Search

Nathalie et Cathy, ses plus proches amies racontent Charlotte Valandrey - Paris Match

Propos recueillis par Françoise Smadja , Mis à jour le

Nathalie et Cathy, ses deux amies intimes, ont accompagné  Charlotte Valandrey jusqu’au bout et nous parlent entre rires et larmes.

Nathalie, longue liane aux cheveux châtain clair, de cinq ans sa cadette, mère de deux enfants, a rencontré Charlotte dans sa ville natale de Pléneuf-Val-André il y a une trentaine d’années. « J’avais 18 ans quand j’ai croisé son regard bleu intense pour la première fois sur le sable du Val-André, se souvient-elle. Je ne comprenais pas pourquoi une si jolie fille n’avait pas de petit ami. Un soir d’été, au coucher du soleil, Charlotte m’a alors livré son terrible secret, sa séropositivité. C’était une femme très honnête. Avec les garçons, si l’un d’eux lui plaisait, elle lui révélait spontanément sa maladie. Mais ce seul mot suffisait à les faire fuir. J’ai compris à quel point l’amour était vital pour mon amie. C’est sa rencontre avec Arthur Lecaisne, et surtout la naissance de sa fille, Tara , âgée aujourd’hui de 22 ans, qui comblera ce manque. Tara était le miracle de sa vie, son soleil, sa raison d’être. Elle est forte, fragile et courageuse comme sa maman. Elle n’a pas quitté sa mère durant toute la durée de son hospitalisation.

Publicité

Lire aussi: Yann Moix raconte Charlotte Valandrey : «C'est la soeur que j'aurais dû avoir»

La suite après cette publicité

Cette journée du 13 juin, quand son médecin lui annonça que son greffon était enfin arrivé, Charlotte était belle, heureuse et euphorique. Le lendemain, jour de son opération, et avant son départ pour le bloc opératoire, on se téléphone vers 5h30 du matin. Elle me demande de lui envoyer cette fameuse photo des coquelicots que j’avais réalisée et qu’elle aimait tant, pour partager avec ses abonnés. Puis tout s’est très vite enchaîné. Sa famille a contacté ses amis, le 12 juillet, pour qu’on lui dise au revoir. Je l’embrasse et lui murmure que c’est moi, Nath, que je l’aime. J’étais là pour elle, elle était là pour moi.»

La suite après cette publicité
"

Attendre une année, pour Charlotte, c’était un siècle

"

Cathy, quant à elle, était une fan de l’actrice. Puis leur relation s’est transformée en amitié. Mère de trois enfants, elle vit à Annecy et tient une chambre d’hôtes. Cette grande brune au caractère bien trempé ne l’a jamais « lâchée ». «Pendant et après le confinement, notre relation s’était renforcée. Elle s’était même lancée dans la création d’arbres de vie pour s’évader. On parlait jusqu’à 2 ou 3 heures du matin pour lui remonter le moral. Car elle était mal. Elle avait arrêté “Demain nous appartient”. Elle en souffrait beaucoup. Elle me disait sans cesse: “Mais qu’est-ce que je vais faire?” Même son album, dont elle était très fière, n’a finalement pas connu le succès… Son duo avec Marc Lavoine est passé inaperçu. Elle en était désespérée. Elle venait de sortir “Se réconcilier avec soi”, son dernier livre. Elle était en contact pour faire “Bas les masques” en 2023.

Attendre une année, pour Charlotte, c’était un siècle. En 2021, elle n’allait pas très bien. On avait loué un gîte avec Fabienne et Béa pour lui changer les idées. On faisait du vélo, on dansait. Mais depuis l’arrêt de la série, des concerts, du théâtre, elle ne pensait qu’à revenir au cinéma. Or, même le cinéma ne voulait plus d’elle. C’était d’une violence… Ils préféraient des actrices plus jeunes, plus minces. Charlotte n’acceptait pas son corps déformé par les médicaments. Elle avait pris du ventre. Elle était mal dans sa peau et ça la fragilisait encore plus. Ses fans la soutenaient, lui offraient des cadeaux. Et le jour où elle a reçu son greffon, elle tenait tant à les remercier…

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Confinée à Pléneuf-Val-André, en décembre 2020, elle crée des arbres de vie, une activité qui l’apaise.

Confinée à Pléneuf-Val-André, en décembre 2020, elle crée des arbres de vie, une activité qui l’apaise. © DR

Nous avons assisté à un spectacle en février 2022 et nous avons attrapé le Covid. Charlotte était fragile, toussait, s’essoufflait au bout de 100 mètres. J’étais très inquiète. Elle est allée aux urgences. Cette année-là, elle n’avait rien prévu pour Noël. Je lui ai pris un billet de train pour passer les fêtes avec son père, au Val. Son papa chante à la chorale de l’église. Elle était heureuse de le voir ainsi. En mars, je l’emmène à Orléans assister au concert de Julien Doré. Elle était épuisée. Et le soir, avant de s’endormir me murmure: “Si jamais je fais un infarctus cette nuit, je ne vais pas le sentir.”

