit à Sean qu’il pouvait très facilement lui organiser une rencontre avec Obama. Sean a dit qu’il s’en fichait. Quant à Trump, juste avant qu’il soit président, il a demandé à Sean de devenir président de tous les golfs d’Ecosse. Il a refusé.

Qui l’a particulièrement impressionné ?
Le Pape Jean Paul II. Sean ne croyait pas en Dieu. Il ne croyait en rien mais cette visite l’avait profondément marqué.

Les femmes .. . On ne peut pas parler de Sean sans parler des femmes qui se pâmaient littéralement devant lui...
J’ai toujours dit à Sean que s’il voulait partir il n’avait qu’à partir. La porte était ouverte! Tout ce remue-ménage autour de lui faisait partie de son métier. Je le prenais avec beaucoup de philosophie. Je vais vous confier un secret, Sean aimait bien les femmes mais il préférait de loin la compagnie des hommes. Moi aussi !

Quelles étaient les dernières volontés de Sean ?
Je n’ai pas voulu de cérémonie religieuse car Sean n’était pas croyant et moi non plus. Il a été incinéré aux Bahamas. Ses cendres sont chez moi dans un vase en attendant que la crise sanitaire permette d’organiser une cérémonie. On jettera une partie de ses cendres sur le golf de Ly Ford Key et l’autre en Ecosse sur celui de Saint Andrews. Sean avait de très belles mains. Quand il est mort, j’ai placé ses mains dans des moules en plâtre, sa main droite était déjà en train de se fermer je l’ai ouverte tout doucement. Je les ferai faire en bronze. Je voudrais beaucoup qu’elles restent dans le souvenir des gens.

Toute reproduction interdite

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Paris Match a interviewé la veuve de Sean Connery, Micheline Rochebrune Connery, quelques jours après la mort de la légende du cinéma. 

Paris Match. Vous avez partagé la vie de Sean Connery pendant 50 ans. Qui était l’homme derrière la légende ?
Micheline Rochebrune Connery. Sean était un homme d’une très grande sensibilité. Un homme très simple, très pudique. Il ne supportait pas l’injustice. C’était un innocent. Un type bien, incapable de faire de mal à une mouche. Il s’est souvent fait arnaquer dans sa vie. Il disait souvent : "Je me suis fait plus baiser qu’une pute". Quand je pense qu’on dit qu’il était radin ! C’est vrai qu’il trouvait qu’il y avait beaucoup trop de gaspillage sur les films, qu’il était capable de discuter pour 10 dollars mais il n’y avait pas plus généreux que lui. Lorsqu’il a fait le dernier Bond il a gagné une fortune. Il a donné l’intégralité de son cachet à une oeuvre de charité en Ecosse qui s’occupe d’enfants qui n’ont pas les moyens de se payer des études .

Voir aussi :Sean Connery et Micheline, leur couple dans Match

Vous m’avez confiée un jour que lorsque vous avez rencontré Sean en 1970 c’était un homme blessé. Blessé par quoi ?
Sean était à l’époque marié à Diane Cilento. Actrice elle aussi, elle était très jalouse de son succès et passait son temps à le mettre plus bas que terre. Il avait perdu toute confiance en lui. Il ne me l’a pas dit tout de suite, mais peu de temps après notre rencontre il m’a avouée qu’il était très malheureux dans son mariage. Comme je ne voulais pas jouer « back street », je lui ai demandé de ne plus jamais me rappeler. Trois mois plus tard, un de ses amis m’a contactée pour me donner son numéro de téléphone. J’ai craqué !

En images :Sean Connery, premier et éternel James Bond

Quel a été le ciment de votre relation ?
Nous étions très amoureux. Sean était assez sombre de caractère. Il voyait toujours le côte noir des choses alors que moi je voyais le coté lumineux. Pour que notre couple marche, je lui ai dit qu’il fallait qu’on fasse régulièrement le point pour voir ce qui allait ou pas entre nous. C’est ce qu’on a fait .

Qu’est-ce que vous pouviez lui reprocher ?
De trop boire et de se comporter parfois comme un macho.

Pourquoi n’avez vous jamais eu d’enfant ensemble ?
Ça le rendait fou. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais il ne pouvait pas en avoir .

