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Bono emmène ses Mémoires en tournée et se fait plus intime - Le Monde

Bono lors de la soirée d’ouverture de « Stories of Surrender », le 2 novembre 2022, au Beacon Theatre, à New York.

Il n’y a pas si longtemps, U2 synchronisait la sortie de l’un de ses albums, Songs of Innocence (2014), avec celle de l’iPhone 6. Les stars irlandaises aimant, par ailleurs, mobiliser leur public pour illuminer de leur téléphone les gradins des stades qui accueillent leurs tournées. Vendredi 25 novembre, à Paris, Bono a prié les spectateurs de glisser leur portable dans une poche isolante verrouillée avant d’entrer dans la salle du Grand Rex. Loin des communions géantes qu’il maîtrise depuis près de quarante ans, le chanteur de U2 a présenté, devant 2 800 personnes, un spectacle devant plus à l’intimité du récit théâtral qu’à la célébration d’un concert de rock.

Le Dublinois parle d’ailleurs de « book tour » quand il évoque la série des shows Stories of Surrender qui l’emmène en ce moment sur les routes, sans ses habituels complices. Ces « histoires de reddition », c’est, en effet, le titre anglais des Mémoires – Surrender, 40 chansons, une histoire (Fayard, 666 pages, 28 euros) – que l’Irlandais vient de publier.

« Cela peut paraître transgressif de tourner sans The Edge, Larry Mullen Jr et Adam Clayton, mais j’ai leur permission », souligne Bono en souriant. Il s’amuse du contraste entre les habituelles surenchères scénographiques de son groupe et ce simple décor de tables et de chaises. Celui qui a une fois reconnu que son « ego était plus grand que [son] amour-propre » manie l’autodérision en qualifiant l’exercice autobiographique de « sommet du nombrilisme ».

Une expérience inédite

Accompagné d’une violoncelliste (Kate Ellis), d’une harpiste (Gemma Doherty) et d’un préposé aux machines et percussions (Jacknife Lee), Bono transforme pourtant le projet en une expérience inédite. Il est d’abord déstabilisant de voir le petit sexagénaire, habituel géant des stades, priver ses hymnes (City of Blinding Lights, Vertigo, With ou Without You, Sunday Bloody Sunday…) de l’électrisante dynamique du quatuor au profit d’une fragilité acoustique, en phase avec la charge émotionnelle de ce qu’il a à confier. Car les morceaux joués sont avant tout le support d’une narration.

Comme dans le livre, Bono rappelle les circonstances de la création du groupe, la révélation punk, cette manière de concilier énergie rebelle et ferveur chrétienne au cœur d’une Irlande déchirée par la violence politique. Il dresse avec humour le portrait de chaque musicien et de leur manager, Paul McGuinness ; reconstitue l’intensité viscérale de la genèse d’un morceau fondateur comme I Will Follow

Loin de n’être qu’un flot d’anecdotes, ces « stories » s’enrichissent de mises en perspective existentielles et de personnages-clés. Présente au Grand Rex, avec leur fils Elijah Hewson, son épouse Alison Stewart, dite Ali, devenue sa compagne la même semaine où U2 répétait pour la première fois, est celle qui l’a « sauvé de [lui-même] ». Celle aussi avec qui, à partir de 1985, il a développé son activisme philanthrope (dont il aligne un peu longuement – mais non sans raison – les tableaux d’honneur).

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Bono lors de la soirée d’ouverture de « Stories of Surrender », le 2 novembre 2022, au Beacon Theatre, à New York.

Il n’y a pas si longtemps, U2 synchronisait la sortie de l’un de ses albums, Songs of Innocence (2014), avec celle de l’iPhone 6. Les stars irlandaises aimant, par ailleurs, mobiliser leur public pour illuminer de leur téléphone les gradins des stades qui accueillent leurs tournées. Vendredi 25 novembre, à Paris, Bono a prié les spectateurs de glisser leur portable dans une poche isolante verrouillée avant d’entrer dans la salle du Grand Rex. Loin des communions géantes qu’il maîtrise depuis près de quarante ans, le chanteur de U2 a présenté, devant 2 800 personnes, un spectacle devant plus à l’intimité du récit théâtral qu’à la célébration d’un concert de rock.

Le Dublinois parle d’ailleurs de « book tour » quand il évoque la série des shows Stories of Surrender qui l’emmène en ce moment sur les routes, sans ses habituels complices. Ces « histoires de reddition », c’est, en effet, le titre anglais des Mémoires – Surrender, 40 chansons, une histoire (Fayard, 666 pages, 28 euros) – que l’Irlandais vient de publier.

« Cela peut paraître transgressif de tourner sans The Edge, Larry Mullen Jr et Adam Clayton, mais j’ai leur permission », souligne Bono en souriant. Il s’amuse du contraste entre les habituelles surenchères scénographiques de son groupe et ce simple décor de tables et de chaises. Celui qui a une fois reconnu que son « ego était plus grand que [son] amour-propre » manie l’autodérision en qualifiant l’exercice autobiographique de « sommet du nombrilisme ».

Une expérience inédite

Accompagné d’une violoncelliste (Kate Ellis), d’une harpiste (Gemma Doherty) et d’un préposé aux machines et percussions (Jacknife Lee), Bono transforme pourtant le projet en une expérience inédite. Il est d’abord déstabilisant de voir le petit sexagénaire, habituel géant des stades, priver ses hymnes (City of Blinding Lights, Vertigo, With ou Without You, Sunday Bloody Sunday…) de l’électrisante dynamique du quatuor au profit d’une fragilité acoustique, en phase avec la charge émotionnelle de ce qu’il a à confier. Car les morceaux joués sont avant tout le support d’une narration.

Comme dans le livre, Bono rappelle les circonstances de la création du groupe, la révélation punk, cette manière de concilier énergie rebelle et ferveur chrétienne au cœur d’une Irlande déchirée par la violence politique. Il dresse avec humour le portrait de chaque musicien et de leur manager, Paul McGuinness ; reconstitue l’intensité viscérale de la genèse d’un morceau fondateur comme I Will Follow

Loin de n’être qu’un flot d’anecdotes, ces « stories » s’enrichissent de mises en perspective existentielles et de personnages-clés. Présente au Grand Rex, avec leur fils Elijah Hewson, son épouse Alison Stewart, dite Ali, devenue sa compagne la même semaine où U2 répétait pour la première fois, est celle qui l’a « sauvé de [lui-même] ». Celle aussi avec qui, à partir de 1985, il a développé son activisme philanthrope (dont il aligne un peu longuement – mais non sans raison – les tableaux d’honneur).

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