Connue pour ses silhouettes de femmes brunes, sexy et poétiques au pochoir sur les murs de la capitale, notamment, la street-artiste Miss Tic est morte, dimanche 22 mai, à Paris, peut-on lire sur son compte Instagram. Elle n’a cessé de façonner sa légende sur les murs, les façades décrépites, sous un réverbère, une impasse ou un trottoir mal éclairé.
« Elle s’est battue contre la maladie avec tant de courage. Tant de souvenirs qui remontent, tant de moments partagés depuis le début des années 80… Tant de tristesse… », a réagi l’artiste pochoiriste Jef Aérosol sur Instagram.
L’artiste, plasticienne et poète passe son enfance à Paris entre Château-Rouge et le Sacré-Cœur, puis son adolescence à Orly dans les cités. La jeune fille fait du théâtre de rue dans la compagnie Zéro de conduite. En 1980, elle s’exile deux ans à Los Angeles et San Francisco, baigne dans le milieu punk. Découverte de la vidéo expérimentale, de la violence de la société américaine, fric et dope : elle avoue faire de mauvaises rencontres là-bas.
De retour à Paris, à la suite d’un chagrin d’amour, elle rencontre les artistes de la bande Ripolin et Vive la peinture qui sortent dans la rue, détournent les affiches, peignent les palissades. Miss Tic est très proche de la BD, du rock, choisit le pochoir parce que c’est une technique simple. En 1985, elle se lance. Elle dessine un portrait d’elle à partir d’une photo sur un carton.
A l’aide d’un cutter, elle découpe les zones éclairées. Elle pose le carton ajouré sur un mur du 14e arrondissement, l’enduit de peinture, retire le carton. Le premier portrait d’elle est imprimé en noir et blanc sur le mur : jeune fille sage et élancée, les mains sur les genoux. Une déclaration, à côté de l’image : « J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs. »
Des murs de la Butte-aux-Cailles à Louis Vuitton
Sa signature, Miss Tic la trouve dans un vieil album de Picsou. C’est le nom de la petite sorcière qui a l’obsession de piquer le sou fétiche de Picsou. « Elle est attirée par ce qui brille, sa recherche n’aboutit jamais. » Le nom de la sorcière s’écrit Miss Tick. Elle préfère l’écrire sans k, comme un tic qui surprend. C’est ce qui arrive avec ses pochoirs : on tombe dessus furtivement dans la rue et on passe son chemin.
Les années 1990 ont été dures : la multiplication des tagueurs a rendu la police hargneuse. Un jour, elle imprime un dessin sous-titré « Egérie et j’ai pleuré » sur un mur du Marais. Le propriétaire porte plainte et elle est arrêtée en 1997. Miss Tic est condamnée en appel à verser 22 000 francs au plaignant. Elle veut continuer de travailler mais refuse d’être prise pour une délinquante.
Dans le 20e arrondissement, elle négocie avec la mairie, les commerçants, les habitants pour imprimer cinquante pochoirs, une série intitulée Muses et hommes : les dessins copient des fragments de tableaux de peintres célèbres. Dans le 5e arrondissement, elle discute également avec les commerçants, qui tombent d’accord. Même chose à la Butte-aux-Cailles.
Louis Vuitton lui demande un pochoir pour un carton d’invitation. La marque japonaise Comme des garçons édite un journal rétrospective, le styliste Kenzo fabrique un tee-shirt. Paul Personne tourne un clip près de ses œuvres. Dans son atelier, d’immenses tableaux sont des photographies de ses ruelles, de ses portes de garages et rideaux de commerçants graffités. Miss Tic fait du commerce en figeant ses œuvres qui sont vouées à l’éphémère.
Lors de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2011, La Poste émet des timbres reproduisant des œuvres de Miss Tic, inspirées de ses pochoirs. En 2013, l’agglomération de Montpellier la choisit pour réaliser le design de sa future cinquième ligne de tramway.
Biographie
1956 Naissance à Paris.
1980-1982 Voyage à Los Angeles et à San Francisco.
