Le dernier épisode de la saison 2 de The Mandalorian est là. Tiendra-t-il ses promesses épiques et mythologiques ?
ATTENTION SPOILERS.
"Une mand'à l'eau pour la 12, une !
LE PIRE CONTRE-ATTAQUE
On attaque dans le dur, avec une petite poursuite spatiale des familles, alors que Boba Fett et ses joyeux compagnons arraisonnent le vaisseau impérial transportant le scientifique chargé de faire subir les pires outrages à Gorgu. Un duel de blaster tendu et frontal plus tard, le message est clair : on n’est plus là pour rigoler et nos héros transformeront les factotums de l’Empire en barbecue de Banta plutôt que d’abandonner leur peluche préférée.
En une poignée de plans simples, cet ultime chapitre de la saison 2 impose une atmosphère lourde. D'ailleurs, c'est probablement la toute première fois de l'histoire de la saga que nous assistons à un headshot plein cadre au blaster, alors que Cara Dune exécute un soldat de l'Empire. La séquence pourrait sembler anodine, mais son rythme lent, inexorable, lui confère une gravité intéressante, et surtout, elle replace les Rebelles de Star Wars dans leur positionnement originel, à savoir celui d'une révolte armée implacable.
Résolution, tension, explosion, voici donc la note d'intention illustrée de ce season finale avec sérieux par Peyton Reed, qui dévoile rapidement son programme simple, mais gourmand : la prise du vaisseau de Moff Gideon. Pour ce faire, la série a décidé de convoquer à peu près tous les tropismes de Star Wars en matière d’action. Une louche de dog fight spatial, des fusillades au blaster comme s’il en pleuvait, et même des combats au sabre.
Ces derniers bénéficient d’une attention particulière. Qu’il s’agisse d’affrontements inégaux quand Mando est désarmé et ne peut compter que sur son armure pour le défendre des assauts de Giancarlo Esposito, de leur duel assaisonné d’une lance ou de l’intervention classieuse de Luke Skywalker, mise en scène et montage s’appliquent à retrouver la classe bretteuse de la trilogie originale. On se souvient que dans l’épisode réalisé par Robert Rodriguez, l’irruption des Dark Troopers avait marqué par sa vanité et sa stérilité. Chorégraphiée pauvrement, la scène peinait à installer ces nouveaux venus comme des adversaires intéressants. Et pour le coup, ce season finale leur offre enfin un écrin à leur hauteur.
LE PARKOUR DU JEDI
Chaque séquence apporte son petit morceau de bravoure, son plan iconique, et veille toujours à satisfaire un spectateur qui n’espère plus guère être surpris, mais prie toujours pour que la dépouille de ses souvenirs d’enfance lui fasse la guerre dans les étoiles. Et en la matière, il va être servi. De retour pour jouer un mauvais tour à la Terminator, les Dark troopers, s’ils ne réinventent pas la machine à casser des bouches, s’avèrent idéalement filmés et mis en scène.
Ludwig Göransson s’en est d’ailleurs donné à cœur joie pour leur offrir un thème musical parmi les plus bizarroïdes, mais aussi les plus efficaces de toute la saga, les rendant plus redoutables qu’un DJ berlinois au bord de l’hyperglycémie. Et lorsque survient leur première confrontation avec Mando, le tempo de l’action change soudain, évidemment pour se caler sur l’effroi implacable jadis engendré par les androïdes de James Cameron, avec une réussite bien réelle. Gauches en extérieur, ils s'accordent ici parfaitement au décor impérial et font brillamment écho au design traditionnel de la saga, marié à celui des toasters traditionnels de la série Battlestar Galactica.
Jusqu’au final, émouvant et spectaculaire, de cet épisode plus riche que tous ceux qui ont précédé, difficile de croire que c’est bien le Peyton Reed d’Ant-Man et la Guêpe qui est aux commandes. Certes, il ne nous révolutionne pas la rétine, mais force est de constater qu’il réussit chaque figure imposée, caviardant ce chapitre final d’une quantité impressionnante de plans iconiques et autres petites sorties classieuses.
Quand tu retrouves ta peluche préférée
DARK RESURREKTOR
Dans ses dernières minutes, le scénario nous offre enfin de réels dilemmes moraux, tandis qu’il use pour la première fois de la mythologie mandalorienne comme d’un motif dramaturgique. Les coutumes des légendaires guerriers ne sont plus un maquillage superficiel pour épaissir artificiellement la sauce. Au contraire, ils pourraient mener Mando et Bo-Katan à se battre pour le Dark Saber, jusqu’à la mort.
