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Au Cirque d'hiver, à Paris, le baptême cathartique de Redcar, ex-Chris, ex-Christine and the Queens - Le Monde

« Les Adorables Etoiles », spectacle de Redcar (ex-Christine and the Queens), au Cirque d’hiver, à Paris, le 9 novembre 2022.

Sur la façade du Cirque d’hiver, à Paris, un écran proclame : « Pop music is dead, long live theatre » (« la musique pop est morte, longue vie au théâtre »). Avant de se mettre à la chanson, la jeune Nantaise Héloïse Letissier s’était consacrée à l’art dramatique et à la danse. Sous le nom de Christine and the Queens, puis de Chris, elle avait laissé la musique prendre le dessus, sans négliger pour autant les chorégraphies. Sous son nouvel alias de Redcar, qu’il faut désormais genrer au masculin, il laisse la théâtralité se retailler une place de choix, à l’occasion de concerts et d’un album francophone, Les Adorables Etoiles (publié vendredi 11 novembre), censé être le prologue d’un opéra anglophone à venir (début 2023).

En costume noir, entouré de complices masqués, mais d’aucun instrumentiste, il apparaît d’abord, au centre de la piste, en Monsieur Loyal de son propre spectacle. Ce mercredi 9 novembre, pour le premier de ses deux concerts parisiens dans l’enceinte de la famille Bouglione, Redcar promet un « rituel de psychomagie », appelant les spectateurs à s’investir avec la même énergie, sans que celle-ci soit filtrée par les téléphones portables. On le voit se déplacer avec une canne, la jambe un peu raide. Pas ici de comédie, mais les séquelles d’un accident du travail qui a chamboulé le programme de son baptême public.

Prévus à l’origine les 22 et 23 septembre, avant un show à Londres, quelques jours plus tard, ces spectacles, avec lesquels était synchronisée la sortie de l’album Les Adorables Etoiles, avaient dû être reportés après qu’un genou de Redcar avait cédé lors d’une des dernières répétitions. Moins de deux mois après, le chanteur danseur prônant la fluidité n’a pas retrouvé l’intégralité de ses moyens. Ce qui l’a obligé à repenser une bonne partie de sa performance, tout en maintenant l’idée de sortie simultanée d’un disque qui fournit l’unique bande-son de ces « concerts ».

Blessure originelle

Une épreuve pour une œuvre déjà fruit d’une blessure originelle. En avril 2019, Héloïse Letissier perdait brutalement sa mère, Martine, professeur de littérature, alors que Chris jouait la veille au prestigieux Festival de Coachella, en Californie. Quelques mois plus tard, au moment de la pandémie, l’artiste fait le pari de composer en moins de deux semaines une série de chansons cathartiques pour transcender ce choc et rendre compte aussi des mutations de son identité.

Dans un entretien récent avec le quotidien britannique The Guardian, le Français reconnaît qu’il a longtemps continué de jouer le rôle de la fille pour sa mère. Après la disparition de cette dernière, rien ne le retenait plus pour assumer son basculement. « Le masculin, dans mon verbe et ma chair et ma conscience, depuis le plus longtemps que je me souvienne, c’est le vecteur de mon illumination », écrit-il, vendredi 4 novembre, dans une tribune du magazine Antidote.

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« Les Adorables Etoiles », spectacle de Redcar (ex-Christine and the Queens), au Cirque d’hiver, à Paris, le 9 novembre 2022.

Sur la façade du Cirque d’hiver, à Paris, un écran proclame : « Pop music is dead, long live theatre » (« la musique pop est morte, longue vie au théâtre »). Avant de se mettre à la chanson, la jeune Nantaise Héloïse Letissier s’était consacrée à l’art dramatique et à la danse. Sous le nom de Christine and the Queens, puis de Chris, elle avait laissé la musique prendre le dessus, sans négliger pour autant les chorégraphies. Sous son nouvel alias de Redcar, qu’il faut désormais genrer au masculin, il laisse la théâtralité se retailler une place de choix, à l’occasion de concerts et d’un album francophone, Les Adorables Etoiles (publié vendredi 11 novembre), censé être le prologue d’un opéra anglophone à venir (début 2023).

En costume noir, entouré de complices masqués, mais d’aucun instrumentiste, il apparaît d’abord, au centre de la piste, en Monsieur Loyal de son propre spectacle. Ce mercredi 9 novembre, pour le premier de ses deux concerts parisiens dans l’enceinte de la famille Bouglione, Redcar promet un « rituel de psychomagie », appelant les spectateurs à s’investir avec la même énergie, sans que celle-ci soit filtrée par les téléphones portables. On le voit se déplacer avec une canne, la jambe un peu raide. Pas ici de comédie, mais les séquelles d’un accident du travail qui a chamboulé le programme de son baptême public.

Prévus à l’origine les 22 et 23 septembre, avant un show à Londres, quelques jours plus tard, ces spectacles, avec lesquels était synchronisée la sortie de l’album Les Adorables Etoiles, avaient dû être reportés après qu’un genou de Redcar avait cédé lors d’une des dernières répétitions. Moins de deux mois après, le chanteur danseur prônant la fluidité n’a pas retrouvé l’intégralité de ses moyens. Ce qui l’a obligé à repenser une bonne partie de sa performance, tout en maintenant l’idée de sortie simultanée d’un disque qui fournit l’unique bande-son de ces « concerts ».

Blessure originelle

Une épreuve pour une œuvre déjà fruit d’une blessure originelle. En avril 2019, Héloïse Letissier perdait brutalement sa mère, Martine, professeur de littérature, alors que Chris jouait la veille au prestigieux Festival de Coachella, en Californie. Quelques mois plus tard, au moment de la pandémie, l’artiste fait le pari de composer en moins de deux semaines une série de chansons cathartiques pour transcender ce choc et rendre compte aussi des mutations de son identité.

Dans un entretien récent avec le quotidien britannique The Guardian, le Français reconnaît qu’il a longtemps continué de jouer le rôle de la fille pour sa mère. Après la disparition de cette dernière, rien ne le retenait plus pour assumer son basculement. « Le masculin, dans mon verbe et ma chair et ma conscience, depuis le plus longtemps que je me souvienne, c’est le vecteur de mon illumination », écrit-il, vendredi 4 novembre, dans une tribune du magazine Antidote.

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