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Un Livre blanc pour la prévention des violences sexuelles dans le cinéma français - Le Monde

L’actrice et réalisatrice Agnès Jaoui au festival de Cannes, le 20 mai 2019.

Six minutes pour dire une vie de femme, de réalisatrice et d’actrice. Six minutes pour raconter ses décillements successifs. « Vers 5 ans, je me suis fait abuser par un inconnu dans la cage d’escalier de mon immeuble », commence Agnès Jaoui avant de décrire une dizaine d’événements qui, mis bout à bout, racontent cinquante ans de confrontation à la violence et au sexisme. « Vers 11 ans, je me suis fait abuser par mon oncle. A 12 ans, j’ai commencé un régime. (…) Vers 25 ans, une directrice de casting m’a dit qu’ils recherchaient pour un casting de film d’auteur une actrice prête à se faire sodomiser en vrai. (…) Vers 30 ans, quand j’allais à l’étranger, j’étais très fière de clamer qu’en France nous étions 20 % de femmes réalisatrices. Vers 34 ans, je me suis rendu compte que 80 % des films étaient réalisés par des hommes et je me suis demandé pourquoi j’avais été aussi fière d’un pourcentage aussi nul. »

Cette introspection de l’actrice-réalisatrice a particulièrement saisi l’auditoire de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le collectif 50/50, les 25 et 26 novembre, à Paris. Créé en février 2018, 50/50 s’était alors donné jusqu’à 2020 pour faire progresser la parité et la diversité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Deux ans après, le collectif estime, chiffres à l’appui, que sa mission est loin d’être achevée. « En 2019, 76 % des films produits ont été réalisés par des hommes, 88 % pour les œuvres audiovisuelles. Il n’y a pas de parité dans les équipes. Les salaires des scénaristes et réalisatrices sont de 30 % à 40 % inférieurs à ceux des hommes, déplore Sandrine Brauer, productrice et coprésidente du collectif. On ne peut pas accepter ça. »

Le conditionnement des aides du CNC

Des victoires ont toutefois été obtenues au cours de ces dernières années : la charte pour l’inclusion a été signée par la majorité des associations représentatives du métier, celle qui engage les festivals à favoriser la parité a été signée par 156 d’entre eux à travers le monde et la Bible 50/50, un annuaire de professionnels incarnant la « diversité », a été adoptée par France Télévisions pour atteindre son objectif minimal de 30 % de réalisatrices pour ses fictions. En introduction de ces assises, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a aussi tenu à rappeler deux autres avancées : le « bonus parité » instauré par le CNC et le conditionnement des aides du CNC au respect des obligations légales en termes de prévention du harcèlement sexuel.

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Cette introspection de l’actrice-réalisatrice a particulièrement saisi l’auditoire de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le collectif 50/50, les 25 et 26 novembre, à Paris. Créé en février 2018, 50/50 s’était alors donné jusqu’à 2020 pour faire progresser la parité et la diversité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Deux ans après, le collectif estime, chiffres à l’appui, que sa mission est loin d’être achevée. « En 2019, 76 % des films produits ont été réalisés par des hommes, 88 % pour les œuvres audiovisuelles. Il n’y a pas de parité dans les équipes. Les salaires des scénaristes et réalisatrices sont de 30 % à 40 % inférieurs à ceux des hommes, déplore Sandrine Brauer, productrice et coprésidente du collectif. On ne peut pas accepter ça. »

Le conditionnement des aides du CNC

Des victoires ont toutefois été obtenues au cours de ces dernières années : la charte pour l’inclusion a été signée par la majorité des associations représentatives du métier, celle qui engage les festivals à favoriser la parité a été signée par 156 d’entre eux à travers le monde et la Bible 50/50, un annuaire de professionnels incarnant la « diversité », a été adoptée par France Télévisions pour atteindre son objectif minimal de 30 % de réalisatrices pour ses fictions. En introduction de ces assises, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a aussi tenu à rappeler deux autres avancées : le « bonus parité » instauré par le CNC et le conditionnement des aides du CNC au respect des obligations légales en termes de prévention du harcèlement sexuel.

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