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Festival d'Avignon : « Le Nid de cendres », une jeunesse ardente face à un monde calciné - Le Monde

« Le Nid de cendres », de Simon Falguières.

Et vogue l’épopée ! Elle a embarqué au fil de ses treize heures d’odyssée, sur la mer des contes et des songes, un public conquis, qui s’est levé comme un seul homme à l’issue du voyage, dans la nuit du 9 au 10 juillet, au Festival d’Avignon. Le jeune Simon Falguières, 33 ans, pouvait être heureux d’avoir enfin enfanté ce Nid de cendres qu’il portait en lui depuis longtemps et qui entre ainsi dans la légende d’Avignon. Il ne s’est pourtant pas départi d’une certaine gravité à l’heure des saluts, alors que beaucoup, parmi ses comédiens et dans les rangs des spectateurs, pleuraient de bonheur et d’émotion.

Le Nid de cendres est le deuxième marathon théâtral de cette édition d’Avignon, avec Ma jeunesse exaltée, la pièce de dix heures que présente Olivier Py au Gymnase du lycée Aubanel. C’est comme si le directeur du festival avait voulu, pour l’année de ses adieux, revenir encore et encore à l’œuvre qui a fait sa gloire : La Servante, l’épopée de vingt-quatre heures qu’il avait signée en 1995. Car la pièce de Simon Falguières s’inscrit clairement dans cet héritage.

Pourtant le jeune auteur-metteur en scène n’a pas vu le spectacle, il était encore enfant quand il a été créé. Mais il était au côté de son père, Jacques Falguières, quand celui-ci a accueilli la pièce de Py à la Scène nationale d’Evreux, qu’il dirigeait alors. C’est comme si La Servante avait été pour Simon Falguières un grand rêve de théâtre, qu’il investirait aujourd’hui à sa façon.

« Deux moitiés de pomme »

Le théâtre comme art de fantômes, comme un long rêve qui courrait à travers le temps, est d’ailleurs au cœur de son Nid de cendres, qui évoque La Servante pour mieux s’en détacher rapidement. La comparaison entre Py et Falguières s’arrête dès l’écoute des premières phrases de la pièce, l’écriture, chez le second, étant infiniment plus songeuse et secrète, bien moins claironnante et chargée, que chez son aîné.

Elle est, cette écriture, marquée du sceau du conte, avec sa simplicité apparente, laissant apparaître peu à peu ses ombres portées. Et c’est avec un conte que tout commence, sur le grand plateau nu et sombre, propre à accueillir une floraison d’histoires. Dans un royaume jusque-là enchanté, une reine se meurt, un roi se désespère et une princesse, Anne, entend, de l’autre côté du monde, un appel qui lui dit que c’est de là que viendra le salut. Pourtant, dans cet autre côté du monde, les hommes, la terre et les cités ont été ravagés par une révolte ayant tourné au cataclysme, laissant les survivants dans une souffrance infinie.

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« Le Nid de cendres », de Simon Falguières.

Et vogue l’épopée ! Elle a embarqué au fil de ses treize heures d’odyssée, sur la mer des contes et des songes, un public conquis, qui s’est levé comme un seul homme à l’issue du voyage, dans la nuit du 9 au 10 juillet, au Festival d’Avignon. Le jeune Simon Falguières, 33 ans, pouvait être heureux d’avoir enfin enfanté ce Nid de cendres qu’il portait en lui depuis longtemps et qui entre ainsi dans la légende d’Avignon. Il ne s’est pourtant pas départi d’une certaine gravité à l’heure des saluts, alors que beaucoup, parmi ses comédiens et dans les rangs des spectateurs, pleuraient de bonheur et d’émotion.

Le Nid de cendres est le deuxième marathon théâtral de cette édition d’Avignon, avec Ma jeunesse exaltée, la pièce de dix heures que présente Olivier Py au Gymnase du lycée Aubanel. C’est comme si le directeur du festival avait voulu, pour l’année de ses adieux, revenir encore et encore à l’œuvre qui a fait sa gloire : La Servante, l’épopée de vingt-quatre heures qu’il avait signée en 1995. Car la pièce de Simon Falguières s’inscrit clairement dans cet héritage.

Pourtant le jeune auteur-metteur en scène n’a pas vu le spectacle, il était encore enfant quand il a été créé. Mais il était au côté de son père, Jacques Falguières, quand celui-ci a accueilli la pièce de Py à la Scène nationale d’Evreux, qu’il dirigeait alors. C’est comme si La Servante avait été pour Simon Falguières un grand rêve de théâtre, qu’il investirait aujourd’hui à sa façon.

« Deux moitiés de pomme »

Le théâtre comme art de fantômes, comme un long rêve qui courrait à travers le temps, est d’ailleurs au cœur de son Nid de cendres, qui évoque La Servante pour mieux s’en détacher rapidement. La comparaison entre Py et Falguières s’arrête dès l’écoute des premières phrases de la pièce, l’écriture, chez le second, étant infiniment plus songeuse et secrète, bien moins claironnante et chargée, que chez son aîné.

Elle est, cette écriture, marquée du sceau du conte, avec sa simplicité apparente, laissant apparaître peu à peu ses ombres portées. Et c’est avec un conte que tout commence, sur le grand plateau nu et sombre, propre à accueillir une floraison d’histoires. Dans un royaume jusque-là enchanté, une reine se meurt, un roi se désespère et une princesse, Anne, entend, de l’autre côté du monde, un appel qui lui dit que c’est de là que viendra le salut. Pourtant, dans cet autre côté du monde, les hommes, la terre et les cités ont été ravagés par une révolte ayant tourné au cataclysme, laissant les survivants dans une souffrance infinie.

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