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Mascarade, Harka, Close… Les films à voir ou à éviter cette semaine - Le Figaro

Un jeu de dupes grinçant, les derniers souvenirs de la révolution tunisienne, un drame adolescent... Que faut-il voir cette semaine ? La sélection du Figaro.

Mascarade - À voir

Comédie dramatique de Nicolas Bedos, 2h14

Gloire sur le déclin, Martha Duval coule des jours tout sauf paisibles dans sa villa mauresque de la Côte d'Azur. C'est un bel endroit pour attendre la fin du monde. Pour rendre ce séjour plus doux, la diva s'est octroyé les services d'un gigolo, ancien danseur s'estimant désormais écrivain. Personne n'est dupe, ni lui ni elle - et, naturellement, aucun de leurs amis. On fait semblant.

Nicolas Bedos broie du noir, cite Somerset Maugham, filme des êtres au bord du gouffre. Sa caméra grince des dents. Il a la virtuosité, le clinquant d'un Sorrentino. Ce paysage de rêve cache des manœuvres de cauchemar. Une gérante d'hôtel se fait évincer par son compagnon. Pierre Niney court dans tous les sens, s'affuble d'une fausse moustache, se réfugie au Negresco, finit par rédiger un roman où sa bienfaitrice n'est pas épargnée. Mascarade est cruel et beau, d'un faisandé qui coupe le souffle. L'invention ne cesse pas une seconde. Le scénario tire le tapis sous les pieds du spectateur, ravi de la supercherie.

À VOIR AUSSI - Les confidences de Nicolas Bedos

Harka - À voir

Drame de Lofty Nathan, 1h22

Ali, la vingtaine, vivote en vendant de l'essence de contrebande au marché noir. Il a la rage et des rêves d'ailleurs. Là-bas, sur la côte méditerranéenne, la mer lui fait de l'œil. Elle l'inspire et l'aspire quand, rongé par les désillusions d'une révolution inachevée, il pense à cette fenêtre sur un possible lendemain. Mais le destin familial le rattrape et le brûle.

Tout, dans le film de Lofty Nathan, a été finement étudié, travaillé, pour embarquer le spectateur au plus près de cette vie d'espoir et de galère. Une vie dont le titre même, Harka, annonce d'emblée la couleur. En arabe, le mot signifie «brûler». En argot tunisien, il désigne également un migrant qui fait la traversée illégale en bateau. Ali, son personnage principal, ne pourra justement pas la faire.

Le Serment de Pamfir - À voir

Drame de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, 1h42

Le Serment de Pamfir, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, a été écrit et tourné avant la guerre. Entre western et film noir, il met en scène Pamfir, colosse à la moustache tombante, de retour chez lui, dans une région rurale aux confins de l'Ukraine, après de longs mois d'absence. Il retrouve sa femme, son fils et son village, sous le joug d'Oreste, un caïd au nom de tragédie grecque. Violence, contrebande et corruption. Une vision peu idyllique de l'Ukraine au moment où les Ukrainiens se battent pour leur pays.

Pamfir est à la fois un père sacrificiel et un ours effrayant. Une scène spectaculaire, à la fois brutale et chorégraphiée, le montre se castagner seul contre les hommes de main d'Oreste. On n'est guère étonné d'apprendre que Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, avant d'étudier le cinéma à l'université de Kiev, a dévoré les films du Dogme 95, le mouvement fondé en 1995 par les Danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg, alors jeunes et indisciplinés, partisans d'un cinéma brut de décoffrage.

Une robe pour Mrs Harris - À voir

Comédie d'Anthony Fabien, 1h56

Et si, pour se renouveler, la comédie romantique se passait de prince charmant ? Dans cette adaptation du roman culte de l'Américain Paul Gallico, l'objet du désir est un vêtement. Laissée veuve par la Seconde Guerre mondiale, Ada traverse machinalement les jours. Le cœur de cette femme de ménage londonienne se remet à battre quand elle aperçoit dans l'armoire de son employeuse une robe Dior. Contre vents et marées, Ada économise pour se rendre à Paris et s'acheter une tenue du label de haute couture. Cette élégante et surannée ode à la renaissance et à la résilience recrute, aux côtés de la distinguée Lesley Manville, Isabelle Huppert en vendeuse revêche, Lambert Wilson en aristocrate bienveillant et Lucas Bravo en comptable idéaliste. Paris de carte postale à la drôle de frimousse, intrigue cousue de fil blanc, scintillant, certes. Mais le charme de son héroïne généreuse au franc-parler redoutable, qui ne perd jamais sa dignité, opère.

