Six minutes pour dire une vie de femme, de réalisatrice et d’actrice. Six minutes pour raconter ses décillements successifs. « Vers 5 ans, je me suis fait abuser par un inconnu dans la cage d’escalier de mon immeuble », commence Agnès Jaoui avant de décrire une dizaine d’événements qui, mis bout à bout, racontent cinquante ans de confrontation à la violence et au sexisme. « Vers 11 ans, je me suis fait abuser par mon oncle. A 12 ans, j’ai commencé un régime. (…) Vers 25 ans, une directrice de casting m’a dit qu’ils recherchaient pour un casting de film d’auteur une actrice prête à se faire sodomiser en vrai. (…) Vers 30 ans, quand j’allais à l’étranger, j’étais très fière de clamer qu’en France nous étions 20 % de femmes réalisatrices. Vers 34 ans, je me suis rendu compte que 80 % des films étaient réalisés par des hommes et je me suis demandé pourquoi j’avais été aussi fière d’un pourcentage aussi nul. »
Cette introspection de l’actrice-réalisatrice a particulièrement saisi l’auditoire de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le collectif 50/50, les 25 et 26 novembre, à Paris. Créé en février 2018, 50/50 s’était alors donné jusqu’à 2020 pour faire progresser la parité et la diversité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Deux ans après, le collectif estime, chiffres à l’appui, que sa mission est loin d’être achevée. « En 2019, 76 % des films produits ont été réalisés par des hommes, 88 % pour les œuvres audiovisuelles. Il n’y a pas de parité dans les équipes. Les salaires des scénaristes et réalisatrices sont de 30 % à 40 % inférieurs à ceux des hommes, déplore Sandrine Brauer, productrice et coprésidente du collectif. On ne peut pas accepter ça. »
Le conditionnement des aides du CNC
Des victoires ont toutefois été obtenues au cours de ces dernières années : la charte pour l’inclusion a été signée par la majorité des associations représentatives du métier, celle qui engage les festivals à favoriser la parité a été signée par 156 d’entre eux à travers le monde et la Bible 50/50, un annuaire de professionnels incarnant la « diversité », a été adoptée par France Télévisions pour atteindre son objectif minimal de 30 % de réalisatrices pour ses fictions. En introduction de ces assises, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a aussi tenu à rappeler deux autres avancées : le « bonus parité » instauré par le CNC et le conditionnement des aides du CNC au respect des obligations légales en termes de prévention du harcèlement sexuel.
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Read AgainSix minutes pour dire une vie de femme, de réalisatrice et d’actrice. Six minutes pour raconter ses décillements successifs. « Vers 5 ans, je me suis fait abuser par un inconnu dans la cage d’escalier de mon immeuble », commence Agnès Jaoui avant de décrire une dizaine d’événements qui, mis bout à bout, racontent cinquante ans de confrontation à la violence et au sexisme. « Vers 11 ans, je me suis fait abuser par mon oncle. A 12 ans, j’ai commencé un régime. (…) Vers 25 ans, une directrice de casting m’a dit qu’ils recherchaient pour un casting de film d’auteur une actrice prête à se faire sodomiser en vrai. (…) Vers 30 ans, quand j’allais à l’étranger, j’étais très fière de clamer qu’en France nous étions 20 % de femmes réalisatrices. Vers 34 ans, je me suis rendu compte que 80 % des films étaient réalisés par des hommes et je me suis demandé pourquoi j’avais été aussi fière d’un pourcentage aussi nul. »
Cette introspection de l’actrice-réalisatrice a particulièrement saisi l’auditoire de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le collectif 50/50, les 25 et 26 novembre, à Paris. Créé en février 2018, 50/50 s’était alors donné jusqu’à 2020 pour faire progresser la parité et la diversité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Deux ans après, le collectif estime, chiffres à l’appui, que sa mission est loin d’être achevée. « En 2019, 76 % des films produits ont été réalisés par des hommes, 88 % pour les œuvres audiovisuelles. Il n’y a pas de parité dans les équipes. Les salaires des scénaristes et réalisatrices sont de 30 % à 40 % inférieurs à ceux des hommes, déplore Sandrine Brauer, productrice et coprésidente du collectif. On ne peut pas accepter ça. »
Le conditionnement des aides du CNC
Des victoires ont toutefois été obtenues au cours de ces dernières années : la charte pour l’inclusion a été signée par la majorité des associations représentatives du métier, celle qui engage les festivals à favoriser la parité a été signée par 156 d’entre eux à travers le monde et la Bible 50/50, un annuaire de professionnels incarnant la « diversité », a été adoptée par France Télévisions pour atteindre son objectif minimal de 30 % de réalisatrices pour ses fictions. En introduction de ces assises, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a aussi tenu à rappeler deux autres avancées : le « bonus parité » instauré par le CNC et le conditionnement des aides du CNC au respect des obligations légales en termes de prévention du harcèlement sexuel.
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