Une intensité dramatique qui se retrouve dans l’écriture de Gideon, aussi vicieux, veule et malin que radical, lorsque dans un geste dénué de la moindre émotion, il s’apprête à s’ôter la vie. Enfin, l’arrivée de Luke au milieu de ce phénoménal champ de bataille devrait ravir les fans, tout en ouvrant quantité de pistes possibles quant au futur de la franchise. Et si son rajeunissement numérique n’est pas aussi abouti que ce que Disney a pu accomplir par le passé, notamment sur Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, le résultat demeure très impressionnant pour une série, produite avec un budget et un luxe de temps infiniment moindre qu’un blockbuster.
À la fin de cet épisode bourrin en diable et diablement intense, nous voilà avec sur les bras un sacré pétrin narratif : Boba Fett et Fennec Shand quittent la trame centrale pour lancer leur propre spin-off : The Book of Boba Fett, qui verra le chasseur de prime prendre possession de l'antre de Jabba le Hutt. Parallèlement, Mando et ses compagnons vont sans doute faire face à la colère de l'Amiral Thrawn pendant que quelque part, peut-être nous en découvrirons plus sur la formation de Baby Yoda, alias Gorgu. Autant de rebondissements amenés avec une belle fluidité et une constante générosité.
Le plaisir est donc indiscutablement au rendez-vous, tant ce chapitre envoie de la purée de blaster au large. Néanmoins, il pose une double question, tant au sujet de ce que Disney est véritablement capable d’accomplir, que concernant le désir profond des spectateurs. En cristallisant toute sa narration autour des enjeux et emblèmes de la trilogie originale, The Mandalorian (et Disney à travers lui) semble finalement assumer de n’avoir rien à raconter.
Se concentrer à chaque fois sur une nouvelle zone d’ombre de la quête originelle, lever à chaque fois un peu plus le voile sur les mystères d’hier, c’est réduire inexorablement le champ des possibles, la carte à explorer. Ainsi au fur et à mesure que le studio affirme sa maîtrise de la grammaire Star Wars (et quelle maîtrise), c’est son imagination, sa substance même qu’elle prend le risque d’assécher.
La saison 2 de The Mandalorian est disponible en intégralité sur Disney+
Read AgainLe dernier épisode de la saison 2 de The Mandalorian est là. Tiendra-t-il ses promesses épiques et mythologiques ?
ATTENTION SPOILERS.
"Une mand'à l'eau pour la 12, une !
LE PIRE CONTRE-ATTAQUE
On attaque dans le dur, avec une petite poursuite spatiale des familles, alors que Boba Fett et ses joyeux compagnons arraisonnent le vaisseau impérial transportant le scientifique chargé de faire subir les pires outrages à Gorgu. Un duel de blaster tendu et frontal plus tard, le message est clair : on n’est plus là pour rigoler et nos héros transformeront les factotums de l’Empire en barbecue de Banta plutôt que d’abandonner leur peluche préférée.
En une poignée de plans simples, cet ultime chapitre de la saison 2 impose une atmosphère lourde. D'ailleurs, c'est probablement la toute première fois de l'histoire de la saga que nous assistons à un headshot plein cadre au blaster, alors que Cara Dune exécute un soldat de l'Empire. La séquence pourrait sembler anodine, mais son rythme lent, inexorable, lui confère une gravité intéressante, et surtout, elle replace les Rebelles de Star Wars dans leur positionnement originel, à savoir celui d'une révolte armée implacable.
Résolution, tension, explosion, voici donc la note d'intention illustrée de ce season finale avec sérieux par Peyton Reed, qui dévoile rapidement son programme simple, mais gourmand : la prise du vaisseau de Moff Gideon. Pour ce faire, la série a décidé de convoquer à peu près tous les tropismes de Star Wars en matière d’action. Une louche de dog fight spatial, des fusillades au blaster comme s’il en pleuvait, et même des combats au sabre.
Ces derniers bénéficient d’une attention particulière. Qu’il s’agisse d’affrontements inégaux quand Mando est désarmé et ne peut compter que sur son armure pour le défendre des assauts de Giancarlo Esposito, de leur duel assaisonné d’une lance ou de l’intervention classieuse de Luke Skywalker, mise en scène et montage s’appliquent à retrouver la classe bretteuse de la trilogie originale. On se souvient que dans l’épisode réalisé par Robert Rodriguez, l’irruption des Dark Troopers avait marqué par sa vanité et sa stérilité. Chorégraphiée pauvrement, la scène peinait à installer ces nouveaux venus comme des adversaires intéressants. Et pour le coup, ce season finale leur offre enfin un écrin à leur hauteur.
