Carlos Alvarez via Getty Images
LIVRE - “Le livre, c’est un de mes objets préférés dans la vie”. Alors pour la sortie de son nouveau roman Anéantir, Michel Houellebecq n’a pas travaillé que sur l’histoire et le fond. L’auteur de 65 ans a passé du temps à peaufiner la forme de son ouvrage en libraire le 7 janvier, une édition de luxe ”à l’allemande” avec une pointe de rock.
La couverture est en carton martelé, le dos est relié pour que le livre reste ouvert sans qu’on ait à le “casser” et il est pourvu d’un signet rouge en guise de marque-page. Anéantir n’est pas une édition comme une autre, mais le fruit d’une longue réflexion de Michel Houellebecq sur l’objet qu’il voulait. “J’ai passé beaucoup plus de temps dans ma vie à lire qu’à écrire. J’ai une certaine vision de ce que j’aime comme livre, de ce que je trouve agréable comme objet”, confiait l’écrivain lors d’une rare conférence dans l’amphithéâtre Richelieu à la Sorbonne le jeudi 2 décembre.
Caprice ou amour du livre?
“Quand il nous a fait part de son souhait, nous nous sommes demandé avec Teresa Cremisi [son éditrice, ndlr] s’il nous faisait un caprice. Mais sa demande est argumentée. Il se désole de l’état dans lequel les premières éditions de ses romans ont évolué au fil des années. Michel Houellebecq souhaite que ses livres résistent au passage du temps”, raconte son agent François Samuelson à Livres Hebdo.
Alors avec son éditeur Flammarion, Michel Houellebecq a passé “un certain temps” à faire des essais pour perfectionner “son objet préféré”. Le format est “plus carré” et le rapport entre la hauteur et la largeur atteint “le nombre d’or, 1,6″. La taille de la surface imprimée, la typographie, l’interlignage, tout a été revu pour correspondre aux desiderata de l’auteur de Sérotonine. Jusqu’au grammage du papier, spécifique pour ne pas jaunir au fil des années. “Un pari fou”, souffle une source en interne à l’hebdomadaire spécialisé.
“Michel Houellebecq a créé sa propre Pléiade”
Et les 300.000 exemplaires de l’ouvrage à paraître le 7 janvier prochain ne sont pas les seuls à avoir été imprimés - en Italie - dans cette édition de luxe. Ses premiers textes, Extension du domaine de la lutte, les Particules élémentaires et Plateforme ont également été réédités ainsi à l’automne. “Michel Houellebecq a ainsi créé sa propre Pléiade”, commente Libération. Mais l’auteur préfère ne pas y voir une “classicisation”: “C’est comme ça que tous les livres devraient être.”
Quant au blanc et rouge de la couverture, c’est une référence rock qui a inspiré Michel Houellebecq. Lors d’une réunion avec des représentants de Flammarion, le prix Goncourt 2010 a sorti de son sac de courses Monoprix l’opus White Album des Beatles. Le célèbre “album blanc”, à la pochette entièrement blanche à l’extérieur, a marqué la carrière du groupe et d’industrie du disque à sa sortie en 1968.
Et ces considérations apparaissent d’ailleurs aussi au fil des 736 pages d’“Anéantir”. Michel Houellebecq décrit ainsi cette scène de lecture: “Lorsqu’il avait terminé une page, il la regardait et clignait des yeux ; elle tournait alors la page pour passer à la suivante. Avec les Pléiade ça allait, mais avec les livres normaux c’était plus difficile, il fallait casser le dos pour que les pages tiennent en place.”
Voilà pour la forme. Quant au fond, il faudra attendre le 7 janvier pour se procurer ce “beau livre” en libraire, vendu 26 euros (contre 18 euros en version numérique).
Michel Houellebecq, fidèle à lui-même, s’y fait oracle d’une France “en déclin” en 2027 alors qu’Emmanuel Macron - jamais nommé, mais bien reconnaissable tout de même - arrive au terme de son deuxième quinquennat. Anéantir s’intéresse à un tandem au cœur de cette campagne, le ministre de l’Économie Bruno Juge (le vrai Bruno Le Maire est un proche de l’auteur), et son conseiller spécial Paul Raison. Une longue fiction du romancier français le plus influent au monde qui ne devrait pas manquer de susciter exégèses et débats politiques.
