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La Bulle : critique du Jurassic Berk de Netflix - ÉcranLarge.com

en panne : mode d'emploi

Niveau gêne et dommages collatéraux de la pandémie, Netflix aura joué son (petit) rôle. Il y avait eu l'affreux 8 Rue de l'Humanité de Dany Boon, et pas très loin derrière, il y aura désormais La Bulle, construit sur la même fausse inspiration de folie-confinement-version hollywoodienne. À la place du bistrot parisien, du scientifique fou et des abrutis entassés en immeuble, il y a des dinosaures, du vomi, avec des abrutis entassés sur un tournage de blockbuster Asylum, type Jurassic Park version Sharknado. Dans les deux cas, il y a un influenceur dans la bande, et ce trait d'union est celui de la ringardise.

La Bulle est né comme une petite blague proche du caprice. Comme les 3/4 de la planète, Judd Apatow vivait mal le confinement, rythmé par des réunions Zoom et des promenades. Comme les 3/4 de la planète, il voulait s'occuper. Mais ce n'était pas en faisant son propre pain, en relançant l'intégrale de The Office ou en commençant un puzzle de 30 000 pièces. C'était avec une idée de scénario, inspirée par le tournage de Jurassic World : Le Monde d'après, et de la "bulle" de restrictions sanitaires mise en place.

Judd Apatow n'avait rien de plus en tête quand sa femme Leslie Mann est partie tourner en Angleterre, et qu'il s'est dit que ce serait fort pratique de la suivre et tourner un film, pour s'occuper. Le petit malin a présenté ça à Netflix comme un pro : une comédie entre Christopher Guest (Waiting for Guffman, Bêtes de scène) et Tonnerre sous les tropiques, un scénario écrit en quatrième vitesse, une production emballée très vite, avec beaucoup d'improvisation et un casting vendeur. Une courte année aura ainsi suffi pour créer cette Bulle. Ce qui se ressent douloureusement à l'écran.

La bulle : photoManque plus qu'à incruster l'humour en post-prod

 

con et pas finement

Avec le doux-amer The King of Staten Island, Judd Apatow semblait avoir retrouvé le goût du bon goût, et même une certaine maturité, plus ou moins éprouvée dans Funny People et 40 ans : mode d'emploi. À côté, La Bulle a des airs de reflux gastrique, qui ferait passer Crazy Amy pour du Gregg Araki. Avec deux interminables heures au compteur, rythmées par trois sourires et une demi-tonne de cringe, c'est un convoi exceptionnel de nullité.

Co-écrit avec Pam Brady (bien connue sur la scène comique américaine, notamment avec les séries The Loop et Lady Dynamite), le scénario est un festival de blagues ringardes, et une compilation de lapalissades ratées, de punchlines de stand up amateur, de gags éculés et de commentaires sociétaux aussi percutants qu'une revue de tweets. Avec en prime le pire carburant des comédies américaines récentes : la mauvaise improvisation, qui étire les scènes pour rien, si ce n'est le plaisir régressif (et très limité) de laisser les acteurs en semi-roue libre.

La bulle : photo, Leslie Mann, David Duchovny

La prochaine fois que Judd a une idée

Sur le front de la comédie de pandémie, c'est un malaise sans fin. De la difficulté de faire les cours de maths à la maison aux chiantissimes montages de gens en train de danser en pyjama, en passant par les incontournables blagues sur les cotons-tiges dans le nez (autre triste point commun avec le Dany Boon) ou les problèmes de connexion-communication, la panoplie du petit lourdingue est complète. C'est la rencontre dont personne n'osait cauchemarder entre l'humour de confinement (story Instagram, TikTok et autres blagues formatées pour les réseaux) et Le Manoir, grand moment de featuring entre le cinéma et le YouTube comique français.

Mais les Covid-blagues ne sont pas les seuls problèmes. Entre les scènes (du vomi, du sexe, des cris, un trip-CGI sous coke) et les personnages (le couple entre amour et haine, la TikTokeuse perchée, l'acteur trop sérieux), La Bulle est un tunnel de facilités vues mille fois déjà, et compilées autour d'un maigre prétexte et trois fades décors. Judd Apatow et sa co-scénariste se pensaient sûrement très malins avec leur bad buzz et leur chorégraphie TikTok, mais tout ça est d'une paresse totale. Le clou de ce spectacle du nul étant l'effondrement de la meilleure blague du film (la pyramide de la terreur au sein du studio), avec une chute effroyablement mauvaise.

La bulle : photo, Pedro Pascal, Keegan-Michael Key

This is cinema

 

JURASSIC LOL

Ne restait alors plus qu'un argument à La Bulle : la parodie de Jurassic World, puisque le film se déplace régulièrement dans la fiction pour confronter les losers aux dinosaures, dans une ambiance de série Z type Voyage au centre de la Terre. Mais là aussi, c'est un désert d'humour, qui se résume à une poignée de scènes sans aucun esprit ni malice.