LE PARKOUR DU JEDI
Chaque séquence apporte son petit morceau de bravoure, son plan iconique, et veille toujours à satisfaire un spectateur qui n’espère plus guère être surpris, mais prie toujours pour que la dépouille de ses souvenirs d’enfance lui fasse la guerre dans les étoiles. Et en la matière, il va être servi. De retour pour jouer un mauvais tour à la Terminator, les Dark troopers, s’ils ne réinventent pas la machine à casser des bouches, s’avèrent idéalement filmés et mis en scène.
Ludwig Göransson s’en est d’ailleurs donné à cœur joie pour leur offrir un thème musical parmi les plus bizarroïdes, mais aussi les plus efficaces de toute la saga, les rendant plus redoutables qu’un DJ berlinois au bord de l’hyperglycémie. Et lorsque survient leur première confrontation avec Mando, le tempo de l’action change soudain, évidemment pour se caler sur l’effroi implacable jadis engendré par les androïdes de James Cameron, avec une réussite bien réelle. Gauches en extérieur, ils s'accordent ici parfaitement au décor impérial et font brillamment écho au design traditionnel de la saga, marié à celui des toasters traditionnels de la série Battlestar Galactica.
Jusqu’au final, émouvant et spectaculaire, de cet épisode plus riche que tous ceux qui ont précédé, difficile de croire que c’est bien le Peyton Reed d’Ant-Man et la Guêpe qui est aux commandes. Certes, il ne nous révolutionne pas la rétine, mais force est de constater qu’il réussit chaque figure imposée, caviardant ce chapitre final d’une quantité impressionnante de plans iconiques et autres petites sorties classieuses.
Quand tu retrouves ta peluche préférée
DARK RESURREKTOR
Dans ses dernières minutes, le scénario nous offre enfin de réels dilemmes moraux, tandis qu’il use pour la première fois de la mythologie mandalorienne comme d’un motif dramaturgique. Les coutumes des légendaires guerriers ne sont plus un maquillage superficiel pour épaissir artificiellement la sauce. Au contraire, ils pourraient mener Mando et Bo-Katan à se battre pour le Dark Saber, jusqu’à la mort.
Une intensité dramatique qui se retrouve dans l’écriture de Gideon, aussi vicieux, veule et malin que radical, lorsque dans un geste dénué de la moindre émotion, il s’apprête à s’ôter la vie. Enfin, l’arrivée de Luke au milieu de ce phénoménal champ de bataille devrait ravir les fans, tout en ouvrant quantité de pistes possibles quant au futur de la franchise. Et si son rajeunissement numérique n’est pas aussi abouti que ce que Disney a pu accomplir par le passé, notamment sur Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, le résultat demeure très impressionnant pour une série, produite avec un budget et un luxe de temps infiniment moindre qu’un blockbuster.
À la fin de cet épisode bourrin en diable et diablement intense, nous voilà avec sur les bras un sacré pétrin narratif : Boba Fett et Fennec Shand quittent la trame centrale pour lancer leur propre spin-off : The Book of Boba Fett, qui verra le chasseur de prime prendre possession de l'antre de Jabba le Hutt. Parallèlement, Mando et ses compagnons vont sans doute faire face à la colère de l'Amiral Thrawn pendant que quelque part, peut-être nous en découvrirons plus sur la formation de Baby Yoda, alias Gorgu. Autant de rebondissements amenés avec une belle fluidité et une constante générosité.
Le plaisir est donc indiscutablement au rendez-vous, tant ce chapitre envoie de la purée de blaster au large. Néanmoins, il pose une double question, tant au sujet de ce que Disney est véritablement capable d’accomplir, que concernant le désir profond des spectateurs. En cristallisant toute sa narration autour des enjeux et emblèmes de la trilogie originale, The Mandalorian (et Disney à travers lui) semble finalement assumer de n’avoir rien à raconter.
Se concentrer à chaque fois sur une nouvelle zone d’ombre de la quête originelle, lever à chaque fois un peu plus le voile sur les mystères d’hier, c’est réduire inexorablement le champ des possibles, la carte à explorer. Ainsi au fur et à mesure que le studio affirme sa maîtrise de la grammaire Star Wars (et quelle maîtrise), c’est son imagination, sa substance même qu’elle prend le risque d’assécher.
La saison 2 de The Mandalorian est disponible en intégralité sur Disney+
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