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Un Prince à New York 2 : critique d'un lion sans crinière sur Amazon - ÉcranLarge.com

EDDIE MORPHING

Suite tardive d’Un prince à New York, la genèse de la comédie qui a soufflé ses trente bougies n’a pas été de tout repos. Annoncée en 2017, alors sans Eddie Murphy, l’entreprise s’est finalement muée en une énième tentative de come-back. Star toute puissante du stand-up américain de la fin des seventies jusqu’au crépuscule des années 80, l’artiste a vu sa popularité et sa réussite s’éroder progressivement jusqu’à le contraindre à devenir une caricature de lui-même, puis progressivement disparaître. 

Il y avait quelques raisons d’espérer, l’acteur retrouvant ici Craig Brewer, metteur en scène du récent Dolemite is my name, excellente surprise atterri sur Netflix, fantasme de blaxploitation et commentaire aussi malicieux que méta sur la carrière du comique. Malheureusement, on sent rapidement que ce duo prometteur est arrivé en cours de projet, tant il semble évident que le prince Akeem n’était pas initialement le centre de gravité du projet. 

photo, Eddie MurphyToo much Eddie

Contraint de ramener des États-Unis un bâtard qu’il pourra marier à un voisin belligérant, le roi Joffer lutte manifestement avec le désir des scénaristes Kenya Barris et David Sheffield d’aboutir à un remake centré sur le fils interprété par Jermaine Fowler. Un problème tant le sentiment de redite est puissant, tant les gags oscillent entre redite, décalages au tempo ronflant et blagues qui reposent sur des maquillages grossiers ou mal dopés au numérique.

Tout le monde s'efforce de tirer à lui une couverture bien trop petite, qui nécessite plus d'introductions de personnages, de vélocité et de créativité que quiconque ne semble en mesure d'en produire sur le plateau. Une sauce figée contre laquelle Murphy ne peut rien, et dans laquelle il se contente de se débattre avec l'énergie d'un lamantin en pleine rupture du corps caverneux.

photo, Eddie Murphy

Tout est dans le sourire

UNE COURONNE DES PINES

La faute à une mélodie humoristique qui vire à la mélasse indigeste, on ne rit pas. C’est que Un Prince à New York 2, comme son titre ne l’indique pas, souffre de son concept même. Le premier opus ne nous offrait qu’un bref aperçu du Royaume de Zamunda. Caricatural, absurde, il constituait à la manière d’un conte philosophique voltairien, une bizarrerie introductive qui autorisait les personnages à se moquer du véritable décor : New York et les États-Unis. En retournant cette équation, le scénario est obligé de donner vie à ce pays fantasmatique, et le résultat est catastrophique. 

Les indignés de canapé auront beau jeu de pointer du doigt une vision raciste de l’Afrique, mais en l’état, il est sans doute plus exact d’en regretter l’insondable bêtise et l’incohérence, plutôt que d’y voir une véritable volonté colonialo-dominatrice (le résultat n’en est pas moins navrant). Ainsi, cohabitent au sein du projet une direction artistique grossière, un humour volontiers régressif, centré sur le masculin et gentiment phallocrate, avec des greffes “progressistes” aussi voyantes que contradictoires. 

photo, Eddie Murphy, Arsenio Hall

"Voyant mon lifting ?"

N’osant raisonnablement pas tout à fait embrasser ses saillies à base de pénis (ceux qui n’auront pas compris à l’issue du visionnage que Murphy a visiblement été hybridé avec un tronc de séquoia souffrent de sévères lacunes cognitives), le scénario propose une sous-intrigue sur l'émancipation totalement ratée. Artificielle, inconséquente, elle témoigne cruellement de combien l’apport de John Landis, réalisateur du précédent volet, fut essentiel à sa réussite et à l'équilibre entre ses divers ingrédients.

Un Prince à New York 2 est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 5 mars 2021 en France

Affiche US

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Suite tardive d’Un prince à New York, la genèse de la comédie qui a soufflé ses trente bougies n’a pas été de tout repos. Annoncée en 2017, alors sans Eddie Murphy, l’entreprise s’est finalement muée en une énième tentative de come-back. Star toute puissante du stand-up américain de la fin des seventies jusqu’au crépuscule des années 80, l’artiste a vu sa popularité et sa réussite s’éroder progressivement jusqu’à le contraindre à devenir une caricature de lui-même, puis progressivement disparaître. 

Il y avait quelques raisons d’espérer, l’acteur retrouvant ici Craig Brewer, metteur en scène du récent Dolemite is my name, excellente surprise atterri sur Netflix, fantasme de blaxploitation et commentaire aussi malicieux que méta sur la carrière du comique. Malheureusement, on sent rapidement que ce duo prometteur est arrivé en cours de projet, tant il semble évident que le prince Akeem n’était pas initialement le centre de gravité du projet. 

photo, Eddie MurphyToo much Eddie

Contraint de ramener des États-Unis un bâtard qu’il pourra marier à un voisin belligérant, le roi Joffer lutte manifestement avec le désir des scénaristes Kenya Barris et David Sheffield d’aboutir à un remake centré sur le fils interprété par Jermaine Fowler. Un problème tant le sentiment de redite est puissant, tant les gags oscillent entre redite, décalages au tempo ronflant et blagues qui reposent sur des maquillages grossiers ou mal dopés au numérique.

Tout le monde s'efforce de tirer à lui une couverture bien trop petite, qui nécessite plus d'introductions de personnages, de vélocité et de créativité que quiconque ne semble en mesure d'en produire sur le plateau. Une sauce figée contre laquelle Murphy ne peut rien, et dans laquelle il se contente de se débattre avec l'énergie d'un lamantin en pleine rupture du corps caverneux.

photo, Eddie Murphy

Tout est dans le sourire

UNE COURONNE DES PINES

La faute à une mélodie humoristique qui vire à la mélasse indigeste, on ne rit pas. C’est que Un Prince à New York 2, comme son titre ne l’indique pas, souffre de son concept même. Le premier opus ne nous offrait qu’un bref aperçu du Royaume de Zamunda. Caricatural, absurde, il constituait à la manière d’un conte philosophique voltairien, une bizarrerie introductive qui autorisait les personnages à se moquer du véritable décor : New York et les États-Unis. En retournant cette équation, le scénario est obligé de donner vie à ce pays fantasmatique, et le résultat est catastrophique. 

Les indignés de canapé auront beau jeu de pointer du doigt une vision raciste de l’Afrique, mais en l’état, il est sans doute plus exact d’en regretter l’insondable bêtise et l’incohérence, plutôt que d’y voir une véritable volonté colonialo-dominatrice (le résultat n’en est pas moins navrant). Ainsi, cohabitent au sein du projet une direction artistique grossière, un humour volontiers régressif, centré sur le masculin et gentiment phallocrate, avec des greffes “progressistes” aussi voyantes que contradictoires. 

photo, Eddie Murphy, Arsenio Hall

"Voyant mon lifting ?"

N’osant raisonnablement pas tout à fait embrasser ses saillies à base de pénis (ceux qui n’auront pas compris à l’issue du visionnage que Murphy a visiblement été hybridé avec un tronc de séquoia souffrent de sévères lacunes cognitives), le scénario propose une sous-intrigue sur l'émancipation totalement ratée. Artificielle, inconséquente, elle témoigne cruellement de combien l’apport de John Landis, réalisateur du précédent volet, fut essentiel à sa réussite et à l'équilibre entre ses divers ingrédients.

Un Prince à New York 2 est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 5 mars 2021 en France

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