"

Elle avait dit à son papa, à sa sœur, à sa fille qu’elle ne voulait pas d’acharnement thérapeutique si la greffe ne prenait pas

"

En mai, elle passe quelques jours chez son père. La veille, elle nous appelle, avec Fabienne, et nous dit: “Je ne me sens vraiment pas bien. Je vais avoir une grosse valise. Cathy, peux-tu venir me chercher à Paris et on file directement aux urgences?” Je rentre à Annecy le 15 mai, elle me rappelle avec Tara, qui doit l’emmener de nouveau aux urgences. Et peu de temps après, elle contracte un staphylocoque doré sur son bras, qu’on opère. Un jour, elle me dit: “Je n’ai pas peur de la greffe mais de l’après. Si je meurs pendant l’opération, je meurs.” Je la rassure, je l’embrasse sur le front, les cheveux, la joue, et je lui dis: “Je t’aime. Tiens bon.” Elle savait qu’elle pouvait compter sur moi, jusqu’à la fin. Elle avait si peur! Je lui avais fait la promesse de l’emmener à Londres pour ses 54 ans, car elle ne connaissait pas cette ville.

Le 24 juin, sa famille m’autorise à aller la voir, juste après sa greffe. Un choc pour moi! Elle était intubée, elle avait les yeux éveillés et me regardait. Elle ne m’a pas reconnue et dit: “Je ne veux pas être branchée. J’aimerais que mon cœur reprenne, tout simplement.” Avec l’autorisation des médecins, je lui mets “Nous”, de Julien Doré, puis du Clara Luciani. Elle remuait la tête, comme si elle voulait danser, comme si elle voulait chanter. J’étais bouleversée. 

Le 12 juillet, Paule, l’intermédiaire entre sa famille et ses amis, m’appelle et m’annonce que son père, sa fille, Tara, et sa sœur, Aude, nous permettaient, avec Fabienne, d’aller lui dire au revoir. Elle dormait. Très pâle, si frêle. Nous lui avons parlé, nous lui avons dit qu’on l’aimait très fort, en la caressant délicatement, lui rappelant nos souvenirs heureux ensemble. Elle avait dit à son papa, à sa sœur, à sa fille qu’elle ne voulait pas d’acharnement thérapeutique si la greffe ne prenait pas. Elle pouvait rejoindre sa maman, au ciel.»

Adblock test (Why?)

Read Again

Propos recueillis par Françoise Smadja , Mis à jour le

Nathalie et Cathy, ses deux amies intimes, ont accompagné  Charlotte Valandrey jusqu’au bout et nous parlent entre rires et larmes.

Nathalie, longue liane aux cheveux châtain clair, de cinq ans sa cadette, mère de deux enfants, a rencontré Charlotte dans sa ville natale de Pléneuf-Val-André il y a une trentaine d’années. « J’avais 18 ans quand j’ai croisé son regard bleu intense pour la première fois sur le sable du Val-André, se souvient-elle. Je ne comprenais pas pourquoi une si jolie fille n’avait pas de petit ami. Un soir d’été, au coucher du soleil, Charlotte m’a alors livré son terrible secret, sa séropositivité. C’était une femme très honnête. Avec les garçons, si l’un d’eux lui plaisait, elle lui révélait spontanément sa maladie. Mais ce seul mot suffisait à les faire fuir. J’ai compris à quel point l’amour était vital pour mon amie. C’est sa rencontre avec Arthur Lecaisne, et surtout la naissance de sa fille, Tara , âgée aujourd’hui de 22 ans, qui comblera ce manque. Tara était le miracle de sa vie, son soleil, sa raison d’être. Elle est forte, fragile et courageuse comme sa maman. Elle n’a pas quitté sa mère durant toute la durée de son hospitalisation.

Publicité

Lire aussi: Yann Moix raconte Charlotte Valandrey : «C'est la soeur que j'aurais dû avoir»

La suite après cette publicité

Cette journée du 13 juin, quand son médecin lui annonça que son greffon était enfin arrivé, Charlotte était belle, heureuse et euphorique. Le lendemain, jour de son opération, et avant son départ pour le bloc opératoire, on se téléphone vers 5h30 du matin. Elle me demande de lui envoyer cette fameuse photo des coquelicots que j’avais réalisée et qu’elle aimait tant, pour partager avec ses abonnés. Puis tout s’est très vite enchaîné. Sa famille a contacté ses amis, le 12 juillet, pour qu’on lui dise au revoir. Je l’embrasse et lui murmure que c’est moi, Nath, que je l’aime. J’étais là pour elle, elle était là pour moi.»

