TRISTE MONDE TRAGIQUE
Netflix a beau s’enorgueillir de produire ou d’acheter ici et là des créations prestigieuses d’auteurs reconnus, la plateforme aux 200 millions d’abonnés doit avant tout abreuver ses usagers de flux, quitte à privilégier la quantité sur la qualité. Sur le papier, avec sa dégaine de petit drame britannique au contexte usé et aux personnages archétypaux, The Dig avait tout pour passer inaperçu et s’inscrire dans le tout-venant des produits diffusés par le géant de la SVoD La surprise engendrée par le second long-métrage de Simon Stone n’en est que plus grande.
Dès son ouverture, le réalisateur Simon Stoneappose sa signature et nous immerge au cœur de l’action alors qu’un modeste excavateur traverse le Suffolk pour retrouver un bien étrange chantier de fouilles. Le montage se plaît à syncoper l’action, tandis qu’une caméra beaucoup plus fluide qu’attendu navigue entre les personnages. En quelques secondes à peine, les enjeux sont posés et un réseau de symboles cristallins, mais étonnamment justes s’installe sous nos yeux.
Alors que Basil Brown tient enfin l’occasion de s’accomplir, la bourgeoise madame Pretty revit et approche du tombeau dans un même mouvement. Il en ira ainsi de tous les protagonistes, portés par les élans de leur cœur, emportés par ceux de l’Histoire. Les yeux vissés vers les nuages et les bombardements à venir, les mains creusant un sol, abritant simultanément une antique chambre funéraire et le secret de leurs existences. Fatalisme et désirs se mêlent ainsi progressivement, alors que l’intrigue se noue, que le vernis d’un romantisme provincial faussement convenu se craquèle pour révéler autant de tragédies intimes.
Un des plus beaux plans du filmCREUSE, FIENNES, CREUSE
Stone a été à bonne école et a retenu aussi bien les enseignements de Malick ou Lubezki que la vigueur avec laquelle un Michael Mann a renouvelé l’imagerie du film historique. Et s’il ne vise pas ici le grand trip cosmogonique ni ne nous jette à la cornée de thriller post-moderne, il subvertit perpétuellement les identités remarquables du petit drame propre sur lui. Variant objectifs et angles, prenant toujours le pouls de ses personnages, il parvient toujours à dynamiser l’action, jusque dans la chronique faussement statique de longues fouilles archéologiques.
La célèbre recette de la tarte à la fougèreLe montage n’est pas en reste et use de techniques à priori éculées, étirant volontiers l’action d’un dialogue donné sur plusieurs séquences, mais use de ses effets avec une précision rare, et parvient plus d’une fois à subvertir les attentes du spectateur trop sûr de lui. Régulièrement, de ces assemblages combinés à la photographie somptueuse de Mike Eley naissent des plages de contemplation inattendue, des pointes de poésie lancinantes. Arrivé à mi-parcours, alors que le scénario renouvelle ses enjeux et injecte une tripotée de nouveaux personnages, l’ensemble du casting dévoile des trésors d’intensité.
Plutôt que de jouer le contre-emploi, le metteur en scène s’attache à la précision de ses interprètes, confiant à chacun un rôle idéalement calibré pour lui, qu’il finit par transcender. Carey Mulligan fascine au détour de chaque regard, redoublant d’intensité alors que sa vie lui échappe. Ralph Fiennes, lui, nous régale de son éternel éclat de beagle rejeté par la Royal Shakespeare Company, quant Lily James, elle, parvient à irradier malgré un rôle aussi bref que prévisible. Et ainsi, The Dig s’impose comme une des plus émouvantes surprises de ce début d’année.
The Dig est disponible sur Netflix depuis le 29 janvier en France
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Netflix a beau s’enorgueillir de produire ou d’acheter ici et là des créations prestigieuses d’auteurs reconnus, la plateforme aux 200 millions d’abonnés doit avant tout abreuver ses usagers de flux, quitte à privilégier la quantité sur la qualité. Sur le papier, avec sa dégaine de petit drame britannique au contexte usé et aux personnages archétypaux, The Dig avait tout pour passer inaperçu et s’inscrire dans le tout-venant des produits diffusés par le géant de la SVoD La surprise engendrée par le second long-métrage de Simon Stone n’en est que plus grande.
Dès son ouverture, le réalisateur Simon Stoneappose sa signature et nous immerge au cœur de l’action alors qu’un modeste excavateur traverse le Suffolk pour retrouver un bien étrange chantier de fouilles. Le montage se plaît à syncoper l’action, tandis qu’une caméra beaucoup plus fluide qu’attendu navigue entre les personnages. En quelques secondes à peine, les enjeux sont posés et un réseau de symboles cristallins, mais étonnamment justes s’installe sous nos yeux.
Alors que Basil Brown tient enfin l’occasion de s’accomplir, la bourgeoise madame Pretty revit et approche du tombeau dans un même mouvement. Il en ira ainsi de tous les protagonistes, portés par les élans de leur cœur, emportés par ceux de l’Histoire. Les yeux vissés vers les nuages et les bombardements à venir, les mains creusant un sol, abritant simultanément une antique chambre funéraire et le secret de leurs existences. Fatalisme et désirs se mêlent ainsi progressivement, alors que l’intrigue se noue, que le vernis d’un romantisme provincial faussement convenu se craquèle pour révéler autant de tragédies intimes.
Un des plus beaux plans du filmCREUSE, FIENNES, CREUSE
Stone a été à bonne école et a retenu aussi bien les enseignements de Malick ou Lubezki que la vigueur avec laquelle un Michael Mann a renouvelé l’imagerie du film historique. Et s’il ne vise pas ici le grand trip cosmogonique ni ne nous jette à la cornée de thriller post-moderne, il subvertit perpétuellement les identités remarquables du petit drame propre sur lui. Variant objectifs et angles, prenant toujours le pouls de ses personnages, il parvient toujours à dynamiser l’action, jusque dans la chronique faussement statique de longues fouilles archéologiques.
La célèbre recette de la tarte à la fougèreLe montage n’est pas en reste et use de techniques à priori éculées, étirant volontiers l’action d’un dialogue donné sur plusieurs séquences, mais use de ses effets avec une précision rare, et parvient plus d’une fois à subvertir les attentes du spectateur trop sûr de lui. Régulièrement, de ces assemblages combinés à la photographie somptueuse de Mike Eley naissent des plages de contemplation inattendue, des pointes de poésie lancinantes. Arrivé à mi-parcours, alors que le scénario renouvelle ses enjeux et injecte une tripotée de nouveaux personnages, l’ensemble du casting dévoile des trésors d’intensité.
Plutôt que de jouer le contre-emploi, le metteur en scène s’attache à la précision de ses interprètes, confiant à chacun un rôle idéalement calibré pour lui, qu’il finit par transcender. Carey Mulligan fascine au détour de chaque regard, redoublant d’intensité alors que sa vie lui échappe. Ralph Fiennes, lui, nous régale de son éternel éclat de beagle rejeté par la Royal Shakespeare Company, quant Lily James, elle, parvient à irradier malgré un rôle aussi bref que prévisible. Et ainsi, The Dig s’impose comme une des plus émouvantes surprises de ce début d’année.
The Dig est disponible sur Netflix depuis le 29 janvier en France
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