Close - À éviter

Drame de Lukas Dhont, 1h45

On est à la campagne. Rémi et Léo ont 12 ans et sont les meilleurs amis du monde. Ils profitent des vacances d'été pour jouer avec des épées en bois et faire la course à vélo. Rémi joue de la musique classique, et Léo est son plus grand fan. L'entrée en sixième signe la fin de ce bonheur simple et de cette complicité mièvre.

Lukas Dhont, le Xavier Dolan flamand pratique l'art de la litote de façon démonstrative. Il procède par petites touches. Des séquences brèves, toutes de la même durée, avec chacune une fonction, comme des cases à cocher. Entre deux entraînements de hockey sur glace, sport brutal qui cristallise la dérive viriliste de Léo (en plus des jeux vidéo!), un sentiment de culpabilité ronge le garçon, confronté au chagrin de la mère de Rémi. Lukas Dhont est un admirateur de Céline Sciamma. Il pourrait être un cousin de Xavier Dolan, en plus doloriste et moins hystérique. Ou même un petit frère des Dardenne. Un petit frère sentimental, qui aimerait les violonades, les couchers de soleil et les courses dans les champs de fleurs.

Amsterdam - À éviter

Policier de David O. Russel, 2h14

Un casting excitant (Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington), un réalisateur inégal mais parfois inspiré (David O. Russell, l'auteur des Rois du désert et d'American Bluff), un complot contre l'Amérique, et Robert De Niro dans un petit rôle. Tout ça pour une comédie policière qui rame affreusement, dans laquelle les acteurs cabotinent péniblement. Un beau gâchis.

Vous n'aurez pas ma haine - À éviter

Drame de Kilian Riedhof, 1h43

La fiction n'a pas épuisé le sujet des attentats terroristes, mais Vous n'aurez pas ma haine n'apporte pas grand-chose après les excellents Revoir Paris et Novembre. Tiré du livre d'Antoine Leiris, dont la compagne et mère de son fils est morte au Bataclan, le film de Kilian Riedhof n'évite pas toujours le pathos. Sur un sujet équivalent, Amanda, de Mikhaël Hers, avec Vincent Lacoste, est autrement plus fin et bouleversant.

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Un jeu de dupes grinçant, les derniers souvenirs de la révolution tunisienne, un drame adolescent... Que faut-il voir cette semaine ? La sélection du Figaro.

Mascarade - À voir

Comédie dramatique de Nicolas Bedos, 2h14

Gloire sur le déclin, Martha Duval coule des jours tout sauf paisibles dans sa villa mauresque de la Côte d'Azur. C'est un bel endroit pour attendre la fin du monde. Pour rendre ce séjour plus doux, la diva s'est octroyé les services d'un gigolo, ancien danseur s'estimant désormais écrivain. Personne n'est dupe, ni lui ni elle - et, naturellement, aucun de leurs amis. On fait semblant.

Nicolas Bedos broie du noir, cite Somerset Maugham, filme des êtres au bord du gouffre. Sa caméra grince des dents. Il a la virtuosité, le clinquant d'un Sorrentino. Ce paysage de rêve cache des manœuvres de cauchemar. Une gérante d'hôtel se fait évincer par son compagnon. Pierre Niney court dans tous les sens, s'affuble d'une fausse moustache, se réfugie au Negresco, finit par rédiger un roman où sa bienfaitrice n'est pas épargnée. Mascarade est cruel et beau, d'un faisandé qui coupe le souffle. L'invention ne cesse pas une seconde. Le scénario tire le tapis sous les pieds du spectateur, ravi de la supercherie.

À VOIR AUSSI - Les confidences de Nicolas Bedos

Harka - À voir

Drame de Lofty Nathan, 1h22

Ali, la vingtaine, vivote en vendant de l'essence de contrebande au marché noir. Il a la rage et des rêves d'ailleurs. Là-bas, sur la côte méditerranéenne, la mer lui fait de l'œil. Elle l'inspire et l'aspire quand, rongé par les désillusions d'une révolution inachevée, il pense à cette fenêtre sur un possible lendemain. Mais le destin familial le rattrape et le brûle.

Tout, dans le film de Lofty Nathan, a été finement étudié, travaillé, pour embarquer le spectateur au plus près de cette vie d'espoir et de galère. Une vie dont le titre même, Harka, annonce d'emblée la couleur. En arabe, le mot signifie «brûler». En argot tunisien, il désigne également un migrant qui fait la traversée illégale en bateau. Ali, son personnage principal, ne pourra justement pas la faire.