La suite après cette publicité
"

Attendre une année, pour Charlotte, c’était un siècle

"

Cathy, quant à elle, était une fan de l’actrice. Puis leur relation s’est transformée en amitié. Mère de trois enfants, elle vit à Annecy et tient une chambre d’hôtes. Cette grande brune au caractère bien trempé ne l’a jamais « lâchée ». «Pendant et après le confinement, notre relation s’était renforcée. Elle s’était même lancée dans la création d’arbres de vie pour s’évader. On parlait jusqu’à 2 ou 3 heures du matin pour lui remonter le moral. Car elle était mal. Elle avait arrêté “Demain nous appartient”. Elle en souffrait beaucoup. Elle me disait sans cesse: “Mais qu’est-ce que je vais faire?” Même son album, dont elle était très fière, n’a finalement pas connu le succès… Son duo avec Marc Lavoine est passé inaperçu. Elle en était désespérée. Elle venait de sortir “Se réconcilier avec soi”, son dernier livre. Elle était en contact pour faire “Bas les masques” en 2023.

Attendre une année, pour Charlotte, c’était un siècle. En 2021, elle n’allait pas très bien. On avait loué un gîte avec Fabienne et Béa pour lui changer les idées. On faisait du vélo, on dansait. Mais depuis l’arrêt de la série, des concerts, du théâtre, elle ne pensait qu’à revenir au cinéma. Or, même le cinéma ne voulait plus d’elle. C’était d’une violence… Ils préféraient des actrices plus jeunes, plus minces. Charlotte n’acceptait pas son corps déformé par les médicaments. Elle avait pris du ventre. Elle était mal dans sa peau et ça la fragilisait encore plus. Ses fans la soutenaient, lui offraient des cadeaux. Et le jour où elle a reçu son greffon, elle tenait tant à les remercier…

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Confinée à Pléneuf-Val-André, en décembre 2020, elle crée des arbres de vie, une activité qui l’apaise.

Confinée à Pléneuf-Val-André, en décembre 2020, elle crée des arbres de vie, une activité qui l’apaise. © DR

Nous avons assisté à un spectacle en février 2022 et nous avons attrapé le Covid. Charlotte était fragile, toussait, s’essoufflait au bout de 100 mètres. J’étais très inquiète. Elle est allée aux urgences. Cette année-là, elle n’avait rien prévu pour Noël. Je lui ai pris un billet de train pour passer les fêtes avec son père, au Val. Son papa chante à la chorale de l’église. Elle était heureuse de le voir ainsi. En mars, je l’emmène à Orléans assister au concert de Julien Doré. Elle était épuisée. Et le soir, avant de s’endormir me murmure: “Si jamais je fais un infarctus cette nuit, je ne vais pas le sentir.”

"

Elle avait dit à son papa, à sa sœur, à sa fille qu’elle ne voulait pas d’acharnement thérapeutique si la greffe ne prenait pas

"

En mai, elle passe quelques jours chez son père. La veille, elle nous appelle, avec Fabienne, et nous dit: “Je ne me sens vraiment pas bien. Je vais avoir une grosse valise. Cathy, peux-tu venir me chercher à Paris et on file directement aux urgences?” Je rentre à Annecy le 15 mai, elle me rappelle avec Tara, qui doit l’emmener de nouveau aux urgences. Et peu de temps après, elle contracte un staphylocoque doré sur son bras, qu’on opère. Un jour, elle me dit: “Je n’ai pas peur de la greffe mais de l’après. Si je meurs pendant l’opération, je meurs.” Je la rassure, je l’embrasse sur le front, les cheveux, la joue, et je lui dis: “Je t’aime. Tiens bon.” Elle savait qu’elle pouvait compter sur moi, jusqu’à la fin. Elle avait si peur! Je lui avais fait la promesse de l’emmener à Londres pour ses 54 ans, car elle ne connaissait pas cette ville.

Le 24 juin, sa famille m’autorise à aller la voir, juste après sa greffe. Un choc pour moi! Elle était intubée, elle avait les yeux éveillés et me regardait. Elle ne m’a pas reconnue et dit: “Je ne veux pas être branchée. J’aimerais que mon cœur reprenne, tout simplement.” Avec l’autorisation des médecins, je lui mets “Nous”, de Julien Doré, puis du Clara Luciani. Elle remuait la tête, comme si elle voulait danser, comme si elle voulait chanter. J’étais bouleversée. 

Le 12 juillet, Paule, l’intermédiaire entre sa famille et ses amis, m’appelle et m’annonce que son père, sa fille, Tara, et sa sœur, Aude, nous permettaient, avec Fabienne, d’aller lui dire au revoir. Elle dormait. Très pâle, si frêle. Nous lui avons parlé, nous lui avons dit qu’on l’aimait très fort, en la caressant délicatement, lui rappelant nos souvenirs heureux ensemble. Elle avait dit à son papa, à sa sœur, à sa fille qu’elle ne voulait pas d’acharnement thérapeutique si la greffe ne prenait pas. Elle pouvait rejoindre sa maman, au ciel.»

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Nathalie et Cathy, ses plus proches amies racontent Charlotte Valandrey - Paris Match"

Post a Comment

Powered by Blogger.