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« Les Aventures du jeune Voltaire », sur France 2 : le récit sans éclat de la naissance d'une Lumière - Le Monde

Thomas Solivérès incarne le jeune Voltaire dans la série de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma.

Un titre comme celui-ci pourrait cacher un récit d’apprentissage picaresque. Mais les spectateurs conviés à découvrir la métamorphose de François Marie Arouet en Voltaire le sont tout d’abord en tant qu’élèves méritants. Ils se verront conter l’édifiante histoire des années de formation de l’écrivain sous une forme proche des bandes dessinées éducatives qui fleurissaient aussi bien dans Spirou (Les Belles Histoires de l’oncle Paul) que dans la presse catholique destinée à la jeunesse.

Au tout début du premier épisode, l’arrivée au monde du petit Arouet, en un plan emprunté à L’Origine du monde, de Courbet, laisse entrevoir quelque volonté de transgression. Cette attente sera contrariée quelques plans plus tard, dès l’apparition de l’enfant surdoué sur une estrade. Il déclame devant un public ravi, sous le regard sombre d’un garçon plus vieux que lui. On a compris que le frère aîné de François Marie le jalouse.

Au cas où le fond de la classe n’aurait pas suivi, l’un des assistants glisse à l’oreille de son voisin : « Vous avez vu le frère ? ». Devenu adulte, Armand Arouet sera affligé d’une coupe au bol (il est le seul de l’abondante distribution) qui signifie sans doute son étroitesse d’esprit.

François Marie, lui, prend les traits perpétuellement adolescents et l’expression effrontée de Thomas Solivérès. On le voit apprendre, s’opposer à son père (Eric Caravaca), découvrir l’amour et la politique dans les salons de la factieuse duchesse du Maine (Maud Wyler), et encourir la colère du régent (Thibault de Montalembert). Il y a là de quoi tremper un caractère. Pourtant le scénario de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma n’imprime d’autre direction à l’alignement des scènes que l’accomplissement des éléments de la légende du grand homme.

Leçon d’histoire

Malgré la fluidité de la mise en scène de Tasma, l’existence de ce mondain devenu dissident ressemble au parcours d’un pion sur un jeu de l’oie. La case exil précède la case prison (la Bastille, pendant un an, pour avoir produit des libelles séditieux accusant le régent d’inceste) ; une fois passés les débuts du dramaturge, on progresse jusqu’à la formation de sa conscience politique.

Thomas Solivérès incarne le jeune Voltaire dans la série de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma.

A chaque étape, les dialogues oscillent entre pastiche de la langue classique et leçon d’histoire. Il y a là de quoi défaire les meilleures intentions dramatiques, et les interprètes succombent presque tous sous cette charge (sans parler des perruques). Des acteurs aussi consommés qu’Eric Caravaca ou Hippolyte Girardot sont réduits au rang d’utilités. Seule l’apparition de Christa Théret dans le rôle de l’actrice Adrienne Lecouvreur, interprète et maîtresse de Voltaire, accélère le pouls de l’histoire.

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Thomas Solivérès incarne le jeune Voltaire dans la série de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma.

Un titre comme celui-ci pourrait cacher un récit d’apprentissage picaresque. Mais les spectateurs conviés à découvrir la métamorphose de François Marie Arouet en Voltaire le sont tout d’abord en tant qu’élèves méritants. Ils se verront conter l’édifiante histoire des années de formation de l’écrivain sous une forme proche des bandes dessinées éducatives qui fleurissaient aussi bien dans Spirou (Les Belles Histoires de l’oncle Paul) que dans la presse catholique destinée à la jeunesse.

Au tout début du premier épisode, l’arrivée au monde du petit Arouet, en un plan emprunté à L’Origine du monde, de Courbet, laisse entrevoir quelque volonté de transgression. Cette attente sera contrariée quelques plans plus tard, dès l’apparition de l’enfant surdoué sur une estrade. Il déclame devant un public ravi, sous le regard sombre d’un garçon plus vieux que lui. On a compris que le frère aîné de François Marie le jalouse.

Au cas où le fond de la classe n’aurait pas suivi, l’un des assistants glisse à l’oreille de son voisin : « Vous avez vu le frère ? ». Devenu adulte, Armand Arouet sera affligé d’une coupe au bol (il est le seul de l’abondante distribution) qui signifie sans doute son étroitesse d’esprit.

François Marie, lui, prend les traits perpétuellement adolescents et l’expression effrontée de Thomas Solivérès. On le voit apprendre, s’opposer à son père (Eric Caravaca), découvrir l’amour et la politique dans les salons de la factieuse duchesse du Maine (Maud Wyler), et encourir la colère du régent (Thibault de Montalembert). Il y a là de quoi tremper un caractère. Pourtant le scénario de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma n’imprime d’autre direction à l’alignement des scènes que l’accomplissement des éléments de la légende du grand homme.

Leçon d’histoire

Malgré la fluidité de la mise en scène de Tasma, l’existence de ce mondain devenu dissident ressemble au parcours d’un pion sur un jeu de l’oie. La case exil précède la case prison (la Bastille, pendant un an, pour avoir produit des libelles séditieux accusant le régent d’inceste) ; une fois passés les débuts du dramaturge, on progresse jusqu’à la formation de sa conscience politique.

Thomas Solivérès incarne le jeune Voltaire dans la série de Georges-Marc Benamou et Alain Tasma.

A chaque étape, les dialogues oscillent entre pastiche de la langue classique et leçon d’histoire. Il y a là de quoi défaire les meilleures intentions dramatiques, et les interprètes succombent presque tous sous cette charge (sans parler des perruques). Des acteurs aussi consommés qu’Eric Caravaca ou Hippolyte Girardot sont réduits au rang d’utilités. Seule l’apparition de Christa Théret dans le rôle de l’actrice Adrienne Lecouvreur, interprète et maîtresse de Voltaire, accélère le pouls de l’histoire.

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