Search

« Les Enfants des autres » : la frustration d'être maman par procuration - Le Monde

Rachel (Virginie Efira) et Leila (Callie Ferreira-Goncalves) dans « Les Enfants des autres », de Rebecca Zlotowski.

Rachel (Virginie Efira), 40 ans, n’a pas d’enfant, et, pour la première fois, le cinéma prend le parti de la sobriété et de l’intériorité pour représenter celles que la médecine appelle « nullipares ». Il délaisse les figures ressassées de la quadragénaire stérile désespérée sur le chemin des injections hormonales et de la militante écologiste qui tourne le dos au pouponnage pour alléger le bilan carbone.

Rebecca Zlotowski, dont c’est ici le film le plus autobiographique, propose un angle d’attaque astucieux qui ouvre de nouvelles perspectives, autres que le désarroi et la conviction du childfree (« libre d’enfants »). On n’attendait rien de moins de la part d’une cinéaste, diplômée de Normale-Sup et de la Fémis, qui, depuis dix ans, réalise des portraits de femmes en quête de sophistication pour échapper à la condition d’un bonheur élémentaire. Dans Les Enfants des autres, elle s’aimante à un personnage ambivalent, tiraillé entre la fierté d’appartenir au monde restreint des femmes sans descendance et la crainte de passer à côté d’une immense expérience collective à laquelle elle est confrontée au quotidien.

Rachel est entourée d’enfants qui ne sont pas les siens : ses élèves de français, auprès desquels la professeure s’implique particulièrement, et, depuis peu, Leila, 4 ans, la fille de l’homme (Roschdy Zem) qu’elle a rencontré à son cours de guitare et pour lequel elle soigne amoureusement sa permanente. Une semaine sur deux, la cohabitation avec la petite engendre un faisceau de questions : comment devient-on belle-mère quand on n’a pas d’enfants et, dans le cas présent, quand on rencontre des difficultés à en avoir ? Comment élever l’enfant d’un autre en acceptant son impuissance à en avoir ? Quelle place donner à cette relation qui dépend entièrement de la romance des adultes ?

Dans les règles du mélodrame

On sent combien la réalisatrice aspire à regarder au plus près l’évolution de ce lien sans nom qui se joue entre la filiation, l’autorité et l’amitié. A la manière du classique de l’après-divorce Kramer contre Kramer (1979), de Robert Benton, qui raconte l’apprentissage d’un père au foyer auprès de son petit garçon dont il a la garde, Les Enfants des autres fait se succéder des scènes-clés du quotidien, présentées comme des étapes à franchir pour que la frustration devienne plus acceptable.

Tout cela commence sur l’étagère du salon. Rachel découvre le visage de Leila dans un cadre photo. Mélange de curiosité et de cœur serré. Il fait nuit, elle ne dit rien et part jeter un œil dans la chambre non occupée de l’enfant, qui lui apparaît comme l’antre d’un petit fantôme. Ensuite, la rencontre : Rachel insiste pour offrir à Leila un sachet de bonbons. Entreprise de séduction. Malgré la tendresse qu’elle lui porte, l’enfant fera office de monnaie d’échange pour obtenir l’amour du père.

Il vous reste 35.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)

Read Again
Rachel (Virginie Efira) et Leila (Callie Ferreira-Goncalves) dans « Les Enfants des autres », de Rebecca Zlotowski.

Rachel (Virginie Efira), 40 ans, n’a pas d’enfant, et, pour la première fois, le cinéma prend le parti de la sobriété et de l’intériorité pour représenter celles que la médecine appelle « nullipares ». Il délaisse les figures ressassées de la quadragénaire stérile désespérée sur le chemin des injections hormonales et de la militante écologiste qui tourne le dos au pouponnage pour alléger le bilan carbone.

Rebecca Zlotowski, dont c’est ici le film le plus autobiographique, propose un angle d’attaque astucieux qui ouvre de nouvelles perspectives, autres que le désarroi et la conviction du childfree (« libre d’enfants »). On n’attendait rien de moins de la part d’une cinéaste, diplômée de Normale-Sup et de la Fémis, qui, depuis dix ans, réalise des portraits de femmes en quête de sophistication pour échapper à la condition d’un bonheur élémentaire. Dans Les Enfants des autres, elle s’aimante à un personnage ambivalent, tiraillé entre la fierté d’appartenir au monde restreint des femmes sans descendance et la crainte de passer à côté d’une immense expérience collective à laquelle elle est confrontée au quotidien.

Rachel est entourée d’enfants qui ne sont pas les siens : ses élèves de français, auprès desquels la professeure s’implique particulièrement, et, depuis peu, Leila, 4 ans, la fille de l’homme (Roschdy Zem) qu’elle a rencontré à son cours de guitare et pour lequel elle soigne amoureusement sa permanente. Une semaine sur deux, la cohabitation avec la petite engendre un faisceau de questions : comment devient-on belle-mère quand on n’a pas d’enfants et, dans le cas présent, quand on rencontre des difficultés à en avoir ? Comment élever l’enfant d’un autre en acceptant son impuissance à en avoir ? Quelle place donner à cette relation qui dépend entièrement de la romance des adultes ?

Dans les règles du mélodrame

On sent combien la réalisatrice aspire à regarder au plus près l’évolution de ce lien sans nom qui se joue entre la filiation, l’autorité et l’amitié. A la manière du classique de l’après-divorce Kramer contre Kramer (1979), de Robert Benton, qui raconte l’apprentissage d’un père au foyer auprès de son petit garçon dont il a la garde, Les Enfants des autres fait se succéder des scènes-clés du quotidien, présentées comme des étapes à franchir pour que la frustration devienne plus acceptable.

Tout cela commence sur l’étagère du salon. Rachel découvre le visage de Leila dans un cadre photo. Mélange de curiosité et de cœur serré. Il fait nuit, elle ne dit rien et part jeter un œil dans la chambre non occupée de l’enfant, qui lui apparaît comme l’antre d’un petit fantôme. Ensuite, la rencontre : Rachel insiste pour offrir à Leila un sachet de bonbons. Entreprise de séduction. Malgré la tendresse qu’elle lui porte, l’enfant fera office de monnaie d’échange pour obtenir l’amour du père.

Il vous reste 35.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "« Les Enfants des autres » : la frustration d'être maman par procuration - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.