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Cannes 2022 : Tahar Rahim, de Rastignac à Don Juan - Le Monde

Tahar Rahim, acteur dans le film « Don Juan », de Serge Bozon, au Festival de Cannes, photographié à l’hôtel JW Marriott, le 22 mai 2022.

Il a l’énergie séductrice d’un Tom Cruise, une voix de gorge embrumée qu’on reconnaîtrait entre mille et le sourire joyeux de l’enfant qui vous a joué un bon tour. Tahar Rahim est Don Juan. A l’écran, dans le Don Juan signé Serge Bozon, présenté au Festival de Cannes avant de sortir en salles dans la foulée (« Un Don Juan inversé, au chagrin amoureux tel que l’on ne voit quasiment jamais chez un homme au cinéma », explique-t-il joliment). Et Don Juan à la ville, capable de vous charmer à son corps défendant tout en souriant – comme ici dans le lobby moquetté, moelleusement moderne de l’hôtel Marriott – aux gens qui passent et l’interrompent d’un salut.

Il dit que pour comprendre ce Don Juan de cinéma, éperdu d’avoir perdu son amour pour un regard glissé vers une autre, il a pensé : « Il ne faut pas oublier que le personnage est un acteur. Pour comprendre cette folie qui l’habite, j’ai pensé qu’il fallait qu’il soit en confusion. J’ai lu des trucs comme ça : des acteurs qui ne sortent pas de leur personnage, qui mélangent et qui finissent en hôpital psychiatrique. »

Lui, est tout sauf ça. Chez Tahar Rahim, rien n’est confus. Ne semble ne l’avoir jamais été, depuis le jour, à 17 ans, où il découvre dans L’Est Républicain, chez lui, à Belfort, une petite annonce pour figurer dans un court-métrage. Cela fait trois ans que le petit dernier d’une fratrie de dix dont le père a quitté l’Algérie – où celui-ci enseignait l’arabe –, pour l’Eldorado français, un boulot chez Alsthom mieux payé, et la promesse d’un avenir pour sa progéniture, ne quitte plus les salles de cinéma.

« J’ai eu une enfance extraordinaire, rien à dire, et puis après l’adolescence on court après autre chose et là je vais en salles de cinéma, ça m’attrape, j’aime l’atmosphère, ça me permet de m’évader, et puis j’avais un moyen de rentrer par-derrière. J’y suis allé cinq fois par semaine, pendant deux ans non-stop, et puis après cela se transforme tout doucement en besoin vital. » Il répond à l’annonce pour la figuration. C’est là qu’il rencontre Cyril Mennegun, le futur réalisateur du césarisé Louise Wimmer.

Pas à pas

Car contrairement à ce qu’on imagine souvent, Tahar Rahim, désormais star internationale (A perdre la raison de Joachim Lafosse, Le Passé d’Asghar Farhadi, Le secret de la chambre noire, de Kyoshi Kurosawa, Désigné coupable de Kevin MacDonald ou bientôt Napoléon de Ridley Scott…), que les magazines de papier glacé s’arrachent, n’a pas été découvert lors d’un casting sauvage pour interpréter le taulard d’Un prophète de Jacques Audiard. L’homme s’est construit pas à pas, de façon volontaire.

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Tahar Rahim, acteur dans le film « Don Juan », de Serge Bozon, au Festival de Cannes, photographié à l’hôtel JW Marriott, le 22 mai 2022.

Il a l’énergie séductrice d’un Tom Cruise, une voix de gorge embrumée qu’on reconnaîtrait entre mille et le sourire joyeux de l’enfant qui vous a joué un bon tour. Tahar Rahim est Don Juan. A l’écran, dans le Don Juan signé Serge Bozon, présenté au Festival de Cannes avant de sortir en salles dans la foulée (« Un Don Juan inversé, au chagrin amoureux tel que l’on ne voit quasiment jamais chez un homme au cinéma », explique-t-il joliment). Et Don Juan à la ville, capable de vous charmer à son corps défendant tout en souriant – comme ici dans le lobby moquetté, moelleusement moderne de l’hôtel Marriott – aux gens qui passent et l’interrompent d’un salut.

Il dit que pour comprendre ce Don Juan de cinéma, éperdu d’avoir perdu son amour pour un regard glissé vers une autre, il a pensé : « Il ne faut pas oublier que le personnage est un acteur. Pour comprendre cette folie qui l’habite, j’ai pensé qu’il fallait qu’il soit en confusion. J’ai lu des trucs comme ça : des acteurs qui ne sortent pas de leur personnage, qui mélangent et qui finissent en hôpital psychiatrique. »

Lui, est tout sauf ça. Chez Tahar Rahim, rien n’est confus. Ne semble ne l’avoir jamais été, depuis le jour, à 17 ans, où il découvre dans L’Est Républicain, chez lui, à Belfort, une petite annonce pour figurer dans un court-métrage. Cela fait trois ans que le petit dernier d’une fratrie de dix dont le père a quitté l’Algérie – où celui-ci enseignait l’arabe –, pour l’Eldorado français, un boulot chez Alsthom mieux payé, et la promesse d’un avenir pour sa progéniture, ne quitte plus les salles de cinéma.

« J’ai eu une enfance extraordinaire, rien à dire, et puis après l’adolescence on court après autre chose et là je vais en salles de cinéma, ça m’attrape, j’aime l’atmosphère, ça me permet de m’évader, et puis j’avais un moyen de rentrer par-derrière. J’y suis allé cinq fois par semaine, pendant deux ans non-stop, et puis après cela se transforme tout doucement en besoin vital. » Il répond à l’annonce pour la figuration. C’est là qu’il rencontre Cyril Mennegun, le futur réalisateur du césarisé Louise Wimmer.

Pas à pas

Car contrairement à ce qu’on imagine souvent, Tahar Rahim, désormais star internationale (A perdre la raison de Joachim Lafosse, Le Passé d’Asghar Farhadi, Le secret de la chambre noire, de Kyoshi Kurosawa, Désigné coupable de Kevin MacDonald ou bientôt Napoléon de Ridley Scott…), que les magazines de papier glacé s’arrachent, n’a pas été découvert lors d’un casting sauvage pour interpréter le taulard d’Un prophète de Jacques Audiard. L’homme s’est construit pas à pas, de façon volontaire.

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