Multitude, le nouvel album de Stromae, sort ce vendredi 4 mars 2022. Le « maestro » belge est aussi de retour sur scène, avec déjà trois concerts à Bruxelles, Paris et Amsterdam. Entretien.
Le troisième album de Stromae, intitulé Multitude, sort ce vendredi 4 mars 2022. Douze titres au rythme endiablé et aux sonorités exotiques, qui décrivent les maux de notre époque avec des mots directs, qui font mouche. « Mes influences musicales me viennent beaucoup de ma mère », nous révèle l’artiste belge que nous avons rencontré à Paris, ce jeudi. Auteur, compositeur, interprète et producteur, Paul Van Haver alias Stromae de son nom de scène (anagramme de « maestro ») aura 37 ans le 12 mars. Confidences d'un surdoué de la scène musicale.
Stromae, avant l’album qui sort ce vendredi, votre retour, c’était sur scène la semaine dernière, avec trois concerts à Bruxelles, Paris et Amsterdam. Vous en êtes satisfait ?
Oui, j’étais stressé, mais les technologies de tout ce qui est synchro image-son ont tellement évolué que ça a roulé. Et puis, les chorégraphies étaient OK. Pareil pour les bras robotisés. Si bien qu’à la fin tout était tellement carré que je me demandais si moi je serais à la hauteur. Finalement, c’était cool.
Avec une profusion d’effets visuels assez extraordinaire. Aujourd’hui, il faut plus proposer un show qu’un concert ?
Je trouve. Après, c’est toujours un équilibre. Pour moi, il faut que l’œil puisse se porter sur des choses différentes, mais que ce soit canalisé, varié, que ce ne soit pas trop effervescent, qu’il y ait la vidéo, plus moi, plus un robot qui bouge, mais qu’il n’y ait pas trop de choses à regarder en même temps pour ne pas que le spectateur soit un peu perdu, noyé.
Votre premier album date de 2010. Vous avez beaucoup changé en douze ans ?
Ma vie a changé. J’étais encore un jeune.
Vous n’avez pas encore 40 ans !
Oui… C’est marrant parce que je discutais de ça avec Coralie [sa femme, NdlR]. On parlait des vêtements. Pour Racine carrée, mon précédent album en 2013, j’avais un short, des chaussettes, un nœud papillon… Ça, c’est fini ! Franchement, à 37 ans, j’ai envie d’être un peu plus élégant, un peu moins enfantin.
À cette époque, vous disiez que votre challenge pour le prochain disque serait d’écrire des textes plus optimistes. C’est raté !
(Rires). J’y croyais à l’époque. Et je le redis aujourd’hui ! À la fin, ça devient une blague tellement mes histoires sont toujours pessimistes. Mais c’est vrai, cette fois, je me dis : pourquoi pas faire enfin un album vraiment ultra-joyeux ? Je crois sincèrement que le prochain sera plus positif…
Vous dîtes aussi aimer la mélancolie, qui n’a rien à voir avec la tristesse et la noirceur…
Depuis, j’ai appris que la mélancolie, c’était quand même assez triste… Mais il n’y a pas de hauts sans bas ni de bas sans hauts. C’est comme ça que je vois la vie. On peut s’amuser, danser et en même temps être nostalgique, un peu mélancolique. C’est vrai que je ne sais pas d’où ça me vient ce truc de mélanger des textes tristes avec des musiques un peu plus entraînantes.
Vidéo ci-dessus : L’Enfer, l’un des titres du nouvel album de Stromae.
Vous disiez aussi vous méfier du succès ?
Je pense que quand on aime trop son métier, peu importe lequel, et qu’on travaille trop, il y a un danger de surmenage. Aujourd’hui, j’ai un peu plus d’expérience, je suis un peu plus armé.
Est-ce que les sept dernières années, sans album, on peut les résumer en cinq mots : repos, gamberge, mode, enfant, musique ?
Et mariage ! Oui, vraiment. Dans l’ordre, c’est : mariage, d’autant que j’ai vraiment trouvé ma perle rare ; après : repos, mode, enfant, gamberge et musique. Il y a eu des collaborations avec d’autres artistes, des clips pour Billie Eilish, Della Lupa de la musique pour Vitaa, Bigflo et Oli, Orelsan, ça m’a fait du bien. J’étais un peu plus dans l’ombre, c’était vraiment plaisant. Les tournages de clips, par exemple, quand je suis dedans, je trouve ça fatiguant. C’est pour ça que je crois que le cinéma, ça ne m’intéresse vraiment pas. Je préfère la mise en scène.