À voir également sur Le HuffPost: Comment Houellebecq impose le silence à la télé
Carlos Alvarez via Getty Images
LIVRE - “Le livre, c’est un de mes objets préférés dans la vie”. Alors pour la sortie de son nouveau roman Anéantir, Michel Houellebecq n’a pas travaillé que sur l’histoire et le fond. L’auteur de 65 ans a passé du temps à peaufiner la forme de son ouvrage en libraire le 7 janvier, une édition de luxe ”à l’allemande” avec une pointe de rock.
La couverture est en carton martelé, le dos est relié pour que le livre reste ouvert sans qu’on ait à le “casser” et il est pourvu d’un signet rouge en guise de marque-page. Anéantir n’est pas une édition comme une autre, mais le fruit d’une longue réflexion de Michel Houellebecq sur l’objet qu’il voulait. “J’ai passé beaucoup plus de temps dans ma vie à lire qu’à écrire. J’ai une certaine vision de ce que j’aime comme livre, de ce que je trouve agréable comme objet”, confiait l’écrivain lors d’une rare conférence dans l’amphithéâtre Richelieu à la Sorbonne le jeudi 2 décembre.
Caprice ou amour du livre?
“Quand il nous a fait part de son souhait, nous nous sommes demandé avec Teresa Cremisi [son éditrice, ndlr] s’il nous faisait un caprice. Mais sa demande est argumentée. Il se désole de l’état dans lequel les premières éditions de ses romans ont évolué au fil des années. Michel Houellebecq souhaite que ses livres résistent au passage du temps”, raconte son agent François Samuelson à Livres Hebdo.
Alors avec son éditeur Flammarion, Michel Houellebecq a passé “un certain temps” à faire des essais pour perfectionner “son objet préféré”. Le format est “plus carré” et le rapport entre la hauteur et la largeur atteint “le nombre d’or, 1,6″. La taille de la surface imprimée, la typographie, l’interlignage, tout a été revu pour correspondre aux desiderata de l’auteur de Sérotonine. Jusqu’au grammage du papier, spécifique pour ne pas jaunir au fil des années. “Un pari fou”, souffle une source en interne à l’hebdomadaire spécialisé.
“Michel Houellebecq a créé sa propre Pléiade”
Et les 300.000 exemplaires de l’ouvrage à paraître le 7 janvier prochain ne sont pas les seuls à avoir été imprimés - en Italie - dans cette édition de luxe. Ses premiers textes, Extension du domaine de la lutte, les Particules élémentaires et Plateforme ont également été réédités ainsi à l’automne. “Michel Houellebecq a ainsi créé sa propre Pléiade”, commente Libération. Mais l’auteur préfère ne pas y voir une “classicisation”: “C’est comme ça que tous les livres devraient être.”
Quant au blanc et rouge de la couverture, c’est une référence rock qui a inspiré Michel Houellebecq. Lors d’une réunion avec des représentants de Flammarion, le prix Goncourt 2010 a sorti de son sac de courses Monoprix l’opus White Album des Beatles. Le célèbre “album blanc”, à la pochette entièrement blanche à l’extérieur, a marqué la carrière du groupe et d’industrie du disque à sa sortie en 1968.
Et ces considérations apparaissent d’ailleurs aussi au fil des 736 pages d’“Anéantir”. Michel Houellebecq décrit ainsi cette scène de lecture: “Lorsqu’il avait terminé une page, il la regardait et clignait des yeux ; elle tournait alors la page pour passer à la suivante. Avec les Pléiade ça allait, mais avec les livres normaux c’était plus difficile, il fallait casser le dos pour que les pages tiennent en place.”
Voilà pour la forme. Quant au fond, il faudra attendre le 7 janvier pour se procurer ce “beau livre” en libraire, vendu 26 euros (contre 18 euros en version numérique).
Michel Houellebecq, fidèle à lui-même, s’y fait oracle d’une France “en déclin” en 2027 alors qu’Emmanuel Macron - jamais nommé, mais bien reconnaissable tout de même - arrive au terme de son deuxième quinquennat. Anéantir s’intéresse à un tandem au cœur de cette campagne, le ministre de l’Économie Bruno Juge (le vrai Bruno Le Maire est un proche de l’auteur), et son conseiller spécial Paul Raison. Une longue fiction du romancier français le plus influent au monde qui ne devrait pas manquer de susciter exégèses et débats politiques.
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