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« La Joconde » entartée, le Louvre porte plainte - Le Monde

Une visiteuse devant « La Joconde », le 19 mai 2021, lors de la réouverture du Musée du Louvre, après plus de six mois de fermeture.

« Pensez à la Terre (…). Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre, pensez-y. Tous les artistes, pensez à la Terre. C’est pour ça que j’ai fait ça. Pensez à la planète. » Voilà ce qu’a revendiqué l’homme qui a, dimanche 29 mai, jeté une pâtisserie sur La Joconde, au Louvre, à Paris.

Aucune photo ou vidéo n’a capté l’incident lui-même, mais le Musée a expliqué, lundi, le déroulé de l’incident :

« Un visiteur a simulé une situation de handicap pour disposer d’un fauteuil roulant et s’approcher de l’œuvre installée dans une vitrine sécurisée. Le Louvre a appliqué ses procédures habituelles prévues pour les personnes à mobilité réduite, leur permettant d’admirer cette œuvre majeure du Louvre. Installé à proximité de l’œuvre, cet individu a lancé sur la vitrine de la Joconde, une pâtisserie qu’il avait dissimulée dans ses effets personnels. Ce jet n’a eu aucune conséquence sur le tableau, qui n’a subi aucun dommage. L’individu a immédiatement été saisi et évacué par les agents d’accueil et de surveillance puis remis à la police, venue sur les lieux. Le Musée du Louvre a déposé plainte. »

En revanche, des visiteurs présents ce jour-là ont diffusé des vidéos des secondes suivant l’« entartrage ». Celles de « Lukeee », un influenceur – en devenir, avec 363 abonnés sur Twitter – originaire de Denver dans le Colorado, ont, par exemple, fait le tour du monde, totalisant plus de 1,6 million de vues (en cumulé).

Agé de 36 ans, l’homme qui a jeté le gâteau a été admis à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police et une enquête a été ouverte pour « tentative de dégradation d’un bien culturel », a-t-on appris, lundi, auprès du parquet de Paris. De son côté, Mona Lisa a attendu, stoïquement, qu’on la débarbouille et a repris ses activités : la contemplation de son public.

Un tableau pas assuré

A raison de 30 000 visiteurs par jour, ce type d’incident devait finir par arriver, à nouveau au tableau le plus célèbre du monde. Cet entartage n’est, en effet, pas sa première mésaventure : en 1911, La Joconde est volée par Vincenzo Peruggia, un vitrier italien qui participait aux travaux de mise sous verre des œuvres les plus importantes du Musée, afin de les protéger des vandales. Il la conserve pendant deux ans dans sa chambre, avant de la proposer à un antiquaire florentin. Elle revient au Louvre en 1914.

Elle traverse les deux guerres mondiales sans encombre – la première à Bordeaux puis Toulouse, la seconde à Chambord, Amboise, Loc-Dieu, Montauban, Chambord, Montal en Quercy, dans le Lot et les Causses. Puis de nouvelles mesures sont prises, après que, le 30 décembre 1956, Ugo Ungaza Villegas, un Bolivien faisant l’objet d’un arrêté d’expulsion, lance un caillou vers le tableau et brise la glace qui protégeait le portrait de Lisa Gherardini. Des éclats de verre lui abîment le coude gauche.

En 1974, lors de la visite de Mona Lisa au Japon, une femme lui jette de la peinture rouge. Puis en août 2009, une visiteuse russe est interpellée après avoir lancé une tasse à thé en direction du tableau. Le projectile ne résiste à la vitrine blindée qui n’est que très légèrement éraflée.

Car, depuis 2005, La Joconde coule des jours tranquilles derrière une vitre blindée, protégée par un caisson spécial où l’humidité et la température sont contrôlées. Protection d’autant plus nécessaire que la toile n’est pas assurée. En 1962, avant le voyage de La Joconde à Washington puis New York, Le Monde écrivait : « le tableau est pratiquement inestimable, la prime aurait été de toute manière exorbitante et, en cas de vol, le fait qu’il ne soit pas assuré supprime toute possibilité de chantage auprès des compagnies ». En 2020, le magazine Beaux-Arts expliquait que, « contrairement aux musées privés, l’Etat ne paie pas d’assurance. La cause ? Trop d’œuvres, et d’une valeur trop élevée. Personne n’aurait les moyens d’assurer des tableaux inestimables. (…) Ne reste qu’à investir dans la sécurité. »

Le Monde

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Une visiteuse devant « La Joconde », le 19 mai 2021, lors de la réouverture du Musée du Louvre, après plus de six mois de fermeture.