Pour cet album, vous avez travaillé de la même manière, avec un ordinateur et une boîte à rythmes ?
Oui, en imitant, en plus, sur l’ordinateur, des instruments du monde, comme le violon chinois à deux cordes, des chœurs bulgares… Après, avec l’aide de Luc [son frère], on a cherché de vrais musiciens : un joueur de charango bolivien, un chœur bulgare, l’Orchestre national de Belgique.
Un des changements majeurs pour cet album, c’est cette ouverture aux musiques du monde, vers une musique moins électro-pop, plus colorée, non ?
C’est vrai. À la base, j’avais choisi Folklore comme titre du disque. Et Taylor Swift a sorti son disque avec le même nom. Mais tant mieux. Multitude, c’est différent, plus général. Et ça aborde aussi les différents personnages que j’aime jouer pour raconter mes histoires. Pour revenir en arrière, à la fin de la tournée de Racine carrée, je me disais que j’avais envie d’aller chercher des grooves différents, aller partout, faire un album world pop.
Vous vous êtes mis vraiment à écouter de la world music ?
Oui, on se renvoyait beaucoup de trucs avec les autres producteurs de l’album, Moon Willis et mon frère Luc. Des trucs brésiliens, de la musique des favelas. J’ai aussi découvert la musique du Sahara oriental, un gars du Maghreb qui rappe en arabe sur de la musique traditionnelle, un groupe de DJ d’origine amérindienne… Plein de sons de partout.
D’où vous viennent ces envies ?
Mes influences musicales me viennent beaucoup de ma mère qui voyage beaucoup, musicalement et physiquement. Elle a longtemps écouté de la musique cubaine, des îles, du zouk, de la musique andine qu’il y a dix ans je trouvais insupportable. Cela a été une inspiration pour cet album. Je crois que je suis un peu les traces de ma mère musicalement, qui aime écouter plein de trucs. Maintenant, elle est dans la musique japonaise !
Du côté des textes, il y a deux thèmes majeurs, un côté intime et un côté sociétal collé à l’actualité, non ?
C’est vrai. En même temps, quand ça devient des sujets trop d’actualité, j’ai peur que ça fasse récupération. Comme Déclaration, sur le féminisme, où ça fait mec qui surfe un peu sur la vague… Après, je me suis aussi dit que mon texte n’était pas si nul que ça. Et que ce n’est pas une question de surfer sur la vague, mais que chacun a son point de vue. Et puis qu’il n’y a pas tellement d’hommes qui se sont prononcés sur la question non plus. C’est beaucoup les femmes. On a aussi notre avis sur le sujet parce qu’on est concernés.
Du côté plus personnel, il y a trois-quatre titres autour de la dépression et trois-quatre autres autour du couple, de l’amour…
Oui, oui. Après quand vous dites que c’est personnel, bien sûr qu’il y a des trucs qui partent de moi, mais ce n’est jamais plus que 20 ou 30 % de ce que j’écris. Parce que j’aime raconter des histoires avec des acrobaties verbales, des jeux de mots, des métaphores. Et qu’il faut que ce soit un minimum universel, autrement ça ne m’intéresse pas. Je ne suis pas du genre à faire de la téléréalité en chanson. Je n’ai pas envie de raconter ma vie dans mes chansons.
Lire aussi : Stromae dévoile son nouveau titre L’Enfer sur le plateau du 20 Heures de TF1
Certaines, sur l’amour justement, sont très dures !
C’est beaucoup d’ironie aussi, du cynisme. Je crois que je me cache derrière l’ironie parce que le premier degré, c’est difficile, c’est compliqué. Mais je n’ai jamais été tellement fier de mes textes. Bon, si on me fait des compliments, je me dis que je n’écris pas si mal. Mais écrire n’est pas, pour moi, un moment chouette. Je le fais beaucoup avec des dictionnaires de synonymes, des rimes et tout ça. Je cherche. Je préfère chercher les mélodies, les rythmes. Et j’aime la période d’interprétation.
C’est un peu surprenant, mais il y a un côté pipi-caca sur trois titres !
(Rires.) Oui, mais j’avais les mains dedans [son fils a maintenant 3 ans et demi], c’est simplement ça. Et c’est vrai que je trouve ça assez cool de parler du caca et du pipi parce que c’est notre quotidien. Et encore plus quand tu as un enfant en bas âge. Donc pourquoi s’en cacher ?