Les quelques idées amusantes (les accents dignes de House of Gucci, la doublure pour le baiser, les coulisses des fonds verts, la main déchiquetée) sont expédiées et réduites à de courts gags, au milieu d'interminables tunnels de jérémiades de super-soap opera. Entre la relation de Leslie Mann et David Duchovny qui fait passer le navet Couple de stars pour Scènes de la vie conjugale, Karen Gillan et son queutard européen (parce qu'en Europe, c'est couple libre bien sûr), Pedro Pascal en sous-Robert Downey Jr. dans Tonnerre sous les tropiques, La Bulle devient vite un enfer de copieux bavardages.

La parodie hollywoodienne est aussi corrosive qu'un monologue d'intro aux Oscars, et le défilé de guests n'arrange rien. Avec Daisy Ridley en avatar de branlette, John Cena en abruti fini et Kate McKinnon en productrice sociopathe, sans oublier James McAvoy pour une blague X-Men et Beck pour une parenthèse musicale abominable, le film prend des airs de pauvre bulle entre potes, en miroir cheapos d'un bon petit Guillaume Canet au Cap-Ferret.

The Bubble : photo, Maria Bakalova

Jumanji Park

Dans sa dernière ligne droite, La Bulle mute pour devenir un monstrueux ratage. Une chorégraphie de Denver le dino-dégénéré à la sauce TikTok, une histoire de couilles inflammables, des courses-poursuites, des bastons, et un climax de cons en hélico : c'est une formidable escalade de la nullité.

Quand Judd Apatow retourne finalement son film sur lui-même, telle une vieille chaussette usée, dans le générique de fin, il pose la question à mille points. Jusqu'à quel point peut-on se moquer de quelque chose, sans devenir ce quelque chose ? En parodiant à l'extrême le cirque hollywoodien, n'a-t-il pas emprunté le costume du parfait bouffon ? Financé grâce à Netflix qui a signé sans même un scénario, ce film-caprice du cercle Apatow (sa femme Leslie Mann et leur fille Iris, actrices au premier plan) n'est-il pas aussi risible que ce Cliff Beasts 6 ?

Tel est pris qui croyait parodier. Heureusement, pour oublier ce Judd Apatow, 50 ans et toujours plus beauf, il y a le délicieux Ça tourne à Manhattan de Tom DiCillo, ou même le générique de fin de 22 Jump Street, qui surpasse en tout point ce navet en quatre petites minutes.

La Bulle est disponible sur Netflix depuis le 1er avril 2022 en France

La Bulle : Affiche

Adblock test (Why?)

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en panne : mode d'emploi

Niveau gêne et dommages collatéraux de la pandémie, Netflix aura joué son (petit) rôle. Il y avait eu l'affreux 8 Rue de l'Humanité de Dany Boon, et pas très loin derrière, il y aura désormais La Bulle, construit sur la même fausse inspiration de folie-confinement-version hollywoodienne. À la place du bistrot parisien, du scientifique fou et des abrutis entassés en immeuble, il y a des dinosaures, du vomi, avec des abrutis entassés sur un tournage de blockbuster Asylum, type Jurassic Park version Sharknado. Dans les deux cas, il y a un influenceur dans la bande, et ce trait d'union est celui de la ringardise.

La Bulle est né comme une petite blague proche du caprice. Comme les 3/4 de la planète, Judd Apatow vivait mal le confinement, rythmé par des réunions Zoom et des promenades. Comme les 3/4 de la planète, il voulait s'occuper. Mais ce n'était pas en faisant son propre pain, en relançant l'intégrale de The Office ou en commençant un puzzle de 30 000 pièces. C'était avec une idée de scénario, inspirée par le tournage de Jurassic World : Le Monde d'après, et de la "bulle" de restrictions sanitaires mise en place.

Judd Apatow n'avait rien de plus en tête quand sa femme Leslie Mann est partie tourner en Angleterre, et qu'il s'est dit que ce serait fort pratique de la suivre et tourner un film, pour s'occuper. Le petit malin a présenté ça à Netflix comme un pro : une comédie entre Christopher Guest (Waiting for Guffman, Bêtes de scène) et Tonnerre sous les tropiques, un scénario écrit en quatrième vitesse, une production emballée très vite, avec beaucoup d'improvisation et un casting vendeur. Une courte année aura ainsi suffi pour créer cette Bulle. Ce qui se ressent douloureusement à l'écran.

La bulle : photoManque plus qu'à incruster l'humour en post-prod

 

con et pas finement

Avec le doux-amer The King of Staten Island, Judd Apatow semblait avoir retrouvé le goût du bon goût, et même une certaine maturité, plus ou moins éprouvée dans Funny People et 40 ans : mode d'emploi. À côté, La Bulle a des airs de reflux gastrique, qui ferait passer Crazy Amy pour du Gregg Araki. Avec deux interminables heures au compteur, rythmées par trois sourires et une demi-tonne de cringe, c'est un convoi exceptionnel de nullité.