Du jour au lendemain; Sean a décidé d’arrêter le cinéma alors qu’on lui proposait jusqu’à 20 millions de dollars par film.Pourquoi ?
Il en avait tout simplement marre. Il a refusé le rôle de Richard Gere dans «Pretty Woman» parce que disait il le couple qu’il formait avec Julia Roberts n’était pas crédible, comme il a refusé «Indiana Jones 4» ,le film de Spielberg, car il n’ avait rien compris au scénario. C’était tout Sean. Il a eu longtemps un agent formidable Michael Ovitz mais il m’écoutait aussi beaucoup. C’est moi d’ailleurs qui l’ai poussé à faire le dernier Bond alors qu’il s’était juré de ne plus jamais recommencer .

Depuis combien de temps était-il malade ?
Sa santé n’était plus très bonne depuis 4 ans. Il était atteint de sénilité et était conscient de son état ce qui le rendait très malheureux. Il s’ennuyait. Il dormait des journées entières pour essayer d’oublier. Dans des moments de lucidité, et il en avait, il me disait qu’il en avait assez et qu’il voulait en finir. Ça me déchirait le cœur de le voir comme ça. Ce n'était pas une vie. A la fin je suppliais le docteur de lui donner de la marijuana, n’importe quoi pour le sentir un peu plus heureux. Ce qui est terrible c’est que lorsque je l’ai emmené à la clinique Mayo pour faire un check up,il y a environ quatre ans, le docteur m’a dit que Sean avait un cœur très gros, qu’il avait des difficultés à battre et qu’il risquait de ne plus en avoir pour très longtemps. La seule chose qui pouvait le sauver c’était de lui mettre un pacemaker. Je lui ai dit de le faire. Avec le recul je ne sais pas si j’ai eu raison.

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Il préférait de loin la compagnie des hommes

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Le monde entier voulait Sean à sa table. Qui étaient ses amis ?
De vieux amis de golf, sa grande passion. Je crois même que le golf passait avant moi ! IL aimait beaucoup Ursula Andress. Je lui ai dit d ailleurs un jour en riant que c’est elle qu’il aurais dû épouser ! Tout le monde adorait Sean. Pour Spielberg c’était le plus grand acteur du monde. Johnny Depp vient de m’envoyer de magnifiques orchidées. Il l’adorait. Il était venu nous rendre visite, ici, au Bahamas il y a quelques années et nous avait invité avec toute la famille à passer une semaine sur son bateau, On n’a malheureusement pas pu y aller. Tous les présidents ont voulu le rencontrer, Bush , Clinton .. Un jour alors que nous passions par Washington, quelqu'un a dit à Sean qu’il pouvait très facilement lui organiser une rencontre avec Obama. Sean a dit qu’il s’en fichait. Quant à Trump, juste avant qu’il soit président, il a demandé à Sean de devenir président de tous les golfs d’Ecosse. Il a refusé.

Qui l’a particulièrement impressionné ?
Le Pape Jean Paul II. Sean ne croyait pas en Dieu. Il ne croyait en rien mais cette visite l’avait profondément marqué.

Les femmes .. . On ne peut pas parler de Sean sans parler des femmes qui se pâmaient littéralement devant lui...
J’ai toujours dit à Sean que s’il voulait partir il n’avait qu’à partir. La porte était ouverte! Tout ce remue-ménage autour de lui faisait partie de son métier. Je le prenais avec beaucoup de philosophie. Je vais vous confier un secret, Sean aimait bien les femmes mais il préférait de loin la compagnie des hommes. Moi aussi !

Quelles étaient les dernières volontés de Sean ?
Je n’ai pas voulu de cérémonie religieuse car Sean n’était pas croyant et moi non plus. Il a été incinéré aux Bahamas. Ses cendres sont chez moi dans un vase en attendant que la crise sanitaire permette d’organiser une cérémonie. On jettera une partie de ses cendres sur le golf de Ly Ford Key et l’autre en Ecosse sur celui de Saint Andrews. Sean avait de très belles mains. Quand il est mort, j’ai placé ses mains dans des moules en plâtre, sa main droite était déjà en train de se fermer je l’ai ouverte tout doucement. Je les ferai faire en bronze. Je voudrais beaucoup qu’elles restent dans le souvenir des gens.

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