Il y a un côté excitant de viser, avec cet album, l’international ?
On a une image des Américains qui déversent leur culture sur le monde entier. En fait, beaucoup d’artistes américains ne dépassent pas la frontière des États-Unis. Je me suis dit que j’écoutais, que je dansais sur de la musique en anglais depuis toujours, sans comprendre les paroles. Ils peuvent donc faire la même chose. C’est aussi bête que ça. Au début, mon ambition n’était pas d’aller dans les pays non-francophones, c’est juste parce qu’Alors on danse a marché en Allemagne. Donc je me suis dit : pourquoi pas ?
Même en français !
On a longtemps dit que l’anglais sonnait mieux que le français. Je ne suis pas d’accord. Je ne crois pas que des langues sonnent mieux que d’autres. J’entendais récemment un morceau de rap thaï. J’adore, et ça sonne super bien. Chaque langue a ses forces.
Vous avez envie de chanter en anglais ?
Je l’ai fait un peu sur Racine carrée. Mais je n’y arriverais pas, parce que je crois qu’il faut être le plus spontané, le plus sincère possible. Et ça se sent, la sincérité.
Vous pourriez écrire sur la guerre, sur l’Ukraine ?
C’est compliqué. Pour moi aborder les sujets d’actualité, ça fait un peu récupérateur. Peut-être un jour. Mais pas en pleine période d’effervescence. J’ai voulu écrire une chanson sur le conspirationnisme, un sujet important pendant la pandémie. Des vidéos traînaient, qui montaient la tête. Donc, j’ai essayé. Coralie m’a dit que c’était très nul. Pourtant, il y avait un truc, j’en étais convaincu. Et quand je l’ai écoutée plus tard, avec un peu de recul, ce n’était effectivement pas terrible. Ce qui m’intéresse, c’est de ne juger personne, avoir un peu de recul, ne pas faire de morale. Dans ce titre-là, j’avais une morale et j’étais en train de faire la leçon. C’était nul. J’ai abandonné.
Read AgainMultitude, le nouvel album de Stromae, sort ce vendredi 4 mars 2022. Le « maestro » belge est aussi de retour sur scène, avec déjà trois concerts à Bruxelles, Paris et Amsterdam. Entretien.
Le troisième album de Stromae, intitulé Multitude, sort ce vendredi 4 mars 2022. Douze titres au rythme endiablé et aux sonorités exotiques, qui décrivent les maux de notre époque avec des mots directs, qui font mouche. « Mes influences musicales me viennent beaucoup de ma mère », nous révèle l’artiste belge que nous avons rencontré à Paris, ce jeudi. Auteur, compositeur, interprète et producteur, Paul Van Haver alias Stromae de son nom de scène (anagramme de « maestro ») aura 37 ans le 12 mars. Confidences d'un surdoué de la scène musicale.
Stromae, avant l’album qui sort ce vendredi, votre retour, c’était sur scène la semaine dernière, avec trois concerts à Bruxelles, Paris et Amsterdam. Vous en êtes satisfait ?
Oui, j’étais stressé, mais les technologies de tout ce qui est synchro image-son ont tellement évolué que ça a roulé. Et puis, les chorégraphies étaient OK. Pareil pour les bras robotisés. Si bien qu’à la fin tout était tellement carré que je me demandais si moi je serais à la hauteur. Finalement, c’était cool.
Avec une profusion d’effets visuels assez extraordinaire. Aujourd’hui, il faut plus proposer un show qu’un concert ?
Je trouve. Après, c’est toujours un équilibre. Pour moi, il faut que l’œil puisse se porter sur des choses différentes, mais que ce soit canalisé, varié, que ce ne soit pas trop effervescent, qu’il y ait la vidéo, plus moi, plus un robot qui bouge, mais qu’il n’y ait pas trop de choses à regarder en même temps pour ne pas que le spectateur soit un peu perdu, noyé.
Votre premier album date de 2010. Vous avez beaucoup changé en douze ans ?
Ma vie a changé. J’étais encore un jeune.
Vous n’avez pas encore 40 ans !
Oui… C’est marrant parce que je discutais de ça avec Coralie [sa femme, NdlR]. On parlait des vêtements. Pour Racine carrée, mon précédent album en 2013, j’avais un short, des chaussettes, un nœud papillon… Ça, c’est fini ! Franchement, à 37 ans, j’ai envie d’être un peu plus élégant, un peu moins enfantin.