Co-écrit avec Pam Brady (bien connue sur la scène comique américaine, notamment avec les séries The Loop et Lady Dynamite), le scénario est un festival de blagues ringardes, et une compilation de lapalissades ratées, de punchlines de stand up amateur, de gags éculés et de commentaires sociétaux aussi percutants qu'une revue de tweets. Avec en prime le pire carburant des comédies américaines récentes : la mauvaise improvisation, qui étire les scènes pour rien, si ce n'est le plaisir régressif (et très limité) de laisser les acteurs en semi-roue libre.

La bulle : photo, Leslie Mann, David Duchovny

La prochaine fois que Judd a une idée

Sur le front de la comédie de pandémie, c'est un malaise sans fin. De la difficulté de faire les cours de maths à la maison aux chiantissimes montages de gens en train de danser en pyjama, en passant par les incontournables blagues sur les cotons-tiges dans le nez (autre triste point commun avec le Dany Boon) ou les problèmes de connexion-communication, la panoplie du petit lourdingue est complète. C'est la rencontre dont personne n'osait cauchemarder entre l'humour de confinement (story Instagram, TikTok et autres blagues formatées pour les réseaux) et Le Manoir, grand moment de featuring entre le cinéma et le YouTube comique français.

Mais les Covid-blagues ne sont pas les seuls problèmes. Entre les scènes (du vomi, du sexe, des cris, un trip-CGI sous coke) et les personnages (le couple entre amour et haine, la TikTokeuse perchée, l'acteur trop sérieux), La Bulle est un tunnel de facilités vues mille fois déjà, et compilées autour d'un maigre prétexte et trois fades décors. Judd Apatow et sa co-scénariste se pensaient sûrement très malins avec leur bad buzz et leur chorégraphie TikTok, mais tout ça est d'une paresse totale. Le clou de ce spectacle du nul étant l'effondrement de la meilleure blague du film (la pyramide de la terreur au sein du studio), avec une chute effroyablement mauvaise.

La bulle : photo, Pedro Pascal, Keegan-Michael Key

This is cinema

 

JURASSIC LOL

Ne restait alors plus qu'un argument à La Bulle : la parodie de Jurassic World, puisque le film se déplace régulièrement dans la fiction pour confronter les losers aux dinosaures, dans une ambiance de série Z type Voyage au centre de la Terre. Mais là aussi, c'est un désert d'humour, qui se résume à une poignée de scènes sans aucun esprit ni malice.

Les quelques idées amusantes (les accents dignes de House of Gucci, la doublure pour le baiser, les coulisses des fonds verts, la main déchiquetée) sont expédiées et réduites à de courts gags, au milieu d'interminables tunnels de jérémiades de super-soap opera. Entre la relation de Leslie Mann et David Duchovny qui fait passer le navet Couple de stars pour Scènes de la vie conjugale, Karen Gillan et son queutard européen (parce qu'en Europe, c'est couple libre bien sûr), Pedro Pascal en sous-Robert Downey Jr. dans Tonnerre sous les tropiques, La Bulle devient vite un enfer de copieux bavardages.

La parodie hollywoodienne est aussi corrosive qu'un monologue d'intro aux Oscars, et le défilé de guests n'arrange rien. Avec Daisy Ridley en avatar de branlette, John Cena en abruti fini et Kate McKinnon en productrice sociopathe, sans oublier James McAvoy pour une blague X-Men et Beck pour une parenthèse musicale abominable, le film prend des airs de pauvre bulle entre potes, en miroir cheapos d'un bon petit Guillaume Canet au Cap-Ferret.

The Bubble : photo, Maria Bakalova

Jumanji Park

Dans sa dernière ligne droite, La Bulle mute pour devenir un monstrueux ratage. Une chorégraphie de Denver le dino-dégénéré à la sauce TikTok, une histoire de couilles inflammables, des courses-poursuites, des bastons, et un climax de cons en hélico : c'est une formidable escalade de la nullité.

Quand Judd Apatow retourne finalement son film sur lui-même, telle une vieille chaussette usée, dans le générique de fin, il pose la question à mille points. Jusqu'à quel point peut-on se moquer de quelque chose, sans devenir ce quelque chose ? En parodiant à l'extrême le cirque hollywoodien, n'a-t-il pas emprunté le costume du parfait bouffon ? Financé grâce à Netflix qui a signé sans même un scénario, ce film-caprice du cercle Apatow (sa femme Leslie Mann et leur fille Iris, actrices au premier plan) n'est-il pas aussi risible que ce Cliff Beasts 6 ?

Tel est pris qui croyait parodier. Heureusement, pour oublier ce Judd Apatow, 50 ans et toujours plus beauf, il y a le délicieux Ça tourne à Manhattan de Tom DiCillo, ou même le générique de fin de 22 Jump Street, qui surpasse en tout point ce navet en quatre petites minutes.

La Bulle est disponible sur Netflix depuis le 1er avril 2022 en France

La Bulle : Affiche

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