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« Couleurs de l'incendie » : la vengeance d'une femme, guerrière en gants de velours - Le Monde

De gauche à droite : Madeleine Péricourt (Léa Drucker), Monsieur Dupré (Clovis Cornillac) et Léonce Picard (Alice Isaaz) dans « Couleurs de l’incendie », de Clovis Cornillac.

En tant qu’acteur ou réalisateur, Clovis Cornillac a toujours revendiqué son attachement au cinéma français populaire qui sait à la fois offrir, selon ses termes, spectacle et intelligence. Sans doute est-ce l’une des raisons qui l’ont conduit à accepter la proposition de Pierre Lemaitre d’adapter Couleurs de l’incendie (Albin Michel, 2018), deuxième roman de la trilogie de l’auteur sur l’entre-deux-guerres. Le premier volet, Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013), porté à l’écran par Albert Dupontel en 2017, avait remporté un grand succès en salle.

Couleurs de l’incendie présentait tout le matériau nécessaire à la réalisation d’une grande fresque historique, politique et romanesque. De quoi séduire Clovis Cornillac, qui a pris tout cela à bras-le-corps pour réaliser un long-métrage feuilletonesque, classique et cependant allègre, fidèle à l’esprit du livre. Tandis qu’Albert Dupontel avait étouffé les personnages sous une esthétique bouillonnante, Clovis Cornillac, à l’inverse, place les siens en majesté, accordant à chacun la même attention, sans préférence ni jugement, rendant ainsi familiers leur grandeur et leur médiocrité, l’ambition, la vengeance, la nécessité qui les animent. C’est en s’attachant à eux que le film provoque l’émotion et accède à cette comédie humaine, si chère à Pierre Lemaitre, seul signataire, ici, du scénario.

Victime d’une machination

La structure de Couleurs de l’incendie est celle du Comte de Monte-Cristo (1844-1846), d’Alexandre Dumas. On y suit, de 1927 à 1933, la chute d’une femme victime d’une machination qui la conduit à la ruine, puis sa vengeance contre tous ceux qui ont causé sa perte. Cette femme se nomme Madeleine Péricourt (Léa Drucker), sœur d’Edouard, le héros défiguré d’Au revoir là-haut, et la fille de Marcel, dont les funérailles ouvrent le film. Cérémonie qui se double d’un autre drame : la tentative de suicide du fils de Madeleine, Paul (Octave Bossuet), 10 ans, que la défenestration ne tue pas mais rend hémiplégique.

Fort éprouvée et désormais à la tête de l’empire bancaire laissé par son père, Madeleine est une proie facile pour Gustave Joubert (Benoît Poelvoorde), ancien conseiller du défunt et arriviste notoire, auquel l’après-guerre donne des ailes. Les affaires vont bon train, il compte bien en profiter. Madeleine est seule, il espère la séduire. Econduit, il n’hésite pas à mener la dame à sa perte. Celle-ci passera quelques années dans un modeste appartement avec son fils et sa nourrice, avant qu’un petit coup du destin lui donne l’occasion d’entrevoir la possibilité d’une vengeance. Soutenue par son ancien chauffeur (Clovis Cornillac), Madeleine met son plan en route. Lequel a pour effet de l’émanciper, puis de la révéler. Dans ce monde d’hommes, elle devient une guerrière en gants de velours qui, progressivement, va faire chavirer puis décomposer ceux qui l’ont ruinée.

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En tant qu’acteur ou réalisateur, Clovis Cornillac a toujours revendiqué son attachement au cinéma français populaire qui sait à la fois offrir, selon ses termes, spectacle et intelligence. Sans doute est-ce l’une des raisons qui l’ont conduit à accepter la proposition de Pierre Lemaitre d’adapter Couleurs de l’incendie (Albin Michel, 2018), deuxième roman de la trilogie de l’auteur sur l’entre-deux-guerres. Le premier volet, Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013), porté à l’écran par Albert Dupontel en 2017, avait remporté un grand succès en salle.

Couleurs de l’incendie présentait tout le matériau nécessaire à la réalisation d’une grande fresque historique, politique et romanesque. De quoi séduire Clovis Cornillac, qui a pris tout cela à bras-le-corps pour réaliser un long-métrage feuilletonesque, classique et cependant allègre, fidèle à l’esprit du livre. Tandis qu’Albert Dupontel avait étouffé les personnages sous une esthétique bouillonnante, Clovis Cornillac, à l’inverse, place les siens en majesté, accordant à chacun la même attention, sans préférence ni jugement, rendant ainsi familiers leur grandeur et leur médiocrité, l’ambition, la vengeance, la nécessité qui les animent. C’est en s’attachant à eux que le film provoque l’émotion et accède à cette comédie humaine, si chère à Pierre Lemaitre, seul signataire, ici, du scénario.

Victime d’une machination

La structure de Couleurs de l’incendie est celle du Comte de Monte-Cristo (1844-1846), d’Alexandre Dumas. On y suit, de 1927 à 1933, la chute d’une femme victime d’une machination qui la conduit à la ruine, puis sa vengeance contre tous ceux qui ont causé sa perte. Cette femme se nomme Madeleine Péricourt (Léa Drucker), sœur d’Edouard, le héros défiguré d’Au revoir là-haut, et la fille de Marcel, dont les funérailles ouvrent le film. Cérémonie qui se double d’un autre drame : la tentative de suicide du fils de Madeleine, Paul (Octave Bossuet), 10 ans, que la défenestration ne tue pas mais rend hémiplégique.

Fort éprouvée et désormais à la tête de l’empire bancaire laissé par son père, Madeleine est une proie facile pour Gustave Joubert (Benoît Poelvoorde), ancien conseiller du défunt et arriviste notoire, auquel l’après-guerre donne des ailes. Les affaires vont bon train, il compte bien en profiter. Madeleine est seule, il espère la séduire. Econduit, il n’hésite pas à mener la dame à sa perte. Celle-ci passera quelques années dans un modeste appartement avec son fils et sa nourrice, avant qu’un petit coup du destin lui donne l’occasion d’entrevoir la possibilité d’une vengeance. Soutenue par son ancien chauffeur (Clovis Cornillac), Madeleine met son plan en route. Lequel a pour effet de l’émanciper, puis de la révéler. Dans ce monde d’hommes, elle devient une guerrière en gants de velours qui, progressivement, va faire chavirer puis décomposer ceux qui l’ont ruinée.

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