À cette époque, vous disiez que votre challenge pour le prochain disque serait d’écrire des textes plus optimistes. C’est raté !
(Rires). J’y croyais à l’époque. Et je le redis aujourd’hui ! À la fin, ça devient une blague tellement mes histoires sont toujours pessimistes. Mais c’est vrai, cette fois, je me dis : pourquoi pas faire enfin un album vraiment ultra-joyeux ? Je crois sincèrement que le prochain sera plus positif…
Vous dîtes aussi aimer la mélancolie, qui n’a rien à voir avec la tristesse et la noirceur…
Depuis, j’ai appris que la mélancolie, c’était quand même assez triste… Mais il n’y a pas de hauts sans bas ni de bas sans hauts. C’est comme ça que je vois la vie. On peut s’amuser, danser et en même temps être nostalgique, un peu mélancolique. C’est vrai que je ne sais pas d’où ça me vient ce truc de mélanger des textes tristes avec des musiques un peu plus entraînantes.
Vidéo ci-dessus : L’Enfer, l’un des titres du nouvel album de Stromae.
Vous disiez aussi vous méfier du succès ?
Je pense que quand on aime trop son métier, peu importe lequel, et qu’on travaille trop, il y a un danger de surmenage. Aujourd’hui, j’ai un peu plus d’expérience, je suis un peu plus armé.
Est-ce que les sept dernières années, sans album, on peut les résumer en cinq mots : repos, gamberge, mode, enfant, musique ?
Et mariage ! Oui, vraiment. Dans l’ordre, c’est : mariage, d’autant que j’ai vraiment trouvé ma perle rare ; après : repos, mode, enfant, gamberge et musique. Il y a eu des collaborations avec d’autres artistes, des clips pour Billie Eilish, Della Lupa de la musique pour Vitaa, Bigflo et Oli, Orelsan, ça m’a fait du bien. J’étais un peu plus dans l’ombre, c’était vraiment plaisant. Les tournages de clips, par exemple, quand je suis dedans, je trouve ça fatiguant. C’est pour ça que je crois que le cinéma, ça ne m’intéresse vraiment pas. Je préfère la mise en scène.
Pour cet album, vous avez travaillé de la même manière, avec un ordinateur et une boîte à rythmes ?
Oui, en imitant, en plus, sur l’ordinateur, des instruments du monde, comme le violon chinois à deux cordes, des chœurs bulgares… Après, avec l’aide de Luc [son frère], on a cherché de vrais musiciens : un joueur de charango bolivien, un chœur bulgare, l’Orchestre national de Belgique.
Un des changements majeurs pour cet album, c’est cette ouverture aux musiques du monde, vers une musique moins électro-pop, plus colorée, non ?
C’est vrai. À la base, j’avais choisi Folklore comme titre du disque. Et Taylor Swift a sorti son disque avec le même nom. Mais tant mieux. Multitude, c’est différent, plus général. Et ça aborde aussi les différents personnages que j’aime jouer pour raconter mes histoires. Pour revenir en arrière, à la fin de la tournée de Racine carrée, je me disais que j’avais envie d’aller chercher des grooves différents, aller partout, faire un album world pop.
Vous vous êtes mis vraiment à écouter de la world music ?
Oui, on se renvoyait beaucoup de trucs avec les autres producteurs de l’album, Moon Willis et mon frère Luc. Des trucs brésiliens, de la musique des favelas. J’ai aussi découvert la musique du Sahara oriental, un gars du Maghreb qui rappe en arabe sur de la musique traditionnelle, un groupe de DJ d’origine amérindienne… Plein de sons de partout.
D’où vous viennent ces envies ?
Mes influences musicales me viennent beaucoup de ma mère qui voyage beaucoup, musicalement et physiquement. Elle a longtemps écouté de la musique cubaine, des îles, du zouk, de la musique andine qu’il y a dix ans je trouvais insupportable. Cela a été une inspiration pour cet album. Je crois que je suis un peu les traces de ma mère musicalement, qui aime écouter plein de trucs. Maintenant, elle est dans la musique japonaise !
Du côté des textes, il y a deux thèmes majeurs, un côté intime et un côté sociétal collé à l’actualité, non ?
