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Rian Johnson, réalisateur de « Glass Onion » : « On confond la richesse avec la compétence » - Le Monde

Rian Johnson sur le tournage de « Glass Onion », le 14 août 2021.

Après avoir réalisé l’ultime épisode de la saga Star Wars, Les Derniers Jedi, Rian Johnson a ressuscité un genre que l’on croyait défunt : le film à énigme, à la manière de Mort sur le Nil ou du Limier. A couteaux tirés, sorti en salle en 2019 juste avant la pandémie, faillit convaincre que le cinéma de distraction n’avait pas besoin de super-héros pour survivre. Aujourd’hui, la deuxième enquête du détective Benoit Blanc, qu’interprète toujours Daniel Craig, sort sur Netflix. Le réalisateur, qui, pour l’instant, se consacre exclusivement à cette série d’enquêtes, revient sur la rencontre inattendue qu’il a organisée entre Agatha Christie et le monde de la tech.

« Glass Onion » se distingue d’« A couteaux tirés » par son ampleur – les moyens mis en œuvre, les thèmes abordés…

Par son ampleur et par son ton. Le ton correspond à l’échelle du film. A partir du moment où je mettais un milliardaire de la tech au centre de l’intrigue, le film devenait plus gros, ne serait-ce que parce qu’il est situé sur une île privée. Il grossissait parce que c’est un film de vacances de luxe, mais aussi parce que c’est une comédie satirique. J’aime que chacun de ces films trouve son ton et son échelle. Le prochain sera peut-être plus modeste et plus sombre.

Est-ce que l’actualité récente vous donne l’impression d’avoir été prophétique en matière de milliardaires de la tech ?

J’ai écrit le film en 2020, et il ne s’agit pas d’un milliardaire en particulier. Le film n’est pas très subtil, il parle des gros mensonges et des structures de pouvoir à travers lesquelles les gens qui veulent préserver leurs intérêts confortent ces gros mensonges. L’idée était de prendre le genre du film à énigme, qui a si souvent pris la forme du film en costume, et d’en faire un film très contemporain. Glass Onion, c’est une manière de crier face à la déraison carnavalesque des cinq ou six dernières années, face à la stupidité que nous avons constatée chez les puissants, et face à tous ces mensonges énormes, stupides, que nous avons pris pour un jeu d’échecs en 3D.

Et vous lui avez donné une apparence très opulente en recréant cette île grecque…

Je voulais m’orienter vers un sous-genre du film à énigme, la grande production exotique, Mort sur le Nil (John Guillermin, 1978), Meurtre au soleil (Guy Hamilton, 1982) ou Les Invitations dangereuses (Herbert Ross, 1973) – j’aime particulièrement ce dernier film. L’un des attraits de ce sous-genre est de partir en vacances avec les personnages. J’ai écrit pendant la pandémie et je me suis dit : « C’est là que j’aimerais être. »

Il vous reste 56.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Rian Johnson sur le tournage de « Glass Onion », le 14 août 2021.

Après avoir réalisé l’ultime épisode de la saga Star Wars, Les Derniers Jedi, Rian Johnson a ressuscité un genre que l’on croyait défunt : le film à énigme, à la manière de Mort sur le Nil ou du Limier. A couteaux tirés, sorti en salle en 2019 juste avant la pandémie, faillit convaincre que le cinéma de distraction n’avait pas besoin de super-héros pour survivre. Aujourd’hui, la deuxième enquête du détective Benoit Blanc, qu’interprète toujours Daniel Craig, sort sur Netflix. Le réalisateur, qui, pour l’instant, se consacre exclusivement à cette série d’enquêtes, revient sur la rencontre inattendue qu’il a organisée entre Agatha Christie et le monde de la tech.

« Glass Onion » se distingue d’« A couteaux tirés » par son ampleur – les moyens mis en œuvre, les thèmes abordés…

Par son ampleur et par son ton. Le ton correspond à l’échelle du film. A partir du moment où je mettais un milliardaire de la tech au centre de l’intrigue, le film devenait plus gros, ne serait-ce que parce qu’il est situé sur une île privée. Il grossissait parce que c’est un film de vacances de luxe, mais aussi parce que c’est une comédie satirique. J’aime que chacun de ces films trouve son ton et son échelle. Le prochain sera peut-être plus modeste et plus sombre.

Est-ce que l’actualité récente vous donne l’impression d’avoir été prophétique en matière de milliardaires de la tech ?

J’ai écrit le film en 2020, et il ne s’agit pas d’un milliardaire en particulier. Le film n’est pas très subtil, il parle des gros mensonges et des structures de pouvoir à travers lesquelles les gens qui veulent préserver leurs intérêts confortent ces gros mensonges. L’idée était de prendre le genre du film à énigme, qui a si souvent pris la forme du film en costume, et d’en faire un film très contemporain. Glass Onion, c’est une manière de crier face à la déraison carnavalesque des cinq ou six dernières années, face à la stupidité que nous avons constatée chez les puissants, et face à tous ces mensonges énormes, stupides, que nous avons pris pour un jeu d’échecs en 3D.

Et vous lui avez donné une apparence très opulente en recréant cette île grecque…

Je voulais m’orienter vers un sous-genre du film à énigme, la grande production exotique, Mort sur le Nil (John Guillermin, 1978), Meurtre au soleil (Guy Hamilton, 1982) ou Les Invitations dangereuses (Herbert Ross, 1973) – j’aime particulièrement ce dernier film. L’un des attraits de ce sous-genre est de partir en vacances avec les personnages. J’ai écrit pendant la pandémie et je me suis dit : « C’est là que j’aimerais être. »

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