
Coup de tonnerre à Angoulême : Gaston Lagaffe est de retour. Créé il y a soixante-cinq ans par André Franquin (1924-1997), le héros en espadrilles s’apprête à vivre de nouveaux gags, doit annoncer, jeudi 17 mars, la maison d’édition Dupuis, en marge du Festival international de la bande dessinée. A l’image de Tintin, que Hergé (1907-1983) ne voulait pas voir survivre à sa disparition, Gaston a toujours eu la réputation d’être impossible à relancer, une proximité trop forte l’unissant à son créateur, décédé en 1997. Propriétaire du personnage depuis 2013, Dupuis escompte, pour lui, une seconde carrière éditoriale, sur le modèle de nombreux autres phénix du 9e art (Astérix, Lucky Luke, Corto Maltese, Blake et Mortimer…).
Son nouvel « interprète » est le Canadien Marc Delafontaine, alias Delaf, 48 ans, le dessinateur des Nombrils, une série-phare du magazine Spirou. Il y a neuf ans, Delaf avait réalisé un gag de Gaston dans un ouvrage d’hommages collectif, La Galerie des illustres (Dupuis, 2013). Sa maîtrise du style Franquin avait alors épaté les puristes et réveillé, chez Dupuis, le fantasme de voir Lagaffe reprendre du service sous un autre pinceau.
Méthode singulière
Le Québécois a commencé à travailler sur le projet en 2018 en développant une méthode singulière consistant à décortiquer les 900 gags de la série originelle. Il a tagué chaque vignette de mots-clés : Gaston en train de dormir, Gaston marchant dans la rue, De Mesmaeker en colère, Prunelle au bord de la crise de nerfs… Riche de centaines d’entrées, cette base de données a ensuite aidé le dessinateur à « s’immerger » mentalement dans le cerveau de Franquin et à couler sa main dans la sienne.
Similaire à celles des reprises d’Astérix (par Ferri et Conrad) ou de Lucky Luke (par Jul et Achdé), cette entreprise de « reproduction à l’identique » n’a qu’un but : redynamiser le personnage et les ventes d’un catalogue qui s’amenuisent, faute de nouveautés. La maison d’édition vise très haut : attendu en octobre, le premier album de cette nouvelle série, Le Retour de Lagaffe, sera tiré à 1,2 million d’exemplaires. Si Delaf tient la cadence, un nouveau titre sera ensuite publié tous les deux ans, en alternance avec Astérix. De quoi ravir tous les libraires de France.
Mais aussi interloquer les esthètes purs et durs, pour qui Lagaffe doit reposer en paix. Le problème, explique au Monde Julien Papelier, le président de Dupuis, est que « les personnages iconiques de la bande dessinée, comme Gaston, sont menacés de disparition s’ils ne sont pas réincarnés d’une manière ou d’une autre ». Une étude interne réalisée par Dupuis montrerait que « la notoriété de Gaston chez les plus jeunes » aurait diminué d’un tiers entre 2013 et 2017.
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Coup de tonnerre à Angoulême : Gaston Lagaffe est de retour. Créé il y a soixante-cinq ans par André Franquin (1924-1997), le héros en espadrilles s’apprête à vivre de nouveaux gags, doit annoncer, jeudi 17 mars, la maison d’édition Dupuis, en marge du Festival international de la bande dessinée. A l’image de Tintin, que Hergé (1907-1983) ne voulait pas voir survivre à sa disparition, Gaston a toujours eu la réputation d’être impossible à relancer, une proximité trop forte l’unissant à son créateur, décédé en 1997. Propriétaire du personnage depuis 2013, Dupuis escompte, pour lui, une seconde carrière éditoriale, sur le modèle de nombreux autres phénix du 9e art (Astérix, Lucky Luke, Corto Maltese, Blake et Mortimer…).
Son nouvel « interprète » est le Canadien Marc Delafontaine, alias Delaf, 48 ans, le dessinateur des Nombrils, une série-phare du magazine Spirou. Il y a neuf ans, Delaf avait réalisé un gag de Gaston dans un ouvrage d’hommages collectif, La Galerie des illustres (Dupuis, 2013). Sa maîtrise du style Franquin avait alors épaté les puristes et réveillé, chez Dupuis, le fantasme de voir Lagaffe reprendre du service sous un autre pinceau.
Méthode singulière
Le Québécois a commencé à travailler sur le projet en 2018 en développant une méthode singulière consistant à décortiquer les 900 gags de la série originelle. Il a tagué chaque vignette de mots-clés : Gaston en train de dormir, Gaston marchant dans la rue, De Mesmaeker en colère, Prunelle au bord de la crise de nerfs… Riche de centaines d’entrées, cette base de données a ensuite aidé le dessinateur à « s’immerger » mentalement dans le cerveau de Franquin et à couler sa main dans la sienne.
Similaire à celles des reprises d’Astérix (par Ferri et Conrad) ou de Lucky Luke (par Jul et Achdé), cette entreprise de « reproduction à l’identique » n’a qu’un but : redynamiser le personnage et les ventes d’un catalogue qui s’amenuisent, faute de nouveautés. La maison d’édition vise très haut : attendu en octobre, le premier album de cette nouvelle série, Le Retour de Lagaffe, sera tiré à 1,2 million d’exemplaires. Si Delaf tient la cadence, un nouveau titre sera ensuite publié tous les deux ans, en alternance avec Astérix. De quoi ravir tous les libraires de France.
Mais aussi interloquer les esthètes purs et durs, pour qui Lagaffe doit reposer en paix. Le problème, explique au Monde Julien Papelier, le président de Dupuis, est que « les personnages iconiques de la bande dessinée, comme Gaston, sont menacés de disparition s’ils ne sont pas réincarnés d’une manière ou d’une autre ». Une étude interne réalisée par Dupuis montrerait que « la notoriété de Gaston chez les plus jeunes » aurait diminué d’un tiers entre 2013 et 2017.
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