C’est vrai. En même temps, quand ça devient des sujets trop d’actualité, j’ai peur que ça fasse récupération. Comme Déclaration, sur le féminisme, où ça fait mec qui surfe un peu sur la vague… Après, je me suis aussi dit que mon texte n’était pas si nul que ça. Et que ce n’est pas une question de surfer sur la vague, mais que chacun a son point de vue. Et puis qu’il n’y a pas tellement d’hommes qui se sont prononcés sur la question non plus. C’est beaucoup les femmes. On a aussi notre avis sur le sujet parce qu’on est concernés.
Du côté plus personnel, il y a trois-quatre titres autour de la dépression et trois-quatre autres autour du couple, de l’amour…
Oui, oui. Après quand vous dites que c’est personnel, bien sûr qu’il y a des trucs qui partent de moi, mais ce n’est jamais plus que 20 ou 30 % de ce que j’écris. Parce que j’aime raconter des histoires avec des acrobaties verbales, des jeux de mots, des métaphores. Et qu’il faut que ce soit un minimum universel, autrement ça ne m’intéresse pas. Je ne suis pas du genre à faire de la téléréalité en chanson. Je n’ai pas envie de raconter ma vie dans mes chansons.
Lire aussi : Stromae dévoile son nouveau titre L’Enfer sur le plateau du 20 Heures de TF1
Certaines, sur l’amour justement, sont très dures !
C’est beaucoup d’ironie aussi, du cynisme. Je crois que je me cache derrière l’ironie parce que le premier degré, c’est difficile, c’est compliqué. Mais je n’ai jamais été tellement fier de mes textes. Bon, si on me fait des compliments, je me dis que je n’écris pas si mal. Mais écrire n’est pas, pour moi, un moment chouette. Je le fais beaucoup avec des dictionnaires de synonymes, des rimes et tout ça. Je cherche. Je préfère chercher les mélodies, les rythmes. Et j’aime la période d’interprétation.
C’est un peu surprenant, mais il y a un côté pipi-caca sur trois titres !
(Rires.) Oui, mais j’avais les mains dedans [son fils a maintenant 3 ans et demi], c’est simplement ça. Et c’est vrai que je trouve ça assez cool de parler du caca et du pipi parce que c’est notre quotidien. Et encore plus quand tu as un enfant en bas âge. Donc pourquoi s’en cacher ?
Il y a un côté excitant de viser, avec cet album, l’international ?
On a une image des Américains qui déversent leur culture sur le monde entier. En fait, beaucoup d’artistes américains ne dépassent pas la frontière des États-Unis. Je me suis dit que j’écoutais, que je dansais sur de la musique en anglais depuis toujours, sans comprendre les paroles. Ils peuvent donc faire la même chose. C’est aussi bête que ça. Au début, mon ambition n’était pas d’aller dans les pays non-francophones, c’est juste parce qu’Alors on danse a marché en Allemagne. Donc je me suis dit : pourquoi pas ?
Même en français !
On a longtemps dit que l’anglais sonnait mieux que le français. Je ne suis pas d’accord. Je ne crois pas que des langues sonnent mieux que d’autres. J’entendais récemment un morceau de rap thaï. J’adore, et ça sonne super bien. Chaque langue a ses forces.
Vous avez envie de chanter en anglais ?
Je l’ai fait un peu sur Racine carrée. Mais je n’y arriverais pas, parce que je crois qu’il faut être le plus spontané, le plus sincère possible. Et ça se sent, la sincérité.
Vous pourriez écrire sur la guerre, sur l’Ukraine ?
C’est compliqué. Pour moi aborder les sujets d’actualité, ça fait un peu récupérateur. Peut-être un jour. Mais pas en pleine période d’effervescence. J’ai voulu écrire une chanson sur le conspirationnisme, un sujet important pendant la pandémie. Des vidéos traînaient, qui montaient la tête. Donc, j’ai essayé. Coralie m’a dit que c’était très nul. Pourtant, il y avait un truc, j’en étais convaincu. Et quand je l’ai écoutée plus tard, avec un peu de recul, ce n’était effectivement pas terrible. Ce qui m’intéresse, c’est de ne juger personne, avoir un peu de recul, ne pas faire de morale. Dans ce titre-là, j’avais une morale et j’étais en train de faire la leçon. C’était nul. J’ai abandonné.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "« Je suis influencé par ma mère » : les confidences du chanteur Stromae - Edition du soir Ouest-France - 03/03/2022 - L'édition du soir"
Post a Comment