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Cannes 2022 : Valeria Bruni Tedeschi et les années Amandiers, époque bénie du théâtre - Le Monde

La dernière fois qu’ils se sont retrouvés, c’était à l’heure de leur triomphe, en 1987. Tous ensemble réunis, radieux et épuisés, donnant Platonov, d’Anton Tchekhov, à Avignon. Succès. Ovation. Rideau. Cet été-là, les dix-neuf jeunes gens qui composaient la deuxième et dernière promotion de l’école de théâtre de Nanterre, fondée et dirigée par Patrice Chéreau et Pierre Romans, se quittent pour s’absorber dans la vie. C’est cette tranche de leur existence, ces dix-huit mois de travail intense, à pleine vitesse, où rien d’autre ne comptait que l’amour, le théâtre et l’amitié, que l’une d’entre eux, Valeria Bruni Tedeschi, a choisi de raconter au cinéma, trente-cinq ans plus tard.

Dans le très attendu Les Amandiers, présenté en compétition au Festival de Cannes, voici que ces comédiens sont devenus des personnages de cinéma à leur tour, incarnés par de jeunes acteurs de l’âge qu’ils avaient pendant ces années fondatrices. Des années qui ont infléchi le cours de leur vie – cette seule promotion a fait émerger, outre Valeria Bruni Tedeschi, Agnès Jaoui, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Marianne Denicourt, Thibault de Montalembert –, mais aussi celui du théâtre contemporain français, marqué par le Nanterre des années Chéreau.

Les Amandiers sont aujourd’hui synonymes d’une époque bénie pour le théâtre. Mais déjà, à l’époque, dans toute l’Europe, l’école de Nanterre était connue comme un lieu d’effervescence et de créativité où l’on se pressait. Personne n’a oublié ce soir où Catherine Deneuve est allée voir les travaux de fin d’année des élèves. « Dans une scène, une jeune serveuse du bar du théâtre dit à une élève : “Tu sais qui est assise là-bas ? Catherine Deneuve ! Elle mange un steak-frites !” Cette scène n’a pas été conservée au montage et ce n’est pas grave, mais ça raconte ce que ce théâtre avait de mythique, raconte Valeria Bruni Tedeschi. Le personnage incarné par Suzanne Lindon dit à un moment : “C’est le centre de l’Europe, ce théâtre !” C’est quelque chose d’important dont on n’était pas conscients mais que j’avais envie de raconter. »

Un travail de mémoire

La réalisatrice a déjà « fictionné » sa vie au cinéma dans ses longs-métrages (Il est plus facile pour un chameau, 2003 ; Actrices, 2007 ; Un château en Italie, 2013 ; Les Estivants, 2020) sa maternité, son histoire d’amour avec un homme plus jeune, la mort de son frère, mais c’est la première fois qu’elle remonte si loin et si longtemps dans sa vie. Trente-cinq ans en arrière. C’est son ami Thierry de Peretti, acteur de théâtre et de cinéma passé à la mise en scène, qui est revenu à la charge, il y a trois ou quatre ans : « Tu devrais vraiment faire un film sur les Amandiers. » Cette fois, ça lui est paru comme une évidence. Autour d’elle, elle réunit son équipe, la même depuis ses débuts comme réalisatrice, et elle procède comme elle l’a fait pour les précédents longs-métrages de son « autobiographie imaginaire ». « Elle part de la réalité, elle la malaxe et elle la réinvente », selon les mots d’Alexandra Henochsberg, coproductrice du film avec Patrick Sobelman.

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La dernière fois qu’ils se sont retrouvés, c’était à l’heure de leur triomphe, en 1987. Tous ensemble réunis, radieux et épuisés, donnant Platonov, d’Anton Tchekhov, à Avignon. Succès. Ovation. Rideau. Cet été-là, les dix-neuf jeunes gens qui composaient la deuxième et dernière promotion de l’école de théâtre de Nanterre, fondée et dirigée par Patrice Chéreau et Pierre Romans, se quittent pour s’absorber dans la vie. C’est cette tranche de leur existence, ces dix-huit mois de travail intense, à pleine vitesse, où rien d’autre ne comptait que l’amour, le théâtre et l’amitié, que l’une d’entre eux, Valeria Bruni Tedeschi, a choisi de raconter au cinéma, trente-cinq ans plus tard.

Dans le très attendu Les Amandiers, présenté en compétition au Festival de Cannes, voici que ces comédiens sont devenus des personnages de cinéma à leur tour, incarnés par de jeunes acteurs de l’âge qu’ils avaient pendant ces années fondatrices. Des années qui ont infléchi le cours de leur vie – cette seule promotion a fait émerger, outre Valeria Bruni Tedeschi, Agnès Jaoui, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Marianne Denicourt, Thibault de Montalembert –, mais aussi celui du théâtre contemporain français, marqué par le Nanterre des années Chéreau.

Les Amandiers sont aujourd’hui synonymes d’une époque bénie pour le théâtre. Mais déjà, à l’époque, dans toute l’Europe, l’école de Nanterre était connue comme un lieu d’effervescence et de créativité où l’on se pressait. Personne n’a oublié ce soir où Catherine Deneuve est allée voir les travaux de fin d’année des élèves. « Dans une scène, une jeune serveuse du bar du théâtre dit à une élève : “Tu sais qui est assise là-bas ? Catherine Deneuve ! Elle mange un steak-frites !” Cette scène n’a pas été conservée au montage et ce n’est pas grave, mais ça raconte ce que ce théâtre avait de mythique, raconte Valeria Bruni Tedeschi. Le personnage incarné par Suzanne Lindon dit à un moment : “C’est le centre de l’Europe, ce théâtre !” C’est quelque chose d’important dont on n’était pas conscients mais que j’avais envie de raconter. »

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La réalisatrice a déjà « fictionné » sa vie au cinéma dans ses longs-métrages (Il est plus facile pour un chameau, 2003 ; Actrices, 2007 ; Un château en Italie, 2013 ; Les Estivants, 2020) sa maternité, son histoire d’amour avec un homme plus jeune, la mort de son frère, mais c’est la première fois qu’elle remonte si loin et si longtemps dans sa vie. Trente-cinq ans en arrière. C’est son ami Thierry de Peretti, acteur de théâtre et de cinéma passé à la mise en scène, qui est revenu à la charge, il y a trois ou quatre ans : « Tu devrais vraiment faire un film sur les Amandiers. » Cette fois, ça lui est paru comme une évidence. Autour d’elle, elle réunit son équipe, la même depuis ses débuts comme réalisatrice, et elle procède comme elle l’a fait pour les précédents longs-métrages de son « autobiographie imaginaire ». « Elle part de la réalité, elle la malaxe et elle la réinvente », selon les mots d’Alexandra Henochsberg, coproductrice du film avec Patrick Sobelman.

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