1985 Naissance de Miss Tic.
1999 Procès intenté par un propriétaire d’immeuble.
2022 Mort à Paris
Connue pour ses silhouettes de femmes brunes, sexy et poétiques au pochoir sur les murs de la capitale, notamment, la street-artiste Miss Tic est morte, dimanche 22 mai, à Paris, peut-on lire sur son compte Instagram. Elle n’a cessé de façonner sa légende sur les murs, les façades décrépites, sous un réverbère, une impasse ou un trottoir mal éclairé.
« Elle s’est battue contre la maladie avec tant de courage. Tant de souvenirs qui remontent, tant de moments partagés depuis le début des années 80… Tant de tristesse… », a réagi l’artiste pochoiriste Jef Aérosol sur Instagram.
L’artiste, plasticienne et poète passe son enfance à Paris entre Château-Rouge et le Sacré-Cœur, puis son adolescence à Orly dans les cités. La jeune fille fait du théâtre de rue dans la compagnie Zéro de conduite. En 1980, elle s’exile deux ans à Los Angeles et San Francisco, baigne dans le milieu punk. Découverte de la vidéo expérimentale, de la violence de la société américaine, fric et dope : elle avoue faire de mauvaises rencontres là-bas.
De retour à Paris, à la suite d’un chagrin d’amour, elle rencontre les artistes de la bande Ripolin et Vive la peinture qui sortent dans la rue, détournent les affiches, peignent les palissades. Miss Tic est très proche de la BD, du rock, choisit le pochoir parce que c’est une technique simple. En 1985, elle se lance. Elle dessine un portrait d’elle à partir d’une photo sur un carton.
A l’aide d’un cutter, elle découpe les zones éclairées. Elle pose le carton ajouré sur un mur du 14e arrondissement, l’enduit de peinture, retire le carton. Le premier portrait d’elle est imprimé en noir et blanc sur le mur : jeune fille sage et élancée, les mains sur les genoux. Une déclaration, à côté de l’image : « J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs. »
Des murs de la Butte-aux-Cailles à Louis Vuitton
Sa signature, Miss Tic la trouve dans un vieil album de Picsou. C’est le nom de la petite sorcière qui a l’obsession de piquer le sou fétiche de Picsou. « Elle est attirée par ce qui brille, sa recherche n’aboutit jamais. » Le nom de la sorcière s’écrit Miss Tick. Elle préfère l’écrire sans k, comme un tic qui surprend. C’est ce qui arrive avec ses pochoirs : on tombe dessus furtivement dans la rue et on passe son chemin.
Les années 1990 ont été dures : la multiplication des tagueurs a rendu la police hargneuse. Un jour, elle imprime un dessin sous-titré « Egérie et j’ai pleuré » sur un mur du Marais. Le propriétaire porte plainte et elle est arrêtée en 1997. Miss Tic est condamnée en appel à verser 22 000 francs au plaignant. Elle veut continuer de travailler mais refuse d’être prise pour une délinquante.
Dans le 20e arrondissement, elle négocie avec la mairie, les commerçants, les habitants pour imprimer cinquante pochoirs, une série intitulée Muses et hommes : les dessins copient des fragments de tableaux de peintres célèbres. Dans le 5e arrondissement, elle discute également avec les commerçants, qui tombent d’accord. Même chose à la Butte-aux-Cailles.
Louis Vuitton lui demande un pochoir pour un carton d’invitation. La marque japonaise Comme des garçons édite un journal rétrospective, le styliste Kenzo fabrique un tee-shirt. Paul Personne tourne un clip près de ses œuvres. Dans son atelier, d’immenses tableaux sont des photographies de ses ruelles, de ses portes de garages et rideaux de commerçants graffités. Miss Tic fait du commerce en figeant ses œuvres qui sont vouées à l’éphémère.
Lors de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2011, La Poste émet des timbres reproduisant des œuvres de Miss Tic, inspirées de ses pochoirs. En 2013, l’agglomération de Montpellier la choisit pour réaliser le design de sa future cinquième ligne de tramway.
Biographie
1956 Naissance à Paris.
1980-1982 Voyage à Los Angeles et à San Francisco.
1985 Naissance de Miss Tic.
1999 Procès intenté par un propriétaire d’immeuble.
2022 Mort à Paris
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