« Pensez à la Terre (…). Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre, pensez-y. Tous les artistes, pensez à la Terre. C’est pour ça que j’ai fait ça. Pensez à la planète. » Voilà ce qu’a revendiqué l’homme qui a, dimanche 29 mai, jeté une pâtisserie sur La Joconde, au Louvre, à Paris.

Aucune photo ou vidéo n’a capté l’incident lui-même, mais le Musée a expliqué, lundi, le déroulé de l’incident :

« Un visiteur a simulé une situation de handicap pour disposer d’un fauteuil roulant et s’approcher de l’œuvre installée dans une vitrine sécurisée. Le Louvre a appliqué ses procédures habituelles prévues pour les personnes à mobilité réduite, leur permettant d’admirer cette œuvre majeure du Louvre. Installé à proximité de l’œuvre, cet individu a lancé sur la vitrine de la Joconde, une pâtisserie qu’il avait dissimulée dans ses effets personnels. Ce jet n’a eu aucune conséquence sur le tableau, qui n’a subi aucun dommage. L’individu a immédiatement été saisi et évacué par les agents d’accueil et de surveillance puis remis à la police, venue sur les lieux. Le Musée du Louvre a déposé plainte. »

En revanche, des visiteurs présents ce jour-là ont diffusé des vidéos des secondes suivant l’« entartrage ». Celles de « Lukeee », un influenceur – en devenir, avec 363 abonnés sur Twitter – originaire de Denver dans le Colorado, ont, par exemple, fait le tour du monde, totalisant plus de 1,6 million de vues (en cumulé).

Agé de 36 ans, l’homme qui a jeté le gâteau a été admis à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police et une enquête a été ouverte pour « tentative de dégradation d’un bien culturel », a-t-on appris, lundi, auprès du parquet de Paris. De son côté, Mona Lisa a attendu, stoïquement, qu’on la débarbouille et a repris ses activités : la contemplation de son public.

Un tableau pas assuré

A raison de 30 000 visiteurs par jour, ce type d’incident devait finir par arriver, à nouveau au tableau le plus célèbre du monde. Cet entartage n’est, en effet, pas sa première mésaventure : en 1911, La Joconde est volée par Vincenzo Peruggia, un vitrier italien qui participait aux travaux de mise sous verre des œuvres les plus importantes du Musée, afin de les protéger des vandales. Il la conserve pendant deux ans dans sa chambre, avant de la proposer à un antiquaire florentin. Elle revient au Louvre en 1914.

Elle traverse les deux guerres mondiales sans encombre – la première à Bordeaux puis Toulouse, la seconde à Chambord, Amboise, Loc-Dieu, Montauban, Chambord, Montal en Quercy, dans le Lot et les Causses. Puis de nouvelles mesures sont prises, après que, le 30 décembre 1956, Ugo Ungaza Villegas, un Bolivien faisant l’objet d’un arrêté d’expulsion, lance un caillou vers le tableau et brise la glace qui protégeait le portrait de Lisa Gherardini. Des éclats de verre lui abîment le coude gauche.

En 1974, lors de la visite de Mona Lisa au Japon, une femme lui jette de la peinture rouge. Puis en août 2009, une visiteuse russe est interpellée après avoir lancé une tasse à thé en direction du tableau. Le projectile ne résiste à la vitrine blindée qui n’est que très légèrement éraflée.

Car, depuis 2005, La Joconde coule des jours tranquilles derrière une vitre blindée, protégée par un caisson spécial où l’humidité et la température sont contrôlées. Protection d’autant plus nécessaire que la toile n’est pas assurée. En 1962, avant le voyage de La Joconde à Washington puis New York, Le Monde écrivait : « le tableau est pratiquement inestimable, la prime aurait été de toute manière exorbitante et, en cas de vol, le fait qu’il ne soit pas assuré supprime toute possibilité de chantage auprès des compagnies ». En 2020, le magazine Beaux-Arts expliquait que, « contrairement aux musées privés, l’Etat ne paie pas d’assurance. La cause ? Trop d’œuvres, et d’une valeur trop élevée. Personne n’aurait les moyens d’assurer des tableaux inestimables. (…) Ne reste qu’à investir dans la sécurité. »

Le Monde

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