Le Serment de Pamfir - À voir

Drame de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, 1h42

Le Serment de Pamfir, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, a été écrit et tourné avant la guerre. Entre western et film noir, il met en scène Pamfir, colosse à la moustache tombante, de retour chez lui, dans une région rurale aux confins de l'Ukraine, après de longs mois d'absence. Il retrouve sa femme, son fils et son village, sous le joug d'Oreste, un caïd au nom de tragédie grecque. Violence, contrebande et corruption. Une vision peu idyllique de l'Ukraine au moment où les Ukrainiens se battent pour leur pays.

Pamfir est à la fois un père sacrificiel et un ours effrayant. Une scène spectaculaire, à la fois brutale et chorégraphiée, le montre se castagner seul contre les hommes de main d'Oreste. On n'est guère étonné d'apprendre que Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, avant d'étudier le cinéma à l'université de Kiev, a dévoré les films du Dogme 95, le mouvement fondé en 1995 par les Danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg, alors jeunes et indisciplinés, partisans d'un cinéma brut de décoffrage.

Une robe pour Mrs Harris - À voir

Comédie d'Anthony Fabien, 1h56

Et si, pour se renouveler, la comédie romantique se passait de prince charmant ? Dans cette adaptation du roman culte de l'Américain Paul Gallico, l'objet du désir est un vêtement. Laissée veuve par la Seconde Guerre mondiale, Ada traverse machinalement les jours. Le cœur de cette femme de ménage londonienne se remet à battre quand elle aperçoit dans l'armoire de son employeuse une robe Dior. Contre vents et marées, Ada économise pour se rendre à Paris et s'acheter une tenue du label de haute couture. Cette élégante et surannée ode à la renaissance et à la résilience recrute, aux côtés de la distinguée Lesley Manville, Isabelle Huppert en vendeuse revêche, Lambert Wilson en aristocrate bienveillant et Lucas Bravo en comptable idéaliste. Paris de carte postale à la drôle de frimousse, intrigue cousue de fil blanc, scintillant, certes. Mais le charme de son héroïne généreuse au franc-parler redoutable, qui ne perd jamais sa dignité, opère.

Close - À éviter

Drame de Lukas Dhont, 1h45

On est à la campagne. Rémi et Léo ont 12 ans et sont les meilleurs amis du monde. Ils profitent des vacances d'été pour jouer avec des épées en bois et faire la course à vélo. Rémi joue de la musique classique, et Léo est son plus grand fan. L'entrée en sixième signe la fin de ce bonheur simple et de cette complicité mièvre.

Lukas Dhont, le Xavier Dolan flamand pratique l'art de la litote de façon démonstrative. Il procède par petites touches. Des séquences brèves, toutes de la même durée, avec chacune une fonction, comme des cases à cocher. Entre deux entraînements de hockey sur glace, sport brutal qui cristallise la dérive viriliste de Léo (en plus des jeux vidéo!), un sentiment de culpabilité ronge le garçon, confronté au chagrin de la mère de Rémi. Lukas Dhont est un admirateur de Céline Sciamma. Il pourrait être un cousin de Xavier Dolan, en plus doloriste et moins hystérique. Ou même un petit frère des Dardenne. Un petit frère sentimental, qui aimerait les violonades, les couchers de soleil et les courses dans les champs de fleurs.

Amsterdam - À éviter

Policier de David O. Russel, 2h14

Un casting excitant (Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington), un réalisateur inégal mais parfois inspiré (David O. Russell, l'auteur des Rois du désert et d'American Bluff), un complot contre l'Amérique, et Robert De Niro dans un petit rôle. Tout ça pour une comédie policière qui rame affreusement, dans laquelle les acteurs cabotinent péniblement. Un beau gâchis.

Vous n'aurez pas ma haine - À éviter

Drame de Kilian Riedhof, 1h43

La fiction n'a pas épuisé le sujet des attentats terroristes, mais Vous n'aurez pas ma haine n'apporte pas grand-chose après les excellents Revoir Paris et Novembre. Tiré du livre d'Antoine Leiris, dont la compagne et mère de son fils est morte au Bataclan, le film de Kilian Riedhof n'évite pas toujours le pathos. Sur un sujet équivalent, Amanda, de Mikhaël Hers, avec Vincent Lacoste, est autrement plus fin et bouleversant.

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